jeudi 30 août 2007

117° A quoi bon se compliquer à faire simple lorsqu'il est si facile de faire compliqué?

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Je disais un jour mon étonnement de voir notre multiprésident faire un si grand écart avec de si petites jambes. L’impétrant semble vouloir améliorer son record. Mais jusqu’où ira-t-il donc ?

Soucieux de ménager la chèvre et le chou, notre couteau suisse vivant se trouve devant un dilemme : à force d’avoir favorisé les nantis en adoucissant l’impôt sur la fortune et en créant de nouvelles niches fiscales dans la tradition inaugurée jadis par Giscard et feu Raymond Barre, il voit enfler une bronca issue des classes laborieuses, furieuses devant ce défilé d’avantages dont elles ne profitent jamais.

La raison voudrait qu’il stoppe la confection sur mesure d’avantages fiscaux et autres cadeaux faits aux nantis, se souvenant que tous les Français doivent être égaux en toutes choses et notamment devant l’impôt, et qu’on a inventé pour cela un impôt proportionnel sur le revenu qui, s’il n’est affligé d’aucun passe-droit, assure une participation équitable de chaque citoyen à l’effort national.

Mais ce retour à la raison et à la justice serait pour lui un renoncement, lui qui doit tant, et même tout à une classe sociale qui l’a fait élire pour qu’il lui renvoie l’ascenseur.

Alors, il se met en devoir de détricoter par un bout ce qu’il continue de tricoter par l’autre : après l’impôt maximal, un impôt minimal. Une couvée de crâne d’œufs travaille d’ores et déjà sur un projet de loi, -encore un-, qui devrait atténuer l’effet recherché par les niches fiscales, -on est en plein Ubu roi-, et empêcher les classes supérieures de bénéficier outrageusement des avantages qu’on leur a soigneusement concoctés.

Si les niches fiscales et autres cadeaux pécuniers ont des effets pervers sur l’égalité des citoyens devant l’impôt, et même sur sa crédibilité, cela ne l’émeut guère tant son potentiel populiste est encore intact. C’est Bercy qui a tiré la sonnette d’alarme en observant que ces petits cadeaux représentaient un manque à gagner de 45% sur le produit espéré de l’impôt sur le revenu. Quand il n’y a plus que les pauvres qui paient l’impôt, forcément, même s’ils sont de plus en plus nombreux, les recettes s’en ressentent. Alors, faire des cadeaux aux copains, oui, mais à condition que ça ne coûte pas trop cher. Le voilà obligé de trahir des deux côtés. Compromission, quand tu nous tiens…



Quand une mesure donne de mauvais résultats, on la rapporte. Mais ce serait couper le cordon ombilical qui le relie à sa matrice nourricière : la grande bourgeoisie, le patronat et les milieux boursiers. Alors, on va fumer la cigarette par les deux bouts, en espérant que chacune des deux parties sera assez myope pour ne pas voir qu’on défait à l’autre extrémité de l’écheveau ce qu’on a fait de son côté pour lui complaire.

A quoi bon se compliquer à faire simple lorsqu’il est si facile de faire compliqué ? Ou en termes plus pragmatiques : A quoi bon essayer d’être honnête si l’esbroufe et la démagogie ont les meilleurs chances de faire avaler la pilule ?

Jusqu’où peut-il prendre le risque de rajouter des étages à son château de cartes avant que tout ne s’écroule ?

Il me fait penser à ces créatures cyniques qui moissonnent sans vergogne les bienfaits d’un nombre d’amants toujours grandissant sans imaginer qu’un jour, la lumière éclairera l’imposture, fera fuir les purs et les laissera en seule compagnie de ceux dont le cynisme a égalé le leur.

Le système fiscal français doit-il être équitable ou hypocrite ? That is the question.

Dans le même ordre d’idée, notre président aux pneus increvables (jusqu’ici) assiste en ce moment à l’université d’été du Medef. (J’ai réussi ! Je vous avoue, j’ai un toc : spontanément, j’écris merdef. Mais là, j’ai fait bien attention et j’ai écrit merdef, pardon medef du premier coup ! ) Le Medef, donc, ne représente pas la totalité du patronat français. Seulement la frange la plus luxueuse. Il y a d’autres syndicats de petites et moyennes entreprises qui font aussi des universités d’été et des congrès. Ira-t-il, n’ira-t-il pas ?


Et à l’autre bout de l’écheveau, -et de l’électorat-, il existe aussi des organisations syndicales de travailleurs-travailleuses, qui représentent une masse de braves gens qui est loin d’être négligeable puisque c’est sur elle qu’on fait peser, par TVA interposée, l’essentiel des recettes de l’état. Le prince de l’ubiquité s’invitera-t-il aux congrès de ces syndicats de pouilleux ?

Il y a des détails qui ne trompent pas et qui valent les prévisions astrologiques : au lieu de prince de l’ubiquité, mon logiciel de dictée a écrit « prince de l’iniquité ». Il est vrai que l’icône de ce programme scélérat est un petit dragon rouge…

Bref, il semblerait que notre horizon politique soit plus prometteur pour les humoristes que pour les citoyens lambda.

Maintenant que Raymond Barre est enterré et qu’un autre ancien premier ministre lui succède déjà sous la brosse à reluire médiatique, il semble bon de rappeler quelques valeurs du grand homme que nous avons perdu.

Dans une interview du 1° mars 2007 sur France Culture ;

http://www.dailymotion.com/video/x1ckjp_barre

l’ex-premier ministre faisait le portrait élogieux de Maurice Papon et de Bruno Gollnish, et estimait la France affligée « d’un lobby juif qui se compromettait dans des opérations indignes ».

Grand partisan de la privatisation de la sécurité sociale et des assédics, Raymond Barre était aussi l’auteur d’une injure qui a pesé et pèse encore sur des millions de français. C’est lui qui a introduit le vocable « d’assisté » pour désigner les chômeurs, qualificatif insultant repris depuis sa création dans toutes les conversations de comptoir de France et de Navarre pour qualifier celui qui n’a pas su retrouver en huit jours l’emploi que ses admirateurs, pour ne pas perdre le leur, ont délocalisé dans des contrées exotiques.

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lundi 27 août 2007

116° .Spleen, tantes, Pluton et omnimachin.

L’eugénisme des nazis voulait éliminer tous les différents, les pas beaux, les trop vieux, les mal-nés, les entre-deux-races, les qui-pensent-autrement, les sodomites, les crépus, les handicapés, les jugés inutiles, bref tout ce qui ne ressemblait pas au modèle de couverture du catalogue aryen.

La peur de la différence prospère sur l’obscurantisme, la faiblesse des esprits la catalyse en haine.

Quand je lis les annonces des chats gay comme citegay ou rezog, liste non exhaustive, je suis saisi d’un frémissement…

« Vieux, pervers, folles, nazes, connards, obsédés, je vous zappe direct ».

Quand on sait que la vieillesse, « chez ces gens-là », frappe à 25 ans, on reste perplexe. S’autozapperont-ils lorsqu’ils dépasseront la date limite de consommation qu’ils ont si sévèrement fixée qu’elle les menace à court terme ?

Tous ces braves gens jetés dans le même sac-poubelle sont brutalement exclus, parfois avec injures, de la simple possibilité de dialoguer ouverte par les chats. Il n’y a que le clone de service qui est supposé y trouver… son clone, c'est-à-dire un autre lui-même avec lequel il n’aura –pour cause de similitude- quasiment rien à échanger, et dont il n’aura rien d’autre à attendre que le réconfort de ne pas se croire une pièce unique.

Pour ma part, ce que je trouve merveilleux dans la vie, c’est justement que, dans la mesure où nous savons nous libérer des poncifs et modèles, nous sommes tous des êtres différents, uniques, originaux.

Pour moi, rencontrer l’autre, c’est découvrir un nouvel univers, voir le monde d’une autre fenêtre, m’enrichir de ses différences, - je ne les adopterai pas forcément, mais j’élargirai mes critères d’opinion-…



Pour moi, aimer l’autre, c’est lui offrir tout ce que j’ai appris de ma culture et de ma vie, mettre mon âme à nu devant lui, ce qui est un acte autrement plus exigeant et impudique que de lui montrer mon corps.

Pour eux, non. Est-ce la conscience de leurs insuffisances qui les empêche de rechercher un être différent ? Sont-ils rassurés de rencontrer un partenaire dont la compétence ne s’étend pas au-delà de ce qu’ils connaissent ?

Ma fierté est d’apprendre chaque jour, même du plus modeste, leur orgueil est de ne jamais recevoir de leçon, même du plus grand … (étant entendu que la mode n’est pas un critère de « grandeur » au sens où j’emploie le mot.

Qu’ont-ils fait pour devenir des « hommes », des êtres originaux et riches d’expériences, avec leur autonomie de pensée, de savoir et de raisonnement ? Rien ! Au contraire !

Pour ne pas risquer de devenir l’un de ces garçons libres comme celui que je voudrais pour compagnon, ils se sont soumis à tous les dogmes, toutes les théories, toutes les cultures, tous les prêt-à-penser dont la pratique leur garantit de se fondre dans le troupeau.

Pour ne pas parler de ceux qui ont muté, qui se sont adaptés à cet environnement factice, confondent l’argent du crédit avec un bien acquis et construisent une très provisoire existence en glanant chez un trop grand nombre d’amants supposés s’ignorer les ingrédients nécessaires à leur petite luxure un peu comme on fait les courses dans un supermarché. Ceux-là se trouveront bien dépourvus lorsque leurs charmes cesseront de leur ouvrir toutes les portes et qu’en regardant derrière eux, ils ne verront qu’une cohorte de déçus dont aucun ne leur tendra plus la main qu’ils espèreront saisir. L’exploitation du système ne garantit pas un avenir radieux…

Toute une industrie et une sociologie se sont mises en place pour leur garantir cette uniformité en prêt à porter qui les dispense d’exister par leurs propres moyens. On leur explique quelle musique il faut aimer, comment il faut parler, avec quels mots et quel accent, ce qu’il faut penser et croire, de quels oripeaux il faut se vêtir, de quelles ferrailles il faut se mutiler le visage et le corps, et à quoi doivent ressembler les gens qu’ils peuvent aimer. Bref comment ils doivent vivre. Autant dire une liberté de poulet en batterie.

Et alors, ils excluent le reste du monde. Les poulets qui vivent à l’air libre. Ne parlons pas de ceux qui savent voler !!! Exit les pas conformes à la couverture de « Buté » (cherchez !) , ceux qui peuvent exister hors de la mode… Exclus même leur devenir en puissance, les autres clones déjà sortis des critères par l’impérieuse nécessité de l’âge.

Ils ne sont pas à une contradiction près : pour ne pas paraître obsédés, ils déclarent refuser les « plans », mais les photos dénudées qu’ils exhibent sont peu en rapport avec leurs prétentions sentimentales. Ils estiment que quelques caresses octroyées ne constituent pas de la prostitution dès lors que la contrepartie qu’ils en attendent n’est pas payée en espèces, et font cohabiter sur la même fiche « en couple pas très libre » avec la liste de leurs fantasmes : fellation, sodomie passive, plan cam, orgies, etc…

Quand leur complexe les travaille trop sévèrement, ils essaient d’éluder le principal, et au lieu de montrer leur personne dans leur galerie de photos, ils exhibent une voiture qui est plus souvent celle de leurs rêves que la leur, un appareil génital qui n’est pas toujours le leur non plus, leur chanteuse à la mode préférée, ou une photo érotique glanée sur le net. A cet usage, la manga est du dernier chic.

J’ai bien essayé de contacter les webmestres des chats pour leur exposer le problème. Que l’on ait une préférence pour les partenaires de telle ou telle fourchette d’âge, soit. Quelques chatteurs d’ailleurs, savent l’exprimer avec respect, tout de même, mais ce n’est pas la majorité !.

Le gros des « faux hors milieu » n’hésite pas à couvrir les autres d’opprobre, à mettre dans le même sac tout ce qu’ils ont peur de devenir : les vieux, les pervers, les crades et les « folles », à les maudire et les couvrir d’injures… Il y a un pas au franchissement duquel j’aurais espéré que ces webmestres apporteraient une certaine modération.

Réponses gênées éludant le problème : « en laissant nos chatteurs s’exprimer librement, nous vous permettons de mieux les juger ».

Tu parles ! S’exprimer librement, favoriser la surenchère populiste, c’est justement ce que demandent les racistes, les nazis, les fanatiques et agités de toutes sortes. La civilisation a choisi d’empêcher leurs incitations à la haine, peut-être un jour nos chats seront-il civilisés….

Le comble de l’horreur étant les proclamés « hors milieu » dont les pratiques hautement tantesques les dispensent d’avoir à se replonger dans le ghetto régénérateur, parce qu’ils en sont suffisamment imprégnés pour les pratiquer chez eux en pure autarcie, regardant le Marais de leur fenêtre comme une sorte d’élevage dont ils veulent ignorer qu’ils sont les produits..

Un jeune homme à qui je proposais un jour « un dialogue enrichissant » a cru que je voulais l’acheter. Comme quoi le plus pervers des deux n’est pas toujours celui qu’il est convenu d’accuser…

Lorsque j’étais tout jeune, j’avais évidemment des échanges fort agréables avec les chenapans de ma génération. Mais aussi intimes et enflammés qu’aient été les ébats auxquels nous nous livrions, il n’en restait jamais qu’un sentiment de chair repue…

La vraie complicité, le vrai partage, la vraie initiation philosophique et humaniste que je recevais, les vraies vibrations de mon cœur, c’est un professeur qui me les procurait… Qui avait des cheveux blancs à l’époque où je ne me rasais pas encore. Autant dire que nous étions hors la loi, puisque la majorité homosexuelle était à 21 ans à l’époque où je ne les avais pas…

Certes, le désir épidermique était plus évident avec mes petits copains, mais ce que mon Encolpe ne m’apportait pas avec son corps, il le compensait merveilleusement avec son affection, son cœur, son âme. Et je buvais avidement aux deux coupes, parce que leur miel était complémentaire, et contribuaient chacun pour sa part à mon épanouissement et mon équilibre.

Cela se passait sur terre, il n’y a pas si longtemps… Même si lorsque je le raconte, j’ai l’air de tomber de la planète Mars.

A propos de Mars, parlons un peu de Pluton !

Ça fait un an que l’affaire est sur le gaz : Pluton n’est plus celle que vous croyez. On lui a découvert des tas de concurrents plus éloignés, certes, mais plus gros, plus grands, plus influents, plus à la mode.

Aussi, au terme de longues tergiversations, la Communauté Astronomique Internationale a-t-elle décidé de retirer à Pluton ses galons de planète.



Elle n’est plus qu’un astéroïde moyen de la Ceinture de Kuiper…. Déjà la découverte de deux objets célestes, 2002 LM 60 dénommé Quaoar, et 2003 VB12 dénommé Sedna avaient fait vaciller le statut de planète de Pluton. La découverte d’un nouveau machin classé astéroïde et baptisé 2003 UB313, dont les dimensions sont supérieures à notre ex neuvième planète ont fait déborder le vase : Pluton n’est plus dans le coup.

Voilà qui va poser problème à tous les astrologues qui gagnent leur croûte en interprétant les sévices que Pluton infligerait à nos destinées en apparaissant dans notre bout d’horoscope. Le déclassement de ce caillou céleste est une atteinte inqualifiable à l’outil de travail de toute une catégorie professionnelle.

Attendons nous donc à ce que le syndicat des astrologues nous réclame avec force la réhabilitation du zinzin au grade où il rapporte le plus. Pluton était la planète qui « expliquait » le mauvais sort et la scoumoune. Comment les justifier maintenant ? Il va pleuvoir de la boule de cristal sur les préfectures ! Sans compter les mauvais sorts qui vont s’acharner sur cette Communauté Astronomique Internationale. Non mais, de quoi elle se mêle, celle-là ?

Comme notre gouvernement navigue en lisant les faits divers, s’intéressant au fil des avatars de l’actualité aux pédophiles sur le retour et aux méchants chiens à grandes dents, (comme si on manquait de lois sur ces sujets) , nul doute qu’il va entendre les jérémiades des astrologues, et décider par décret une exception culturelle supplémentaire au nom de laquelle Pluton sera, entre les quatre coins de l’hexagone, maintenu dans des statuts qui permettent à toute une profession de prospérer aux dépens des crédules. Il faut soigner son électorat.

Les dérogations, écrites ou non, on n’est plus à une près. Tiens, avez-vous eu la curiosité de lire la constitution de la 5° république ?

Article 5 :

Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat.

Article 20 :

Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation.

Je ne sais pas si vous avez les mêmes informations que moi, mais il me semble qu’il y a eu comme une inversion des rôles : depuis quelque temps, l’omniprésident détermine et conduit la politique de la nation (y compris les bourdes de Kouchner ?) , et le gouvernement se contente de veiller à leur application.

Voilà ce que c’est de congédier Pluton pour délocaliser ses effets astronomiques : c’est la vengeance de l’astéroïde…

vendredi 24 août 2007

115° .HAIRSPRAY, divorce dans le cinéma parisien, concert tchèque et quelques sarkonneries d’été.

Après cette pause estivale, la rentrée cinématographique nous apporte mon morceau préféré, une comédie musicale, ou plutôt un remake de comédie musicale, Hairspray.

http://www.hairspraymovie.com/

Pour percevoir ce film au-delà des apparences, il faut faire un peu d’histoire. Retourner dans les banlieues de Baltimore dans les années 60, c’est là que tout commence. Un jeune homme de bonne famille, révolté par une éducation catholique « à l’américaine », claque la porte de chez lui à 16 ans, s’achète une caméra et décide qu’il fera du cinéma. C’est John Waters, né en 1946, dont le premier film, tourné en 16mm, « Pink Flamingos » deviendra un film-culte, le rendra célèbre à l’âge de 23 ans, et sera immédiatement intégré à la cinémathèque du Musée d’Art Moderne de New York !

John Waters a un ami d’enfance et de collège, Harris Glenn Milstead, connu sous le nom de scène de « Divine », énorme travesti qui joue avec « finesse » sur la vulgarité et le trash, avec lequel il tournera « Female Trouble », « Polyester » et « Hairspray » première version.

Pour la petite histoire, Divine fait une carrière appréciable de comédien de théâtre à Broadway, où on lui donne des rôles correspondants à son physique d’exception. Mais c’est l’époque de l’outrance et de l’émergence de l’underground, le travail ne manque pas et la célébrité vient vite. Dans son dernier film, « Trouble in mind » , Divine jouera un rôle d’homme non travesti. Il décède en 1988 d’une apnée dans son sommeil, sans doute due à son obésité.

John Waters, très affecté par le décès de « sa muse » et ami d’enfance, continue une carrière aussi brillante que peu conventionnelle. Cultivant avec talent le mauvais goût le plus exquis et marchant délibérément hors des sentiers conventionnels du cinéma, il change un peu son fusil d’épaule et révèle Johnny Depp dans « Cry Baby » en 1989. En 1990, il devient « hollywoodien », écrit, interprète et réalise différents films dont le dernier "Dirty Shame" (Comédie gonflée) sort en France en juin 2005.

Mais John Waters n’oublie pas sa période hippy, trash et son ami disparu Divine. Lorsque Shankman lui parle d’un remake de « Hairspray », il collabore immédiatement. Refaire de ce film d’ado un grand machin hollywoodien est une gageure : plus question de faire manger à Divine les crottes de son caniche comme dans la première version !

Par contre, Waters exige que les messages et revendications de l’œuvre originale soient sauvegardés : lutte contre le racisme et toutes les discriminations. En particulier le « racisme » « anti gros » qui commençait alors aux USA à une époque où 30% de la population n’était pas obèse, et dont Waters, sans doute au titre de son goût d’homme filiforme pour les partenaires des deux sexes « bien en chair », fait son cheval de bataille.

L’apparente naïveté de Hairspray est donc due à cette plongée dans l’histoire et à ce respect des normes originales. Aussi à l’humour acide de l’auteur qui mélange incongruité et naturel avec une insouciance d’apprenti chimiste.

Nous voilà donc plongés dans les coulisses d’une télévision de Baltimore des années 60, où une émission de variétés qui fait trépider toute la ville est faite par et pour les blancs sveltes et « bcbg », avec une dérogation mensuelle pour le « negro day » , une soirée consacrée aux noirs qui représentent pourtant 40% de la population.

On y voit de manière cinglante le dégoût pour les piscines « mixtes » (comprenez « mixité raciale, et non pas sexuelle », les school bus et pistes de danse divisés en deux par des barrières, et la salle de colle des noirs et la salle de colle des blancs bien distinctes au collège.

Dans ce petit monde tranquille surgit une petite brune grassouillette qui chante et danse mieux que tout le monde et qui, comble du scandale, lutte pour l’intégration. C’est sur les gags simplistes créés par ce trublion que se construit un film qui ne devrait pas être jugé sur sa naïveté. C’est un paradis pour les amateurs de musique des 60, de twist et rock naissants, un festival de chorégraphie de très haut niveau, et une avalanche de dollars recrée les rues de Baltimore de l’époque, avec magasins, voitures et même tramways ressortis de quelque musée.

Le rôle clé de la petite brunette grassouillette qui tient le film à bout de bras mais n’apparaît qu’au quinzième rang du générique est tenu par une « Nicole Blonsky » dont à mon avis, on reparlera. John Travolta reprend le rôle de Divine, la pachydermique maman d’icelle, et c’est sans doute le moins crédible du lot. On y trouve par contre avec plaisir « Queen Latifah » la « matrone » du « Chicago » de Rob Marshall, bien connue pour ses apparitions dans les Scary Movies, et célèbre chanteuse de blues à ses heures.

Pourquoi « Hairspray » qui milite contre le racisme et l’exclusion des gros omet-il de dénoncer l’homophobie ? Sans doute parce que pour son auteur initial, John Waters, elle n’existait pas…. L’homosexualité doit être pour lui si naturelle, (bien que non exclusive) surtout affrontée derrière les 150 kg de Divine…

Puisqu’on est dans la musique, deux mots d’un concert surprenant auquel j’ai assisté à Prague. Prague est une des rares villes du monde, peut-être la seule, où les églises ne servent pas de lieux de culte, mais de salles de concerts. Si on ajoute à cela un bon nombre de salles de concert « spécifiques », Prague, par son offre musicale, est le rendez-vous des mélomanes comme Paris est le rendez-vous des cinéphiles. Si vous circulez en tram ou en métro entre 18 et 23 heures, il faut frayer votre chemin entre les musiciens qui vont d’un concert à l’autre, et dont les étuis à instruments encombrent les wagons. Je me suis déjà trouvé dans un tram avec trois contrebassistes et une volée de violonistes, ça prend de la place !

Ayant déjà goûté à tout Dvorjak et une bonne partie de Mozart, que les musiciens tchèques se sont quasiment appropriés, j’ai décidé de corser la situation, et pris un billet pour un concert de musique américaine du 20° siècle qui se déroule dans la petite salle de la « maison municipale », curiosité architecturale dont les restaurants, les halls et coursives, les décorations de Mucha et surtout la grande salle, le « Smatana hall », valent la visite.

Première surprise : pour un programme qui comprend du Gershwin, du Bernstein et du Kern, la scène ne comporte que six pupitres, et un infâme piano droit, tourné vers le mur, dit déjà qu’il ne servira pas. Entrent effectivement un sextuor, composé d’un trompettiste et d’un quintet à cordes, deux violons, un alto, un violoncelle et une contrebasse.

Avant la première note, je me dis qu’affronter Gershwin sans piano et sans batterie, qui sont les charnières du rythme des années 30 est une bien étrange gageure… Nos « bohémiens » vont s’en accommoder à leur manière. La prestation débute un peu difficilement avec le quintet de West Side Story, morceau musicalement ardu, attaqué sur un tempo trop lent, et dont le rythme marqué par la basse et le violoncelle, a quelques accents bavarois… Pour une adaptation, c’est une adaptation, qui ne me satisfait guère même si les harmonies de l’ensemble sont riches et profondes.

Suit un Américain à Paris, dont le célèbre solo de trompette, malgré la présence du musicien adéquat, est interprété par… le premier violon, une jeune fille de grand talent, et c’est là que tout s’éveille. Ces braves gens avaient besoin de « chauffer » un peu. La partition s’enrichit de quelques guirlandes improvisées de ces délicates fioritures de violon hybrides au jazz et à la musique slave. Le rythme s’accélère, la lourdeur s’envole, et c’est quasiment une version tzigane du Summertime de Porgy and Bess qui est proposée à nos oreilles étonnées. Le « I’ve Got Rythm » paraît bien étrange, mais si on oublie la version cinématographique que nous connaissons le mieux, celle de Sammy Davis Jr, force est de constater que la formidable qualité musicale de l’ensemble rend la chose plus que digeste. Là où les jazzmen se retrouvent sur le rythme, les slaves se rejoignent sur les harmonies et l’orchestration. Ce n’est plus vraiment du jazz, mais c’est une musique qui s’écoute avec grand plaisir.

Smoke gets in your eyes sera le moins réussi du lot. Deux chansons de My Fair Lady seront les morceaux qui passent le mieux, l’orchestration originale laissant plus de place aux cordes qu’aux cuivres, contrairement à « la norme américaine ».

Bref, ce concert est une belle illustration de l’universalité de la musique.

Puisque nous parlons de concert, et que la musique est universelle, mentionnons dans un tout autre domaine celui que Doc Gynéco a voulu donner au bord du Lac de Genève au début du mois. Il a fallu l’interrompre parce que le public conspuait le chanteur pour son adhésion au sarkosystème, le traitant de facho et de collabo. Deux personnes ont été arrêtées pour jet de projectiles, et c’était.. deux Suisses. Il n’y a pas que la musique qui est universelle, certaines valeurs le sont aussi.

La presse s’est gaussée des bouderies de Cécilia lors des vacances américaines de notre président Duracell. Elle n’a pas manqué de mentionner par ailleurs la présence de Rachida Dati lors de ces vacances familiales. Il ne reste plus qu’au lecteur médisant à établir un rapport entre les humeurs de Cécilia et la présence quasi-permanente de la jeune ministre dans le proche entourage du président. Mais nous nous garderons bien d’être des lecteurs médisants…

Et enfin, même en jouant sur les mots, je ne vois pas pourquoi ladite Cécilia aurait participé à l’épisode de la libération des infirmières de Tripoli, mais serait dispensée de répondre à la commission parlementaire constituée sur le sujet. Si son statut de « non élue » l’empêche d’être auditionnée par cette commission, à quel titre a-t-elle bien pu participer aux négociations ? Ce régime est un nid de couleuvres.

Les propriétaires immobiliers sont les grands bénéficiaires d’une série de mesures votées avec tant d’empressement que le Conseil Constitutionnel en a foudroyé une en plein vol. Aussi sec, une « mesure compensatoire » voit le jour.

Et le tour des locataires, il vient quand ?

Dans mon article n° 97, j’exposais le différent qui opposait Europalaces (l’entité cinémas Gaumont – Cinémas Pathé) à MK2 à propos de l’étrange et soudaine attribution de la gestion des cinémas Beaugrenelle à Europalaces, cinémas exploités depuis leur création par MK2.

Le divorce est consommé, mais les dégâts collatéraux sont importants. Il y a eu renversement d’alliances dans les GIE qui gèrent les deux cartes permanentes concurrentes, la Carte Le Pass et la carte UGC. Le « mauvais caractère » d’Europalaces, créé en 2001, commence à « porter ses fruits amers ». Remarqué pour sa sévérité dans différents domaines allant de la gestion du personnel aux accords de programmation, Europalaces semble maintenant rejeté par l'ensemble du cinéma français et ne plus devoir sa crédibilité qu’à ce qui lui reste de poids. Le capital « sympathie corporative » est effondré.

L’ensemble des cinémas parisiens associés à Europalaces dans la Carte « Le Pass », à savoir les 11 salles MK2 et les 26 Cinémas Indépendants divorcent du Pass pour s’allier à l’ennemi héréditaire UGC. Si ces grandes manœuvres ne changent pas grand-chose à la vie du cinéphile de province, elles bouleversent par contre le paysage du cinéphile parisien. Il n’y a en effet plus moyen de voir des films de répertoire et de cinémathèque avec une carte Le Pass.

Seul contre tous, Europalaces offre un parc de salles parisiennes en bon état, certes, mais cantonnées à une programmation standard. A prix égal, l’offre n’est plus concurrentielle au regard de la programmation offerte par la nouvelle entité UGC + MK2 + Cinémas Indépendants..

En effet, si vous voulez voir autre chose que le ruban à grand public, il faut changer de carte et suivre dans leurs pérégrinations MK2 et les Indépendants qui assurent la diffusion des perles rares et satisfont la gourmandise du cinéphile. Si votre carte LePass a plus d’un an, il faut en démissionner par lettre recommandée avec accusé de réception avant le 31 août pour être dispensé du droit d’entrée (30€) à la nouvelle carte UGC élargie accessible dès le 5 septembre. (Il y aura sans doute des arrangements…) Si votre carte Le Pass a moins d’un an, vous ferez cette opération à l’issue de votre période incompressible d’abonnement. (un an je crois). En attendant, si je comprends bien, vous accèderez toujours aux salles MK2 et Indépendants. En tout cas, ne restez pas là sans rien faire. Les cinéphiles quittent le navire Europalaces.