mercredi 24 juin 2009

269° Droits de l'Homme et droits de l'airbus.

.



Ce sont bien-sûr des hasards du calendrier ….(Objets inanimés, avez-vous donc une âme?).


La prestation de Sarkozy à Versailles correspond à quelques jours près au cinquantenaire de la mort de Boris Vian et à la sortie du film « le petit Nicolas ».


Et aussi à une nouvelle mouture gouvernementale où les droits de l'homme cèdent la place aux droits de l'airbus et de quelques autres produits métalliques.



Mes correspondants étrangers sont très impressionnés par la photo du petit Nicolas avançant bravement dans une galerie versaillesque entre deux haies de gardes républicains sabres au clair. Il fallait bien qu'il y ait quelque chose d'impressionnant dans cette cérémonie qui ne nous a par ailleurs apporté que quelques catas supplémentaires.

Photo Reuters/Benoît/Tessier

Un nouvel emprunt? On se souvient de l'emprunt Giscard, en 1973, dont le remboursement, pour un apport initial de 7 milliards, a coûté 80 milliards aux contribuables! Rappelons aussi l'emprunt Balladur, dont le remboursement achevé en 1997 s'est soldé par un déficit de 4 milliards, toujours aux frais du contribuable. L'emprunt Pinay, le seul qui ait jamais fonctionné, c'était en 1953. Nos argentiers ont-ils réalisé que les temps avaient changé?


Question Hadopi, le petit Nicolas l'a dit, « il ira jusqu'au bout ». Manque de pot, l'affaire est une impasse. Aller jusqu'au fond de l'impasse est peut-être un périple à Canossa que son nouveau ministre Fredéric Mitterrand saura lui épargner?


Frédéric Mitterrand, qui n'a de gauche que feu son oncle, est le ministre de la culture le plus approprié dont un gouvernement réactionnaire limite old fashion comme le nôtre pouvait rêver. Il possède un vrai bagage culturel qui, à la différence d'Albanel, le rend crédible, mais entièrement tourné vers le classicisme et le patrimoine. La création, vous savez, ces jeunes intellos qui réfléchissent trop et fomentent sans répit une contestation bouillonnante ont peu à attendre de ses faveurs. Le répertoire va tourner en boucle et les jeunes auteurs, à défaut de budget, se démerderont avec internet pour faire avancer leurs créations.


Entre sa nomination hier après-midi, et ce matin où j'écris ces lignes, son profil Wikipedia a déjà été réécrit. Ils ont du y passer la nuit.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_Mitterrand


On y apprend qu'il est ministre de la Culture « depuis le 23 Juin » (aujourd'hui!) et dès la première ligne qu'il est père de trois enfants. Ce que j'ignorais, -on apprend tous les jours-. L'imprégnation homosexuelle de son parcours n'y est pas effacée pour autant, - ce serait difficile, nombre de ses activités et de ses œuvres y ont trait- mais je doute qu'on doive attendre de lui qu'il désembourbe les revendications homosexuelles dont les progrès sont bloqués depuis 2002. Il doit le plus clair de sa célébrité à ses émissions sur le cinéma, « Etoiles et toiles » et « Permission de minuit » très documentées, très érudites, -peut-être trop pour beaucoup de Français, mais d'une incontestable qualité...


Et Boris Vian? Il tombe bien à propos, celui-là. Il a créé plus de choses qu'il n'imaginait: De son vivant, tout le monde chantait ses chansons, mais personne n'achetait ses disques. Déjà! Il a terminé sa vie dans la misère noire d'une chambre de bonne, pendant que la France chantait « On n'est pas là pour se faire engueuler », « La moulinette » et « Je suis snob », et que les gouvernements avaient formellement interdit toute diffusion du « Déserteur »...


Parce que l'inéquité engendrée par des systèmes genre Hadopi n'est pas une nouveauté. Comme bien des créateurs de son époque, d'une époque où n'existaient pourtant ni internet, ni la copie privée , ni même les mini-cassettes, Boris Vian ne touchait pas un fifrelin de la célébrité de ses œuvres. .


Le seul qui a vraiment touché quelque chose avec « le Déserteur », c'est un de mes camarades d'armée qui a pris trois jours de cachot pour l'avoir sifflé (sifflé sans les paroles) dans la cour de la caserne.


Pourtant, il existe de vrais grands créatifs qui n'ont pas de problèmes de droits d'auteur... Par exemple, je n'ai encore trouvé personne qui conteste à son auteur la paternité de « Casse-toi pauvre con ». .Quant à savoir ce que ça lui rapporte... .


Le gouvernement se travestit, sa politique continue.



Pendant que nous y sommes, allumons quelques projecteurs sur la bataille de sacs à main qui fait rage autour de la participation de GayLib à la Marche des Fiertés LGBT.


http://v2.e-llico.com/article.htm?rubrique=actu&articleID=19983


Le débat n'est pas d'hier puisque chaque année, le char de GayLib est conspué, voire bloqué lors de ce défilé pourtant bon enfant. J'en avais déjà parlé l'an dernier:


http://brethmas.blogspot.com/2008/06/178-marche-des-fierts-lgbt-2008.html


Pour la petite histoire, il faut savoir que l'InterLGBT qui organise le défilé est une fédération d'associations qui œuvrent pour la cause gay, sans autre critère distinctif. Il y a deux statuts qui permettent de participer au défilé: soit être une association participante, et la place est gratuite, soit s'associer en tant que partenaire commercial, et payer son emplacement.


Pour adhérer, et donc s'intégrer gratuitement au défilé, il suffit d'être une association 1901 et de signer la charte de l'InterLGBT , dont aucun mot n'offense la citoyenneté, la morale, le bon sens ou n'importe quelle valeur reconnue.


Cela semble trop demander à GayLib qui qualifie volontiers l'InterLGBT de « nid de trotzkistes » et refuse d'apposer son baobab tricolore au bas de la proclamation. Faute donc d'être reconnue comme « association participante », Gay Lib n'a d'autre choix pour participer au défilé que le statut de « partenaire commercial », et depuis plusieurs années, elle paie d'espèces trébuchantes la présence de son char. Ce qui ne lui garantit pas la tranquillité, en témoignent les deux vidéos incluses dans mon article n° 178 référencé ci-dessus.


L'opinion générale est que GayLib fonctionne à l'inverse des autres associations de défense LGBT.

Ainsi, GayLib ne s'était pas plaint du fichage des homosexuels dans le projet avorté Edvige. On peut vérifier ici son absence de la liste des protestataires:


http://v2.e-llico.com/article.htm?rubrique=actu&articleID=18030


Les associations conventionnelles puisent leur énergie dans le monde politique pour diriger leurs interventions dans le sens de nos droits et de notre bonheur, Gaylib puiserait plutôt son énergie dans la communauté LGBT pour gonfler les voiles de l'UMP. On attend avec impatience de voir ce qui va se passer samedi 27 juin...


L'an dernier, à part les entraves à la progression du char de GayLib, nous avions été surpris par la présence de très nombreux CRS sur la place de la Bastille, qui attendaient les manifestants en caressant ostensiblement la paume de leur main de leur bâton, sans doute pour leur donner l'idée de se disperser plus vite. S'ils avaient simplement voulu parer à quelques débordements d'après-manif, il se seraient cantonnés dans les rues voisines, comme ils le font habituellement. Or il n'en était rien: c'était bien une démonstration de force à laquelle nous avons assisté.




.

lundi 22 juin 2009

268° Loppsi, version française de supplice chinois.

.



Avec la loi Loppsi, que notre gentil régime s'apprête à faire voter pendant les vacances, l'internet français risque de ressembler un peu à l'internet chinois. Voyons d'abord qu'est ce que Loppsi, et ensuite ce qui se passe en Chine.


Loppsi 2, c'est un projet par lequel l'état pourra intervenir sur tous les échanges de données réalisées sur le web, au prétexte à priori de lutte anti-terroriste et de traque de la pédopornographie. (ces pères-fouettard des temps modernes auxquels on fait endosser tant des choses...)


http://www.ecrans.fr/Loppsi-2-bientot-Hadopi-en-pire,6865.htm


Quand on se souvient que le « droit d'auteur » est le seul privilège judicieusement sauvegardé de l'abolition des dits privilèges par les lois révolutionnaires des 13 et 19 janvier 1791 et des 19 et 24 août 1993, et qu'on voit qu'ils sont redevenus le pré carré d'un quarteron d'aristos du showbiz, ça ira, ça ira, on regarde les lanternes avec nostalgie...


L'emploi de telles méthodes est une injure à la création individuelle, et disqualifie internet du statut de mode de correspondance privée, au sens entendu par la loi qui protège le secret de la correspondance. Ce qui est regrettable.


Ensuite, les notions de « terrorisme » et même de pédophilie ne sont que des questions d'appréciation... Souvenons-nous que les pétainistes traitaient les résistants de terroristes, et qu'en ce moment même, les manifestants qui réclament des élections honnêtes à Téhéran se font insulter de la même manière...


D'abord, tout comme Hadopi, ça ne va pas marcher. Ce serait oublier l'esprit français, auquel nous devons quand même pas mal d'avantages sociaux et de libertés que d'autres pays nous envient. Ce serait aussi oublier l'esprit des Lumières et des grands penseurs qui nous ont fait réaliser la différence entre la société humaine et la fourmilière.


Il y aura des résistants. Et sur internet, la résistance est plus insaisissable que dans la nature, parce qu'on peut se battre à distance, à couvert et même de l'étranger. Il y aura des innovations et des trouvailles qui garderont toujours trois longueurs d'avance sur tout un arsenal répressif toujours long et coûteux à mettre en place.


Et, ce seront, comme d'habitude, les petits, les sans-grade, les dealers du coin de la rue qui trinqueront les premiers. Et les mêmes geeks qui vendront sur le bureau un nouveau programme de contrôle et sous le bureau le crack (programme de contournement) qui va avec. Pour eux, c'est toujours tout bénef.



Il y aura des programmes pour contourner les programmes, des systèmes insensibles aux investigations, transparents aux curieux, résistants aux espions. Bref, à vouloir réprimer avant d'éduquer, là encore, on s'embarque dans une guerre de cent ans.


Le caractère intrusif de la loi Loppsi, qui prévoit d'interdire les cryptages, d'espionner les ordinateurs, d'intercepter les messages au passage, de publier des listes de sites « à bannir », et même d'intervenir dans la pertinence des moteurs de recherches, venant en complément de la loi Hadopi qui instrumente déjà, rappelons le, sans l'intervention d'un juge nous oblige à examiner le système qui fonctionne déjà sur ce modèle: l'internet chinois.


Pour être bénéficiaire d'une connexion personnelle en Chine, il faut une autorisation administrative. Une sorte de passeport, de permis de naviguer, que l'autorité délivre, ou pas, à la tête du client. Ensuite, dans un pays qui prétend tourner au libéralisme, on ne choisit pas son fournisseur. Et pour cause, il n'y en a qu'un. Avec diverses enseignes, mais tous les fils sont raccordés derrière le mur...


http://www.silicon.fr/fr/news/2009/06/12/la_chine_intensifie_sa_censure_de_l_internet_


Flicker, hotmail, youtube, bing sont interdits. Google, qui a droit de cité, a accepté sans état d'âme les conditions de la dictature, ce qui lui est amèrement reproché à l'ouest. Yahoo, qui ne détient que 38% des parts de la société Alibaba qui exploite sa marque en Chine, est vert de rage: contre sa volonté, Yahoo-Chine publie les photos de militants pro-Tibet recherchés.


http://www.7sur7.be/7s7/fr/4134/Internet/article/detail/881852/2009/06/08/Programme-anti-porno-sur-tous-les-ordinateurs-chinois.dhtml


A partir du 1° juillet prochain, tous les ordinateurs vendus en Chine seront équipés d'origine d'un logiciel « anti-pornographique » dont les naïfs inspirateurs attendent des merveilles. On ne sait pas tout de la bébête, sauf que confrontée à un antivirus de chez nous, elle apparaît à la fois comme un espiogiciel, un cheval de Troie et un keylogger. (qui rapporte à son maître tout ce qu'on tape sur le clavier). Des milliers d'ordinateurs chinois ont été bloqués le mois dernier à cause de ce conflit entre le petit rapporteur et les anti-virus.


http://www.generation-nt.com/norton-antivirus-windows-xp-panne-chine-symantec-actualite-41103.html


Plus grave: lorsqu'il rapporte à son petit maître, l'espion maladroit le fait en clair et non pas en crypté, ce qui expose à tous les pirates de la terre les données personnelles qu'il dénonce! Et enfin, lorsqu'il pratique sa petite délation, il ouvre en grand les portes de l'ordinateur: les pirates n'ont qu'à s'installer.


http://techno.branchez-vous.com/actualite/2009/06/risque_accru_de_piratage_des_o.html


Si on n'y prend pas garde, l'ensemble des ordinateurs chinois pourrait se transformer en légion de machines-zombies et constituer le plus gros botnet de l'histoire d'internet. La guerre des clones à côté, c'est de la rigolade...


Voilà vers quoi nous nous dirigeons, insensiblement, en France. Non seulement le caractère privé de notre correspondance n'est plus assuré, mais nos petites histoires risquent de se trouver déballées le long des tortueux chemins d'internet, laissant derrière elle les portes de son évasion grandes ouvertes...


Du doux foutoir où n'opèrent pas plus de délinquants que dans nos villes et bistrots, internet va devenir un champ de bataille...


La multiplication des espions et des anti-espions, des traquenards et des capes d'invisibilité à la Harry Potter va alourdir le trafic, ralentir nos machines, multiplier les embûches, compliquer la convivialité et anéantir la richesse de la toile en en centralisant les ressources.



La boîte de Pandore est ouverte.



.

jeudi 11 juin 2009

267° Hadopi est morte, vive Loppsi ?


.





Le Conseil constitutionnel a donc renvoyé la loi Hadopi au magasin des accessoires pour apprentis dictateurs, rappelant quelques textes utiles sur la liberté d'expression, la privation arbitraire de droits et la présomption d'innocence.


Texte de la décision du Conseil Constitutionnel:


http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/2009/decisions-par-date/2009/2009-580-dc/decision-n-2009-580-dc-du-10-juin-2009.42666.html



Au chapitre des promesses non tenues, Christine Albanel avait annoncé qu'elle démissionnerait si « sa » loi ne passait pas, or la voilà déjà qui promet de travailler à pratiquer l'acharnement thérapeutique sur son petit monstre.


Allons-nous devoir supporter encore longtemps son mauvais humour, lorsqu'elle affirme par exemple que 90% de sa loi a été adoptée?


http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/internet-90-de-la-loi-hadopi-a-ete-validee-souligne-christine-albanel-10-06-2009-545175.php



Elle regrette par ailleurs de ne pas avoir pu aller « jusqu'au bout de sa logique ». Chaque fois que j'ai lu « jusqu'au bout de la logique » dans un livre d'histoire, la suite m'a glacé le sang.


http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39504267,00.htm?xtor=EPR-102


Et si vous vous demandez « de quoi nous avons l'air » aux yeux des citoyens du monde, regardez cette page de blog américain, avec une image tout à fait remarquable:


http://www.p2pnet.net/story/22031



C'est maintenant contre la loi Loppsi, le deuxième avatar de la muselière que le pouvoir veut infliger à Internet qu'il convient de travailler.


La défense des libertés n'est jamais un combat définitivement gagné.


C'est quoi Loppsi? Juste un échantillion:


Article 6 du projet de la loi LOPPSI qui doit modifier la loi n°2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique:


  • « imposer aux fournisseurs d’accès à Internet l’obligation d’empêcher sans délai l’accès aux contenus illicites dont les adresses électroniques sont désignées par arrêté du ministre de l’intérieur sous peine d’un an d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende.»



Dis M'sieur, c'est quoi, un contenu illicite? Et les liste de « muselés », qui la rédige, en fonction de quelles critères? Que deviennent l'égalité, la liberté d'expression, l'accès à la culture, et même le droit au travail?


C'est traduit du chinois?



.


mardi 9 juin 2009

266° Vrais progrès et faux progrès... Les pirates à Bruxelles!

.




Les progrès qui n'en sont pas...




Les revues techniques commencent à nous décrire davantage le nouveau Windows « Seven » qui devrait arriver sur le marché le 29 juillet prochain. Cela fait un peu rigoler l' adepte de Linux que je suis.

http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39504016,00.htm?xtor=EPR-100



D'abord, Microsoft essaie de nous rassurer sur la compatibilité des périphériques et des applications: « Tout ce qui fonctionnait sous Vista fonctionnera sous Seven » !

Fort bien... Mais le problème de Vista, c'est justement qu'il ne reconnaissait pas bien les périphériques et les applications installés sous XP, et c'est, avec son prix exorbitant, une des raisons pour lesquelles tant de gens ne l'ont pas adopté... Alors, où est le progrès?

D'autant plus qu'une mise à jour de Vista vers Seven, nous assure Microsoft, se déroulera comme une mise à jour ordinaire, alors que pour passer de XP à Seven, il faudra sauvegarder ses fichiers et réinstaller tout le système!

Il oublie de dire que pour zéro euro et sans rien réinstaller, on peut installer Ubuntu en dual boot avec XP sur son disque dur, en conservant des données communes, et choisir à chaque démarrage quel système on veut utiliser...

Et enfin, pour aplanir les difficultés, Seven comportera un « mode XP » qui permettra de gérer les applications et périphériques trop réfractaires à la nouveauté. Achetez le, mais il ne sera pas nécessaire de vous en servir! Tant que vous payez !

Rappelons que Linux en particulier et sa version Ubuntu que je vous recommande sont des logiciels libres et gratuits, qui méconnaissent les problèmes de propriété intellectuelle. (et accessoirement, ignorent aussi les virus!)

http://www.ubuntu-fr.org/


Parce qu'à ce propos:


Des pirates au parlement européen!


Hadopi un problème de génération ?


Un nouveau parti vient d'éclore sur l'échiquier européen, et il va avoir des députés à Bruxelles.

En Suède un électeur de moins de trente ans sur cinq a voté pour … le parti des Pirates!

http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39504016,00.htm?xtor=EPR-100



De là à déduire que la nouvelle génération a du mal à saisir le système archaïque et répressif de la propriété intellectuelle....

La Suède a été le théâtre d'une sanglante répression du téléchargement, puisque les artisans de Piratebay, qui sont suédois, ont été jetés en prison. En France, on n'en est pas encore là même si, à mon avis, nous y allons à grands pas.

Et à forte répression, forte réaction. Interviewés, les jeunes Suédois disent que ce n'est pas tant la gratuité de la musique qui les a motivés, -comme tout le monde, ils veulent bien payer un peu-, mais la liberté absolue du web comme moyen de communication, et la prévention contre tout moyen d'entrave et d'asservissement.

Intéressant, si l'on connaît la position de certains nostalgiques de la plume d'oie qui parlent « d'interdire internet » parce que c'est un vecteur qui « change la société » et que d'ailleurs, « la moitié des échanges serait pornographique ». (Ce qui n'est que la conséquence de la solitude et des frustrations engendrées par notre société bien pensante... D'ailleurs, les églises, grandes vendeuses de masochisme, le disent bien: le vrai bonheur, ce serait dans l'au-delà...)

Les plus retors ajoutent cet argument: « On n'écrit pas de la même manière à quelqu'un sur internet que l'on s'adresse à lui lorsqu'il est devant nous... Nos écrits risquent de dépasser notre pensée et nos déclarations de devenir irréparables ». C'est oublier que depuis une paire de millénaires, les gens écrivent à ceux qu'ils n'ont pas devant eux... Et si on prend cet argument de jésuite à la lettre, je trouve que c'est une excellente façon d'éviter d'être hypocrite...

A cet égard, certains d'entre eux militent « au second degré » pour la loi Hadopi, non pas pour engraisser la jetset du showbiz, -qu'ils méprisent autant que nous-, mais pour poser des verrous et des limites à la propagation de la libre expression dans le but avoué de la cadenasser un jour.

Pour ma part, je me demande très clairement si le choix irréaliste et irrationnel du système Hadopi au détriment de la licence globale, qui résolvait élégamment le problème « officiellement posé » n'est pas le signe révélateur de cette tendance.

Oui, internet est le vecteur d'une nouvelle liberté, et c'est bien cela qui dérange les dictateurs en herbe et les gourous manqués, ceux qui craignent qu'un changement de la société compromette leur hégémonie, révèle l'imposture de leur position, menace leur autorité morale, sape leur statut usurpatoire de référence intellectuelle et permette aux gens de penser par eux-mêmes au lieu de se soumettre à leur dirigisme totalitaire.

J'ai installé internet chez des grand-mères qui voient maintenant leurs petits enfants éloignés, chez des invalides qui ont vu le monde s'ouvrir devant leur chaise roulante, je discute avec des gays iraniens et syriens, auxquels je redonne l'énergie de vivre dans des pays où ils risquent leur vie, avec mon clavier j'arrose la fleur de la démocratie et de la liberté dans le cœur de Chinois découragés, je remotive des gays, souvent jeunes, qui, -même en France-, prisonniers d'étouffantes familles provinciales-, se demandent si leur vie vaut la peine d'être vécue, j'échange avec des lecteurs africains de ce blog qui me disent que s'ils écrivaient ça chez eux, la police viendrait les arrêter... si les voisins ne venaient pas les lyncher... Mais ils peuvent maintenant le lire, et ça les aide à vivre...

Alors, les velléités du contrôle d'internet à travers les crottes d'Hadopi, c'est bel et bien la fiction de Big Brother qui débarque dans nos maisons.

Quoi qu'on fasse, il y aura toujours des gens qui l'utiliseront mal. Les terroristes n'ont pas attendu internet pour terroriser. Ni même le téléphone. Alors, il faut arrêter de justifier par des fausses raisons toutes ces velléités de contrôle: On veut bel et bien nous faire taire. On veut empêcher la société de changer, quitte à sacrifier tout la face brillante de la médaille du progrès.

Le progrès a toujours eu des ennemis: Ceux qui ont intérêt à ce que « le peuple » ne comprenne rien à rien parce que ça le rend plus facile à dominer, et qui ont également intérêt à ce que les gens souffrent parce que ça leur permet de promettre des jours meilleurs.

Espérons que l'arrivée de ce parti puissamment libertaire au parlement de Strasbourg soit les prémices d'une vision renouvelée des vrais libertés, portée par la nouvelle génération.





.

lundi 8 juin 2009

265° Les miracles de la proportionnelle.

.




Y aurait-il un mot d'ordre qui ferait que tous les commentaires et analyses sur les élections européennes soient identiques dans toute la presse, mais ne correspondent pas toujours à ce qui se dit dans les chaumières, le métro et les conversations citoyennes?



A part le Nouvel Obs qui ne s'occupe quasiment que du parti socialiste et Marianne qui titre « Le Modem a la gueule de bois » (il en avait déjà la langue!!... NDLR), le reste de la presse peut se résumer au titre du Figaro: « Large victoire de l'UMP, tsunami à gauche »...


Là, il y a tout de même deux « oublis » que les Français ont bien perçu et dont personne ne parle...


D'une part, si la victoire de l'UMP est incontestable, il faut observer qu'elle obtenue par cannibalisation de ses alliés potentiels, et/ou du reste de la droite. Elle est en tête, mais seule....

Si le Modem avait fait son score habituel, l'UMP aurait autant de moins, et ce qui reste du Front National ne permet plus d'en espérer le moindre renfort...


D'autre part, à gauche, on est loin du tsunami...à moins d'en être encore à considérer que le parti socialiste et la gauche ne sont qu'une seule et même entité, ce que confirme l'arsenal traditionnel de l'injure droitière qui en est encore aux « socialo-communistes »! -, un petit coup de calculette indique que le rapport gauche/droite français penche bien à gauche, comme dans un certain nombre de pays européens.


http://www.leparisien.fr/elections-europeennes-2009/debats-elections-europe/journee-noire-pour-la-gauche-europeenne-07-06-2009-540158.php


Le système à la proportionnelle à paliers aggravé d'un découpage en régions stratégiquement charcutées par le régime favorisant les partis arrivés en tête, les divisions de la gauche un peu partout produisent le paradoxe qu'une minorité de population détient maintenant une majorité de représentants... ce qui ne va pas calmer les esprits et les manifestants dans nombre de pays soumis à l'effet conjugué de la crise et du cynisme financier.



Souvenons nous que chaque fois qu'on a consulté les peuples par voie référendaire non proportionnelle, ça a été un refus cinglant de la constitution qu'on nous a ensuite imposée par des voies détournées...


Voilà ce que coûtent les divisions et les querelles de personnes et de bouts de chandelles. Pendant ce temps, le bon peuple attend, mais il commence à bouillir.



.