dimanche 29 décembre 2013

467° Censure, médias et effet Streisand






D’après Montesquieu, on distingue les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
D'autres plus anciens voyaient symboliquement ces trois pouvoirs illustrés par la couronne, le sabre et le goupillon.
On considère souvent aujourd'hui les médias et l'information comme le quatrième pouvoir. Où faut-il classer ce pouvoir, dans quelle catégorie, dans quelle série ?

Les dictionnaires définissent le pouvoir comme « l'exercice d'une puissance ou d'une autorité ».
Cela nous place donc dans la série « couronne – sabre - goupillon », le classement de Montesquieu ne s'appliquant alors qu'après que les pouvoirs aient été attribués.

Quelles sont alors les sources de ces pouvoirs ?
Couronne : La possession d'une couronne résulte souvent de l'action des armes. L'histoire ne nous l'apprend pas autrement.
La sabre symbolise la force brute, et le goupillon le mensonge, le mythe et l'exploitation de la crédulité.
Nous ne sommes guère plus avancés : on obtient sa couronne à la force des armes, on la légitime en asservissant la religion, et l'argent et la richesse deviennent le sang impur qui irrigue cette machine de domination.

Les lumières ont alors tenté de nettoyer les écuries, d'ordonner tout cela, de placer le peuple à la source de l'autorité et d'en définir les outils avec le législatif, l’exécutif et le judiciaire.
Ce n'était pas parfait, mais c'était encore ce qui fonctionnait le moins mal avant que la technologie n’invente les médias.

Car les médias sont effectivement le quatrième pouvoir, celui qui va prendre la place de la religion et de son cortège irrationnel. Il faut donc réorganiser toute la hiérarchie. Mais comment ?
Car les médias, comme tous les pouvoirs, se nourrissent d'argent. Ils sont à vendre. A vendre au plus offrant, en parfaite prostituée cynique dont le seul parti est le fric.

Quand on observe le dévoiement que l'argent a infligé aux religions, en mesurant l'écart entre leur message d'amour et les guerres qu'elles suscitent aujourd'hui, on imagine la facilité avec laquelle on peut entraîner l'information dans les directions les plus inavouables.

Pire : avec internet, l'argent n'est même plus nécessaire... N'importe qui, avec un peu d'habileté, peut devenir célèbre en exploitant le bon créneau. Certes, il y a des célébrités dont tout le monde ne voudrait pas, mais certains s'en contentent. Exemple ? Avec sa kolossale finesse de s'attaquer à l'égalité des droits des homosexuels « sans être homophobe », Frigide Barjot s'est taillé une place de choix au hit-parade des homophobes de l'année du magazine « The Advocate », rubrique « 2013 homophobic awards »...


Elle siège maintenant dans ce peu reluisant aréopage en compagnie de Poutine et de Mugabe ; ça lui fera de la conversation...

Ceci dit en passant, c'est bien que « The Advocate », célèbre magazine LGBT de San Francisco publie le hit parade des homophobes de l'année, mais il aurait été plus crédible en n'élisant pas le pape François « personnalité de l'année », au moment de la disparition de Nelson Mandela, le premier qui a inscrit la non-discrimination en raison des préférences sexuelles dans la constitution d'un état.
C'est oublier un peu vite qu'avant sa calotte blanche, le ci-devant Mgr. Bergoglio en portait une rouge, celle d’archevêque de Buenos Aires et primat d'Argentine, et qu'il fut le bruyant porte-étendard des anti-mariage-pour-tous dans son pays...

C'est bien la preuve que les médias sont un outil dangereux, qui pète facilement à la figure de ceux qui espèrent les maîtriser.
Un excellent exemple récent vient illustrer cette faculté. Il y a quinze jours, un jeune journaliste en herbe du nord de la France, Octave Nitkowky, publie un livre « Front national des villes et front national des champs » dans lequel il analyse avec une certaine pertinence et une impertinence certaine l'abîme qui existe entre la communication « dédiabolisée » du siège du parti et la campagne locale des petits chefs de la formation. Dans son livre, il parle de ce qu'il est convenu d'appeler « la vie privée » de deux cadres du parti.
Lesquels cadres portent plainte pour obtenir en référé l'interdiction du livre, qu'ils obtiennent en première instance.

Quelle maladresse ! Car, même avant l'appel qui va largement démolir cette décision, s'il devient interdit de révéler en public ce que l'auteur déclare à propos de ces deux cadres, -encore qu'il suffisait de quelques clics pour tout savoir-, tout citoyen pouvait dès lors assister à l'audience parfaitement publique du tribunal des référés, et en connaître les attendus et le jugement par lesquels la justice recevait la plainte de messieurs Steve Briois et Bruno Bilde qui lui demandaient d’interdire la publication d'un livre au motif qu'il révélait leur homosexualité. Le livre est interdit, mais les débats et décisions de justice, sauf tribunal pour enfants, sont publics.

Il est vrai que l'homophobie est loin d'être éradiquée de ce pays, - ce n'est pas le front national qui me dira le contraire -, et qu'être homosexuel ne permet pas toujours de vivre sa vie comme un long fleuve tranquille et dispose parfois des petits obstacles sur la trajectoire, mais il faut savoir qu'à tout prendre, en France et en 2013, il vaut mieux s'assumer.
Vivre une existence honteuse expose à bien plus de désagréments que de rester simple et naturel, et les réactions à des révélations accidentelles sont toujours plus nombreuses et plus violentes que celles qui résultent d'un coming-out maîtrisé.

Les plaignants obtiennent donc cette interdiction, et l'éditeur fait appel. Patatras ! Deuxième pavé dans la mare : le jeudi 19 décembre, la cour d'appel de Paris réexamine l'affaire devant un parterre de journalistes qui se lèchent les babines, et rend un jugement de Salomon. Bruno Bilde, qui n'est que « conseiller régional du Nord-Pas de Calais » voit sa notoriété qualifiée « d'insuffisante » par le tribunal, ce qui lui ouvre le « droit à la vie privée ».
Steve Briois, par contre, voit la justice reconnaître « sa notoriété suffisamment médiatique » et considérer que « le droit du public à l'information prime sur le respect de certains éléments de sa vie privée ».

Et voilà donc le livre d'un auteur de 17 ans, promis à une diffusion confidentielle, et qui couchait sur le papier « un secret de polichinelle que tout le monde savait déjà » , réédité à grand tapage et bénéficier d'une publicité dont ni l'éditeur ni l'auteur n'avaient rêvé.

Enfin presque. Car mon petit doigt me dit que ces deux sympathiques larrons savaient très bien ce qu'ils faisaient, et comptaient bien sur « l'effet Streisand », autrement appelé « buzz ».  pour assurer la publicité de leur ouvrage...
La nouvelle édition est arrivée cette semaine chez les libraires.

Remarquez, l'effet Streisand n'est que l'application informatique d'un vieux principe jadis illustré par « l'Arroseur arrosé », et qui illustre avec un tuyau plein d'eau que les censeurs finissent toujours par se couper avec leurs grands ciseaux. 

Non seulement on n'a rien inventé, mais il se trouve toujours des... des... enfin, vous m'avez compris, pour se faire avoir à ce petit jeu. Le jeu du plus...





lundi 16 décembre 2013

466° La matraque et le goupillon.






On commençait juste à oublier Monsieur Hortefeux et ses sentences déplacées. Les auvergnats pouvaient à nouveau se rassembler sans susciter de sous-entendus foireux et Rama Yade prendre l'avion en espérant pouvoir revenir chez elle... 

A croire que cela lui manquait aussi, puisqu'il vient encore de perdre une belle occasion de se taire.
Alors que le gouvernement annonce que le chef de l'état n'assistera pas à l'ouverture des jeux de Sotchi, Brice Hortefeux tient à assurer de son soutien les dictateurs et autres broyeurs de droits de l'homme...


"Quand les athlètes français se rendent à une compétition, l'honneur de la France est de les accompagner et de les soutenir. Ça n'empêche en rien de défendre nos valeurs" proclame-il avec véhémence au micro d'Europe 1. 

Mais de quelles valeurs parlons nous, Monsieur Hortefeux ? Des valeurs olympiques, peut-être, qui proscrivent formellement toute sorte de discrimination ? Des valeurs de la France, qui sont les mêmes ?
Ou alors des valeurs que vous avez défendues et mises en pratique lorsque vous étiez au pouvoir, au point qu'un journal en a fait un florilège ? 


 ©AFP - Mickael Metzel

La valeur d'une médaille dépend, certes, de l'exploit qu'on a accompli pour la mériter, mais également de la légitimité de la main qui vous la décerne.
Autant je veux bien voir reconnaître un acte méritoire que j'aurais accompli, et céder symboliquement à la vanité d'une médaille pour figurer au palmarès de la discipline, autant je n'accepterais pas de me voir reconnu ou décoré par un hypocrite qui me passerait d'une main un cordon autour du cou pendant que de l'autre, il enfreindrait avec hargne et conviction les valeurs humanistes les plus fondamentales auxquelles je suis attaché.
Certes, je ne suis pas athlète, mais jamais je n'irai verser une goutte de ma sueur au profit d'un faux-jeton de la vie politique, d'un « faites-ce-que-je-dis-pas ce-que-je-fais » du monde médiatique, d'un imposteur des valeurs humanistes, et j'en passe pour ne pas faire de phrases trop longues.

©Roman Yandolin/flicker 

Même déféquer dans les toilettes de Monsieur Poutine me paraîtrait une occasion manquée de décorer ses tapis de ce que m'inspire sa soumission aux traditions barbares, sa soif d'hégémonie, sa détestation de la diversité humaine et ses manières guerrières de propager sa haine. Souvenons-nous qu'il « irait massacrer les Tchétchènes jusque dans les chiottes ». Ce n'est donc pas par hasard que je fais cette parabole scatologique.
Comment honorer de sa présence un individu qui proclame que « le mariage pour tous est une expression de la dépravation occidentale »?

Tandis que désigner toute une communauté à la vindicte populaire, couvrir d'impunité les « milices » que vos discours de haine ont suscitées, aller chercher aujourd’hui un ordre moral dans les préceptes d'une religion moyenâgeuse que votre propre parti a exécré pendant soixante dix ans, n'est-ce pas bien au-delà de la dépravation ?

©Dimitry Lovetski AFP

Et maintenant, vous voudriez les inviter, Monsieur Poutine, les dépravés occidentaux que vous avez invectivé et dénigré à longueur de vocifération ? 
Monsieur Poutine, avec sa loi anti-homosexuelle, frappe sur toute la communauté gay de son pays et de ses satellites avec des matraques qui ressemblent fort aux goupillons des prêtres orthodoxes qui lui servent aujourd'hui de relais pour soulever les foules contre l'homosexuel, le nouveau bouc émissaire, la nouvelle victime expiatoire sacrifiée sur l'autel du pouvoir absolu et anti-démocratique.
 Prêtres auxquels cet inattendu retour de pouvoir a fait oublier les massacres que leurs ouailles et eux-mêmes ont subi pendant tout le communisme ? C'est une véritable association d'hypocrites...

Célébrez vos petites fêtes entre sympathisants de vos thèses discriminatoires et haineuses. Invitez Monsieur Hortefeux, puisqu'il semble regretter l'absence de la France, pays des droits de l'homme. Il ne représentera que lui même, mais il ne fera pas tache.

Quant aux leçons de droits de l'homme à donner au gouvernement, il faudra que Monsieur Hortefeux trouve autre chose.
Même mon correcteur d’orthographe est d'accord, qui souligne son nom en rouge et suggère "porte-flingue" à la place.


Dernière minute:

Voilà Rama Yade qui s'y met.  Ancienne secrétaire au sports, mais aussi fugace et inutile secrétaire d'état aux droits de l'homme, Rama Yade veut bien que la France ne soit pas représentée aux cérémonies d'ouverture de Sotchi, mais "à condition d'expliquer clairement pourquoi"...

Sans doute ambitionne-t-elle maintenant, après avoir été court-circuitée à maintes reprises lors de sa prestation aux droits de l'homme, de devenir aujourd'hui secrétaire d'état aux mal-comprenants?
A moins qu'en jouant sur les mots et en cherchant la petite bête, elle reconnaisse enfin que toutes ses tentatives pour se démarquer du politicus simplex n'ont servi à rien?

Cette déclaration est sans doute l'aveu implicite qu'elle a adopté dorénavant l'attitude du carriériste politique traditionnel réduit à manifester son existence par des déclarations sans fonds et systématiquement contradictoires?





Le concours du plus con. Nnnnnième édition.

Un sénateur propose au gouvernement d'interdire le téléphone portable aux piétons, prétendant avoir évité de justesse un piéton qui aurait été distrait par sa conversation téléphonique.



Puis-je lui suggérer d'interdire également l'accès des trottoirs aux femmes parce que c'est bien souvent en les regardant trop attentivement que les conducteurs provoquent des accidents?

La sécurité, ça n'a pas de prix.


mercredi 27 novembre 2013

465° Et si on votait des lois utiles ?





L'exercice du pouvoir provoque-t-il une névrose qui pousse nos dirigeants à s'attaquer à des libertés individuelles qu'ils ont défendues becs et ongles lorsqu’ils étaient dans l’opposition ?

Deux exemples dans l'actualité : les projets de loi sur la prostitution et sur la répression des discours de haine sur internet.
Ces deux sujets voient leur traitement affectés de la même paresse, du même manque d'énergie, et surtout de la même hypocrisie :
on s'attaque à la partie émergée de l'iceberg parce qu'on peut la voir, en feignant d'ignorer le fond du problème, dont le traitement est, bien entendu, beaucoup plus difficile.

Effet d'annonce, apaisement de la conscience au rabais, mais, dans la pratique, bien plus de dégâts collatéraux que d'effets positifs.




Commençons par le projet de loi sur la prostitution...

...qui consiste à pénaliser le client en croyant qu'on va, avec ce coup de couteau dans l'eau, éradiquer à la fois le plus vieux métier du monde et le proxénétisme.

Depuis des milliers d'années, le pouvoir et les croyances qui les gouvernent ont voulu empêcher la prostitution. Enfin, plus modestement, empêcher qu'elle soit trop visible car ce sont bien souvent les mêmes grenouilles de bénitier qui la fustigent dans leurs discours et qui y recourent avec empressement sitôt dépouillés des oripeaux de leur autorité.

On tombe tout de suite dans le grand guignol lorsque quelques égéries, quelques agitateurs ou quelques politiques en mal de reconnaissance veulent ériger en valeurs universelles les fantasmes qui les travaillent.

Exemple aux États Unis, où, à la différence de l'Europe, aucune loi ne vient protéger les homosexuels et où l'homophobie est devenu un produit commercial comme un autre, de virulents politiciens et prédicateurs homophobes se font couramment prendre avec la main dans la culotte d'un zouave


Après ce préambule duquel chacun tirera les conclusions qui lui conviennent, envisageons ce projet de loi bien de chez nous qu'on nous prépare sur la prostitution, et qui consisterait à pénaliser les clients.

Au nombre des effets positifs, le but recherché ne sera pas atteint. De Paris, on peut aller à Bruxelles en deux heures de train, à Londres en trois heures, ça ne va pas pénaliser grand monde. Au lieu de tirer un petit coup vite fait, on se fera des week end d'étude et des stages de formation soigneusement organisés.
En Suède, où on a appliqué la mesure, on constate toute l'horreur des dégâts collatéraux. Toutes les braves filles qui n'avaient rien trouvé de mieux pour vivre décemment et élever leur gamin que d'aller faire des rencontres au coin de la rue sont livrées à la déshérence, privées de ressources, de loyers, jetées à la rue avec leur enfants.

Par contre, une véritable industrie a vu le jour : Aucun endroit de la Suède n'est à plus de cent kilomètres d'un grand port. De là, tous les soirs, des vedettes rapides emmènent les clients à l'extase à bord de ferries transformés en bordels flottants ancrés au large, et donc délivrés des lois du pays, où ces voyageurs d'une nuit peuvent se livrer le plus légalement du monde à leur passe-temps favori. Mais sur ces bateaux, les filles ne sont plus de libres prestataires de service, mais des troupes embrigadées par les armateurs qui abattent le travail à des cadences et des tarifs qu'elles ne maîtrisent plus.
Messieurs les proxénètes peuvent remercier les puritains suédois pour une loi qui a fait leur fortune. Car si les bordels étaient contrôlables aussi longtemps qu'ils avaient pignon sur rue, et que les contrôles sanitaires et sociaux pouvaient s'y exercer, ils ne le sont plus dès lors qu'ils sont délocalisés en pleine mer hors de l'emprise territoriale des autorités.




En France, nous aurons moins de bateaux que les Suédois, encore que, mais nous aurons tous les inconvénients de l’application du système. Déjà très entravée par un système répressif incohérent et décousu, la prostitution française a commencé à apprendre à se cacher. Si on la pénalise davantage, notamment en s'attaquent aux clients, elle se cachera davantage, se réfugiera dans un maquis plus profond et plus inextricable encore et deviendra complètement hors de portée des rares et pauvres services sociaux et sanitaires qui s'en occupent encore. Il ne faut pas croire un instant que les proxénètes reculeront devant la difficulté : non seulement la pègre en a vu d'autres, mais elle sait que c'est justement l'illégalité de son activité qui est porteuse de profits. Le commerce légal, c'est pour les « caves ». La pègre vit, se nourrit de l'illégalité. Aggravez la, vous l'enrichissez.

L'échec de la prohibition, qui n'a pas frappé que les États Unis, mais également la Russie et le Canada au début du XX° siècle devrait rester dans les mémoires : Outre les milliers de morts dans des fusillades et les autres milliers d'innocents emprisonnés pour avoir bu un verre, elle n'a jamais enrayé, ni seulement fait diminuer la consommation d'alcool dans les pays qu'elle a frappé. Au pire, les alcools sains y ont-ils été remplacés par des alcools frelatés. Al Capone et de nombreux autres caïds lui doivent sanglantes fortunes. Aux USA, ses plus fervents défenseurs furent les pasteurs blancs racistes et le Ku-Klux-Klan, qui militèrent, souvent armes à la main, pour son application. La qualité de ses partisans devrait permettre de resituer ce genre de mesure sur l'échelle des droits de l'homme.

Imaginons ce que seront les dégâts sociaux et humains qui accompagneront cette manne offerte aux proxénètes : un brave citoyen lambda va confier son extase du samedi soir à une spécialiste et se faire arrêter par la police. Nuit en garde à vue, convocation au tribunal, grosse amende et frais d'avocat qu'il sera difficile de cacher à madame la légitime. Qui, le plus souvent, demandera le divorce. Drame social. Vies brisées. Enfants déchirés entre des parents séparés par une loi irresponsable. Tout cela pour avoir voulu appliquer l'ordre moral de monsieur le curé de la manière la plus imbécile?

Sans doute faut-il reprendre tout le problème du début. D'abord vu avec recul : les femmes ont demandé pendant des décennies l'égalité avec les hommes et la libre disposition de leurs corps. Dans nos pays, elles l'ont obtenu, dans d'autre pays, elles le demandent encore.
Et maintenant, là où elles l'ont obtenu, elles réclament le contraire au nom d'un féminisme mal compris...

Rappelons d'abord que la prostitution, ce n'est pas le cliché du vieux « libidineux » qui cherche de la chair fraîche. C'est peu-être facile à médiatiser, mais le stéréotype est mensonger. Ce sont, certes, des hommes qui veulent des femmes, mais aussi des hommes qui cherchent d'autres hommes, et ce sont aussi des femmes qui cherchent des hommes et des femmes qui cherchent d'autres femmes.

La prostitution, ce n'est pas non plus que de l'abattage, du « au suivant » à la Jacques Brel, c 'est bien souvent un petit bout de relation qui se noue, et qui répond -parfois réciproquement- à des lacunes affectives, des sentiments de solitude ou des injustices de la vie. Les puritains sont plus obsédés par leur frustration que les gens normaux par leur sexualité, voici une excellente occasion de le proclamer.

Et enfin, contrairement à ce qui est rabâché par les médias en quête de gros titre racoleur, la prostitution ne se résume pas à la partie visible de l'iceberg, ces quelques malheureuses soumises à des vilains messieurs que l'on voit le long des routes obscures ou dans des camionnettes à la lisière des bois. C'est aussi le fait de milliers d’étudiants, de mères célibataires, de pauvres gens qui ne peuvent plus boucler leur fin de mois, et qui prennent sur internet des rendez-vous discrets.

Des sites internet entiers leurs sont dédiés, remplis de milliers, de millions d'annonces. Mais cela, on ne veut pas le voir. Pour que le Fouquet's club puisse rentrer à Neuilly sans voir un seul travesti en traversant le bois de Boulogne, on veut priver des milliers, peut-être des millions de Français et de Françaises d'un mode relationnel qui, outre qu'il les sauve de la délinquance ou de la rue, leur apporte parfois bien plus qu'un petit frisson : une relation à laquelle le caractère de semi-anonymat confère une puissance de réconfort, de confidence et de partage que les psys les plus onéreux ne peuvent pas apporter.




Si on veut éviter la traite des êtres humains, améliorer la vie des prostitué(e)s, garantir la santé publique, fournir un exutoire légal et respectueux à la pression sexuelle la plus naturelle tout en assurant la sociabilité de ceux qui ont moins de facilités que d'autres pour faire des rencontres et briser leur isolement, il faut au contraire réglementer le travail du sexe, donner des garanties de santé et de sécurité aux travailleurs et à leurs clients, et organiser un système assez cohérent pour rester imperméable aux pouvoir des proxénètes, au marché noir et à la délinquance. Autant dire tout le contraire de ce qu'on nous prépare, qui va jeter tous les protagonistes dans une précarité plus grande encore.

Alors, cessons de nous tromper d'ennemi, et attaquons nous vraiment aux proxénètes au lieu de nous battre contre leur effigie. Certes, ça ne va pas être facile : ce sont de grosses vilaines racailles qui se baladent dans des 4x4 noirs à vitres fumées, n'hésitent pas à casser des dents quand on les contrarie, et éventuellement à truffer de plombs un policier qui les ferait trop chier. Ils ont des ramifications internationales, des complices, des hommes de main, et le pouvoir de l'argent mal gagné.

Alors, leur traque va être difficile, coûter cher en moyens et en personnel. C'est plus facile de persécuter un malheureux client, surtout si on ne se préoccupe pas des désastres sociaux qu'on va occasionner. Mais faut-il céder à la facilité ?

Cette loi qui consiste à pénaliser le client est plus qu'une loi imbécile, c'est une loi nuisible, néfaste, lâche, qui tourne le dos à ses objectifs supposés.



La loi contre les publications internet inappropriées

Dans le même genre d'erreur d'objectif, d'inefficacité garantie, de discours qui sonne faux et d'effet d'annonce, le gouvernement, toujours sous la houlette de Najat Vallaud Belkacem, -déjà porte étendard de cette loi sur la prostitution, - veut nous infliger une autre loi aussi grotesque qu'inutile.

Dans le but, louable, de lutter contre les publications racistes, sexistes, homophobes et autres pas convenables qui se multiplient sur internet, une loi veut impliquer les hébergeurs et fournisseurs par les tuyaux desquels passeraient ces inconvenantes publications. 

On ne va pas se refaire de longues explications, juste une parabole. Ça plaira aux intégristes. Vous êtes l'heureux propriétaire d'une maison qui, comme toutes les maisons respectables, possède des murs. Un mauvais plaisant vient tagger ou coller sur votre mur une inscription ou une affiche pas convenable du tout.

Vous êtes responsable ! Si vous n'aviez pas possédé ce mur, cette provocation n'aurait pas existé ! Vous serez donc poursuivi pour possession de mur !

Pendant ce temps, l'auteur de l'inscription continue à courir, à multiplier d'autres étrons graphiques, mais qu'importe : on tient un coupable, facile à trouver, interpellable sans risque, et cerise sur le gâteau : solvable, puisqu'il possède des murs !

Pénaliser les hébergeurs pour ce que les anonymes y déposent, c'est aussi con que de pénaliser les propriétaires de murs pour les affiches que les anonymes y collent ou de poursuivre un trottoir parce qu'un chien y a fait son caca.





Ce qui m'ennuie, c'est que derrière ces deux mesures qui défient l'intelligence et la logique, on trouve la même personne, qui me faisait jusqu'ici très bonne impression, et que je tenais même pour raisonnable et sensée: Najat Vallaud Belkacem.

Je n'ai pas de réponse à ce dilemme. Tout au plus pourrais-je souhaiter que le gouvernement dont elle est porte-parole se livre moins à la chasse au dahu, prenne les problèmes « par les cornes » au lieu d'agiter des muletas démagogiques, et nous montre qu'il est capable de faire face aux affaires au lieu de les esquiver façon toréador.

Le gouvernement précédent aggravait les problèmes auxquels il prétendait s'attaquer, celui-ci les élude comme une libellule qui vole entre les branches.
Ils ont pourtant montré qu'ils savaient être fermes avec le mariage pour tous, la taxation des clubs de football et quelques autres mesures de second plan. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Ce n'est plus qu'une question de volonté.


Dernier avatar:

Lien ICI





vendredi 8 novembre 2013

464° Mais ça, c'était avant...








Avant, -mais c'était avant-, lorsque je regardais les infos à la télévision, je voyais vivre le monde, et j'avais l'impression d'en faire partie en me reconnaissant dans telle information, heureuse ou malheureuse, mais qui parlait de choses réalistes faites par des gens honnêtes pour essayer de faire avancer le char de la civilisation.

Maintenant, le spectacle du journal télévisé me rend plutôt malade. On assassine les journalistes, la police arrête Casimir, et on voit s'agiter frénétiquement des petites fourmis qui essaient de nous faire croire qu'elles vont généreusement changer le monde alors qu'elle ne font que se laisser instrumentaliser par des ogres qui défendent leurs sordides intérêts personnels ou partisans. 



On n'imagine pas l’extrême gauche, l’extrême droite, les exploiteurs et les exploités s'aligner au coude à coude dans une même manif. Les Bretons, si. Enfin, disons qu'ils le font sans s'en rendre compte.
Ils se plaignent que leur belle province est éloignée, mais soutiennent une protestation de nantis qui refuse de payer un impôt dont le produit serait essentiellement consacré à l'amélioration de leurs propres routes, voies ferrées et autres moyens de désenclavement... Ça s'appelle « se tirer dans le pied ».

Et pendant ce temps là, l'Alsace est envahie par les poids-lourds de toute l'Europe qui empruntent en fumant et vrombissant l'autoroute nord-sud pour éviter l'autoroute parallèle allemande qui est, elle, soumis à une éco-taxe que les transporteurs allemands paient sans mettre la clé sous la porte, mais à laquelle, sur ce trajet, ils échappent par ce petit crochet en France.

La Bretagne pratique un élevage de porcs intensif qui pollue ses nappes phréatiques, empoisonne ses rivières et couvre ses plages de nocives algues vertes. Mais au-lieu de réclamer les moyens de changer ce système, elle se rassemble derrière des industriels du cochon pour réclamer avec eux plus d'élevages plus grands et un plus large développement de ce système destructeur.

Le Bretagne se veut une terre d'indépendance et d'autonomie tout en se plaignant d'être enclavée, ce qui est paradoxal, mais en plus, elle se laisse embringuer dans l'agitation par des « bonnets rouges » qui servent de déguisement à d'obscurs mouvements d’extrême droite qui n'ont d'autre objectif que de déstabiliser un gouvernement de gauche pour le principe, qui font des « quenelles » de Dieudonné devant les objectifs et arborent avec le bonnet rouge des tee-shirt de la manif pour tous... 




Ce faisant, elle permet au site hollande-degage.fr  de déployer à Quimper la banderole « Hollande démission » qu'un avion de la manif pour tous a tracté sur les plages de l'Atlantique tout l'été avant de s'écraser finalement à Chateau d'Olonne...

En croyant défendre leur Bretagne, les Bretons scient la branche sur laquelle ils sont assis, et entretiennent une opposition quasi-anarchiste au seul régime pourtant capable d'arranger autant que faire se peut leurs bidons de lait et l'avenir de leurs cochonnailles. ( Les autres l'ont-ils fait?) Certes, des abattoirs ferment, ce qui est une désolation que je partage pour les travailleurs qu'ils employaient, mais un abattoir ne fait pas la Bretagne, alors que les routes et voies ferrées qui la relient à l'Europe et dont ils contestent la viabilité sont les artères où circulent ses fluides vitaux.

Pour en finir avec la Bretagne et revenir à la profonde mélancolie qui me frappe lorsque je reçois l'information générale, tout me semble sujet à déprime. On massacre un peu partout, l'homme conduit des guerres fratricides par lesquelles des pays entiers retournent à l'état de champs de ruines, on tue les journalistes qui en témoignent, on arrête Casimir, on emprisonne pour un vol de motos pendant qu'on distribue des non-lieu aux escrocs en col blanc, et comme les antidépresseurs font grossir, on subit de plein fouet ce tsunami de fausse information qui enfonce davantage les journalistes dans le « toujours plus à n'importe quel prix », et donc les foules ébahies dans des jugements mal fondés, les politicards dans la surenchère au mépris de tout sens civique, l'extrème-droite dans le travestissement mensonger de ses outrances, les profiteurs dans leur fuite en avant et la satisfaction de leur boulimie et les pauvres dans leur naufrage.




Heureusement, de temps en temps, une petite bonne nouvelle vient éclairer d'une faible lueur ce paysage de désolation. Ainsi, aujourd'hui, l'agence Standard and Poors a réduit la note de la France...
Qu'un valet de la haute finance libérale proteste hautement contre la politique menée par le gouvernement, c'est bon signe, non ? C'est un signe de reconnaissance, une preuve que ce que nous faisons fait chier ces spéculateurs sans scrupules et que nous sommes donc sur la bonne voie. Le gouvernement, qui communique très mal, -comme de tous temps les socialistes- devrait exploiter ce filon pour marquer le cap d'un peu d’humanisme retrouvé. 




Allez, les gars! Un peu de courage et de rentre-dedans... Ne pas se laisser déborder par l'extrême-droite, ne pas se laisser doubler par l’extrême-gauche.
Est-ce donc si compliqué?






mercredi 23 octobre 2013

463° Radar anti-gay et zizanie pour tous





On n'arrête pas le progrès. Nos amis koweïtiens, grands protecteurs des libertés individuelles, auraient mis au point un zinzin dont l’église, l'inquisition et les services secrets rêvent depuis des siècles : le radar qui détecte les gays !!!
Encore que l'église, je dis par boutade qu'elle en rêve, mais je n'en suis pas si sûr...

Facile à mettre en œuvre, (il se résumerait à une application sur un smartphone!), il permettrait de détecter infailliblement toutes sortes de gitons, d'uranistes et autres sodomites qui s'aviseraient d'entrer dans l'émirat et permettrait d'en exclure séance tenante tous les immigrés qui ont eu la bonté d'aller les faire bénéficier de leurs compétences.
Le Koweit, c'est une affaire d'hétéros, on s'est bien compris, bande de tapettes ?

Ceci me rappelle mon premier contact avec le DRH d'une grande entreprise de la Défense (le quartier) où je m'étais présenté jadis pour prendre la direction du service « conférences et audiovisuel » . C’était un petit pète-sec tout maigrichon avec un costume à gros carreaux, façon clown triste, qui était du dernier chic dans les années 70. Il m'avait regardé droit dans les yeux, et affirmé solennellement :
« Je vous préviens, moi, les pédés, je les détecte à quinze mètres ». Peut-être même avait-il dit trente mètres, je ne sais plus.
Alors chômeur aux abois, je l'avais assuré de ma compréhension et de mon soutien dans cette mission de salut public. Ce n'est pas pire que les promesses de Copé aujourd'hui. D'autant plus que la discussion sur le salaire que j'ai eu avec lui juste après m’avait confirmé que l'homophobie, ça ne payait pas : j'avais pris congé après lui avoir expliqué que je n'étais pas venu demander la charité.

Il n'existait pas de loi, à l'époque, qui m'aurait permis de le poursuivre pour discrimination, mais celle qui m’empêchait de lui foutre mon poing dans sa gueule de rat fasciste existait déjà, malheureusement.

Pour en revenir au détecteur koweïtien, je voudrais, moi, qu'on se décide à inventer un détecteur de cons. C'est vrai qu'il y a des endroits où on ne pourrait pas l'emmener sans qu'il explose, et qu'il faudrait même l'éteindre avant de le mettre dans un sac pour prendre le métro... Mais quand même... 



 Pour enchaîner comme il vous conviendra avec ce qui précède, Gay Lib, vous savez, les gays de droite, bien qu'ayant quitté l'UMP après avoir mis des années à comprendre qu'ils n'en obtiendraient rien, se plaignent ce mois-ci sur leur site  que les avancées homosexuelles ne vont pas assez vite avec l'actuel gouvernement !!! Fallait oser, tout de même !!!.

 C'est vrai que ça traîne un peu aux entournures, question PMA et droit des trans, mais ils sont bien les derniers à pouvoir critiquer quoi que ce soit ! Le sens du ridicule... Encore une valeur qui se perd, et que les conservateurs, curieusement, ne défendent pas.

Quand on met dix ans à s'apercevoir que le parti pour lequel on milite ardemment ne fera jamais rien pour les LGBT, alors que nous, on le savait depuis le début, et même avant, on n'a pas une bonne place pour critiquer les gens qui ont fait ce que vos amis n'ont pas su faire !


La manip pour tous, elle, a bien des problèmes. La voilà déchirée entre deux égéries, la Frigide, et la marquise Ludovine de la Rochère, sans parler de son schisme, le Printemps Français,  qui exploite joyeusement le brevet sans payer de royalties.

La vie des égéries est également difficile, et elles n'osent plus aller en Belgique, même plus une fois. En mars, Frigide n'avait pas pu tenir conférence à Bruxelles, et ce pauvre Bongibault avait été entarté. C'est une spécialité locale, même si entarter une tarte, ça a « quelque chose de belge », non ?


Christine Boutin a voulu, elle aussi, tenter sa chance au pays des frites et des fricandelles. Bien mal lui en a pris : elle s'est fait couvrir de gros mimis mouillés et colorés par les Femen locales, les « Liliths » aux cris de « Caca Boutin ».
Souvenons-nous que Lilith, après de nombreuses péripéties bibliques et cabalistiques a fini par obtenir dans l'imaginaire religieux un poste envié de « première démone » avec la réputation d'entraîner les jeunes gens dans la débauche. Une fille bien sympathique, finalement.


Voilà également que, dans les surenchères pour laver plus blanc, Jean François Copé oublie ce qu'il a dit et fait il y a six mois, en déclarant lasemaine dernière, dans « Des paroles et des actes », surFrance 2, qu'il n'a jamais été opposé au mariage homosexuel.

Alzheimer précoce ? : Non seulement il avait appelé à manifester contre le mariage pour tous avec la manip pour tous le 13 janvier et le 26 mai, mais il a participé à ces manif ès qualités, photo à l'appui :



A-t-il oublié aussi qu'il avait, peu de temps avant, fait un appel aux dons pour subventionner l'organisation de cette haineuse parade?

Et même, le 18 mai, il avait déclaré qu'il faudrait, sinon abroger cette loi, du moins la réécrire. Il essaie maintenant de nous tortiller les méninges en expliquant que c'est l'adoption qu'il faudrait revoir... C'est de la sottise 24 carats : Le mariage est une enveloppe qui englobe un ensemble de droits qui le constituent. Si on le démonte et qu'on l'ampute, ce n'est plus « le mariage pour tous ». Cela redevient une mesure discriminatoire qui trie les citoyens en « bons ayants droit » et en « mauvais ayants droit »...

S'il nous disait : « Je veux bien que les gays aient des voitures, mais sans les roues », il passerait pour un con et un hypocrite, et il voudrait qu'on ne s'aperçoive de rien lorsqu'il nous dit : « Je veux bien que les homosexuels aient des mariages, mais sans les droits fondamentaux qui le constituent ».

Je sais bien qu'en politique, les limites de l'imposture sont éloignées, floues et même mobiles, mais de décennie en décennie, je trouve qu'elles régressent encore plus... 



Le voilà maintenant qui veut nous réécrire les lois sur l’acquisition de la nationalité. Quand on sait ce que, pour lui, signifie « réécrire », il convient de se méfier. Réécrire une loi pour la vider de son sens et la rendre caduque sans devoir l'abroger, ça devient une manie, chez lui.

Faut-il rappeler que c'est à ce fameux droit du sol qu'il doit sa nationalité ? De même qu'entre autres, son compagnon d'armes Sarkozy ? Là encore, il va patauger dans des nuances de « parents avec ou sans papiers ». Désolé, mais à partir du moment où la république en a touché taxes, charges et impôts, ils sont sur la bateau France. Et c’est un bateau d'où on ne jette personne à la mer. Il faudra qu'il s'y fasse, même s'il défend plutôt les passagers de première classe.



mardi 8 octobre 2013

462° Les amours homosexuelles plein les écrans







Christine Boutin, Frigide Barjot et les députés du clan Mariton ne vont pas être contents. Les amours homosexuelles envahissent les écrans. Deux films simultanément autour de l'amour des garçons.

Les vrais Liberace et Scott Thornston, image d'époque.

Ma vie avec Liberace, tiré d'un livre du véritable Scott Thorston, qui fut l'amant du légendaire pianiste. L'image dégouline de ce kitch dont le mauvais goût américain a le secret, mais l'histoire d'amour, bien réelle, qui se glisse dans ces décors de cage aux folles est émouvante et parfaitement construite.

Réelle et réaliste. Tous les aspects y sont développés, de la différence d'âge à l'inégalité des richesses et à la solitude du marginal, comme autant d'obstacles qui ne parviendront jamais à entraver l'amour profond. On retrouve avec plaisir dans le rôle de l’imprésario bull-dozer Dan Aykroyd, si rarement revu depuis Blues Brothers, en 1980...


 
 ...et Michael Douglas dans le rôle...

J'avais hésité à aller voir un film dont les publicités avaient un goût de cage aux folles si prononcé, et qui ne m'attirait pas. J'ai eu tort. Et je n'en parle aujourd'hui qu'à l'heure où il sort des écrans. Il y a du fond et de l'émotion dans ce Sodherberg paré de paillettes qui semble démentir que les bons films homosexuels ne peuvent être faits que par des homosexuels. A moins que ?




Opium est un petit délire français que nous devons assez largement au mécénat de Pierre Bergé. Réalisé par Arielle Dombasle, il retrace les amours sulfureuses du jeune Jean Cocteau avec le non moins jeune Raymond Radiguet. Si l'ensemble est une agréable allégorie que je ne regrette pas d'avoir vue, il y a quand même beaucoup à dire.

On a voulu faire une comédie musicale façon Les Chansons d’Amour. Mais n'est pas qui veut Christophe Honoré et son musicien Alex Beaupin. C'est gentillet, mais les parties que je préfère sont bien davantage celles directement en rapport avec l'insaisissable Cocteau, l'homme qui transforme tout ce qu'il touche en poésie.

Quel dommage que le film s'enferre dans une convention de théâtre classique en matière de « convenable ».... On y dénude la jolie modèle de Kisling, le peintre cubiste, mais les hommes dont on raconte les amours, eux, restent habillés dans la tradition la plus machiste.


Il y avait pourtant deux bonnes raisons de les mettre à nu : d'abord, comment peut on raconter des amours homosexuelles éperdues, donc totalement hors conventions culturelles, sans briser, justement, les conventions théâtrales ?
Et ensuite, on y décrit la naissance du dadaïsme et du cubisme, qui servent d’écrin aux amours de Cocteau et Radiguet, et qui sont justement l'explosion, la négation des conventions artistiques. Là encore, comment mettre cet environnement  en scène sans se libérer des fourches caudines du machisme ambiant qui permet de dénuder les filles, mais pas les garçons ?

Ce n'est sûrement pas l'auteur du Diable au Corps qui me contredira...



On me prendra pour un vieux voyeur pervers qui était allé voir la bite de Samuel Mercer et qui ne l'a pas vue. Tant mieux !  
Passer pour un imbécile aux yeux d'un idiot est une volupté de fin gourmet... (Courteline).
Et passer pour un débauché aux yeux d'un coincé serait même une gloire si l'appréciation d'un coincé avait quelque valeur.

Les films homosexuels d'aujourd'hui ne s’embarrassent plus des conventions classiques, il serait bon que les allégories telles qu'Opium s'en libèrent également.
Je ne suis pas pour autant revenu frustré : Opium est un film de genre, voire de recherche, mais la drogue du média agit : on y vit un grand moment de poésie. 




samedi 5 octobre 2013

461° Shut down et ferme la.




Je suis sidéré par le « shutdown » américain. En France, on se targue (ou on se plaint, suivant le cas) d'avoir la droite la plus bête du monde, mais cette bêtise ne tient qu'à la connerie personnelle et portative de quelques édiles en mal de carrière ou sujets à des problèmes existentiels.

Aux États Unis, c'est tout un peuple qui, pour rester fidèle à sa féodalité fondatrice, pousse tout le pays dans le gouffre afin d'être bien sûr qu'il ne va pas progresser. Le rêve américain, comme son nom l'indique, est un rêve, mais surtout une légende fondatrice derrière laquelle on fait courir tout un peuple crédule.

« Un jour peut-être, tu seras riche ». Nous, on a le loto pour ça, eux, ils ont le rêve américain. Ce ne serait rien si cette maxime était réellement appliquée. Mais quand on sait ce que coûtent les études supérieures aux États Unis, par exemple, et à quel point, si on n'est pas fils de famille, il faut s'endetter jusqu'à l'os pour se les offrir, on comprend les malencontreux détournements dont le principe est l'objet.

Alors, prêter des sous pour que le rejeton devienne un bon pondeur de brevets, un riche médecin grassement imposable ou un cadre administratif bien dévoué à l'Oncle Sam, c'est dans la logique gloutonne du système.

Mais consacrer trois balles (parce que, proportionnellement au budget américain, c'est bien de trois balles qu'il s'agit!), consacrer trois balles, donc, au bonheur des gens, leur assurer un minimum de soins médicaux, non...


Detroit, Michigan

Plutôt faire couler le pays, saborder le navire que de faire la charité aux pauvres. Il y a des bonnes œuvres pour ça, qui permettent aux notables de paraître à des dîners de charité bien mondains et de prodiguer des oboles bien tapageuses pour soulager leur conscience. Mais qu'un état puisse se soucier du bien-être de ses citoyens, c'est hors de la comprenette d'un républicain. Aujourd'hui, il n'a plus de dents, il pleut dans sa maison et le diabète le ronge inexorablement, mais demain il sera riche, le rêve américain lui a promis, Oncle Sam ne peut pas se tromper. Notre bon Américain pourra se soigner et laisser crever les autres sur le tas.

Car le « shutdown », c'est bien pire que ce qu'on pourrait imaginer. Les « Parcs nationaux » sont fermés... Mais aux USA, tout est parc national, à commencer par la fontaine et les pelouses autour du Capitole et le Mall qui s'étend en face vers le George Washington Monument et jusqu'au Lincoln Memorial. C'est tout le Washington touristique qui est fermé.



Voudriez-vous faire un tour en Californie ? Qu'y a-t-il à voir en dehors des centre-villes dénués de monuments ? La Vallée de la Mort, Yosemite Park, le Sequoia National Park, le Boregho National Park. Aller juste à côté voir Las Vegas ? Sans voir le Lake Mead national Park et le Grand Canyon National Park tous proches ? Que des National Parks ! Faire tant de kilomètres pour rien ?

Même à San Francisco, pour aller photographier le Golden Gate Bridge, il faut pénétrer sur un petit bout de rivage protégé qui est un National Park...



Visitez mon autre blog, réalisé à la suite d'un long périple dans le pays: 


pour vous persuader de l'omniprésence des National Parks américains, hors desquels point de tourisme...

C'est dire que les hôtels se sont vidés, que les voitures de location restent sur le parking, et que le tourisme américain, qui est largement le fait des Américains eux-mêmes, est en panne. 680 000 fonctionnaires sont en vacances forcées, mais ils ne peuvent pas en profiter pour visiter leur propre pays. Sans compter les millions de touristes qui ont traversé les océans à grands frais, et dont les vacances sont saccagées.



Dernière nouvelle du jour:  les malades du sida sont expulsés sans ménagement et sans suivi à San Francisco...

 Deux semaines de shut-down coûtent aux Etats Unis un an d'Obama care.
Mais bon, la bêtise n'est pas que chez les autres. Nos châteaux sont ouverts, mais nous avons notre dose d'esprits fermés.

Tiens, justement, ça balance dur du côté de chez Frigide. Après le pourtant aimable rappel à l'ordre de sonbeau-frère Karl Zéro, ses anciens copains sont outrés. Elle a réussi à outrager des cathos très à droite du père, et les voilà qui se démarquent dans deux blogs d'où je retiens essentiellement que « le pire qu'on pourrait dire, c'est ce que, par charité, on n'a pas dit ». 




Mais ce qui est dit est bien dit. C'est instructif, édifiant. Je vous laisse au plaisir de la dégustation.





lundi 16 septembre 2013

460° Le point sur le Point et autres ponctuations.








L'incitation à la violence et à la délinquance ne vient pas toujours de là où on l'attend.

Je prends l'exemple de l'hebdomadaire  le Point.
Dont voici, pour rappel, certaines « unes » de l'année écoulée :

Sur photo en gros plan de François Hollande :
  • Pépère est-il à la hauteur ? (11)
  • Fini de rire (17 mai 2012)

Sur la religion :
  • Le spectre islamiste (3 février 2011)
  • Cet islam sans gène (1° novembre 2012)

Sur l'économie :

  • La France des enfants gâtés (25 octobre 2012) 
 où les enfants gâtés ne sont pas les patrons du cac40 ni les milliardaires et autres oligarques, mais : « l'EDF, les intermittents, les intercommunalités, les régimes spéciaux et les comités Théodule ».

et enfin, un des must, celle d'aujourd'hui, 12 septembre 2013 :




Moi, je propose une autre rédaction :

Conservons "Les Persécutés". On va remplacer la ligne:

« Entrepreneurs, professions libérales, artisans » par

«  Braqueurs, dealers, escrocs »

puis continuer à substituer le texte par des équivalents :

au lieu de :

«  comment résister à la paperasse, au fisc, 
à l'inspection du travail et à l'URSSAF », 
  
on va mettre :

«  comment résister à la police, à la BAC, aux douanes, 
aux services des fraudes et au fisc »...

J'imagine le scandale que ferait pareille couverture dans l'opinion publique.
Pourtant, peu de différence, après tout...
On s'adresse aux gens soucieux d'échapper à l'ordre républicain, et on leur suggère quelques filons pour continuer leurs méfaits en toute impunité...

Cette couverture est également une forme d'aveu : si les pauvres entrepreneurs, professions libérales et artisans éprouvent le besoin d'échapper aux contrôles de l'état, c'est qu'ils ont délibérément choisi la voie de la délinquance. Sinon, ils ne risqueraient rien...

D'autant plus qu'à une époque où il devient banal de considérer que la dissimulation fiscale relève davantage de l'habileté managériale que de la délinquance, tous les contrôles ne sont pas destinés à percevoir des impôts : ceux de l'inspection du travail, par exemple, concernent la santé et parfois la vie des travailleurs... 



Nous vivons dans des eaux troubles. Petit à petit, la grande délinquance en col blanc devient institutionnelle et les médias focalisent la haine populaire sur les voleurs de bicyclettes.

La délinquance fiscale et financière s'identifie tantôt à de la bonne gestion, tantôt au fait du prince que tolère parfaitement une nouvelle féodalité patiemment tissée par les médias auprès des foules crédules, qui recommencent, deux siècles et demi après la révolution, à penser que sans roi ou sans empereur, pour ne pas dire sans dictateur, rien n'est possible. 








Qu'est-ce que le sectarisme ?

Depuis des années, chaque fois que je frotte mes opinions de gauche à un public, ou même un cercle de copains de droite, on m'accuse d'être « sectaire ».
« A gauche, on ne peut pas discuter avec vous, vous êtes sectaires ».

Or, ce que signifie « sectaire » dans l'absolu, et en particulier appliqué aux gens de gauche, jamais aucun droitiste n'a pu me l’expliquer.


Dans la grande débâcle de l'UMP, où les débris du navire commencent à flotter épars sur des kilomètres d'océan politique, Fillon, à la recherche de quelque chose qui n'aurait jamais été dit, (ce qui, à droite, est tout de même une gageure ! ), labourant le sillon tracé par Sarkozy pour effacer les « frontières politiques », déclare qu'entre le FN et les socialistes, il votera pour « le moins sectaire ».


Ce que dénonce maintenant Copé, après avoir pendant des années soutenu bec et ongles Sarkozy dans sa dérive droitière et son école « patrickbuissonnière ».
Copé encore , qui, après cela, lorsqu’il s'est agi de collecter des sous pour pour payer la dette du parti, avait affirmé sans se sentir ridicule qu'il s'agissait de « sauver le seul parti de droite et du centre »...

Ce qui permet à Borloo, qui ne représente que le café du commerce, assisté de Bayrou, qui préside à l'arrière-salle, de dire maintenant qu'un tel parti est mort cette semaine...
Tout cela me renforce dans mon idée que le centre, c'est une droite hypocrite. Le centre est toujours allié à la droite, vote toujours avec la droite, (ou s'abstient). C'est l'optimisation du culte de l'opportunisme et de l'absence de ligne de conduite qui me permet d'affirmer que, finalement, « le sectarisme » bien compris, s'il doit signifier qu'on a des convictions et qu'on s'y tient en toute circonstance, serait une vertu politique plutôt qu'une faiblesse...

D'abord, pourquoi vouloir effacer les frontières politiques ? Sans aucun doute pour tenter de noyer les idées maîtresses de ceux qui en ont, qui possèdent un programme solide et idéologique dans le vaste maelström du discours électoral de basse politique et de marketting appliqué à l'idéologie. .

Ceux qui bâtissent leur richesse en gérant les situations avec opportunisme au plus grand mépris du bien commun, des valeurs républicaines, des idées de progrès et des plans de construction sociétaux ont de bonnes raisons de détester les idéologues. Pensez donc : Vouloir faire passer le bien de tous, de tous ces gueux, avant leur richesse personnelle, et l’expansion de leur portefeuille... Et du coup, compromettre l’achat de leur nouvelle Mercedes, du joli bateau repéré dans le port d'Antibes et de leur villa avec vue sur la mer.

Car cette mentalité n'est pas l'apanage des grands milliardaires. On s'imagine vite, trop vite, avoir changé de caste dès lors qu'on a eu un peu de chance en affaires... Le virus s’attrape très jeune: le moindre vendeur de fringues ou le plus modeste coiffeur n'a de cesse de se parfumer avec un grand nom, de porter avec ostentation des vêtements estampillés, des montres de marque comme si elles donnaient une heure plus juste, et de mettre ses pieds dans des chaussures qui lui ont coûté plusieurs jours de travail.


Si un sur dix mille réussit à poursuivre cette ascension, c'est celui-là qui deviendra en toute priorité un fraudeur fiscal et un mauvais patron.

Alors, vive le sectarisme s'il doit désigner ceux qui ont de vraies convictions.
Vive le sectarisme s'il doit nous différencier du prédateur droitiste prêt à faire feu de tout bois. 

Au caniveau les arguments fondés sur des mots sans signification, sur des slogans sans fondement, sur des éléments de langage en forme de litanie et des fausses certitudes basées sur la puissance médiatique.