J'ai écouté sans
le vouloir des morceaux de l'allocution de Manuel Valls à La
Rochelle.. Difficile à éviter, attendu qu'il occupait toutes les
radios et les télés. Je savais ce qu'il allait dire et point
n'était besoin pour moi d'en reprendre une louche pour changer
l'opinion que j'ai de ce serpent hypnotiseur.
La seule qualité
que j'y ai trouvée est celle de la communication. J'ai dit
« allocution », j'aurais du dire « imprécation »,
que dis-je : « harangue ». Magnifique cocktail de
généralités et d'évidences sur « l'unité du parti »,
l'intérêt général, son dévouement au pays, (-qui ne saurait
aller sans son accession aux postes les plus élevés, voire au poste
suprême-) , quelles subtiles successions de chaud et froid,
enfonçant son clou libéral jusqu'à ce que s'élèvent des broncas
qu'il s'empresse de noyer dans de lyriques digressions sur les
valeurs républicaines pour les couvrir de remontées
d'applaudissements…
Quel talent
d'orateur…. Je ne sais pas qui écrit ses discours, mais il les
interprète bien… Je ne sais pas pourquoi cette diatribe m'a
rappelé des harangues de dictateurs qui élèvent le ton en vagues
de plus en plus agressives jusqu'à une apogée où ils martèlent
quelques pointes de leurs doctrines, pour anesthésier immédiatement
la brutalité de leur vitupération par des appels à la fraternité
et à la misère de la veuve et de l'orphelin… Et on recommence des
mouvements de houle jusqu'à ce que l'océan des fanatisés et
groupies balance à l'unisson...
Cela donne des
contresens qui mettent en évidence la présence d'un brillant vernis
d'hypocrisie sur le bois pourri de sa doctrine, par la formation de
quelques craquelures. Mais qui se soucie des craquelures dans une
foule galvanisée ?.
Ainsi par exemple
lorsqu' il trouve scandaleux que tant de Français aient du mal
à se loger, lui qui, trois jours plus tôt, a aboli l'article de la
loi sur l'encadrement des loyers. Passez muscade : aucun de ses
thuriféraires n'a vu le vernis éclater en grosses écailles à ce
moment du discours…
Ainsi encore par
exemple lorsqu'il affirme que les cadeaux faits aux entreprises vont
participer à la richesse du bon peuple alors que le Monde et
même Le Figaro constatent que la France est championne du monde pour
le versements de dividendes !
Alors même qu'une
telle politique est justement celle qui élargit la fracture sociale,
fracture sociale qu'il a affirmé, dans le paragraphe précédent de
son sermon, vouloir réduire jusqu'à l'éradication ?
Pourquoi une
majorité de députés socialistes, décidés à accorder une
confiance aveugle à l'imposteur sans même connaître les termes en
lesquels il va la leur demander, se défendent hautement d'être des godillots bien avant qu'on en les accuse ?
Ça doit être bien confortable, député, pour qu'ils fassent, avec si peu d'états d'âme, passer le maintien de leur mandat avant le respect de leurs convictions.
Mes poils se
hérissent quand je l'entends dire que le président de la république
a besoin d'un parti fort pour soutenir la politique qu'il a choisie !
Non ! C'est le
parti qui a investi un candidat à l'élection présidentielle qui a
besoin d'un président qui applique la politique que le parti l'a
chargé de mettre en œuvre. La démocratie fonctionne dans ce sens,
et les députés sont là pour veiller à ce que la politique suivie
soit bien celle pour laquelle ils ont été élus. Pas pour servir de
milice aux divagations d'un sous-marin libéral qui veut opérer un
détournement de trajectoire.
Sarkozy avait
Buisson, Hollande a Macron. Le premier l'entraînait vers l’extrême
droite, le second penche vers l'extrême-fric. Ce socialiste de fraîche date (2006) ne paie plus ses cotisations depuis cinq ans. Il
a juste payé son ticket au début pour entrer dans le sérail.
Jamais élu, ne représentant que lui-même, il a, encore quelques
jours avant sa nomination, défendu la fin des 35 heures, qui est un
cheval de bataille de l'opposition la plus droitière.
S'inscrire à un
parti et accepter de hautes responsabilités dans un gouvernement qui
porte des convictions exactement opposées aux siennes, cela
s’explique comment, si ce n'est par l'expression désinvolte et
outrancière d'un arrivisme forcené ?
Le peuple de gauche
est perdu dans le désert, abandonné par les guides qu'il s'était
donné pour le sortir de ce mauvais pas. D'un côté, le guignol à
talonnettes, celui-là même qui alourdi la dette du pays de 500
milliards d'euros en cinq ans commence à se présenter comme un
recours, sur le banc de touche, quelques UMPistes homophobes, et de
l'autre côté, la vague obscurantiste et populiste du front national
qui fait rouler bruyamment dans son ressac les galets de l’infamie ?
Pour qui voter
maintenant ? N'avons nous plus que le silence des godillots pour
nous protéger des bruits de bottes ?