dimanche 28 octobre 2007

128° Europe, bisbilles et laïcité.

.



Je ne sais pas ce que notre gouvernement a bien pu faire pour enrayer la fuite des cerveaux, mais il y a enfin des résultats : Johnny Hallyday n’ira pas en Belgique. Ah que il reste en France.

Peut-être qu’en regardant la Belgique de plus près, il a eu peur d’attraper la migraine : voilà des gens qui n’ont pas de problème d’ethnie, pas de problème de race, pas de problème de religion, mais ils se débrouillent quand même pour se diviser en deux factions irréconciliables. Comme quoi quand on veut, on peut.

Parce qu’à côté, les Canadiens : minables ! Malgré les exhortations québécoises de de Gaulle !. J’écoute souvent la nuit les infos québécoises sur France-Info : ils sont tous bilingues sans problème, ces gens là !

Quant aux Suisses qui vivent avec quatre langues, lamentables ! Nuls ! Tu imagines la zizanie qu’ils pourraient s’offrir avec quatre langues ! Eh ben au lieu de ça, ils se sont mis d’accord pour élire une émule de Le Pen…. Ça fait gâchis tout de même, non ?

Après les histoires belges, les histoires saoudiennes, qui ont le mérite d’être authentiques : un saoudien a demandé le divorce parce que sa femme a regardé toute seule une émission de télévision présentée par un homme. Après hésitation, le tribunal a rejeté la demande, mais le râleur a fait appel au motif que le présentateur était vêtu en costume cravate à l’occidentale et non pas en djellaba traditionnelle, ce qui laissait entrevoir le galbe de ses cuisses. Du coup, un débat de haut niveau s’est instauré au tribunal, et le résultat a été mis en long délibéré. On attend avec le souffle court un jugement définitif sur l’impudeur du costume cravate...

Les saoudiens rachètent un peu tout, et notamment des hôtels. L’un de leurs premiers soucis en prenant possession d’un palace est de supprimer les idéogrammes homme/femme apposés sur la porte des toilettes lorsque ceux-ci représentent des silhouettes humaines. Le diable est partout, ma pôv dame…

En attendant, le Vatican est un état prévoyant. Il n’a pas mis toutes ses billes en Pologne, et le retour de ce pays à une civilisation à visage humain à la suite des dernières élections n’est pour lui qu’une bataille perdue, mais certainement pas la guerre. Les mitrés ont semé leur zizanie dans d’autres pays, et si les gays Polonais vont pouvoir souffler un peu, ce sont les gays Slovaques et Lithuaniens qui pourraient bien devoir raser les murs dans les prochains mois, voire préférer quitter leur patrie pour des contrées plus tolérantes.

En Slovaquie, (5 400 000 habitants.) il n’y a pratiquement plus moyen de pratiquer un avortement médical. Le dernier hôpital qui les assure, à Bratislava, est l’objet de menaces quotidiennes, et c’est la république Tchèque toute proche qui garantit pour le moment les opérations qui échappent encore aux tricoteuses. L’enseignement religieux, qui représente 60% de la totalité est subventionné par l’état, impose un catéchisme obligatoire et, comme dans les états les plus réactionnaires des USA, l’enseignement du créationnisme au détriment du darwinisme et de la création scientifique du monde. (voir mes articles n° 107 et 110).

Quand les choses démarrent sur ce ton dans un pays, la vie des gays y devient rapidement un enfer. Je connais peu la Slovaquie, mais très bien la république Tchèque, et je peux confirmer qu’une part anormalement importante des gays de Prague est d’origine slovaque. L’exode est plus discret qu’en Pologne, mais il existe bel et bien. Il est vrai que les Slovaques ont la chance de trouver en Tchéquie un pays voisin ouvert et gay-friendly qui parle la même langue à quelques virgules près, et où leur intégration est facile. Ce n’était pas le cas des Polonais, qui devaient pour s’expatrier, changer de langue et de culture et s’intégrer dans des pays où ils ne se fondaient pas facilement, même avec des talents de plombier avérés.

L’autre pays menacé de coups de goupillon est la Lithuanie. (3 700 000 habitants.). On y observe les mêmes prémisses qu’en Slovaquie.

Tout cela me rend songeur. On fait un Grenelle de l’écologie pour rendre décente l’existence des générations futures. Fort bien. Mais il me semble urgent de faire aussi, dans le même but, un Grenelle de la laïcité si on ne veut pas que nos petits enfants gays soient pendus sur la place publique ou lynchés dans un square par des skinheads mal baisés ou mal bénits.

Et à cet égard, on a manqué une sacrée occasion avec le traité simplifié européen négocié à Lisbonne. Une occasion d’y bâtir une Europe laïque, d’où soient exclus d’avance de toute candidature aux élections un parti inspiré d’une religion, quelle qu’elle soit.

Rappelons quelques principes : la liberté religieuse n’est pas seulement le droit de pratiquer sa religion ; c’est aussi et surtout le droit de choisir librement sa religion ou de n’en choisir aucune.

L’expérience démontre qu’aucune religion n’est bonne gardienne de la liberté religieuse ainsi définie. Seul un gouvernement neutre et laïc est à même de garantir cette liberté.

Pour parvenir à cette neutralité, ce n’est pas seulement l’exercice du pouvoir qu’il faut laïciser, mais l’ensemble de l’appereil politique. Lorsqu’un parti d’inspiration religieuse arrive au pouvoir, il est déjà trop tard. Désolé pour les démocrates chrétiens…

Et là, avec le traité de Lisbonne, si on avait eu les c…… de faire attendre sur les parvis de l’Europe les pays à urticaire religieux comme la Pologne, la Slovaquie ou la Lituanie jusqu’à ce qu’ils fassent bien la différence entre la préfecture et l’évêché, on aurait bâti un vrai grand bout d’Europe durable et humaniste.

On aurait fait que cet article ne soit pas arraché dans quelques décennies des livres d’histoire par un gourou qui le trouvera décadent.

On aurait travaillé à s’accepter différents pour se reconnaître semblables.

.

mercredi 24 octobre 2007

127° Grincements dans la machine égalité

L'actualité est pleine de grincements. Le sud de la Californie brûle, et bien sûr c'est horrible. Aussi toutes les caméras du monde regardent-elles avec consternation partir en fumée les villas des milliardaires. A 35 km au sud de San Diego, passe la frontière mexicaine. Là aussi, ça brûle, mais il n'y a que des pauvres qui habitent là, et un système de télévision nettement moins performant. Peut-être aussi des pompiers moins équipés? On en parle moins, en tout cas...

On a pu vérifier que les réfugiés dans les stades de San Diego ne manquaient de rien, c'est Arnold Schwartzenegger en personne qui s'est déplacé avec la télévision pour s'en assurer. Autre chose qu'à la Nouvelle Orléans où, lors de l'ouragan Katrina, les réfugiés manquaient de tout. Comme disait Pierre Jean Vaillard, l'argent ne fait pas le bonheur, mais il permet tout de même de choisir le genre de misère qu'on préfère.

Wimax est ce nouveau procédé qui devrait à terme remplacer le WiFi avec des performances infiniment supérieures. Boloré Télécom, prévoyant, en a acheté douze licences, au cas où…


Souvenez vous, Bolloré, ce n’est pas un inconnu…Il est entre autres propriétaire de ce rafiot sur lequel notre président était allé se prélasser quelques jours au large de Malte. Coïncidence…

Eh bien Boloré Télécom, soucieux de travailler à résorber la fracture numérique dont son ami Sarkozy a fait une de ses promesses électorales, va expérimenter son système sur quelques zones bien définies. Le Wimax portant à plusieurs dizaines de kilomètres, c’était l’occasion rêvée de désenclaver quelques coins de campagne encore inaccessibles au haut débit. (on dit « inéligible »).

Que nenni ! Les zones expérimentales seront le 8° arrondissement de Paris (Champs Elysées, Triangle d’Or, Grande Armée), Puteaux (les tours de la Défense) et Neuilly. (bourgade avoisinante).

Mais c'est à Lisbonne que s'est produit vendredi l'évènement qui m'a fait le plus grincer des dents. Et il est passé complètement inaperçu. Les 27 pays de l'union européenne ont signé un pré-traité censé sortir de l'ornière une Europe embourbée par les visées trop libérales des auteurs de la Constitution de 2005. Et c'est là qu'on a vu s'agiter les insupportables jumeaux Kaczinsky, qui ont refusé de signer la déclaration des droits fondamentaux, avec précisément en ligne de mire les revendications des droits homosexuels qu'en bons obsédés, ils voyaient débouler en force chez eux par ce travers.

Ils ont donc tenu à la lettre le discours des ayatollah, quand on leur reproche de massacrer les homos: « Nous ne pouvons pas protéger des choses contraires à nos traditions.. ». (Heureusement qu'ils ne sont pas anthropophages !)

Ce qui est à mes yeux absolument inadmissible, c'est que les 26 autres chefs d'état aient accepté une chose pareille. Qu'il puisse exister en Europe un pays qui ne respecte pas la charte des droits fondamentaux....Je rêve ou quoi? Il me semblait évident qu'il fallait dire à la Pologne « Vous reviendrez quand vous serez prêts ». Non, tout le monde, et notre Sarkozy en tête, qui aurait vendu n'importe quoi pour voir aboutir son projet, a trouvé qu'il s'agissait là d'un bon accord.

Le sort des gays polonais est une sorte de leit-motiv de ce blog. Ils ont tout essuyé, des gay pride interdites, remplacées au dernier moment par des défilés religieux (Cracovie, 2005), des lieux gays attaqués par des commandos de skinheads cathos (spécialité slave, il y en a aussi en Russie, notamment, ils sont orthodoxes mais c'est la même école), un secrétaire d'état à l'enseignement viré pour avoir fait traduire en Polonais une brochure du conseil de l'Europe relative à la lutte contre l'homophobie dans les programmes scolaires, etc...

Cette acceptation est d'autant plus scélérate que ce gouvernement polonais de crabes de bénitier a été balayé par les élections deux jours plus tard. Une forfaiture pour rien! Un porte-parole allemand, déjà, s'est défendu d'avoir sacrifié les gays polonais sur l'autel de l'Europe en prétendant qu'ils savaient que la majorité allait basculer en Pologne et que le refus ne serait pas maintenu. Paroles, paroles.

Je le trouve, moi, d'autant plus irresponsable d'avoir accepté qu'il était prévenu, attendu qu'il s'agit là d'un pré-traité dont la version définitive sera signée le 13 décembre. On pouvait attendre deux jours, non? Parce que l'argument qui consiste à dire que « le bien commun passe avant celui des minorités » est pour le moins dangereux. Je rappelle qu'Hittler et Staline l'ont utilisé, chacun de leur côté, à peu près à la même époque...

Nous savons maintenant à quel genre de scélératesse nous sommes exposés. On croyait cette époque révolue, eh bien non. Nos droits sont en solde, et leur prix n'excède pas deux jours d'appartenance de la Pologne à cette Europe qu'on nous fait tant miroiter. C'est bien, l'Europe, mais à quel prix?

Voilà nos gouvernants qui se penchent sur notre pouvoir d'achat. Il était temps, un peu plus et il fallait s'agenouiller avec une loupe façon Sherlock Holmes pour l'apercevoir. Le problème est que les gens qui s'occupent de « notre » pouvoir d'achat n'ont aucun problème avec le leur. A quoi bon inclure l'essence dans l'indice des prix quand on a une voiture de fonction?

En Suisse, l'UDC, un parti très égaré à droite, vient de ramasser 29% des suffrages aux élections fédérales, -record absolu pour le pays- avec un programme qui n'a rien à envier à celui de Le Pen. D'ailleurs, son sigle d'inspiration pastorale, ci-contre, annonce « la couleur », si j'ose dire. Expulser les « étrangers criminels ».... Tous ces gens broient du noir.

Et enfin, d'après Zdnet, le conseil des ministre italien a approuvé le 12 octobre un projet de loi qui exige que tout auteur d'un blog se déclare préalablement à l'autorité, obtienne (ou n'obtienne pas) un certificat qui devra figurer en ligne et paye une redevance, même s'il s'agit d'un blog personnel. Eh, les gars, vous m'aiderez ou je ferai de la pub? Pourvu que le sarkozisme, qui préfère faire payer les pauvres que les riches, n'en entende pas parler. Tu vois les gamins qui exhibent leur footballeur préféré et leur poisson rouge sur skyblog infliger un impôt à leurs parents?


.

lundi 22 octobre 2007

126° Hasta la vista, Vista !



Voici le premier article de ce blog intégralement composé et mis en ligne avec Linux – Ubuntu.

Exit Windows, et jamais connu Apple.


Explications.


Chaque fois que Microsoft sort un nouveau Windows, c'est plus compliqué, plus lourd, et pas au point. les premiers utilisateurs font les frais d'un produit au demeurant onéreux, qui ne commence en général à être viable qu'après un voire deux « service Pack » qui paraissent au bout d'un temps indéterminé.


Tant par sa position dominante sur le marché que par ses options politiques et commerciales qui le soumettent aux diktats des « ayants droits » de toutes sortes, au lieu de s'ouvrir, Windows devient un système de plus en plus fermé. Pourtant, à l'origine, le système « PC » avait été pensé par IBM comme un système ouvert et évolutif.

Je vois ceux de mes amis qui n'ont pas pu éviter Vista affligés de tant de maux que je me suis juré que je ne posséderai jamais ce fameux Vista. Quand mon XP sera dépassé, je passerai à autre chose, et comme je ne suis certainement pas le seul à penser ainsi, ce quelque chose va exister de plus en plus fortement.

A la différence de Microsoft qui ne sort un nouveau Windows que tous les cinq ans, mais dont chaque nouvelle version est quasiment incompatible avec la précédente, l'un des grands éditeurs de Linux, Ubuntu, sort une nouvelle édition tous les six mois, mais sans jamais aucune incompatibilité avec les précédentes. Évoluant plus facilement, il évolue donc beaucoup plus vite.


Il peut donc être intéressant pour chacun de vous de connaître les « modalités du passage », puisqu'il est vraisemblable que vous y serez tous un jour ou l'autre confronté. Il faut arrêter les PC usine à gaz qui emploient la moitié de leurs gigantesques ressources à faire tourner cahin-caha un système insatiable en mémoire vive et en espace disque, de lourds anti-virus et à enrichir des magnats américains. Linux fonctionne sur tous les ordinateurs, même un peu vieux. Un Pentium 2 ou 3 et 512 Mo de mémoire suffisent largement à son bonheur.


Je dois vous avouer que je triche un peu: estimable bricoleur, j'ai construit moi-même ma machine, avec des composants achetés chez les chinois de la rue Montgallet, (Paris 12°) et je l'ai équipée de disques durs en tiroirs. En mauvais français des « racks ». J'ai un tiroir-système (Windows ou Linux), et un tiroir « données » où j'enregistre ce qu'on appellera mes oeuvres lorsque je serai mort.


Cela évite tous les problèmes de partition qui se présentent si on veut faire cohabiter deux systèmes sur le même disque dur. Pour changer de système, j'éteins l'ordinateur, je change le tiroir système et le tour est joué. Même pas besoin de s'y connaître. Si un disque plante ou casse, l'autre reste valide. Chaque système est bien peinard sur un disque dur qui est tout à lui et rien qu'à lui, et mes données restent disponibles dans l'autre tiroir lorsque je change de système. Dans l'état actuel des choses, je peux commencer un article avec Word sous Windows et le terminer avec Open Office Writer sous Linux. La compatibilité est totale.


Un tiroir coûte environ 6€ chez un bon chinois. Ce n'est même pas du luxe, tous les ordinateurs devraient posséder des disques durs amovibles. Voici la photo des miens.


Bref:

Impressions d'installation de la nouvelle édition de Linux Ubuntu 7.10 (pour octobre 2007) dite Gutsy Gibbon (alias Gibbon couillu, toutes les versions d'Ubuntu ont un nom d'animal affublé d'un adjectif).


Si votre ordinateur est relié au web par un câble vers votre modem ou votre routeur, tout va fonctionner du premier coup, y compris votre imprimante, ce qui m'a beaucoup surpris.


Quand je me souviens de la galère que ça a été d'installer cette imprimante sous Windows avec son driver sur un CD, je n'en reviens pas. Là, pas de driver, rien: l'imprimante (HP 2610) est spontanément reconnue par le système dans toute ses fonctions, y compris le scanner d'habitude si chatouilleux. Mon écran (compliqué: 1920 x 1600) s'est paramétré tout seul (ce qui n'est pas le cas non plus avec Windows)... Une divine surprise...


Dans la pochette, on trouve Firefox et Thunderbird, que j'utilisais déjà avec Windows, Open Office, copies pro-forma (faut pas le dire!) de Word, Excel, Outlook et Powerpoint. « Gimp » remplace gratuitement Paint Shop Pro (85€), Pidgin s'accommode de toutes les messageries (Messenger Live, Yahoo, etc...) et VLC remplace tous les lecteurs de vidéo de la galaxie.


Ce qui n'est pas dans la livraison est disponible sur le web -presque toujours gratuitement- et il n'est pratiquement pas de programme Windows ou Apple qui n'ait son équivalent pour Linux. La seule chose que Thunderbird ne sait pas encore faire, c'est synchroniser mon smartphone, mais on m'assure que cela ne saurait tarder. En attendant, mon ordinateur portable, qui mourra sous XP, se charge de ce travail.


Où sont les problèmes? Si votre ordinateur est connecté par WiFi, ce qui est le cas chez moi, là, il faut bricoler un peu. Beaucoup de cartes WiFi contiennent une puce dont le code est « copyright ». Ubuntu n'a donc pas le droit de le posséder, ni personne de le proposer sur le web sous peine d'accusation de piratage. Mais soit on le trouve quand même, soit on trouve un petit programme capable d'extraire ce microcode de là où il se trouve et de le mettre en bon endroit dans votre ordinateur. J'ai toutefois du recourir aux lumières d'un informaticien diplômé pour exécuter cette manipulation. C'est la seule.


Pendant que je tenais le lascar, je lui ai demandé de se pencher sur les petits luxes de Windows que Linux ne m'offrait pas spontanément: à savoir activer les boutons latéraux de ma souris... Linux reconnaît les deux clics et la roulette, mais pas les boutons supplémentaires. Là, mon professeur a du écrire deux lignes de code, ce dont j'étais certes bien incapable, mais chose qui ne lui a pas pris dix minutes. Et tous les boutons de ma souris fonctionnent.


Après son départ, je me suis avisé qu'une dernière mouche n'avait pas encore subi les outrages que d'aucun qualifient de derniers: Pour épargner mes petits yeux de blogger hagard, j'avais teinté en vert pâle le fond blanc éblouissant des espaces de travail de Word et autres programmes devant lesquels on passe des heures. Petit luxe de Windows que Linux n'offre pas d'emblée.


Il existe un petit programme qui permet ce prodige. Il a suffi à mon camarade de m'indiquer lequel par email: j'ai su le charger et l'installer tout seul.


Dernier détail: sous Linux; pas de virus, pas de malware, pas d'antivirus. Alors, repensez-y le jour où votre XP aura trop vieilli...


http://www.ubuntu-fr.org/


Edition gratuite de Linux. Remplace Windows avantageusement et durablement sur tous les ordinateurs.




Les chinois de la rue Montgallet, certains magasins honnêtes et Dell vendent des ordinateurs neufs équipés d'origine de Linux.

http://www1.euro.dell.com/content/topics/topic.aspx/emea/segments/gen/client/fr/ubuntu_landing?c=fr&l=fr&s=dhs





.

mardi 16 octobre 2007

125° Familles, je vous hais !

Ce n’est pas parce que quelque chose se pratique couramment dans d’autres pays qu’il faut le présenter en modèle et vouloir l’imposer à la France. C’est pourtant le raisonnement tenu par François Fillon pour faire avaler son histoire de test ADN qui seraient perpétrés sur les candidats au regroupent familial.

A ce titre, il faudrait envisager à nouveau la peine de mort, la liberté de port d’armes, la répudiation et la polygamie au prétexte que d’autres continuent à trouver ça bien.

Et puis, l’esprit même de la loi, qui fait appel à la définition biblique de la famille, -deux partenaires pour la vie- la transforme en épreuve qu’aucune famille recomposée du XXI° siècle ne saurait franchir sans encombre, y compris, je pense, la très recomposée famille de notre président de la république.

Il faut une fois pour toutes remettre à plat la définition de la famille avant de l’utiliser dans toutes sortes d’applications qui vont du regroupement familial des immigrés au mariage homosexuel en passant par l’homoparentalité.

La définition « d’un homme et une femme pour la vie » nous vient de la bible, et même de l’ancien testament. Elle date d’une époque où l’espérance de vie n’excédait pas 25 ans, et où les quarantenaires passaient pour de respectables vieillards. Et déjà elle posait des problèmes si on s’en réfère à la vie tumultueuse des couples antiques dont l’histoire est parvenue jusqu’à nous. Et déjà aussi, les cadres, patriarches et autres hiérarques vivaient plus longtemps que le petit peuple laborieux…

Pour mention, lorsqu’on nous dit que Moïse et Jonas vécurent 900 ans, c’est que les unités de mesure se sont un peu mélangé les pinceaux entre l’hébreu et le latin. Ils ont sans doute vécu 900 lunes, ce qui, à raison de 15 lunes par an, représente 60 ans. De quoi en faire en leur temps des phénomènes de foire...



N’oublions pas que les pires oppositions auxquels la défense des droits des gays a du faire face au cours de son histoire viennent d’organisations articulées autour de la famille : associations des familles chrétiennes, des familles de France, des familles de ci et de ça.

La famille est le creuset où se mitonne le conservatisme le plus endurci, l’intolérance la plus abrupte, l’immobilisme le mieux boulonné. C’est aussi le lieu de tous les scandales, des pires violences et de 90% des gestes obscènes, mais ça, chut ! : il ne faut pas le dire.

Alors, un partenaire pour la vie dans une vie de 25 ans, ça peut aller, mais dans une vie de 80 comme nous avons maintenant, c’est parfaitement anachronique.

Les immigrés sont des gens comme nous, et plus d’une famille sur deux doit y être recomposée, tout comme chez nous. Le filtre de la filiation génétique est donc capable d’éliminer à tort plus la moitié de la progéniture, et c’est bien ce que ses concepteurs attendent de lui : une embûche supplémentaire, aussi arbitraire qu’injuste, mais affublée d’un alibi scientifique.

Embûche sournoisement doublée par une mesure à double tranchant supposée l’adoucir, mais dont les effets seront en réalité aggravants : seul l’ADN de la mère serait utilisé ? Et hop, encore 30% d’enfants exclus parce que c’est par leur père qu’ils sont arrivés dans la famille.

A introduire la génétique dans la gestion de la démographie, on jongle avec des jouets dangereux qui ont déjà fait bien des dégâts dans l’histoire. Est-ce bien utile de commenter ?

Il suffit de comparer la liste des personnalités présentes à la soirée du Zénith pour protester contre cet amendement avec celle des rares people qui se montrèrent place de la Concorde un soir de 6 mai où une escadrille de colombes vola si bas. Ça parle plus que les arguments de bistrot avec lesquels ferraillent les zélateurs du tri génétique.

Sans compter que la politique qui consiste à désigner des boucs émissaires, l’histoire en compte déjà à vomir, et je voudrais qu’on épargne ça aux immigrés. Depuis les esclaves prises de guerre en passant par les roux, les harems, les Juifs qui y ont eu droit plus souvent qu’à leur tour, les protestants un jour de Saint Barthélémy, les aristos, (fallait-il les massacrer ?), les Cathares, les Templiers, j’en oublie. Ben oui, j’oublie les sodomites !

Le collimateur actuel vise aussi les pédophiles. Je ne dis pas que ce qu’ils font est bien, mais l’hystérie dont ils sont la cible est-elle proportionnée à la soi-disante horreur de leurs méfaits ? Ils sont traités quasiment comme des terroristes, ce qui semble quelque peu exagéré. Le dernier en date a eu droit à une campagne planétaire de recherche avec sa tronche sur internet. Ben Laden n’a pas été mieux servi.

Et si on ne le trouve pas dans son village vietnamien, qu’est ce qu’on fait, chef ? On envoie les F16 et on bombarde ? Les conséquences néfastes des délits seraient mieux comprises s’ils faisaient l’objet d’une répression proportionnelle à leur gravité. C’est comme quatre ans de prison peine plancher pour une barrette de shit, ça paraît si ubuesque qu’il faut vite s’en rouler un pour supporter le monde où on vit.

Puisque nous parlons d’escalade, il se passe des choses intéressantes au Bush bazar outre-atlantique. Là-bas, la succession du grand timonier est ouverte, et l’innovation va bon train. Chaque parti est déchiré par une querelle des anciens et des modernes.

Commençons par les moins méchants, les démocrates. Deux candidats en lice : Hilary Clinton, qui vit avec son temps, ne s’effarouche pas des couples recomposés et voit d’un bon œil le mariage gay et même l’homoparentalité.

Face à elle, Barrack Obama, « l’avatar religieux » de gauche, qui n’a plus de gauche que l’innovation qui consiste à être noir et présidentiable. Né à Hawaï d’un père musulman et d’une mère sang-mêlé cherokee, Obama se convertit au christianisme dans les années 80, et poursuit une brillante carrière vers un poste de sénateur de l’Illinois où il est élu en 1996. A l’époque, il milite pour les droits des gays et l’attribution de fonds pour la lutte contre le SIDA, et fait abolir les lois anti-sodomie de son état. Il bâtit un projet avec Hilary Clinton pour élaborer un système de santé accessible aux plus démunis. Projet démantelé par Bush père comme Mickael Moore le raconte en détail dans son film. (voir mon article n°118) Il passe pour un progressiste, voire un gauchiste.

Mais la religion le rattrape, et carrière oblige, il est obligé de mettre de l’eau dans son vin. La droit des gays ne figure plus dans son programme, il élude toutes les questions sur le mariage homo et vante les vertus du « couple biblique voulu par Dieu pour la grandeur des Etats-Unis ». Les gays américains ne comptent plus que sur Hilary Clinton pour faire avancer leur pion.

Comme il existe un fonds religieux dans toute la pensée américaine, que la population noire y est particulièrement encline à fréquenter les églises et que la phallocratie y survit contre vents et marées, le vote noir pourrait bien porter Obama vers la candidature démocrate.

Chez les républicains, la notion de famille biblique divise aussi les courants en présence. D’un côté, on trouve Rudolph Giuliani, maire de New York le 11 septembre 2001, multi-divorcé, grand séducteur célèbre pour ses frasques et ses conquêtes féminines. Il a dû son élection à la mairie de New-York en partie au vote de l’importante communauté gay, artistique et métrosexuelle locale, et sa défaite en 2002 à l’hyper-médiatisation de ses frasques par l’équipe de son charmant camarade républicain Bloomberg.

Face à lui, Mitt Romney. Là, danger : épouvantail ! Romney est mormon, un machin dont le statut passe de la secte à la religion suivant les pays, et qui est aux USA une religion riche, puissante et fortement rétrograde.

A ses origines, cette secte était polygame, ce qui valut aux ancêtres de Romney de s’exiler au Mexique pour faire harem tranquille et échapper aux lois anti-polygamie promulguée par la Cour Suprême en 1879, qui visait précisément des pratiques sectaires dont celles des mormons. Son père naquit donc à Chihuahua, au Mexique, et ne revint aux USA qu’en 1913.

Cela n’empêche pas les Romney d’être brillants à leur manière. Etudes à Harvard et sénateurs de père en fils, ils bâtissent une fortune dans la finance.

Mormon pur jus, Mitt Romney ne badine pas avec la famille biblique et la sexualité. Il professe la chasteté jusqu’au mariage, et à l’instar de sa secte, promet aux homosexuels les flammes de l’enfer les plus cruelles. Il faut dire que « l’église des saints des derniers jours », comme elle s’intitule, ne badine pas avec grand’chose : elle a interdit la prêtrise aux noirs jusque dans les années 70, et impose à ses adeptes un « service missionnaire » de deux ans dans un pays étranger. C’est d’ailleurs en France que le jeune Romney est venu tirer les sonnettes pour apporter la lumière à des gens qui avaient pourtant déjà l’électricité.

Ultra-religieux, super rétrograde, archi homophobe, prosélyte motivé et infatigable va-t-en guerre, le bonhomme pense encore qu’il vaut mieux laisser faire dieu que les écologistes pour prendre soin de l’avenir de la planète.

Si Romney est élu, on risque de regretter Bush. Ce qui n’est pas peu dire.

Voilà pour l’avenir de la notion de famille et des droits des gays outre-atlantique. Ce n’est plus une épée de Damoclès, mais tout un arsenal qui pend au-dessus de la tête de nos cousins américains, qui vivent dans un pays où, je le rappelle, la liberté d’expression est cultivée à l’excès au point que toute mesure anti-discriminatoire passe pour de la censure.

En France, on continue à cultiver le paradoxe avec enthousiasme. Fort de l’expérience de la grève Juppé de 1995, le gouvernement clame à tous vents qu’il veut négocier avant de passer sa loi.

Alors, la négociation, vue par Sarkofillon, qu’est-ce que c’est ? C’est une palabre aussi sérieuse que possible mais parfaitement inutile puisque les deux compères ont annoncé la couleur : quoi qu’il arrive, la loi passera par décret dans moins de pas longtemps.

Le « couloir de la négociation » est un couloir avec une seule porte au fond : celle des fourches caudines. D’habitude, il y a d’autres portes accessibles quand on négocie, la place pour des idées, voire des refus. Là non. La négociation est réduite à une formalité. Hop on a négocié, pouf ! on décrète. Juppé était droit dans ses bottes, Fillon est droit derrière son bureau.

Même le brain-trust médiatique gouvernemental a fait chauffer ses méninges sur la présentation de la grève : la grève sera terrible. C'est le gouvernement qui l'annonce ! ! !

Y aura-t-il plus de manifestants suivant la police que suivant les organisateurs ? Cela permettrait de ne pas avoir l’air dépassé si la contestation prenait bien, et de la minimiser si elle n’atteignait pas une ampleur maximale.

Sarko, c’est plus fort que toi : jusqu’à maintenant, la grève était un message médiatique. Aujourd’hui, c’est l’annonce de la grève qui en est un. On fait poupées russes : La petite grèvounette des fonctionnaires emballée dans la grande grève officielle, technocratiquement repeinte aux couleurs d’une formalité.

Pour notre gouvernement, la grève ne signifie plus rien, c’est une sorte de danse de la pluie que les ouvriers ne manquent jamais d’organiser quand on légifère à leur sujet. Il n’y a qu’à attendre que ça passe puisque c’est inévitable. C’est exactement ce que la junte birmane vient de faire devant le soulèvement populaire. Attendre en faisant chier un peu que le soufflé se dégonfle.

samedi 6 octobre 2007

124° Tabou, sur France 2, les nouveaux visages de la lutte pour les droits des gays.

Lorsqu’on raconte l’histoire de l’homosexualité, on est rapidement confronté à cette triste évidence : notre histoire se confond étroitement avec celle des persécutions dont nous avons été et sommes encore les cibles. Référons nous au terrifiant livre de Maurice Lever « Les Bûchers de Sodome » paru chez Fayard en 1985.

Quand j’étais gamin, les rares rescapés homos des camps de la mort ne pouvaient prétendre aux réparations que les associations de déportés obtenaient laborieusement. Les triangles roses avaient une place dans les camps, ils n’en avaient plus aucune dans le monde d’après guerre où le premier des amendements Mirguet, s’ajoutant aux malédictions de Pétain encore en vigueur, classaient l’homosexualité au nombre des fléaux sociaux avec la tuberculose et l’alcoolisme. Ils n’avaient survécu que pour raser les murs. J’en ai connu un dans les années 60. En 62 si je me souviens bien. J’avais 15 ans, lui 42. Je l’ai connu trois mois avant qu’il ne décède d’un délabrement général dû au typhus qu’il avait contracté à Flossenburg.


J’avais fait sa connaissance en séduisant son petit copain, un garnement de mon âge. Il refusait de nous raconter les détails sordides de sa déportation. Il est mort en nous demandant de construire un monde de paix et de ne jamais nous battre qu’avec notre intelligence.

www.triangles-roses.org/annees_noires1.htm.

Il avait dû la survie à sa présence dans l’usine Messerschmitt toute proche au moment où les Allemands décidèrent d’évacuer le camp vers nulle part à l’approche des Américains. Les évacués périrent sur les routes. Lorsque les libérateurs découvrirent quelques triangles roses, qui étaient presque tous allemands, ils les considérèrent comme des détenus de droit commun et les remirent à la police allemande qui continua à les emprisonner au titre de l’article 175.

L’homme avait eu, si je puis dire, de la chance dans son malheur. Il avait réussi à prendre la place et la défroque d’un mort à étoile jaune pour aller travailler à Messerschmitt alors que les triangles roses allaient, eux, à une carrière de pierres où ils mourraient bien plus vite qu’à l’usine. C’est à cette étoile jaune qu’il dut d’être rapatrié en France, où il ne put faire illusion plus longtemps, car il ne figurait sur aucune liste de déportés juifs et ne fut pas reconnu comme tel. Osa-t-il le réclamer ? Essaya-t-il seulement ? Son tatouage l’aurait sans doute trahi… Il s’estima juste heureux d’être revenu.

On se plaint aujourd’hui des classes de 30 élèves. A l’époque, dans ma ville de l’est, nous étions plus de 50 par classe à la petite école et jamais moins de 40 au lycée. Il y avait le baby boom d’après guerre dont j’étais un fleuron, les écoles bombardées et pas reconstruites, et celles qu’on ne construisait pas, l’essentiel de l’effort de construction étant réservé à l’érection des barres de HLM dans le programme de résorption des bidonvilles qui étaient encore légion. Bref, les proportions de la nature étant respectées, il y avait cinq pédés dans ma classe du lycée, (des vrais, je ne compte pas les « touristes »). J’en suis le seul survivant. Les quatre autres se sont suicidés entre 15 et 20 ans, en laissant à leurs parents la fameuse lettre « Vous ne pouvez pas me comprendre ». Moi, je pouvais comprendre, mais que pouvais-je dire et faire à l’époque ?

Jamais je n’ai envisagé de suicide. Je ne comprenais pas cette échappatoire. Ma détestation de l’inégalité m’empêchait de partir avant d’avoir résolu le problème. J’avais l’impression que mes amis avaient été tués, assassinés. . Je ne pouvais pas les imaginer dans leur geste fatal. Je regardais leurs tortionnaires, nos tortionnaires, j’avais les mêmes, les grandes gueules de la classe, leurs parents, les proviseurs et autres censeurs comme des assassins scandaleusement impunis. La haine m’habitait.

Mon réflexe à moi était de foncer dans le tas, un peu comme un joueur de rugby plonge dans la défense adverse avec son ballon sous le bras en sachant très bien qu’il n’ira pas au but, mais que grâce à lui, son camp gagnera quelques mètres.. Alors que je suis d’un naturel non violent, j’ai appris à me battre physiquement pour me défendre. Aptitude que je me suis empressé de perdre dès qu’elle n’a plus été nécessaire. Ce n’est jamais pour homosexualité ni pour aucune sorte d’inconvenance -on ne parlait pas de ces choses-là-, mais pour violence que j’ai été viré de plusieurs lycées et collèges. Tout au plus pour « incompatibilité d’humeur avec mes camarades ». Jusqu’à ce que je trouve enfin dans un « établissement confessionnel » un havre de paix et de « tolérance » qui me permit de terminer mes études dans la paix et le plaisir partagés, les pratiques en cours dans ce petit paradis n’étant pas toutes à proprement parler d’ordre religieux.

Si vous vous demandiez comment j’étais devenu militant de la première heure, vous le savez, maintenant. En fait, je ne savais pas comment clamer à la face du monde que j’étais un type parfaitement normal, et que l’homosexualité était en moi aussi naturelle que l’hétérosexualité chez les autres. A une époque où on croyait que c’était une maladie, on me prenait pour un dément doublement dangereux, puisque je prétendais être normal. Ce qui me valut quelques expériences uniques, comme des copains supposés hétéros qui s’offrirent à moi pour me démontrer qu’ils resteraient insensibles à mes bons soins – ils perdirent leur pari-, ou d’autres qui m’offrirent leur copine, ce qu’ils regrettèrent aussi car la chose se déroula sans incident et même avec un enthousiasme partagé, et ils furent tout déconfits de m’entendre dire en leur rendant leur conquête épanouie : « les filles, pour la chose, ça peut aller comme alternative, c’est pour le reste que ça ne va pas ».

C’est en mai 68 que je débarquai à Paris, par hasard : c’était l’heure de ma première permission militaire, et je découvris l’Odéon occupé, le FHAR à l’amphi des Beaux Arts et d’autres indices qui m’indiquèrent qu’il y aurait peut-être une lumière au bout du tunnel. Dès la fin de mon armée, l’année suivante, je quittai donc mes parents avec qui plus rien n’allait pour m’installer à Paris.

Existe-t-il une association à laquelle je n’ai pas appartenu ? FHAR, CUARH, GLH, etc… Même Arcadie m’a compté dans ses rangs. Si : j’ai toujours détesté les associations récupératrices, notamment celles qui essaient de réconcilier les gays avec leurs ennemis de toujours, la religion et la droite. Quand on me dit une fois d’aller me faire voir, je me le tiens pour dit.

A l’époque, militer consistait à dire : « Nous sommes des braves gens, seriez-vous assez aimables pour cesser de nous casser la gueule ? ». Démonstration difficile à faire devant une France profonde qui lança des ordures et des bouteilles sur la première gay pride rue Saint Antoine en 1982. C’est dire dans les années 60…

Il y eut les premières émissions sur le sujet : à la radio d’abord : Menie Grégoire interrompue au bout de 10 minutes à la Salle Pleyel dans son émission sur RTL : « L’homosexualité, ce douloureux problème » le 10 mars 1971. J’y étais. Je m’y suis foulé la cheville en enjambant la rampe pour monter sur la scène.

http://www.france.qrd.org/media/revue-h/001/probleme.html

Puis en 1975 « Les Dossiers de l’Ecran » d’Armand Jammot, avec Roger Peyrefitte, Yves Navarre, Jean Louis Bory, mais aussi un psychiatre et un prêtre à qui Bory avait dans les coulisses demandé s’il avait été invité pour ses compétences particulières sur le sujet. On projeta le film glacial de Jean Delannoy tiré des « Amitiés particulières » de Peyrefitte.

Là, je n’y étais pas. Je tentai bien de m’y introduire, mais je ne faisais pas le poids. Aucun des représentants de l’homosexualité radicale ne fut invité. Rien que le titre des « amitiés particulières » me donnait la nausée : On faisait fausse route : c’est en démontrant justement que nos amitiés n’avaient rien de particulier, mais étaient au contraire parfaitement normales qu’on ferait avancer notre cause.

De toute l’émission, la seule phrase positive fut celle de Bory qui fit observer que s’il lui était facile d’être homo en tant que critique de cinéma dans le milieu parisien, qu’en était-il des homos dans les banlieues, les usines, les villages, les petits bourgs de province dont les rideaux s’écartent à votre passage lorsque vous marchez, tout seul, dans les rues vides ?

La suite de nos progrès : les gay pride de plus en plus importantes, considérées enfin à juste titre par nos autorités comme des défilés de bulletins de vote, différents lobbys qui ont amené petit à petit la modification de la loi, et maintenant le nouvel enjeu : bousculer les traditions de notre société avec le mariage et la parentalité.

A cet égard, l’émission « Tabou » programmée sur France 2 Mercredi 26 septembre dernier est révélatrice. A voir son film annonce, je m’attendais au pire : on y voyait deux plumes dans le cul de la gay pride en occuper la moitié des quelques secondes. Sans doute l’auteur du film annonce était-il quelque beauf à l’ancienne qui n’avait pas vu l’émission, qui fut, elle, une agréable surprise. Les plumes dans le cul n’y occupaient pas plus des trois secondes du film annonce, ce qui, dans une émission de deux heures, les remettait à leur vraie place.

Issue de France 5 où elle avait créé « Les maternelles », Karine Le Marchand conduit cette année plusieurs émissions sur France 2 dont Tabou. C’est la première de l’émission et l’homosexualité son premier sujet. Jeune, dynamique, agréable, spirituelle et rebondissante, elle mène son plateau avec intelligence.

Evidemment, on n’évite pas la présence d’un people sur le plateau. On ne sait plus faire une émission sans un « people ». Là c’était Bruno Solo, et ma foi, nous sommes plutôt bien tombés. On aurait pu avoir Mireille Matthieu, très en forme depuis ses roucoulades de la place de la Concorde.

L’émission survole assez rapidement le grand problème « homosexualité innée ou acquise ». Stéphane Clerget, psychiatre de son état, (on ne les évite pas encore complètement, on fait juste évoluer le point précis sur lequel on les consulte) ne se prononce pas, et il a raison. La communauté gay elle-même est divisée sur ce point, même si l’acquis semble l’emporter chez les observateurs « non-médicaux ». (C'est-à-dire ceux à qui le contraire ne rapporterait rien…)

Puis on s’attarde sur ce fameux centre de Montpellier qui « remet en selle » les jeunes gays en difficulté familiale. Il y a à Montpellier un épicentre de communication sur le sujet qui ne recueille pas forcément tous les suffrages, mais semble « médiatiquement » incontournable.

En tout cas, il fallait parler des adolescents virés de chez eux pour homosexualité, du suicide dans cette tranche d’âge, et on l’a fait.

Puis l’émission tourne sur l’homoparentalité, qui est le cheval de bataille, « La » « revendication du XXI° siècle », en classant un peu vite les persécutions au rang d’épiphénomènes en voie de disparition.

Là, on a peut être zappé un sujet encore d’actualité, attendu que les associations estiment que moins d’un acte d’homophobie sur mille est répertorié. Il faut qu’il y ait coups et blessures graves ou pire pour que l’agression soit qualifiée d’homophobe. Et encore… C’est oublier tous ceux qui supportent quotidiennement les regards obliques, les railleries, les injures, refus de service, harcèlement professionnel, de voisinage, et autres dérives qui sont le lot quotidien des gays modestes, banlieusards, provinciaux, non émancipés, prisonniers d’un carcan social.

Bref, nous voilà déjà sur l’homoparentalité. Certes, au niveau de la conquête de nos droits, c’est là le dernier bastion à conquérir, le dernier verrou d’inégalité à faire sauter.

Car, au risque de contredire les sbires de Sarkozy qui nous concoctent un « CUC », le mariage spécial pédé, et GayLib où UMPédés nous tirent dans le pied en le soutenant avec enthousiasme, je rappelle que la conquête de nos libertés a consisté pendant quarante ans à retirer une par une toute exception homosexuelle de la loi française. Cela a été les limites d’âge de consentement qui n’étaient pas les mêmes pour les hétéros et les homos », les clauses des baux de location qui imposaient de « jouir des lieux en bon père de famille », etc, etc…

C’est dire que la réintroduction dans nos textes d’une exception homosexuelle telle que le CUC est un cadeau empoisonné, une régression sur la voie de nos 40 ans de lutte. Voilà ce qu’il en coûte de laisser la droite gérer soudain un sujet dont elle a été l’ennemi le plus radical depuis Pétain. Une évolution ? Tu parles ! Une récupération, un emballage cadeau au moment où nous approchons du but. La bourrée auvergnate : trois pas en avant, deux pas en arrière.

Malgré cet avatar, l’homoparentalité est incontournable parce qu’elle n’a pas attendu la loi pour exister : on estime à 200 000 le nombre d’enfants français actuellement élevés par un ou deux parents homosexuels. On ne sait pas les compter précisément parce qu’aucune disposition légale ne permet de les reconnaître (mais est-ce souhaitable ?) mais surtout parce qu’ils réussissent aussi bien que les autres et qu’aucune anomalie n’entache leur évolution.

Car une disposition qui permettrait de les reconnaître, (ce ne serait même pas le CUC qui exclut l’homoparentalité) aurait pour conséquence de les marquer au fer rouge exactement comme le CUC étiquettera ceux qui le contracteront.

La seule voie possible de l’égalité, c’est la suppression totale de toute mention « d’identité de sexe et de genre » des lois concernant le mariage, l’adoption et la garde d’enfants, et la radiation de l’homosexualité comme cas de divorce au titre de la loi contre les discriminations.

Lorsqu’une seule et même loi gouvernera tous les Français sans leur demander avec qui ils couchent, alors, l’égalité règnera. Tout le reste n’est que dérive, détour, voire digression parfaitement calculée.

Ce que je regrette, c’est que cette émission ne se soit pas adressée à tous les jeunes gays qui regardent les militants de ma génération au mieux comme des anciens combattants, des coussins à médailles, des sortes de reliques d’une guerre à jamais terminée. Ce serait dommage pour eux que ce soit à un quarteron de skinhead rencontré en sortant de boîte dans un couloir de métro qu’ils doivent la révélation de ce que la guerre n’est pas terminée.

Le 31 janvier 1999, il y a moins de dix ans, une manifestation réunissant cent mille personnes, toutes religions confondues, -autant dire des gens qui se font la guerre d’habitude mais que seule la haine homophobe est assez fédératrice pour réunir-, (on a vu pareil amalgame se réitérer contre la Gay Pride de Moscou) défilait dans Paris, -avec dans ses rangs une ministre de l’actuel gouvernement- pour protester contre le vote imminent du PACS, aux cris de « A mort les pédés », « Vous nous faites chier avec votre sida », « Pédés retour à Auschwitz » et autres gracieusetés contre lesquelles, à l’époque, aucune loi ne nous permettait d’agir.

http://membres.lycos.fr/uni/album/index.htm

Dans les quinze dernières années, douze propositions de loi ont été déposées tant au Sénat qu’à l’Assemblée tendant à rétablir les discriminations de Vichy et de Mirguet en matière d’homosexualité. Plus de 200 députés de l’actuelle majorité ont signé une pétition « s’opposant à toute disposition tendant à accorder des droits supplémentaires aux homosexuels », censée prévenir l’éventualité d’un projet de loi sur le mariage et l’homoparentalité. L’un d’eux condamné plusieurs fois en première instance et en appel pour propos diffamatoires à l’égard des homosexuels s’apprête à recevoir l’investiture de la majorité en vue des prochaines élections. Il y a le feu au lac au point que Pierre Mauroy, président de la communauté urbaine de Lille-Roubaix-Tourcoing, chez qui le fâcheux a fait son nid, s’en est ému devant les médias. Mais le PS communiquait déjà si mal quand il existait…



Non, la guerre n’est pas terminée. La liberté, c’est le contraire de la pile Wonder : elle s’use si on ne s’en sert pas. C’est une fleur fragile et délicate qu’il faut entourer de soins constants et dont il faut veiller à la perpétuation. Profitez de votre liberté, mais ne soyez pas insouciants, jeunes gays : l’ennemi n’a pas désarmé, et il ne désarmera pas. La droite soigne son électorat, La religion veille, les sectes s’installent dans le Marais. Nous faisons la fête sous un ciel d’orage.