vendredi 28 septembre 2007

123° Mon ordinateur est stone !

La bonne blague des internautes allemands.

Medion est un assembleur d’ordinateurs allemand qui vend ses produits dans les grandes surfaces. Nous le connaissons en France, notamment à Carrefour.

L’entreprise a fabriqué plusieurs dizaines de milliers de portables vendus dans les grandes surfaces allemandes Aldi.

Cette série, proposée avec Vista, contenait d’origine un vieux virus datant de 1994, non destructeur, plaidant pour la légalisation du cannabis, qui fait défiler tous les cinq minutes sur l’écran une belle branche de marijuana avec un slogan enjôleur.



Le virus étant très simple, il a été éradiqué au point que les constructeurs d’antivirus l’ont classé inactif en 2000, et ont donc supprimé sa signature de leurs listes, déjà bien longues.

Ce qui fait que lorsqu’ils ont vu apparaître leur joint virtuel sur leur écran, les internautes allemands se sont trouvés fort dépourvus : l’antivirus fourni, Bullguard, ni aucun autre d’ailleurs, voyaient bien le virus, mais ne disposaient plus des outils capables de l’éradiquer.

Il a fallu éditer un patch spécial pour en venir à bout. Fort heureusement, ce virus était conçu pour se propager uniquement par disquette, ce qui était la norme de 1994, et non par email. On imagine la catastrophe que produirait l’inoculation d’un virus contagieux par le web dans des ordinateurs neufs : au moment où on les connecte, l’antivirus n’est pas à jour, et d’ailleurs l’usager ne songe pas à faire un scan sur un ordinateur neuf….. On l’a encore échappé belle…


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122° Billet d'humeur

Si l’on en croit nos ministres, les médecins s’obstinent, les vilains, à s’entasser les uns sur les autres dans les « zones à forte densité urbaine ».

Notre gouvernement veut donc les obliger plus ou moins gentiment à aller s’installer dans les « déserts français ».

Je voudrais qu’on m’explique deux choses :


D’abord, s’il existe des déserts français, n’est-ce pas en partie parce que notre gouvernement et ceux qui l’ont précédé ont laissé fermer ou fermé à qui mieux-mieux des commerces, des classes, voire des écoles, des bureaux de poste, des perceptions, des services hospitaliers, voire des hôpitaux entiers, des tribunaux, des gendarmeries, bref toute la trame de services publics que l’état doit indistinctement à tous les citoyens, quelque soit leur lieu de résidence ?



Et maintenant, l’état voudrait que les médecins assurent de leurs deniers un service de proximité que lui-même ne sait pas rendre lorsque cela lui incombe… Sans compter que les médecins, qui sont des gens comme tout le monde, ont le droit d’habiter à proximité d’une école et d’un bureau de poste…

Et ensuite, si les médecins sont trop nombreux dans les « zones fortement urbanisées », comme le prétend leur ministre de tutelle, pourquoi l’auteur de ce blog, qui habite un chef lieu de département de banlieue parisienne, -plus urbanisé tu meurs-, doit-il attendre plus d’une heure et parfois deux pour voir son médecin généraliste et prendre à deux ou trois mois des rendez-vous chez un spécialiste? M’enfin…

On notera que dans le cadre de son programme « je me fâche avec tout le monde » qu’il semble poursuivre avec rigueur, méthode et obstination, notre pétaradant factotum est en train de s’aliéner la sympathie des médecins qui jusqu’à présent, votaient à 90% pour le parti dont il est l’avatar.

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mercredi 26 septembre 2007

121°. Hasards et circonstances.

« Nous n’avons pas d’homosexuels en Iran comme chez vous » a dit Ahmadinedjad, le président iranien, à ces pédés d’Américains qui étaient venus l’écouter à l’université de Columbia.

On ne me fera pas croire qu’ils ont pendu le dernier, tout de même… En tout cas, ils essaient. Dans mon article n° 113, je raconte même comment ils s’y prennent. Comment des policiers de la brigade de la pudeur se font passer pour des partenaires possibles sur des sites de rencontres anglais pour mieux interpeller les derniers survivants.

Aux militants LGBT qui brandissaient des photos des deux gamins gays pendus sur la place publique en août 2005, le mal rasé a même répondu : « Vous avez la peine de mort, aux USA ? Eh bien, nous aussi ! »

Pourtant, l’abcès n’est pas qu’en Iran. Souvenons nous qu’interpellé sur le massacre des gays par la Mission d’Assistance des Nations Unies en Irak (UNAMI), le chef de la police irakien a répondu « qu’il ne pouvait prendre en considération le sort des homosexuels parce que leur protection et même la seule tolérance de leurs manières étaient contraires aux coutumes de son pays ».

Eh bien, c’est très exactement ce que vient de répondre la Pologne au Conseil de l’Europe pour expliquer son refus d’adopter la Charte Européenne des Droits de l’Homme… L’organisation LGBT locale, Warszawa.lambda,

http://www.warszawa.lambda.org.pl/

explique qu’un grand nombre des homosexuels majeurs de ce pays vit exilé en Allemagne, en Hollande, en République Tchèque, en Espagne et en France. Voilà qui éclaire d’un jour nouveau les tuyaux et les robinets du plombier polonais.

La Grande Bretagne est « l’autre pays » du refus, mais elle n’a fait aucun commentaire. Tous les autres pays, même la très catholique Roumanie l’ont adopté.

Pendant ce temps, notre VRP national pérorait à la tribune de l’ONU :

« Il y a trop d’injustice dans le monde pour que nous puissions espérer vivre en paix ».

C’est bien : il tire les leçons de ce qui se passe chez lui : On réduit les impôts proportionnels, on crée des franchises de remboursement non proportionnelles aux revenus, on continue à exonérer les stock-options et autres ponts d’or de cotisations qui pourraient contribuer utilement à renflouer la Sécu, et on préfère gratter les euros un par un aux pauvres jusqu’à ce qu’ils renoncent à se soigner et crèvent la gueule ouverte.

Alors, c’est vrai, on ne va pas vivre en paix. Les nuages s’amoncellent, et la grève du 18 octobre pourrait bien rappeler à notre petit grand homme que dans 53% d’électeurs, il n’y a guère plus de 5% de nantis.

Même la deuxième chaîne cède au culte de la personnalité et nous propose ce soir une émission que je ne regarde pas puisque je vous écris pendant qu’elle passe sur l’intervention du très valeureux maire de Neuilly lors d’une prise d’otages qui s’était déroulée dans une école de son village il y a quelques années. J’avais bien décidé de boycotter l’émission, mais je n’ai pas pu la zapper complètement, big brother veille : Le 13 heures de France 2 de lundi lui a été à moitié consacré, et même Ruquier samedi minuit dans « On n’est pas couchés » a invité le retraité du GIGN qui avait en son temps buté le vilain méchant à venir raconter sa fusillade. Parce que figurez-vous que par un extraordinaire coup du hasard, ce cow-boy a écrit un livre sur l’aventure, et que ce livre sort précisément la semaine où l’émission passe à l’antenne. Quelle chance il a, monsieur le président, de voir les évènements s’enchaîner de la sorte avec une bonne volonté qui frise la servilité…

Si le parti socialiste avait eu un fonctionnement aussi bien huilé dans l’année précédent les élections, on n’aurait pas eu le bonheur d’assister à ces louanges du héros de la nation. Vite qu’on lui fasse une statue, on en profitera pour le grandir encore un peu.



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mercredi 19 septembre 2007

120° Recadrages et agaceries

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A l’origine, le thème de ce blog était « Homophobie, la vie gay, les inégalités, tout ce qui agace ». Il est vrai qu’en matière d’agacerie, un certain petit Nicolas qui n’est malheureusement pas celui de Goscinny et Sempé, par son art consommé de la surenchère, de la périphrase creuse et du sophisme, a largement pris le devant sur les autres sujets de prédilection.

D’ailleurs, l’homme politique en tête des sondages de popularité, d’après l’enquète IFOP Paris-Match de septembre, ce n’est plus lui, mais… Delanoé !!

Soufflant avec une habileté consommée le chaud et le froid, Sarkozy, après avoir refusé le mariage gay et proposé des améliorations au PACS dont il fut jadis l’ennemi juré, vient de suggérer la pose d’une plaque commémorant la déportation des gays. Certes, c’était à faire. Dommage que les autres ne l’aient pas fait avant lui. Plus j’y pense, plus je me dis que la gauche, avant de toucher l’iceberg, lui aura déroulé le tapis.

Alors, refaisons un petit tour de notre programme avant de replonger dans l’enfer des agaceries.

Homophobie :

On pend toujours les homosexuels sur la place publique en Iran et on les décapite toujours en Arabie Saoudite et au Yémen. Mais depuis qu’ils ont découvert que la télévision passait les frontières jusqu’à être vue et contestée dans des pays infidèles, ils ne télévisent plus les exécutions. Elles existent toujours.

En Ouganda, on publie toujours dans la presse et sur internet les noms et adresses d’homosexuels ou supposés tels. L’affaire tourne à l’épuration politique, voire à la terreur.


La Turquie qui veut entrer dans l’Europe garde quinze militants LGBT en garde à vue depuis …15 jours en les accusant d’appartenir à « un groupe criminel »…

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En Angleterre, les secrets sont bien gardés : la presse annonce à grand tam tam que le chef de l’église anglicane va marier ses pasteurs gays en secret. Chut, faut pas le dire ! A Singapour, on fait de l’humour : On a aboli les lois pénalisant la sodomie, mais seulement au bénéfice des hétéros. Les homos n’ont qu’à aller se faire enc…

Schwartzenegger a déclaré la guerre à la loi instaurant le mariage gay adoptée le 7 septembre par le Sénat de son état. Non mais qui c’est le patron ? Démocratquoi ? Qu’est ce que vous voulez dire, là ?

Le SIGL, un nouveau salon pour les gays , va remplacer le « Rainbow attitude » qui s’était terminé dans d’étranges histoires de gros sous. Heureux pédés va ! Vous allez enfin pouvoir à nouveau acheter trois fois son prix une baignoire « spéciale pédé », poser votre popotin endolori sur un canapé spécial homo, et décorer votre bonbonnière avec tout le mauvais goût qui sied à votre qualité. Il y aura la « voiture des pédés » (faudra la vendre aux autres, après… », la maison de Barbeau, les sucettes à la fraise à profil ergonomique, le carquois à cils pour les soirs de bataille, les voyages de tantes sur des bateaux de tantes vers des plages de tantes dans des hôtels détente au personnel spécialement qualifié. Comment se déroule l’entretien d’embauche ? Une épreuve théorique et une épreuve pratique ? Le monde est à nouveau à nous, même si le nombre des pays où nous sommes les bienvenus tend à se restreindre…

La plainte pour attouchements conter le prêtre psychanalyste Tony Anatrella a été classée sans suite, nouvelle que je classerai sans commentaire, ce qui me semble pire que d'en parler. Pendant ce temps, l’église américaine paie 200 millions de dollars aux familles des enfants cajolés par ses prêtres pour tenter de tourner la page. En fait, il faudrait changer de livre, et même peut-être de bibliothèque…

Il y a des néo-nazis en Israël. Ils sont Israéliens d’origine russe, ont de 16 à 25 ans et se sont fait arrêter pour diverses agressions racistes et homophobes. Leur « clubhouse » était décoré de croix gammées et de portraits de l’ignoble à la moustache carrée. Comme quoi ça peut arriver n’importe où…

La justice russe a enterré sans façons les uns après les autres tous les recours tentés à la suite de la Gay Pride de Moscou au cours de laquelle le service d’ordre a arrêté les manifestants et les photographes au lieu de s’en prendre à leurs agresseurs.

Les Italiens sont pragmatiques. En France , lorsqu’un lieu de drague devient le théâtre de partouzes trop tapageuses, on rase les buissons, on l’éclaire au néon, on envoie la police ou à défaut, on laisse faire les voyous. Les Italiens sont plus élégants : ils ont construit un mur pour ne pas voir les orgies qui se déroulent quotidiennement sur un certain parking d’autoroute proche de Brescia. Peut-être ont-ils eu peur qu’on y trouve des prêtres ? Il est vrai que pas loin de là, à Trévise, l’ancien maire et encore maire adjoint Giancarlo Gentilini à promis à ses ouailles « un nettoyage ethnique des pédés »… Un militant laïque, sans doute?

La malbaisance sévit aux USA : Larry Craig, sénateur républicain, a fait du pied à un flic sous la cloison des toilettes. ( Il n’y a pas de parkings d’autoroute là-bas ?) Il n’en faut pas plus pour briser une carrière dans un pays qui ne tolère pas que son président se fasse sucer, mais personne ne regrettera le départ de la scène politique d’un suppôt de l’homophobie. C’est le troisième de l’année qui démissionne pour la même raison du très homophobe parti républicain. Les repaires d’homophobes sont des nids de pédés refoulés.

Agaceries :

Robert Hossein, 80 ans aux prunes, vaillant producteur de Ben Hur, n’arrête pas son char : il se lance dans la version coliséenne du livre « n’ayez pas peur » qui raconte Jean Paul II comme si on y était. Il n’a pas peur, lui ! Pour annoncer son spectacle qui ouvre après demain au Palais des Sports dans une interview sur France-Info, il annonce avec objectivité : « Oui, je sais, il y a encore des gens qui ne croient pas… pas grave : je crois pour eux ».

Monsieur Hossein, une petite dérogation, s’il vous plait ?





Occupez vous plutôt de votre prochain spectacle :

http://bravepatrie.com/La-vie-de-Nicolas-Sarkozy-bientot

Alors, bien sûr, il y a le coup des régimes de retraites spéciaux. Sans doute fallait-il y faire quelque chose, les éléments qui ont présidé à leur élaboration datant du début du siècle dernier. Ce fut l’œuvre de la gauche et du Front Populaire pour répondre à la version du code du travail décrite par Zola. Symboliquement, ce n’était pas à la gauche de le défaire, le système ayant maintenant valeur de symbole. La droite est là dans son rôle de prédilection, mais je l’attends au pied du mur : Le régime de retraite des députés n’a certainement pas été conçu par le front populaire : vont-ils voter l’abrogation de leurs privilèges ? Une nouvelle nuit du 4 août ?

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lundi 10 septembre 2007

119° Sophismes, bushismes et sarkozismes

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Le bushisme, déclaration intempestive sans queue ni tête est devenu, à l’insu de son créateur, un art subtil qui possède ses pièces maîtresses, ses experts et ses collectionneurs.

Ainsi la perle que je cite dans l’article précédent :

« Le problème des Français est d’ignorer le mot « entrepreneur » »

Ou encore :

« Beaucoup trop de nos importations viennent de l’étranger ».

L’art a ses critères et ses règles, et pour être validé, un bushisme doit être entériné par les pontifes de la doctrine, un peu comme un miracle de Lourdes. Il y a donc une page Wikipédia qui définit les règles officielles de ce sport d’élite pourtant réservé à un seul athlète :

http://en.wikipedia.org/wiki/Bushism

et quelques sites de collectionneurs reconnus dont le plus célèbre est :

http://slate.com/id/76886/

En France, nous ne faisons jamais rien comme tout le monde, et nous avons le sarkozisme.



Le sarkozisme diffère fondamentalement du bushisme en ce sens qu’il n’est que rarement produit par l’artiste dont il porte le nom, qui n’est que l’initiateur du mouvement. Ce grand nombre de créateurs contribue à la richesse de l’école.

Curieusement, alors que le chef de file est réputé tout faire lui-même, il délègue volontiers sa puissance créatrice pour élaborer les sarkozismes les plus surprenants.

En quelque sorte, alors que le bushisme ne résulterait que de l’égarement d’une méninge dans la boîte crânienne de l’intéressé, où leur petite taille leur garantirait un espace vital pléthorique, le sarkozisme serait une sorte de bug dans la construction du système du même nom. Un logiciel qui se tirerait dans les pattes parce qu’on l’a programmé pour répondre à tout à n’importe quel prix.

Exemples :

« Nous allons diminuer le nombre des fonctionnaires pour augmenter celui des enseignants ».

« Nous allons exempter les riches d’impôts pour remédier au déficit budgétaire »

« Nous allons radier les chômeurs à tout va afin d’en diminuer le nombre »

« Nous allons fusionner GDF et Suez pour verrouiller notre promesse de ne jamais privatiser GDF ».

« Nous allons voter de nouvelles lois sur les récidivistes et les pédophiles pour nous épargner la peine d’appliquer celles qui existent déjà ».

La dernière :

Contexte : Hier, Fillion, dans une de ses rares lucarnes existentielles, annonce sur Canal Plus que la loi sur les régimes spéciaux de retraite est prête à être appliquée et n’attend que le feu vert du patron. Ce à quoi les responsables syndicaux répondent que ce serait une déclaration de guerre susceptible de provoquer des troubles sociaux majeurs.

On a donc été chercher pour l’exhiber dans le 13 heures d’Antenne 2 un disciple assez servile pour expliquer que :

« La loi de 1981 abaissant l’âge de la retraite à 60 ans est une loi très antisociale, attendu qu’elle améliore la condition de ceux qui devaient travailler jusqu’à 65 ans sans rien apporter à ceux qui bénéficiaient déjà de la retraite à 50 ou 55 ans. »

Eblouissant, non ? Tellement qu’ils n’ont pas osé le repasser au 20 heures.

En logique, ce genre de raisonnement bancal s’appelle un sophisme et fait l’objet d’un article hautement lumineux de Wikipédia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sophisme

qui vous éclairera mieux que celui du dictionnaire que vous ne pouvez consulter puisqu’il vous sert à caler l’antenne de la télé au-dessus de l’armoire.

Tout illuminé qu’il soit, l’auteur de ce chef d’œuvre logique ne m’a pas éclairé sur les arcanes de sa pensée profonde.


Peut-être pourrait-on faire appel aux lumières de quelques thuriféraires du grand prêtre comme Steevy ou Mireille Mathieu pour nous aider à élever nos modestes comprenettes à la quintessence de la pensée élyséenne ?

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Au nombre des bénéficiaires de ces régimes spéciaux, outre les cheminots et les machinistes de la RATP, on compte quelques espèces en voie de disparition comme les marins pêcheurs et les mineurs de fond, quelques petits malins comme les clercs de notaire, et….. les députés.

L’un d’eux a d’ores et déjà pris les devants. Il s’agit de Claude Goasguen, député UMP du sud du 16° arrondissement de Paris, ce quartier sensible qui comprend Auteuil, Passy, Molitor, la rue Michel Ange et ses villas, l'avenue Mozart, la Maison de la Radio, le Parc des Princes et Rolland Garros. Consulté sur la comète, il explique doctement que « les députés ne bénéficient pas à proprement parler d’un système de retraite, mais plutôt d’une sorte d’indemnité… »

D’ailleurs, puisque l'heure est aux sophismes, s’agit-il « à proprement parler » d’un boulot ?

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vendredi 7 septembre 2007

118° Sicko Sicko par ci, Sarko Sarko par là...

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Il y a ceux qui ont lu le petit Larousse et qui savent que « critique » signifie « art de juger une œuvre », et ceux qui croient que le sens secondaire « blâmer, montrer les défauts » a pris le pas sur le sens premier, sans doute à l’instar de leur âme aigrie où la face obscure de la force tend à triompher sur le côté de la lumière.

Il y a aussi ceux qui écrivent dans des journaux qui confondent information et propagande, et qui croient devoir asservir tout ce qui passe devant eux à la cause dont ils sont les fantassins. (laquais, on a déjà dit, non ? Ça reste vrai pourtant).

Et il y a ceux enfin qui, dans les journaux comme dans la vie, croient que c’est en abaissant les autres qu’ils vont se retrouver au-dessus du lot.

« Quand on ne peut pas briller de sa propre lumière, on essaie d’éteindre celle des autres ». (La Rochefoucauld)

C’est sans doute au nom de ce principe que tout un pan de la presse voit de l’exagération dans « Sicko », le dernier pamphlet de Michael Moore.

C’est ignorer avec hypocrisie qu’il s’agit justement d’un pamphlet, tout comme ses films précédents, et c’est aussi éluder le fait qu’eux-mêmes, lorsqu’ils traitent la gauche de « socialo-communiste » et les chômeurs « d’assistés » ne font plus dans le pamphlet mais dans l’outrance, et sont à cet égard bien plus suspects d’exagération, voire d’injure que notre Robin des Bois de la pellicule.

Le trait est un peu forcé, certes. On ne fait pas un pamphlet à l’aquarelle. Mais enfin, il n’a inventé aucun personnage de son film, Michael Moore, toutes les situations qu’il décrit, tous les gens qu’il montre sont bien réels, même s’il les a évidemment un peu choisis.

Bien sûr, sa vision du système de santé français paraît quelque peu idyllique, mais nos critiques franchouillards qui trouvent normal de se faire soigner gratos leurs moindres bobos, leurs petites douleurs articulaires et même leurs états d’âme ne peuvent-ils comprendre l’émerveillement d’un citoyen d’un pays supposé riche devant ce système que nous estimons perfectible alors que chez lui, on meurt quotidiennement de ne pas le posséder ?

Si exagération il y a, sa source n’est-elle pas dans le cynisme avec lequel le système américain refuse pour des motifs futiles et souvent inventés à postériori, des soins pour lesquels il a engrangé des cotisations substantielles ? N’est-elle pas dans l’arnaque qui consiste pour les laboratoires américains, à vendre des produits avec des bénéfices de 1000% ?

Pour un spectateur français, la projection de Sicko provoque d’abord une sorte d’euphorie teintée de gène, puis ensuite un lourd sentiment d’incompréhension, voire de culpabilité.

Euphorie d’abord : Quelle chance nous avons d’être français ! Combien de nous seraient déjà morts si les traitements auxquels ils doivent aujourd’hui d’être en vie avaient pu leur être refusés par des bureaucrates programmés comme des ordinateurs ? Moi, plusieurs fois. Et vous ?

Gène ensuite : Comment nos amis Américains peuvent-ils supporter ça ?

Incompréhension enfin : Comment tant de nos concitoyens persistent-ils à considérer l’Amérique comme un modèle, à vouloir y émigrer ou pire à prétendre nous en imposer les règles impitoyables ?

A la fin de son film, Michael Moore, observateur éclairé de son temps, avance une explication qui doit gêner bien davantage ses détracteurs que le fond « socio-médical » de sa démonstration :

En France, « pour un oui pour un non » comme disent les gros cons (tiens, ça rime !), on descend dans la rue.

Alors que je trouve, moi, que les Français se laissent faire et baratiner comme des veaux (c’est de Gaulle qui, le premier, les a qualifié de veaux), les Américains, eux, s’émerveillent de leur réactivité, de leur si chatouilleuse susceptibilité qui les fait arrêter tout, remplir les rues et brandir des pancartes dès qu’on touche à leurs droits fondamentaux. La grève fait partie des symboles français dans la perception américaine au même titre que la tour Eiffel, la baguette de pain, les frites et la valse musette.

Aux USA, il n’y a guère que les guerres du Vietnam et d’Irak qui font descendre les gens dans la rue, et encore les chaines de télévision s’escriment-elles à n’en montrer que la frange colorée et hippie un peu comme on ne montre de la Gay Pride que les folles et les travestis, c'est-à-dire à en faire un portrait aussi marginal que possible, à en donner une image qui ne reflète pas la réalité profonde de la masse des citoyens.

Il n’est que de voir la traditionnelle comparaison des chiffres des manifestants « selon la police » et « selon les organisateurs » pour réaliser l’embarras que nos manifestations provoquent auprès d’un pouvoir qui plus souvent à tort qu’à raison, veut s’attaquer « pour notre plus grand bien » à nos droits et prérogatives et voit si souvent ses projets maléfiques contrariés par une belle manif bien de chez nous.

La grève, n’en parlons pas. La précarité des emplois et le niveau des salaires américains constituent un rempart infranchissable contre ce « fléau économique ». Scène du film : A une Américaine qui dit à Bush : « Vous rendez-vous compte que je suis obligée de cumuler trois emplois pour m’en sortir ? », il répond : « C’est merveilleux, il n’y a qu’en Amérique qu’on trouve des citoyens qui participent aussi activement à la richesse de leur pays ! ». Pour quelqu’un qui souffre d’une phobie éruptive du « socialo-communisme », la réinvention de Stakhanov est une trouvaille surréaliste. Il est vrai qu’il avait aussi dit un jour, entre autres, que le grand problème des Français était de méconnaitre le mot « entrepreneur ».

Michael Moore tend également son micro à un analyste britannique très sage dont j’ai oublié le nom mais admiré le discours, et qui dit que l’autorité, l’exploitation, le racket s’appliquent facilement à un peuple opprimé, sous-informé, accablé de dettes, craintif du pouvoir en place et ignorant de son pouvoir réel, replié sur lui-même, nombriliste, galvanisé de valeurs d’autosatisfaction dont on le nourrit par indigestion médiatique, et tout entier préoccupé par sa survie quotidienne. On vous a reconnu, pauvres amis Américains. Il montre d’ailleurs les Français comme un peuple extraverti, expansif, jouisseur et sûr de lui. Et il a raison, et c’est sans doute ce que notre régime multitâches essaie de changer avec ses plans d’austérité qui ne disent pas leur nom et dont personne ne veut, les riches parce que ça leur trouble la digestion et les pauvres parce qu’ils le subissent dans leur chair.

D’ailleurs, les principaux domaines où nous nous démarquons du monde de l’oncle Sam, la sauvegarde des retraites publiques, de la santé publique, de l’enseignement public et des prestations sociales du chômage sont précisément ceux qui rassemblent le plus de manifestants.

Aussi ne nous étonnerons nous pas que le but sournois opiniâtrement poursuivi par notre nouveau régime, à part le démantèlement du code du travail, soit de « rendre illisible la limite gauche-droite ». (voir mon article n° 112).

C’est bien là qu’ils sont gênés aux entournures. Parce que dans le subconscient français, comme d’ailleurs dans la réalité de l’histoire et du dictionnaire, le clivage gauche-droite se résume bien à « au nom des gens, au nom du fric », et la seule réponse à cette définition consiste à banaliser dans le discours l’assimilation de la gauche aux « socialo-communisme » et à rappeler que le stalinisme avait tué 80 millions de personnes, ce qui est vraisemblable, mais reste très inférieur au nombre de victimes de l’ultralibéralisme que l’on néglige trop facilement.

En effet, le néo-libéralisme, ce nouvel avatar de notre économie n’est pas qu’une période anodine de notre histoire, mais bel et bien la cause d’un massacre qui se perpétue aujourd’hui, s’aggrave chaque jour, se traduit par des guerres du pétrole, l’abandon à leur sort des pays du tiers monde, la concentration de 80% des richesses dans les mains de 5% des habitants de la planète, et le refus de soins à des populations que l’on tient pour quantité négligeable, qu’on leur ait ou non fait payer des assurances pour en bénéficier. Le système tue bien davantage que le stalinisme, mais comme il rapporte aux décideurs…

A côté de cela, les victimes du stalinisme, sans les nier, ne me semblent pas faire le poids, d’autant plus que ce massacre stalinien, lui, est terminé alors que celui perpétré par le néolibéralisme, lui, ne fait que commencer.

Car la misère qui envahit le monde, comme le nombre des SDF qui envahit nos rues, comme le nombre de pays où on ne trouve d’argent que pour acheter des armes, et non des denrées alimentaires va en s’élargissant.

La misère s’empare de la planète comme une inondation qui monte inexorablement et envahit les étages pour n’épargner finalement que ceux qui ont une maison assez haute. La répartition des richesses aux USA va dans le même sens rétrograde que dans le reste de la planète, juste un peu plus vite : la proportion de ceux qui ont la tête hors de l’eau va en diminuant, et l’ouragan de la Nouvelle Orléans nous a montré comment des états entiers peuvent se retrouver sous l’eau au propre comme au figuré.

Malheureusement, ce film ne trouvera d’audience que dans les milieux déjà prévenus de cette alerte rouge : aux USA, les pare-feux sont déjà dressés, on a ravivé l’anticommunisme primaire et traîné devant les tribunaux notre Michael Moore qui a osé démontrer que le citoyen lambda était mieux soigné à Cuba qu’au pays.

On est en plein Aldous Huxley : Il est interdit de parler de ce qui dérange et de contrarier la vérité officielle. On réécrit l’histoire, on falsifie les faits, on argumente dans le vide et on ment sans vergogne. « Avec une médecine d’Etat, le patient ne peut plus choisir son médecin et le médecin n’est plus libre de choisir le traitement approprié ».

Non seulement aucune des incursions de Michael Moore dans un des nombreux pays « à médecine d’état » qu’il a visités pour faire son film, -y compris le nôtre- ne permet d’étayer pareille contre vérité, mais le bilan de son film démontre plutôt le contraire : dans l’exercice d’une médecine privée, si aucune disposition n’interdit effectivement au médecin traitant de pratiquer sa médecine au sens littéral, il en est quand même empêché par l’assureur du malade en étroite relation avec le comptable de l’hôpital. Ce libre-arbitre médical n’existe vraiment pour le médecin américain que lorsque son malade dispose d’un niveau d’assurance hors de portée du pouvoir d’achat du citoyen moyen. Il faut être, je ne sais pas, moi, député ou sénateur pour pouvoir se l’offrir. Tiens donc ?

Dès lors, pas étonnant que les médicaments valent cent fois leur valeur, puisqu’on en vend si peu.

Avis à ceux qui ont cru pouvoir élire pareil bonimenteur au pays de Voltaire et Rousseau, et qui seront les premiers à le regretter si d’aventure le programme dont ils n’ont vu que la partie immergée venait à se déployer dans son intégralité, pour ne pas dire dans son intégrisme.

Lorsque ce sera à eux que les assurances refuseront la prévention ou la thérapie capable de les sauver, il sera trop tard pour changer d’avis : ils auront fait monter à ce point l’inondation de la misère que ce sera à leur tour d’avoir la tête sous l’eau.

Le drame est que le populisme bien rôdé de notre régime tout-terrain multi carburant - couteau suisse à 15 lames – panacée universelle – élixir du Dr. Miracle ne semble plus promettre d’escale avant l’immersion totale : Le flot de la démagogie aura-t-il tout submergé avant les prochaines élections, que les machines à voter transformeront d’ailleurs en élection à la mode de Floride ?

Je crains qu’il faille effectivement descendre assez prochainement dans la rue pour enrayer le phénomène : les Français savent le faire, et il sera bon qu’ils n’attendent pas trop longtemps.

A propos de démagogie, de discours populiste et de communication bien biaisée, je disais dans mon article n°111 que la clé du système Sarko semblait une fuite en avant évènementielle, qui consistait à couvrir chaque avatar d’un événement nouveau à une vitesse telle que le commentaire de la nouveauté occultait dans l’actualité l’analyse des conséquences de l’exploit précédent. Quel n’est pas mon ravissement (et ma fierté, allez j’avoue,) de constater que l’éditorial presque entier du dernier Canard Enchaîné, « Changement de diversion » sous la plume d’Erik Emptaz, est précisément consacré à cette analyse d’un événement qui chasse l’autre avant même la retombée des miettes de l’explosion.

D’ailleurs, mes chevilles me permettant l’exercice, j’avais expliqué dans l’article précédent, le 110, que mon article 106 du 26 juin avait sonné le tocsin à propos des menées créationnistes de l’Islam en Europe, et que cette alarme avait retenti avec retard le 7 juillet dans Libération et le 11 juillet dans le Canard Enchaîné. Si l’intégrisme sarkobushiste fonde une dictature, j’irai en camp de redressement avant eux. Je me suis toujours senti une âme de précurseur.

Constatons pour nous consoler que « l’ouverture » et le débauchage de personnages non-politiques ne va pas sans une certaine cacophonie qui travaille à notre bien-être en l’absence d’opposition crédible.

Christine Lagarde, « la meilleure ministre que la France ait jamais eue aux finances » (dixit Sarko), annonce une politique d’austérité vigoureusement démentie dès le lendemain par Claude Guéant, porte parole de l’Elysée. Laurent Wauquiez, porte parole du gouvernement, lui, promet un « impôt plancher » énergiquement démenti dès le lendemain par Eric Woerth, ministre du budget. Rama Yade, secrétaire d’état aux affaires étrangères et aux droits de l’homme va soutenir à Aubervilliers des squatters frappés par une décision d’expulsion dûment prononcée par un tribunal de sa copine Rachida Dati, ministre de la Justice, démarche fermement désapprouvée le jour même par François Fillon qui trouve enfin là le moyen de rappeler qu’il existe, et Sarko lui-même piétine de ses talonnettes rageuses les traces de l’enterrement de la TVA sociale si imprudemment avancée par Borloo entre les deux tours, et reprise à la volée par Henri Guaino, pourtant conseiller spécial du président et auteur de ses discours de campagne…

Ajoutons à cela Fadela Amara, qui s’est attelée à un plan pour favoriser l’emploi dans les cités qu’elle a présenté avant-hier à Strasbourg, et qui serait une plutôt bonne idée si elle ne l’avait affublé trop bruyamment du délicat surnom de « plan anti-glandouille ». Les intéressés apprécieront. S’ils croyaient encore l’ex-présidente de « Ni putes ni soumises » persuadée de la bonne foi avec laquelle l’immense majorité des chômeurs de banlieue cherche vraiment un emploi, les voilà déniaisés. Fadela a franchi le pas, elle n’est plus de leur monde.

Les journaux télévisés de ce soir ont beau s’être évertués à adoucir « la périphrase », à nous montrer des « stages comportementaux de recherche d’emploi », le mot est lâché, et il fera sans doute, comme « karcher », son petit bout de chemin vers la célébrité.

Comme Rachida Dati, qui vient de voir le septième membre de son cabinet ramasser ses crayons, et « rejoindre un haut poste au ministère de l’intérieur ». « Casse toi, t’es pas de ma bande » dirait Renaud. Moi, je dirai plutôt que l’autorité éclairée est l’apanage des grands, et que l’autoritarisme aveugle des petits est le rouage de base des dictateurs. L'histoire l'a montré à de nombreuses reprises.

L’empereur a oublié que les maîtres des esclaves devaient vivre et habiter avec leurs esclaves. On s’habitue trop vite aux dorures et aux lambris des palais.

La récupération tous azimuts continue. Après s’être adjoint les services posthumes de Blum, Jaurès et Jules Ferry, et avoir débauché quelques socialistes en mal de notoriété et quelques « civils » gaffeurs, le sarkozisme s’attaque au monde associatif en tentant de s’approprier des valeurs telles que l’humanisme. Ainsi ce président d’une association philosophique réputée apolitique qui, dans un discours officiel, a proclamé que « son » humanisme à lui le conduisait à favoriser les actions d’un gouvernement créatif au lieu de se cantonner dans une « opposition pavlovienne ». Il fera ce qu’il veut de « son » humanisme, ce monsieur, moi je trouve que le réflexe pavlovien consiste justement à tout cuisiner aveuglément à la sauce UMP , et mon humanisme à moi consiste à m’opposer de toute mon énergie aux auteurs de mesure législatives qui favorisent l’imposition de 15% des citoyens au détriment des autres, les propriétaires au détriment des locataires, le droit des patrons au détriment de celui des salariés, le droit des « choisis » au détriment des « pas choisis », le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes au lieu du devoir de croisade, et en général le droit du fric au droit des gens.

La dernière n’est-elle pas de trouver que « les patrons vont trop facilement en prison » lorsque « le risque financier se double d’un risque pénal ». L’actualité m’apprend que tous les patrons qui se sont fait pincer à mettre de l’argent là où il ne faut pas ont toujours fricoté avec l’argent des autres et jamais avec le leur. D’ici qu’on nous ponde une TVA de solidarité pour les pauvres chefs d’entreprises qui vivent au quotidien la hantise de l’huissier des fins de mois difficiles…

Et enfin une bonne nouvelle pour terminer : « Shortbus », ce film indispensable qui fait l’objet de mon article n° 69 vient de sortir en DVD. Si vous l’avez manqué lors de sa sortie en salle, ne vous privez pas de ce chef d’œuvre éducatif.

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