lundi 30 juin 2008

178° Marche des Fiertés LGBT 2008

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J'aurais aimé pouvoir, comme l'an dernier, distribuer des prix aux flyiers et autre prospectus les plus originaux de la Marche des Fiertés, comme je l'avais fait dans le billet n° 108.

http://brethmas.blogspot.com/2007/06/108-after-pride.html



Hélas, les participants ont manqué d'imagination, et je n'ai pas trouvé grand chose d'original, sinon un tract de l'UMP qui déclare vouloir « apporter des réponses aux handicapés » le jour même où elle décide de laisser crever les malades de longue durée en déremboursant leurs médicaments. Les amateurs d'humour noir apprécieront autant la coïncidence de date que la sollicitude à l'égard des handicapés manifestée dans un rassemblement homosexuel.

D'une manière générale, on note une quasi disparition des gogo-boys dénudés sur les chars, ce qui privera d'un argument stupide les homophobes pudibonds et quelques gays qui pensent que leur manière de vivre leur homosexualité est la seule présentable.

Distribuons néanmoins quelques mentions: à l'Autre Cercle, déjà récompensé l'an dernier, pour sa campagne permanente contre la ségrégation à l'embauche, à SOS Homophobie pour ses petits stickers à l'image des avertissements sur les paquets de cigarettes, au PC pour un tract très sobre et argumenté, et à Amnesty Internationale pour son soutien gay-friendly sans faille.


Notons pour la petite histoire le char du Modem, accueilli par une foule goguenarde aux cris de « Alors, actifs ou passifs? » ! et le char de GayLib, pour la deuxième année consécutive, essuyant quolibets, huées et même bloqué un moment. Je note qu'en 2007, comme on peut le voir sur les vidéos, les inscriptions sur ce char étaient: « Vous pouvez compter sur nous », et en 2008: « Le changement c'est nous » qui sont deux slogans d'intérêt politique général qui n'ont aucun rapport avec les revendications LGBT. On comparera utilement avec les tracts des autres partis.


De plus en plus, alors que les associations LGBT d'origine politique apportent aux revendications gay l'énergie des partis dont ils sont issus, Gay Lib semble fonctionner à l'inverse et apparaît comme une structure destinée à faire du prosélytisme et du recrutement chez les gay, et à y pomper de l'énergie pour gonfler les voiles de l'UMP


J'ai pu trouver les deux vidéos des avatars de leur char, celle de 2007, et celle de 2008.


http://www.dailymotion.com/video/x2flai_gaylib-chahute_news


http://www.dailymotion.com/video/x5y4h6_gay-lib-les-beni-oui-oui-de-sarkozy_news





Mentionnons encore Paris Foot Gay, une association qui se propose d'éduquer la foule des supporters footballistiques aux bonnes manière de la lutte contre l'homophonie. Y a du boulot. Le PSG est associé à cette démarche.


http://parisfootgay.free.fr/fr/accueil/news.php



A Sofia, en Bulgarie, le pays réputé le plus homophobe d'Europe, (plus que la Pologne, qui est pourtant « une référence »...), la Gay Pride s'est mal passée, mais à la stupéfaction générale, la police a bien arrêté les skinheads et les chrétiens orthodoxes intégristes, et pas les gays qui défilaient. Les malheureux ont quand même pris quelques cailloux sur la tête, et il y a des blessés. Video:









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mercredi 25 juin 2008

177° L'extermination des improductifs est en marche.


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Dans l'esprit des fondateurs de la République, et de Cambacérès qui lui donna sa devise Liberté, Égalité, Fraternité , il s'agissait d'organiser le pays de manière à ce que chacun, en dépit des hasards de l'existence, puisse compter sur une solidarité nationale, la fraternité, pour jouir d'un mode de vie convenable.


Hélas, cette glorieuse maxime suit le destin de sa transcription dans le marbre au fronton de nos édifices: on la classe de plus en plus monument historique, ce qui contribue largement à la vider de son sens.


La priorité n'étant plus à la recherche du bonheur universel, mais à la rentabilité, on a procédé petit à petit à quelques aménagements. Déjà, avec l'aide des religions, on avait jugulé les détournements d'énergie du travail. Un travailleur qui a copulé toute la nuit étant vidé de ses forces pour le travail du lendemain, on lui avait interdit tout orgasme qui ne rembourse pas la société par la fabrication d'un petit travailleur ou d'un petit soldat. Exit pèle mêle contraception, planning familial, sodomie, masturbation, homosexualité, recherche du plaisir, bref tout coït improductif.


Ces saines bases étant posées, on s'était un peu laissé aller. En un siècle, on avait aboli l'esclavage, autorisé les syndicats, codifié le travail, réglementé l'exploitation de l'homme par l'homme. On avait été jusqu'à réduire la durée de travail hebdomadaire On s'était même mis à soigner les grands malades avec la ressource commune! !.. La répartition du travail étant devenue problématique, il avait fallu envisager que la condition de chômeur cesse d'être honteuse, et donne lieu à indemnité. On avait presque cru un peu au bonheur !


Les moins bornés s'étaient même aperçu que le problème pour le futur n'était plus de produire, -les machines le font très bien-, mais de vendre les produits, ce qui supposait de payer des gens non plus à produire, critère périmé, mais à ne rien faire et consommer, ce qui devenait la nouvelle nécessité.


Faire payer un salaire aux machines pour en faire profiter le braves gens, ça ne pouvait pas plaire à tout le monde. Alors, nous sommes entrés dans l'ère du retour de manivelle.


S'attaquer aux improductifs. Aux pas rentables. Saper la stabilité, instaurer la précarité, démolir l'honorabilité des laissés pour compte. La première étape a été de créer le concept « d'assisté ». L'emploi de ce mot pour désigner un chômeur est une invention de Raymond Barre. A l'inverse de toutes les conceptions républicaines, le travailleur en panne jusqu'ici secouru par la collectivité est maintenant qualifié « d'assisté » par la honteuse assimilation à un cas d'abus du système -il y en a toujours-, que la propagande a soigneusement monté en épingle.


Ces délinquants en col blanc ont-ils seulement la notion de la cruauté de l'insulte ainsi proférée à l'endroit d'un homme de bonne volonté, qui cherche sans le trouver l'emploi que son insulteur a délocalisé sans vergogne, l'idée du dépit de cet honnête homme qui reçoit ce crachat au visage: assisté. Boulet, inutile. Rien que cela aurait justifié à mes yeux un vaste mouvement populaire. Je suis chatouilleux? Pas tant que ça: regardez où nous en sommes, maintenant.


Deuxième étape: diminuer les protections: indemnités dégressives, mobilité obligatoire, refus du libre choix du nouvel emploi. Le chômage ne diminue pas, c'est le nombre de ceux qui remplissent les conditions de plus en plus exigeantes pour être reconnu comme chômeur qui diminue, au détriment du nombre des miséreux, qui lui, explose.


Troisième étape: Soigner les malades guérissables... oui à la rigueur si on peut les remettre rapidement au boulot. Mais les ALD, ces affections longue durée, ces boulets qui ne rapportent rien, persistent à vivre malgré tout, à manger à tous les repas et à habiter dans des maisons, et ne font même pas un bon esclave, non! Faut pas exagérer. On a changé de société, vous n'avez pas remarqué?


Car enfin, parlons clair: pour la plupart des malades en affection longue durée, les médicaments de confort, ce ne sont pas des cachets d'aspirine! C'est la seule manière de supporter les effets secondaires douloureux et invalidants des traitements de fond. Supprimer l'accès à ces médicaments, c'est mettre en cause le recours au traitement principal. Il ne faut pas prendre le mot « confort » au sens qu'on donne au moelleux d'un canapé. Ces « traitements de confort » permettent de supporter un peu mieux l'insupportable.



D'autant plus que la rentabilité de ces braves gens étant bien évidemment diminuée par leur maladie, leurs salaires le sont aussi, et nombre d'entre eux ne peuvent pas se payer de mutuelle!

Quand je vois les questions qu'on m'a posé à moi, bien portant, pour proroger la mutuelle de mon employeur après mon départ à la retraite, j'imagine celles qu'on doit poser à un malade chronique... et le montant de la cotisation qui doit en résulter!


D'après Aides et Act-Up, un malade du sida sur deux serait en dessous du seuil de pauvreté. Retirer les médicaments de confort à un tel malade, c'est le faire renoncer à son traitement de fond... Belle économie. Adopter une telle mesure, ce ne serait plus de la gestion, mais une extermination programmée. Une sorte de solution finale.


La façon de mettre la mesure sur le tapis inspire également de nombreux commentaires. Alors que quelques angéliques s'étonnent encore qu'il puisse y avoir aux responsabilités des gens capables de pondre des mesures à ce point scélérates, d'autres analysent le buzz et en révèlent toute la perfidie: On déballe le truc, on laisse exploser le scandale, on s'empresse de dire que ce n'était qu'une idée en l'air, et on remballe le sujet. Hop! Oublié ! Deux jours après, c'est comme si l'information n'avait jamais existé. Une sorte d'image médiatique subliminale.


J'y vois en réalité une sorte de pose de banderilles, premier acte d'une mise à mort programmée. La victime est plus facile à posséder qu'on l'a rendue consentante. De la psychologie appliquée à « Histoire d'O et au syndrome de Stockolm, il y a un lien de continuité entre le premier coup porté « au hasard » et le coup de grâce.

Le projet n'est pas enterré: alien est en gestation. Il ressortira un jour d'été, pendant la sieste.


La grande compétence des communicateurs de ce qu'il faut bien maintenant appeler le régime est prise là en flagrant délit de ses plus hautes oeuvres, les ingrédients bouillonnent dans l'athanor: la transmutation de l'homme libre en esclave va s'opérer. Les non à répétition opposés à l'Europe et toujours annulés par les parlements sont comme autant de soubresauts de l'agonie de nos libertés.


Mai 2008 est passé. Quel rêveur a dit qu'un service public était fait pour être un service et pour être public? Et qu'il faudrait prendre l'argent où il était pour assurer la solidarité républicaine?


Vous vous rappelez du bon temps où on donnait à manger aux pauvres, où on les recasait du mieux qu'on pouvait? Maintenant, on fabrique les pauvres et on les laisse crever. Vous vous rappelez du bon temps où on soignait les malades, où chacun apportait son petit bout de remède un peu au hasard pour essayer de soulager la souffrance de celui qui n'y arrivait plus tout seul? Depuis, on a fait des grands progrès: on sait de quoi on meurt! Mais on meurt quand même. On soigne quelques riches pour montrer qu'on sait faire, mais des médicaments de confort aux pauvres! Restons sérieux. Que vont dire les actionnaires?


Nous vivons une époque formidable.


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vendredi 20 juin 2008

176° Démocratie, j'efface ton nom...

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Dès le début de la présidence française de l'union européenne, notre déjà trop-président tache d'huile s'apprête à aller porter sa bonne parole aux Irlandais. Reprenons depuis le début.


Un jour du mois de mai 2007, monsieur Sarkozy a été élu président de la République par 53% des Français.


Depuis ce jour funeste, dès lors qu'il prend une disposition qui indispose les 47% qui n'ont pas voté pour lui, (plus le nombre inconnu de déjà-déçus de sa doctrine ), il clame et fait clamer haut et fort par ses affidés qu'il a été « démocratiquement élu » et que ses décisions engagent donc l'ensemble des Français. Soit.


On aurait donc pu supposer que le non à la Constitution Européenne prononcé par 62% des Français serait regardé par lui et ses sbires comme « une expression démocratique » qui engagerait de la même manière l'ensemble des français. Que nenni! Au terme d'entourloupes politiciennes machiavéliques, il trouve « une légalité administrative » pour faire passer de force la mesure dont le peuple n'avait démocratiquement pas voulu. La démocratie est pour lui un système à sens unique.


Voilà maintenant que ces braves Irlandais refusent à 53% un ragoût réchauffé du même traité. 53%, c'est justement la majorité avec laquelle monsieur Sarkozy a été élu, c'est le niveau de « l'expression démocratique » dont il s'enorgueillit pour nous faire accepter son inacceptable, avaler ses couleuvres et ses boas. On pouvait donc penser qu'il reconnaîtrait comme « une expression de la démocratie » un verdict irlandais obtenu avec le même score que celui qui lui a valu sa propre élection.


Que nenni encore! Quand le peuple vote dans le sens de sa volonté, il s'exprime démocratiquement, mais quand il vote à rebrousse-sarko, c'est « l'incident irlandais ».


Et non content de cette injure faite aux peuples européens qui ne veulent pas être phagocytés par le poulpe ultralibéral dont il est le VRP, monsieur Sarkozy entend, au mépris de toute vergogne, de tout respect de la voix du peuple, faire le voyage en Irlande pour aller expliquer à ces indigènes combien ils se sont trompés, à quel point ils n'ont rien compris, combien profonde est leur sottise, de quelle manière ils se sont mis le doigt dans l'oeil jusqu'au coude et par quelles fourches caudines il leur faudra maintenant passer pour racheter leur péché de lèse-libéralisme.


Du temps qu'il y est, il va aussi aller faire la leçon aux Tchèques. Là, je connais un peu mieux que lui: la République Tchèque, j'y vais souvent, et je peux dire que les Tchèques ne sont pas des gens à qui on peut la raconter trop fantaisiste. Le schtroumpf de l'Elysée risque de se faire répondre plutôt tchèquement à ses avances hypocrites. Or actuellement, les Tchèques ne sont pas très anti-européens. Juste un peu. Leur président Waclav Klaus l'est bien davantage que son opinion publique. Mais rien que l'idée de se sentir l'objet d'une pression extérieure, ça va exacerber le peuple Tchèque dans une opposition forcenée. Je les connais! On va bien rigoler.



Moi qui regardais les Italiens d'un oeil goguenard après leur double élection de Berlusconi, et qui jetais un oeil apitoyé sur la faiblesse des Américains à s'être réfugiés derrière le croisé Bush, me voilà obligé de mettre de l'eau dans mon vin. Certes, je n'ai voté pour aucune des mesures dont il est question, mais mon respect de la démocratie m'oblige, toute honte bue, à me considérer, en tant que Français, représenté par ce personnage ubuesque qui méprise l'expression populaire, ne reconnaît la démocratie que quand elle lui convient, copine avec les ennemis de la liberté de croyance, flirte avec les va-t-en guerre et ne peut lire l'heure que sur une montre qui pourrait nourrir deux familles pendant deux mois s'il l'offrait aux restos du coeur.


Nous n'avons pas fini d'en voir de toute les couleurs avec cette Europe inhumaine qu'on nous concocte à grands coups de dérogations à la démocratie. Après celle qui officialise la reconnaissance des sectes, (voir mon billet n°170), les mesures en projet au Conseil de l'Europe sont si démentes et déplacées que ce ne sont plus les démocrates et humanistes européens qui sont choqués, mais ceux de toute la planète.


Les allumés de Bruxelles ont voté le 5 juin dernier une directive sur l'immigration et l'expulsion des immigrés dont la démence laisse perplexe. Hortefeux n'avait sans doute pas espéré autant dans ses rêves les plus exaltés...


On pourra détenir les « sans papiers » 18 mois sans explication, on pourra les interdire de retour pendant cinq ans même s'ils ont ici parents, femme et enfants, on pourra expulser des mineurs même isolés dans des pays où personne ne les attend, où ils n'ont pas d'identité et dont ils ignorent la langue, on pourra expulser des homosexuels n'importe où au hasard s'ils refusent de retourner dans un pays où ils risquent la peine de mort, la directive validant le « refoulement en masse vers des pays de transit », etc...


Cette directive, dite « directive de la honte » a trouvé ses dénonciateurs les plus véhéments en Amérique du Sud, continent pourtant peu visé par les reconduites aux frontières, mais où on cultive, semble-t-il, un humanisme plus chaleureux que celui en vigueur chez nous.


Les présidents Chavez (Venezuela), Correa, (Equateur) et Morales (Bolivie) ont pris la tête d'un front de protestation humaniste, auquel ils invitent maintenant les états africains, les plus concernés mais les plus lents à réagir, à se joindre. A la honte d'être français risque de s'ajouter bientôt la honte d'être européen.


http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-eurodeputes-adoptent-un-texte-controverse_513153.html


http://www.liberation.fr/rebonds/331698.FR.php


www.syti.net/Topics2.html.



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dimanche 15 juin 2008

175° - La vérité sur le prix des carburants.

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De qui se moque-t-on?

Au hasard de mes promenades sur la toile, je tombe sur un tableau très significatif relatif au prix des carburants.

Version officielle: le pétrole augmente, l'essence augmente.


Ce qu'on oublie de nous dire, c'est que le pétrole se paie en dollars, qui a perdu la moitié de sa valeur en huit ans, et que d'après ce tableau, qui date de mars 2008, en tenant compte du cours du dollar, cette baisse du billet vert aurait du compenser l'augmentation du pétrole en zone euros.




Un financier honnête (on ne rit pas, merci) a-t-il une explication?


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174° - L'incident irlandais.

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Il n'y a pas si longtemps, confortablement installé dans notre démocratie protectrice, nous écoutions avec affliction les discours de quelques dictateurs exotiques qui comparaient leur opinion publique à un mouvement hostile à leur nation, les partis d'opposition à des ennemis du progrès et de la patrie, et leurs opposants trop bavards à des agents de l'étranger.


Ce bon temps serait-il révolu? En Europe, nos dirigeants évitent autant que possible de consulter les peuples européens sur la future constitution. Il est vrai qu'elle ne doit pas vraiment correspondre à ce que l'opinion publique en attend, puisque chaque fois que ladite opinion donne son avis sur la question, il est négatif. La Hollande, la France, et maintenant l'Irlande ont clairement exprimé leur refus du machin qui se prépare.


Mais les intérêts en jeu sont trop gros pour qu'on continue à se soucier de démocratie. Alors, au lieu de changer le machin dont personne ne veut, on change son mode d'adoption pour faire passer la pilule par tous les moyens. Sarkozy le premier a réussi à faire passer par voie parlementaire une constitution qui n'a en rien été expurgée des motifs de son refus de 2005 par le peuple français, les Pays Bas cherchent une faille constitutionnelle pour en faire autant, et voilà l'Irlande qui se joint au concert du refus de manière si irrémédiable qu'on pense déjà sérieusement à se passer d'elle pour continuer à construire cette Europe dont seuls veulent une minorité de dirigeants.


Ce qui me dérange, ce sont les écarts de langage, en particulier ceux de monsieur Sarkozy... Lorsqu'un peuple vote comme ça l'arrange, c'est « l'expression populaire » (même si c'est le parlement qui a voté à l'inverse du peuple), mais lorsque l'Irlande vote à rebrousse-sarko, c'est « l'incident Irlandais ».


Grave. Très grave. Nous voilà parti dans les dérives de vocabulaire qui vont nous conduire rapidement à désigner comme des coupables « des ennemis de l'ordre européen », des « ennemis de la révolution du petit livre vert » que l'on va rapidement exclure, mépriser, ignorer au mieux, persécuter au pire.


Car si les « nonistes » sont assez maladroits dans leur expression, -les plaidoyers les plus virulents pour le non en Irlande ont été produits par les cathos pour éviter le mariage homosexuel-, le sentiment populaire n'est pas sur cette longueur d'onde. Il est intelligent et structuré, mais on tue sa communication dans l'oeuf.


Les Européens ont très bien compris qu'accepter cette constitution qui définit le mode économique de l'Europe au lieu de laisser les peuples en décider eux-mêmes à chacune de leurs élections, c'est ouvrir l'Europe à l'invasion des mutants de Wall Street dont l'immense majorité ne veut pas parce qu'elle n'y a aucun intérêt.


En dépit des affirmations « officielles », les Européens qui ont voté contre cette constitution sont pour la majorité des pro-européens convaincus. La frange nationaliste butée à laquelle on essaie de les assimiler ne doit pas dépasser quinze pour cent de leurs suffrages.


Si ces électeurs votent contre ce qu'on leur propose, c'est justement parce qu'ils ont une haute idée de ce qu'ils pourraient obtenir d'une Europe faite pour eux et par eux, d'une Europe sociale dont ils contrôleraient les leviers et tireraient les bénéfices, et qu'ils voient bien que cette constitution qu'on leur propose, qui n'a de simplifiée que l'étiquette, est tout le contraire de ce qu'ils souhaitent.


Elle transformerait leur Europe en champ de manœuvres pour les spéculateurs de tous poils, en ferait une succursale anonyme du non-droit ultralibéral et fondrait leur civilisation des Lumières dans l'abîme obscur et dogmatique des adorateurs de Wall Street.


Mais cela, personne ne sait le dire, personne ne trouve les mots pour le dénoncer, et les micros, soigneusement sous contrôle, ne se tendent pas vers les rares orateurs qui le clament. On s'attaque à leur image, on décrédibilise ce qu'ils représentent et les résultats qu'ils obtiennent en qualifiant « d'incident irlandais » la victoire de leurs idées dans un pays dont l'histoire justement, montre qu'il sait très bien ce qu'il veut et ne s'en est jamais laissé raconter par ses envahissants voisins.


Alors, alerte à la novlangue, à la réécriture des valeurs, à l'invasion des clones spéculateurs, au mépris de l'expression citoyenne.


D'ailleurs, si on devait douter des vraies intentions des institutions européennes sur l'aspect réel de leur plan social, la décision prise cette semaine justement par le Conseil de l'Europe de « limiter la durée du travail à 60 heures hebdomadaires » (soixante, vous avez bien lu) tombe à point nommé pour illustrer le propos!


Dans leur grand bonté, les euro fonctionnaires ont fixé une limite entre le camp de travail et le camp d'extermination. Merci mon prince! En même temps, notre gouvernement, qui continue à, proclamer que les 35 heures « restent en vigueur » s'apprête à légiférer pour que ce principe soit vidé de toute valeur légale: « les partenaires sociaux pourront négocier à leur guise la durée du travail ».Heureusement que l'Europe a posé une borne à soixante heures! Merci l'Europe!


Xavier Bertrand vient de le confirmer à « la convention sociale de l'UMP » qui vient de se tenir à la mutualité.


Il y a des mots qu'on ne devrait jamais mettre dans la même phrase de crainte qu'elle n'explose. « Cuisine anglaise », « Vatican, liberté sexuelle » par exemple. Ou bien « social UMP ».

N'y a-t-il pas une étrange convergence entre toutes ces mesures « sociales » prises la même semaine à Bruxelles et à Paris?


Le Point, hebdomadaire peu suspect de gauchisme subversif, titrait cette semaine: « Sarko contrôle-t-il les médias » pendant que Libé portait à sa une « PPDA renversé par une Ferrari ».


L'information sujette à caution et dictée par le gouvernement devient à ce point omniprésente que la presse pourtant bien disposée s'en offusque. Pourtant, les occasions de dénoncer les dérives sont nombreuses et quotidiennes et ne sont pas toujours relevées.


Ainsi par exemple, Dominique Bussereau, secrétaire d'état aux transports, ne lit pas les journaux. Il devrait. Le 4 juin, le Canard Enchaîné, page 3, consacrait à la ligne A du RER un article très documenté dans lequel il expliquait que la situation de cette ligne de train, déjà fortement saturée, allait littéralement exploser après la construction de la nouvelle tour Signal de la Défense, qui représentait à elle toute seule un afflux de plus de 50 000 travailleurs, habitants et visiteurs quotidiens. Un « malencontreux hasard » veut en effet que cette malheureuse ligne A constitue justement le lien le plus direct de cette tour vers Paris-centre....


Les auteurs du projet y avaient bien pensé, mais... Le Canard prenait la peine d'expliquer comment et pourquoi le prolongement de la ligne Eole depuis St. Lazare, prévu dans le cadre de cette construction, avait été ajourné au mieux à 2020, comment le projet de création de plusieurs lignes de tramways avaient été classé sans suite, et avec quelle obstination on évitait d'envisager une nouvelle ligne de métro transdépartementale déjà réclamée par diverses municipalités environnantes dont la couleur politique faisait tache sur le fond bleu des Hauts de Seine.


Eh bien, le lendemain, dans une étude sur l'impact de l'augmentation du prix de l'essence sur la vie des Français, Dominique Bussereau donnait la version officielle de la situation: Interviewé sur France-Info en réponse à un provincial qui se plaignait de la fermeture de la gare de sa ville, il répondait à l'insolent qu'il n'avait qu'à prendre les transports en commun, attendu que « la France était le pays d'Europe le plus performant en matière de transports en commun ».


Le pouvoir a parlé. C'était la version officielle. Fermez le ban.


La langue de bois bientôt rétablie dans les programmes scolaires?


http://mccabinet.wordpress.com/2008/06/06/direct-soir-direct-matin-naturaliser-le-sarkozysme/


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lundi 9 juin 2008

173° Mais où est donc passée Rama Yade ?

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L'Assemblée Générale des Nations Unies organise depuis le 6 juin une conférence internationale sur le sida.


La prévention du sida est constituée pour un tiers par une volonté politique, pour un tiers par la recherche et le financement de cette recherche et de l'application des traitements, et pour un tiers par de la communication et de l'information, afin d'éclairer convenablement les populations désinformées par les prises de position rétrogrades de certaines églises, sectes et autres agités.


A cet égard, les associations, notamment gay, jouent un rôle irremplaçable. Dans des pays à mentalité plutôt homophobe, elles sont le seul vecteur de communication possible avec les communautés concernées, seules capables, en l'absence d'information officielle, de réformer les mauvaises habitudes et de d'imposer un comportement responsable.


Ce n'est pas ce que pensent les autorités égyptiennes, zimbabwéennes et jamaïcaines, qui ont obtenu l'annulation des accréditations de leurs associations LGBT locales respectives auprès des travaux de cette conférence.


Comment le Zimbabwe, où on a interdit l'activité de toutes les ONG et l'Ouganda, où on arrête les membres des associations locales peuvent-elles continuer à participer à une conférence mondiale sur le sida sans que se pose de manière la plus aigue le problème de l'ingérence humanitaire?


Comment les autres participants acceptent-ils de poursuivre une conférence humanitaire avec des délégations qui agissent de manière aussi contre productive? Comment des atteintes aussi scélérates aux gestes humanitaires les plus élémentaires peuvent elles passer pour une simple péripétie aux yeux des participants, qui « ont prise note » sans plus?





Pourquoi madame Rama Yade, qui a déjà promis deux fois d'intervenir partout dans monde chaque fois que les droits LGBT seraient bafoués, et qui a déjà manqué deux belles occasions de le faire ne se manifeste-t-elle pas?


Le ministre des droits de l'homme de notre gouvernement ne serait-il qu'une majorette de notre parade politique?


Pourtant, pendant ce temps, les « gay pride impossibles » se déroulent contre vents et marées face aux opposants les plus intégristes, aux ennemis les plus bornés. A Tel Aviv, 10 000 manifestants, 2000 à Varsovie, 1000 à Moscou..., à Rome 10 000.


A Paris, nous avons un beau défilé. Si beau que tout le monde ne l'apprécie pas à sa juste valeur. Mais cela suffit-il sans les déclarations d'intentions de notre ministre des droits de l'homme?


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jeudi 5 juin 2008

172° Libérez les films de Pierre Etaix !!

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Pierre Etaix
, clown, magicien, dessinateur et cinéaste de génie est l'un des derniers dépositaires de la tradition burlesque telle qu'elle s'est construite sous l'impulsion de Buster Keaton puis de Jacques Tati dont il fut l'un des plus proches collaborateurs. Dans les années 60, Pierre Etaix réalisa cinq longs-métrages dont quatre, co-écrits avec son ami Jean-Claude Carrière.

Aujourd'hui, à bientôt 80 printemps, Pierre Etaix ne peut plus montrer ses films !!!
Pourquoi me direz-vous?


Et bien tout simplement parce qu'un imbroglio juridique insensé prive les auteurs de leur droits et interdit toute diffusion (même gratuite) de leurs films. Cette situation est inacceptable car elle condamne à l'oubli cinq longs métrages qui comptent parmi les plus originaux du cinéma français. (voir le dossier et les articles de presse à télécharger)

Comme Woody Allen, Guy Béart, Arturo Brachetti, Cabu, Eugène Chaplin, Leslie Caron, CharlElie Couture, Jérôme Deschamps, Nilda Fernandez, Christophe Malavoy, Gérard Majax, Franck Margerin, Daniel Mesguich, François Morel, Michel Gondry, Gotlib, François Hadji-Lazaro, Bernard Haller, Gérard Jugnot, Mathieu et Peter Kassovitz, Gérard Krawczyk, Maud Linder, Macha Makeïeff, Julia Migenes, Eddie Mitchell, Tom Novembre, Michel Piccoli, Anna Prucnal, Charlotte Rampling, Claude Rich, Shirley et Dino, Pierre Schoendoerfer, Claire Simon, Bruno Solo, Bertrand Tavernier, Philippe Torreton, Luce Vigo, Jaco Van Dormael, Lambert Wilson ainsi que des centaines d'artistes et de cinéphiles, manifestez vous aussi votre soutien à Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière en signant la pétition en ligne accessible soit depuis le site :

http://www.lesfilmsdetaix.fr

ou directement ICI : http://www.ipetitions.com/petition/lesfilmsdetaix/

IMPORTANT: vos signatures doivent absolument être enregistrées avant le 15 juin, date du dépôt de cette pétition.

Pour en savoir plus sur les raisons de cet "escamotage cinématographique" vous pouvez télécharger un dossier et une sélection d'articles de presse:

ICI, le texte en Français

Text in English, here

Si votre navigateur n'affiche pas les liens de téléchargements, vous pouvez obtenir ces documents à l'adresse suivante: lesfilmsdetaix@gmail.com

Vous pouvez aussi visiter le site: www.lesfilmsdetaix.fr Les "liens" vous permettent d'accéder à différents blogs dont certains publient, avec raison, des avis et analyses contradictoires sur cette affaire.
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Vous pouvez enfin écouter le reportage d'Aurélie Charon dans l'émission de Vincent Josse "Esprit Critique" sur France Inter diffusée le 3 juin 2008. C'est ICI.

Au nom de YOYO et de tous les films en « hibernation forcée», merci de votre aide et de votre soutien.

Amicalement,

Les amis de Yoyo

Pierre Etaix dans Yoyo. (1965)


PS: Les cinq films invisibles de Pierre Etaix : Le Soupirant (1963), Yoyo (1964), Tant qu'on a la santé (1965), Le grand amour (1968), Pays de cocagne (1969).


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mardi 3 juin 2008

171° Egalité républicaine et laïcité.

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Depuis quelques années, différentes affaires judiciaires provoquent dans l'opinion publique des débats qui ne soulèvent pas le fond du problème, mais se limitent à des querelles de comptoirs qui s'attachent au fait divers au détriment de la vraie question.


Exemples: en 2005, un publicitaire, Girbaut, affiche un pastiche du tableau La Cène de Léonard de Vinci, dont les personnages ont été remplacés par des femmes. Plainte de l'association Croyance et Libertés émanant de la Conférence des évêques de France, qui gagne en première instance le 8 mars 2005 et obtient la suppression de l'affiche au motif « que l'injure faite aux catholiques paraît disproportionnée au but mercantile recherché ».


Pour ma part, j'ai quelques catholiques pratiquants dans mon entourage, qui m'ont affirmé qu'en prenant le métro chaque jour, ils voyaient des publicités bien plus choquantes que celle-là, mais qu'aucune ne leur avait jamais donné l'idée de porter plainte...


Jugement confirmé par la cour d'appel le 8 avril, après que la Ligue des droits de l'homme se soit portée partie civile pour défendre la liberté d'expression. Mais jugement finalement cassé pas la cour de cassation le 14 novembre 2006, qui déboute croyance et libertés de toutes ses demandes.


On avait eu chaud. D'abord, ce serait à la limite Léonard de Vinci ou ses « ayants droits » s'il en a qui auraient pu se déclarer offensés par le pastiche dont le tableau avait été l'objet. Il n'en a rien été. La Cène, elle, appartient à la culture universelle, et chacun doit pouvoir y voir ce qu'il veut. Les catholiques ne sont pas les derniers à prétendre que la bible appartient aussi au patrimoine universel, après tout. Dans la mesure où "ils l'offrent" à l'universalité, ils doivent renoncer à l'exclusivité de sa lecture.


Ensuite, en déclarant que le pastiche du tableau constituait une injure, le tribunal instituait un « délit de blasphème », chose qui n'entre pas dans les compétences de la justice de la république. Cela équivalait à ouvrir la porte aux intégristes de tous poils, et dieu sait à quel point certains en sont pourvus, pour voir des blasphèmes partout et faire interdire tout et n'importe quoi au prétexte qu'ils se sentent injuriés.


Et enfin, dans tous ces débats, la parole n'est jamais donnée aux agnostiques et aux athées, qui sont pourtant les plus nombreux, au corps défendant des instances juridiques reconnaissons le, attendu que les intéressés ne disposent pas d'associations représentatives suffisantes et crédibles. (à preuve les « partenaires » du Conseil de l'Europe désignés dans le billet précédent n° 170.)



Si le Danemark, qui est un royaume, a eu une réaction républicaine forte à l'affaire des caricatures, (qui sont maintenant exposées au Musée des médias d'Odensee!! chuut, faut pas le dire trop fort!) , la France redevient l'otage de convictions personnelles avec cette affaire de divorce à la Lilloise.


Une nouvelle fois, on a oublié que la justice n'était pas là pour appliquer les prescriptions du coran ni de l'évangile, mais pour appliquer la loi de la République. Laquelle ne stipule nullement que la virginité est « une qualité essentielle » pour signer un contrat de mariage.


Et pourquoi ne le stipule-t-elle pas? Parce qu'on ne saurait avoir d'exigence différente suivant que le citoyen est un homme ou une femme. Les citoyens sont égaux: ce qu'on demande à l'un, on doit aussi le demander à l'autre. Stop! Tout est dit, le reste n'est que verbiage et engueulade de comptoir.


On est toujours dans la même démarche avec le mariage homosexuel. La justice doit-elle demander à un citoyen avec qui il couche avant de lui accorder le bénéfice de la loi de la république? Le mariage homosexuel n'est pas un problème de mariage, mais un problème d'égalité républicaine: une seule et même loi appliquée de la même manière à tous les citoyens.


Laissons aux anglo-saxons les affres des pipes de Clinton et des coups de fouets de Mosley. Sinon, on verra revenir les scènes vécues dans les états du sud des USA et en Afrique du Sud jusqu'en 1950 où la police pénétrait nuitamment dans les maisons en fracassant les portes dans l'espoir d'y surprendre deux hommes enlacés dans le même lit.


Lorsqu'on ouvre certaines portes, on a souvent du mal à les refermer. Alors, respectons cette barrière infranchissable entre la vie privée et la vie publique, qui permet de prospérer à un état de droit dont nous pouvons être fiers.


Oui, il faut un minimum de force de caractère pour vivre dans un état de droit. Alors, ne donnons pas le pouvoir aux faibles.






Le divorce de Lille


P.S.: J'ai ce soir des détails sur cette affaire que je donne au conditionnel, même si je considère mes sources comme très sérieuses. Elle changent l'allure du débat:


La justice de la république n'avait pas à entériner une exigence religieuse: soyons rassurés: elle ne l'a pas fait.

Le mari a bien porté plainte comme il a été dit. (conditions substantielles)... Mais... Le mariage était arrangé et la mariée n'était pas consentante.

Elle s'est donc empressée d'acquiescer le jugement pour se délivrer plus vite de la situation.

Dès lors, le juge n'avait plus rien à trancher. Il avait le choix entre renvoyer les parties pour un divorce à l'amiable, ou entériner l'accord qu'on lui présentait.

Le divorce avait l'inconvénient d'être une nouvelle procédure à recommencer du début, il prolongeait le mariage d'autant et exposait les parties à de nouveaux frais.

Aussi, pour arranger tout le monde, le juge a-t-il entériné l'accord des parties. C'est une petite liberté prise avec la déontologie, mais ce n'est pas une faute. C'est là que les choses se compliquent.

L'avocat du mari, sans doute aidé de quelques organisations religieuses, claironne une grande victoire avant que la décision ne soit définitive. (le délai d'appel est d'un mois et aucune des deux parties n'avaient envie d'interjeter appel...)

La presse s'empare de l'affaire dans la forme des déclarations qui lui sont faites, et sert la soupe à l'opinion publique dans le sens de la crainte de l'irruption des préceptes religieux dans la justice laïque. C'est donc un vrai débat basé sur des informations inexactes...


La morale de cette histoire: si on pouvait annuler un mariage pour des promesses non tenues, on devrait aussi pouvoir annuler une élection pour la même raison...
Non?



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