samedi 24 octobre 2015

517° Morts pour un péage d'autoroute ?





Depuis deux jours, radios et télés multiplient des « éditions spéciales » sur l'accident de car de Puisseguin. Ce qui les oblige à un insupportable rabâchage de banalités.

Oui, il y a eu un accident épouvantable, une catastrophe routière. On n'aide sans doute pas les proches des victimes à faire leur deuil en les entourant de meutes de photographes crépitants et de journalistes qui tendent des micros pour écouter leurs sanglots jusqu'à l'épuisement. Ce n'est pas parce qu'il faut remplir des heures d'antennes décrétées par « l'édition spéciale » qu'il faut harceler ces braves gens déjà frappés par le destin. Pourtant, c'est ce qu'on fait sans vergogne depuis deux jours...

Avant, quand il se passait quelque chose, on montrait le quelque chose. Maintenant, on interviewe jusqu'à plus soif le plouc qui a vu le plouc qui connaît le voisin de celui à qui le ministre a serré la main.

Alors, quand on a fini de les faire raconter leur misère, essoré la bonnette du micro pleine de larmes, qu'on a passé trois fois l'allocution du préfet, quatre fois celle du ministre, et également celles du procureur et du maire, et du député du coin qui est venu fort opportunément montrer sa binette, que va-t-on dire pour remplir les heures d'antenne qui ne supportent pas le vide ? Fallait pas faire d'édition spéciale, mais les concurrents l'ont fait, alors on l'a fait aussi. Maintenant, faut assumer.

La route ? D'abord, elle ne parle pas, et elle pleure encore moins. Pas médiatique. En plus, pas de chance, c'est une route de campagne comme une autre, plutôt en bon état, bien signalée. Le car ? Récent, en bon état. Zut…

Si : il y a bien quelque chose qu'on pourrait dire, un problème qu'on pourrait creuser, mais c’est défendu : ça pourrait faire de la peine au lobby des routiers. Parce que les routiers, quand ils ne sont pas contents, ils bloquent les routes, et que c'est très mauvais pour les sondages avec les élections qui approchent.

Le car faisait un trajet local, mais le camion ? Parti des Pyrénées, il rentrait dans la région d'Alençon. Un parcours de plus de 700 kilomètres… Alors posons la question qui fâche : qu'est-ce que le camion faisait sur une route de campagne alors qu'il aurait pu prendre en toute sécurité l'autoroute toute proche ??? Mais chuut ! L'information doit être rassurante, lénifiante, fluide. Pas de cactus, pas de mise en cause. On met un lampiste en cause à la rigueur, on sacrifie un bouc émissaire. Mais pas l'Institution… Pas le système… Restons convenables, voyons.

Ouvrons donc la boîte de Pandore. Il n'y a que comme ça qu'on avance. Les questions sont multiples.

Il se pourrait donc bien que 42 personnes aient perdu la vie pour qu'un routier puisse économiser les deniers du péage….. Voilà, c'est dit, maintenant, on défriche en cercles concentriques.

D'abord, le principe même du péage : la sécurité pour les plus riches. N'étant pas de ceux-là, et possédant une voiture hybride qui consomme très peu en trajet conventionnel, je prends souvent les routes au lieu des autoroutes. Et sur ces petites routes campagnardes, que j'aime aussi pour leur charme, on trouve des cohortes, des colonnes, des armées de camions étrangers, des machins pleins de roues à long rayon d'action, portugais, espagnols, allemands, tchèques, lituaniens, ukrainiens, bulgares, qui roulent à tombeau ouvert pour faire leur voyage sans payer l'autoroute. Plusieurs fois, je me suis retrouvé avec deux roues dans l'herbe pour éviter un monstre qui fondait sur moi en engloutissant la route sur toute sa largeur.

Alors  questions:

Pourquoi la voie publique n'est-elle pas gratuite partout ? Les camions emprunteraient l'autoroute par facilité et n'écraseraient plus les petites autos et les usagers locaux.

Si l'autoroute doit absolument être payant, pour que les financiers qui nous gouvernent puissent s'enrichir au-delà du nécessaire, pourquoi son usage n'est-il pas obligatoire pour les camions « voyageurs » qui font de longs trajets ? (90 % d'entre eux…).

Interdire les petites routes aux gros camions. Trop logique pour être envisageable? Encore cette allergie de la technocratie pour la logique?

Et enfin pourquoi continue-t-on à tolérer que les camions roulent si vite, alors qu'on ne peut pas faire un jour de route sans en voir un plié en portefeuille en travers de la route, ou versé dans le fossé, bien heureux s'il n'a pas écrasé quelques petits usagers en terminant sa course ?

Là, il y aurait de quoi faire une édition spéciale. Mais nos édiles seraient bien embêtés pour répondre. C'est plus facile de prodiguer des condoléances que de s'attaquer aux problèmes qui fâchent. Les routiers, ça bloque les routes, et de plus en plus dans ce pays, quand on casse et qu'on bloque les routes, on obtient satisfaction. Au point que parfois, une simple menace…

Circulez braves gens, il n'y a rien à voir, que des chapelles ardentes, des cérémonies familiales livrées à la diffusion nationale, des chagrins privés étalés sur la place publique, des autos écrabouillées, des discours de circonstance. L'information, quoi.

Les vrais problèmes ce sera pour une autre fois.





mercredi 14 octobre 2015

516° Le Vatican toujours homopĥobe, en dépit des apparences.






Dès le début de son mandat, le pape s'était lancé dans l'intox. « Qui suis-je pour juger? » [les homosexuels] avait-il dit aux journalistes.

C'était oublier un peu vite que quelques mois plus tôt, avant d'être projeté sous les feux de la scène vaticane, Bergoglio s'était rendu célèbre dans son pays, l'Argentine, pour avoir été le leader de la coalition anti-mariage gay. Lequel avait quand même été voté en mai 2010. Nous, on avait Frigide Barjot, eux, ils avaient l’archevêque Bergoglio. On fait avec ce qu'on a.

L'alors archevèque de Buenos Aires s'était dépensé sans compter pour faire échouer le vote de la loi, désignant ses partisans comme « Le mouvement du diable » (La movida del demonio) et qualifiant leurs intentions "d'attaque destructrice délibérée contre les intentions de Dieu".

Il avait organisé des prières dans toutes les églises du pays et avait fait le tour des radios et télévisions pour avertir les pauvres argentins de l'apocalypse qui les attendait. Il en profitait – du temps qu'il tenait le micro- pour vilipender pèle-même le mariage des prêtres, la légalisation de l’avortement, le contrôle des naissances, l’ordination de femmes, et le droit octroyé aux transsexuels de se faire reconnaître par l'état civil.




Ne nous attendons pas qu'il sorte grand'chose de positif pour les LGBT du synode sur la famille qui se tient actuellement à Rome. Outre que l'opinion majoritaire de l'assemblée est clairement homophobe, il est patent que les déclarations tiédasses du pape sur le sujet ne tendent qu'à vouloir faire croire aux médias admiratifs qu'il « aura essayé » de faire quelque chose. Plus on observe sa carrière « politico-ecclésiastique », plus on comprend qu'il ne souhaite en réalité aucune avancée dans ce domaine.

La preuve nous en est fournie par le soutien sans faille accordé par le pouvoir vatican à l’évêque de Coire, un petit suisse qui avançait pour doctrine à l'égard des homosexuels le passage du Lévitique (20/13) qui a provoqué tant de massacres au cours de l'histoire :  
 «Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils commettent tous deux une abomination. Ils seront punis de mort, leur sang retombera sur eux».




Une association suisse a porté plainte contre lui pour « incitation au meurtre ». Le ministère public du Canton des Grisons vient de déclarer la plainte sans suite, affirmant que l'incitation publique au crime ou à la violence (article 259 du Code pénal suisse), n'était pas clairement établie dans cette déclaration publique. (L’évêque avait prononcé ces paroles lors d'un discours devant un parterre catho intégriste à Fulda en octobre 2014.) 

Que faut-il à la justice suisse pour entendre cette déclaration comme une incitation au crime ou à la violence ? Justifier l'exécution des homosexuels, ce n'est pas du pousse-au-crime ? Il n'y a pas un peu le feu au lac, là ? L'association plaignante Pink Cross a fait appel de cet abandon inique.

Pourtant, tout porte à croire que l’évêque a eu très peur d'être condamné : depuis des mois, il se confondait en excuses maladroites, en « j'ai été mal compris » et autres « c'est pas moi msieur le juge ». A croire que de puissants soutiens ont pu lui éviter une condamnation que lui même semblait estimer inévitable…




On reproche aux jihadistes de prendre à la lettre des textes d'un autre âge, force est de constater que ce Monseigneur Vitus Huonder fait exactement la même chose. Le problème est que si on poursuit impitoyablement les premiers, on continue à baiser la bague du second avec la même obséquiosité.

Pire, son patron, le Vatican, se garde bien de le désavouer, et encore plus de le sanctionner. Tout au plus, la conférence des évêques suisses s'est-elle fendue d'une déclaration à la Ponce Pilate : « Les déclarations de l’évêque de Coire n’engagent que lui et ne reflètent pas les positions de l'église suisse ». Positions sur le sujet qui n'ont d'ailleurs jamais été exprimées et qu'on s'est bien gardé de préciser malgré l'occasion qui s'offrait.

Ajoutons à ce portrait édifiant d'homophobie en action le refus du Vatican d'accréditer le nouvel ambassadeur de France au regard de son homosexualité. Avec un petit coup de chapeau à la résistance passive de l'Elysée qui, devant cette discrimination officielle, a décidé de ne pas nomme d'autre ambassadeur à la place du recalé et de laisser la chaise du représentant français vide en signe de protestation.


Allez en paix.