dimanche 25 avril 2010

325° Quand "On n'est pas couché" se couche.


J'ai bouleversé mon samedi soir pour ne pas manquer « On n'est pas couché », l'émission de Ruquier que je ne regarde pourtant plus guère tant elle devient au fil du temps une tribune publicitaire permanente, et ou les duettistes Zemmour-Naulleau, les Laurel et Hardy de la mauvaise foi, s'entendent comme larrons en foire pour démolir tout ce qu'on leur montre dès lors que l'auteur qui se risque à les affronter prétend pouvoir paraître plus brillant qu'eux, ce qui n'est pourtant pas difficile.


Hier soir, l'émission recevait -entre autres- Caroline Fourest, journaliste, écrivain, chroniqueuse au Monde et à Libé, grande militante de l'égalité des droits, de la laïcité, des droits des femmes et des droits LGBT, co-fondatrice de Prochoix.

Il faut revenir un peu en arrière pour comprendre le déclic du débat. Il tourne autour de Tarik Ramadan, personnage un peu sulfureux, -beaucoup même!-, petit fils du fondateur des Frères Musulmans, considéré par ses adeptes comme un penseur islamiste de haute volée, et par ceux qui l'étudient de près, comme Caroline Fourest, comme une taupe de l'intégrisme.

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Parce que, quand on étudie Ramadan de près, on ne manque pas d'arguments: Ainsi par exemple, consulté sur sa position face à la lapidation des femmes prônée par la charia, Tarik Ramadan ne plaide pas pour son interdiction définitive, mais seulement pour un moratoire. Le temps de ramasser des cailloux, peut-être? Le temps, dit-il, de faire changer une tradition ancestrale. Heureusement que face à l'anthropophagie, on s'y est pris autrement!

Il y a quelque temps, Tarik Ramadan publiait un livre, « Mon Intime Conviction », et faisait à ce titre le tour des rédactions et des émissions promotionnelles. Après être passé comme une lettre à la poste chez Franz Olivier Gisbert, Tarik Ramadan s'expliquait devant le trio Ruquier-Zemmour-Naulleau sans rencontrer la moindre opposition et défendait ses convictions à facettes dans le confort d'un salon mondain.

Après avoir donc enfariné dans la plus sereine mondanité « Vous aurez le dernier mot » et « On n'est pas couché », pressé par la critique, il finissait par céder à l'invitation publique de Frédéric Taddéi, dans « Ce soir ou jamais », qui le confrontait avec Caroline Fourest. Laquelle s'intéressait au bonhomme depuis si longtemps qu'elle lui avait consacré un livre "Frère Tarik" .

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Voici cette émission du 17 novembre 2009: (elle est en quatre parties):



Tariq ramadan chez taddei (1/4)
envoyé par mogicco. - L'info video en direct.Lien

2° partie:

http://www.dailymotion.com/video/x76d9y_tariq-ramadan-chez-taddei-2-4_news


3° partie:

http://www.dailymotion.com/video/x76dge_tariq-ramadan-chez-taddei-3-4_news

4° partie:

http://www.dailymotion.com/video/x76dl7_tariq-ramadan-chez-taddei-4-4_news


Caroline Fourest a consacré des mois d'étude à Tarik Ramadan, à son action, ses discours et sa dialectique. Tarik Ramadan est un redoutable débatteur, un interlocuteur brillant et plein de repartie. C'est néanmoins la seule émission où je l'ai vu tenu en échec.

Après ce petit tour de paysage, Ruquier recevait Caroline Fourest pour son nouveau livre, co-écrit sous forme de dialogue avec la féministe-réfugiée iranienne Taslima Nasreen. Voici son passage à cette émission, en deux parties. Il y en a pour 35 minutes, mais le jeu en vaut la chandelle.



Caroline Fourest vs Zemmour & Naulleau 1 [ITV] Onpc 240410
envoyé par peanutsie. - L'info video en direct.



Caroline Fourest vs Zemmour & Naulleau 2 [ITV] Onpc 240410
envoyé par peanutsie. - L'info video en direct.

Ce que je retiens, c'est que Zemmour, qui ne s'est jamais mouillé que dans sa baignoire, traite Caroline de rebelle de salon, très précisément de « rebellocrate conformiste » en jargon zemmourien. Je vous laisse apprécier ça, et bien d'autres choses dans la première vidéo.

Dans la seconde, elle a affaire à Naulleau, qui, supposé de gauche, devrait accueillir avec faveur une militante aussi assidue de la laïcité, des droits de l'homme et et des libertés individuelles. Que non! Prenant sans cesse le contrepied de Caroline malgré la connaissance qu'elle a de ses dossiers -notamment à propos de Ramadan, qui devient très vite la pierre d'achoppement du débat-, et bien qu'ayant trouvé « qu'elle s'était fait démonter comme un puzzle » par ce dernier lors de son émission chez Taddéi, il finit quand même par se retrouver le dos du mur. Et quand Naulleau est le dos au mur, il mord à la culotte. Je ne vois pas toutes les émissions, mais c'est quand même la seconde fois que je le prends en flagrant délit:

La première fois, l'émission recevait Sliimy, un jeune chanteur qui a plus de choses à dire qu'il n'y paraît, et qui sait très bien les dire. A Naulleau qui se plaignait de ne pas comprendre grand'chose à sa musique, Sliimy répondait fort à propos que Naulleau n'était pas le type d'auditeur auquel il avait songé en composant son album. Et là, Naulleau avait montré les dents: « et dans cette chanson, est-ce vraiment utile de mettre votre homosexualité en avant pour... »???

Hors hier, même scénario: à 9'15'' de la seconde vidéo, exaspéré et à courts d'arguments, Naulleau jette sur la table le lesbianisme de Caroline Fourest. Certes elle en parle dans son livre tout comme Slimmy en avait parlé dans sa chanson, mais ce n'est pas pour qu'un journaliste supposé éclairé l'instrumente contre elle! Naulleau a, comme cela, des réflexes de survie lorsqu'il perd le contrôle du débat et trouve plus savant que lui, qui révèlent des problèmes personnels bien pire que ceux qu'il prétend détecter chez les autres.


Voilà un monsieur qui se donne des airs de grand humaniste de gauche, mais la flèche homophobe est toujours prête à partir sitôt que sa stature est menacée par un interlocuteur qui a de la repartie. Une fois, on aurait pu dire qu'il avait mal dormi, mais deux fois, c'est pavlovien...

Car faire état de son homosexualité dans ses travaux, outre le courage que cela implique, c'est jouer l'honnêteté, et aussi déjouer la perversité d'adversaires indélicats, dont les éventuels coups bas tombent à plat.. Même Ramadan ne s'y était pas laissé prendre dans son face à face avec Caroline, Naulleau, ce grand donneur de leçons, lui, est tombé dans le panneau.

Je sais bien que la nullité est un argument de poids pour faire de l'audience à la télévision. Si d'aucuns en doutaient encore, la victoire de Mickael Vendetta à la Ferme en Afrique du Sud en constitue la démonstration définitive. Mais il reste tout de même une tradition d'émissions de qualité sur le service public, comme sur Arte. Ruquier y a-t-il renoncé?


Va-t-il définitivement basculer dans le people et la flatterie de la crétinentsia, préparer la réceptivité des cerveaux à la publicité, ou essayer de revenir à une qualité d'émission qu'il sait pourtant faire, on l'a vu à l'œuvre jadis. Il est vrai qu'à l'époque, il n'était qu'animateur, maintenant il est producteur. Comme on change...




vendredi 23 avril 2010

324° Adieu, Jean Le Bitoux.







Jean Le Bitoux nous a quitté cette semaine, emporté à 62 ans par la maladie. Personnage phare des luttes LGBT depuis quarante ans, il a joué un rôle décisif dans l'histoire de nos libertés.

Sans doute notre quotidien gay de 2010 ne serait-il pas aussi enviable sans l'action médiatique, politique, associative, personnelle, militante qui fut la sienne depuis mai 68. Jean à consacré sa vie à nos libertés.

Il se trouvait à l'amphithéâtre des Beaux Arts, au FHAR, (Front homosexuel d'action révolutionnaire -1968-73) dans les mois qui ont suivi mai 68. C'est là que je l'ai remarqué: ses prises de position, ses déclarations, ses idées en feu d'artifice éclairaient un monde militant balbutiant qui avait tendance à se perdre dans une immensité libertaire associative où tout était à inventer. Et en plus, il avait un charme fou...

Les associations de l'époque, que ce soit le FHAR ou les GLH se noyaient dans le paradoxe de la nécessité d'une organisation au service du libertaire. Le FHAR a été chassé de la rue Bonaparte par les CRS au moment où il allait exploser. Sa qualification de révolutionnaire ne faisait pas l'unanimité, et déjà, on se bousculait pour en prendre la tête et y imposer ses idées. Il en résulta les GLH (Groupe de libération homosexuelle), institutions locales, qui portèrent la bonne parole hors de Paris et brisèrent pour la première fois l'isolement des homos de province en essaimant dans quelques grandes villes. Mais il en fut des GLH comme de bien des associations à but ouvert: elles ne tardèrent pas à se diviser en plusieurs tendances qui délayèrent leur action dans des querelles internes.

Jean le Bitoux était partout, de tous les combats, sur tous les fronts, rassemblant, unifiant inlassablement un tissu associatif qui se liquéfiait pourtant au fur et à mesure entre ses doigts. Là où j'étais soldat, il était capitaine, là où je peignais des banderoles, il organisait les manifs. Jean avait toujours le regard synthétique, le talent d'organisateur, l'autorité naturelle qui lui faisait peur à lui-même, la vision globale qui rassemblait les actions et les bonnes volontés.

Lorsque je publiai timidement un livre, en 1979, il fonda une revue! Gai Pied. La première revue gay européenne d'après guerre, qui devait durer treize ans, et même continuer sans lui après 1984, préférant le consumérisme au militantisme à une époque où il restait encore tant à faire....

Nous devons à Têtu une page rassemblant l'essentiel du contenu du numéro un de Gai Pied. La première page, à côté de l'éditorial, rappelle les triangles roses et la déportation, suivi d'un article de Michel Foucault!
Déjà les gay paraissaient sur les listes électorales des écolos, on y trouve une critique du Tricks de Renaud Camus, et on salue la sortie de l'Ile Atlantique, de Tony Duvert, avec la seule photo de Duvert souriant que je n'ai jamais vue. A voir aussi page 12 une caricature de mollah, passée inaperçue à l'époque!
Tony Duvert à qui j'ai rendu hommage sur ce blog à son décès en août 2008...

Après Gay Pied, Jean Le Bitoux participa activement à Aides, puis s'investit dans la création d'un centre d'archives gay, avec le soutien de la Mairie de Paris.
On le retrouve partout, dans l'organisation de la Gay Pride, à Aides où il fonde « Le journal du Sida » dont il sera le premier rédacteur en chef, il participe à l'association « Les oubliés de la mémoire » - - auxquels il consacre un livre, qui perpétue le souvenir des déportés au triangle rose. Il est président-fondateur du Mémorial de la Déportation homosexuelle. - - A ce titre, il co-écrit avec Pierre Seel « Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel ».



Lorsque j'étais adolescent, le seul adulte de ma vie de jeune homo était précisément un rescapé de Flossenbourg, un homme dont la vie avait été brisée à 20 ans par la déportation pour homosexualité et qui ne pouvait, après son retour dans un état de santé pourtant précaire, réclamer à aucun titre le moindre dédommagement, la plus petite réparation. C'est à cet homme, le seul plus âgé que moi que j'aie jamais aimé, que je dois d'être devenu... l'homme que je suis. Mais un blog qui parle de son auteur est un blog raté. C'est la société et les hommes qui la font qui est intéressante, pas ma petite existence.

J'ai revu Jean Le Bitoux de loin en loin aux détours de la vie militante, et pour la dernière fois il y a quelques mois au dîner d'une association où je m'active et dont il était l'invité. Je l'avais trouvé brutalement vieilli, même s'il n'avait rien perdu de son humour, de sa joie de vivre communicative et de sa vivacité. Se sachant certainement condamné à courte échéance, il nous avait néanmoins exhorté avec fougue à la poursuite d'une bataille contre l'obscurantisme et la réaction, une bataille dont il a toujours su qu'il ne verrait pas la fin.

Voici une petite vidéo qui relate les conditions de la situation des homos en 1979 et de la militance de l'époque. A la fin passe un couple d'amants.. Le plus petit des deux garçons, celui tout en noir. c'est Jean. Jean à l'époque où je l'ai connu.


1979 Jean Rossignol Antenne 2 "ces hommes qui s'aiment" avec
envoyé par jeanrossignol. - Les dernières bandes annonces en ligne.


A cette époque, l'homosexualité était un sujet de faits divers. Grâce à quelques hommes comme lui, les droits des gays sont devenus un enjeu politique. Merci, Jean.





Pour terminer ce billet comme Jean aurait aimé, en rigolant, permettez moi de vous suggérer une lecture pas sérieuse. Une fantaisie pornographique dont quelques pages (72 et suiv, 199 et suivantes), sont des pamphlets antisarkoziques hautement corrosifs. Ça se laisse lire... Certains même le liront d'une main.

Harry Poppers et le secret de l'arôme interdit

d'un certain AS Steelcock, aux éditions H&O, en vente dans toutes les bonnes librairies, dont les Mots à la bouche, et même peut-être aussi dans quelques mauvaises.



Dernière minute: Amis de la "racaille sodomite", si vous voulez savoir à quoi les militants LGBT doivent faire face quotidiennement, prenez une bonne bouffée d'oxygène et allez lire ça... jusqu'au bout!

La dernière goutte est la meilleure!

Harry Poppers et ses dragons, à côté, c'est de la gnognote! Ce sont eux qui nous traitent d'extrémistes et de lobbyistes! Ce doit être chez eux comme chez les vampires: il n'y a pas de miroir!

Et si on creuse: sur le premier lien, on trouve un grand merci à un second lien... Allons le voir..

Et là, que voit-on? "Certains homosexuels parlent de venir armés".... Ce qui est non seulement faux, mais grotesque et ridicule.
La preuve: à la ligne du dessous, on peut télécharger un fichier .pdf très instructif: Le petit manuel de la garde à vue !

Ce qui est bien la preuve de la forfaiture: Si les anges de e-deo ont peur "que les homosexuels soient armés", ils n'ont rien à craindre, eux, les anges, d'une garde à vue! Ce sont les méchants agresseurs armés qui seront interpellés..

Alors à quoi bon toutes ces précautions?






mardi 20 avril 2010

323° Le grand Paris va tuer le vrai Paris.



Des extrémistes islamistes ont pris le contrôle de tout le sud de la Somalie, y compris Mogadiscio, la capitale. Ah, vous ne saviez pas? Pourtant, c'était il y a trois ans. Il existe bien un gouvernement somalien, mais l'autorité au quotidien dans le sud du territoire est exercée par des milices armées qui contrôlent tout sous la menace.

Non seulement ils ont fermé les cinémas, mais ils ont aussi interdit de regarder des films à la télévision. Les milices passent dans les maisons contrôler la bonne observance de leur oukaze, saisissent cassettes et DVD, et distribuent des coups de fouet aux receleurs de musique. Seule l'information sur AlDjazirah est autorisée....

Or la Somalie ne possède pas de radio ni de télévision nationale. Les Somaliens, ne peuvent donc s'en remettre qu'aux radios privées et aux télévisions émettant par satellite.La dernière idée des islamistes est donc d'avoir interdit toute musique sur les radios privées, qui sont les seules voix de Somaliens parlant aux Somaliens. Eux-mêmes ne se soucient pas de posséder une station de radio, ils se contentent de contraindre à leur service celles qui existent. Ils inspectent même les rares téléphones portables lors de contrôles inopinés, et punissent de coups de fouet quiconque se serait avisé d'y télécharger un mp3. Même les sonneries des téléphones ne doivent pas être « musicales » ! ! !

La menace doit tout de même être sévère puisque le 18 avril 2009, il y a un an, l'unanimité des 340 députés y a voté l'application de la charia alors qu'une bonne moitié d'entre eux s'y déclarait opposée quelques semaines plus tôt...

Mieux: traditionnellement, dans un pays dont beaucoup d'habitants ne possèdent ni montre ni pendule, les écoles avaient l'habitude d'appeler les élèves aux cours avec une cloche. Interdit: le son de la cloche rappelle trop celui des églises. C'est le muezzin qui se chargera désormais de battre le rappel. Un autre son de cloche, en quelque sorte.


En France, nous n'avons que la loi sarkozique, dont les grotesques caprices ont réussi à transformer en buzz planétaire des ragots de comptoir sur une supposée zizanie du couple. (en plus, supposé ou non, on s'en fout!!!) Par contre, le son de cloche, nous l'avons à la télévision, lorsqu'en vadrouille surprise dans le 9-3, le petit excité nous promet « une fermeté absolue » contre les vandales qui carbonisent nos autobus. On frémit à l'idée du laxisme de ses prédécesseurs, notamment un certain Nicolas S., ministre de l'intérieur dès 2002, qui avait laissé tous ces nids de vandales prospérer impunément depuis des années.


En attendant, on joue à cache cache avec de facétieux nuages de cendres, invisibles pour les yeux comme la beauté de Saint Exupéry, qui encrassent les moteurs des F16 de l'OTAN mais pas ceux des airbus des compagnies aériennes. Un nuage à encrassement sélectif, et à visées pacifistes de surcroît, puisqu'il escagasse les dispendieux avions de guerre tout en ménageant les aéronefs productifs.

Grâce à lui, les Polonais ont enterré entre eux leur président réactionnaire, nationaliste, moyenâgeux et homophobe. Il n'y avait pas grand monde pour assister à son installation contestée dans le caveau des grands de Pologne, et c'est aussi bien.


Et pendant ce temps, l'homophobie ordinaire vit des jours tranquilles au bois de Vincennes, où les gardes à cheval crapahutent laborieusement dans d'inextricables ronciers dans l'espoir d'y dénicher quelques sodomites en état de péché pendant que des hordes de scootéristes, sur les grandes allées, slaloment entre les enfants et les personnes âgées dans la plus parfaite impunité.

Aïe. Je vois aux infos qu'un multirécidiviste a tué une jeune fille dans la Drôme. Comme on a déjà légiféré et surlégiféré contre les récidivistes, nos édiles répressifs n'ont plus d'autres solution que de s'en prendre à l'auto-stop. Ça ne va pas aider aux vacances de tous ceux qui ont cru que travailler plus leur ferait gagner plus... Faut être con, aussi!


Et puis il y a aussi cette histoire de Bertrand de Paris qui veut fermer les voies sur berges. On a déjà tué Paris une première fois en en chassant les vrais Parisiens, les Parigots, avec la hausse de l'immobilier, le remplacement de l'habitat populaire par des immeubles de luxe et de bureaux.

Il faut avoir connu comme moi Paris dans les années 60 pour savoir ce qu'on a perdu: la Bastoche, Belleville, Ménilmuche, la Contrescarpe et Saint Germain des Prés, la convivialité de la rue, les bistrots chers à Jean Marie Gourio, les artisans de toutes sortes, quatre cents cinémas, des dizaines de bals et de théâtres, les cabarets et autres lieux d'amusement, le bar de Gloria Lasso rue Guisarde, le restaurant de Jean Marais rue Bernard Palissy, celui de Jean Marie Proslier rue Sainte Croix de la Bretonnerie, et plein d'autres.


Maintenant, les cinémas sont devenus MacDO, les cafés des magasins de fringues, tout comme les petits restos de la rue Grégoire de Tours, et sur google Maps, on voir Joël Robuchon à la place du Père Etienne, une librairie à la place du Vieux Casque et un institut de beauté à la place du Fiacre.


En empêchant les banlieusards d'y venir, on va porter le coup de grâce à l'agonisant. Car avec ses deux millions d'habitants, Paris n'a pas les moyens de faire tourner ses trente cinq théâtres rescapés, ses quarante cinémas survivants et tous les bons petits restos d'ambiance qui essaient de survivre en évitant le touriste qui arrose sa sauce gribiche au coca-cola et accompagne sa blanquette de veau d'un café au lait tiède.


Les bobos qui croient qu'ils vont pouvoir associer impunément la tranquillité d'une vie de province à l'agrément d'une capitale vont déchanter: déjà, l'aura culturelle et médiatique de Paname tend à s'effacer au profit de Londres et de Berlin, et les noctambules affirment que la "nuit parisienne" n'est plus que l'ombre d'elle-même...

Une ville appartient à ses citadins, une capitale à son peuple. Et pour que le pays vienne, il faudrait qu'il puisse le faire avec des transports en commun propres et sûrs, qui permettent d'aller dîner après le théâtre, aillent partout à toute heure dans de bonnes conditions et desservent intelligemment les banlieues. Autant dire tout ce qu'on n'a pas.

Car les banlieues « nanties », celles qui apportent l'argent, sous souvent encore plus mal desservies que les autres: on a multiplié métro et autobus vers les cités dortoirs pour ne jamais manquer de balayeurs, serveurs, vendeuses et autres esclaves dans les commerces et les quartiers riches, mais tout est calculé pour que les périphéries bourgeoises ne soient accessibles qu'en voiture. Ça sélectionne l'habitant...Car la banlieue populaire vient à Paris essentiellement pour y travailler, pas pour y dépenser l'argent qu'elle n'a pas... Quand la manne tarira, elle ne viendra plus...

En appliquant ces restrictions de circulation à Paris, on le tue: Tous ces braves gens viendront en voiture ou ne viendront pas. On va donc transformer les quartiers encore animés en petites villes de province, avec des rues endormies entre deux rangées de maisons grises, et un petit souffle de vent qui soulève quelques feuilles entre les rares voitures au repos. Le seizième arrondissement est déjà bien parti pour ressembler à ça, mais de grâce, épargnez le reste! Laissez nous un Paris vivant, même avec quelques voitures.





mercredi 14 avril 2010

322 L'incurie romaine.



La bête vaticane est aux abois.

Depuis la multiplication des grosses mains dans les petites culottes, l'institution est le dos au mur et se défend avec le pitoyable et hargneux désespoir d'un malfrat sur le banc des accusés.

Il y a quelques jours, un obscur prédicateur, qui pérorait tout de même à Saint Pierre de Rome, avait comparé les reproches adressées aux « faites ce que je dis, pas ce que je fais » à des attaques antisémites. Cacher l'horreur derrière l'énormité.


Avec un mauvais goût tout aussi affirmé, le numéro 2 du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, a déclaré lors d'un voyage officiel au Chili que si nombre de prêtres sont pédophiles, ce n'est pas le résultat de leur célibat forcé, mais une conséquence de l'homosexualité.

Même Himmler, chargé par les nazis de déporter les homosexuels, n'avait pas songé à pareil amalgame. Le cardinal appelle au secours de ses thèses fumeuses « nombre de psychologues et de psychiatres » sans nous les citer. Sans doute sont-ce les mêmes sources scientifiques que l'église opposa jadis à Galilée, à Ambroise Paré et encore maintenant à Darwin.


Après pareille déclaration, ce n'est plus par l'indignation qu'il convient de répondre, mais par des mesures de répression.

Car l'indignation ne suffit plus face à l'usage abusif d'une autorité morale fondée sur l'obscurantisme et la crédulité, qui en mettant ainsi en cause les quelque cinq cent millions de citoyens homosexuels du monde, cautionne les exactions de milliards d'autres qui, dans près de cent pays, persécutent les homosexuels, les pendent, les vilipendent, les lapident, les lynchent, les interdisent d'existence...

Diable merci, le concert de réactions contre cette énormité est unanime: Toutes les associations, tous les édiles responsables, et même Alessandra Mussolini, petite fille de son grand-père (!) se sont indignés.


Déjà, après la campagne menée contre les préservatifs qui a largement contribué à la contamination de l'Afrique et de nombreux autres pays pauvres par le Sida, on devrait accuser le Vatican de crimes contre l'humanité et le traîner devant les tribunaux ad-hocs. Nombre de fous-furieux y ont été jugés pour avoir tué moins de monde que ça.


Alors, maintenant que tout le monde s'est indigné, on fait quoi?




vendredi 2 avril 2010

321° A vot'bon coeur, msieurs-dames...




Les retraites de base ont augmenté de 0,9% le 1° avril, et les retraites complémentaires de 0,72%, pendant que l'inflation, d'après l'INSEE, toujours peu alarmiste, atteindrait 1,31% sur les douze derniers mois, et même 1,5% pour le seul mois de mars écoulé, après avoir connu des pics à 3,3% non rattrapés début 2009...

C'est presque une injure. Je n'oserais pas, moi, donner 0,9% de n'importe quoi à un clochard qui tend la main. Eux, ils osent.


Le prix du gaz, lui, après avoir augmenté de 15% en 2008, sous prétexte qu'il était indexé sur le prix du pétrole, mais n'avoir pas diminué en 2009 lorsque le pétrole a diminué, vient d'augmenter de 9,5% le 1° avril alors que le pétrole n'a pas réaugmenté. Entre bons et mauvais prétextes, on en est à 25% en deux ans...


J'ai fait mes petits calculs: les 9,5% de cette année accaparent à eux seuls 60% de l'augmentation de ma retraite, et mes seules factures de gaz représentent une perte de 1,6% de mon pouvoir d'achat depuis 2008. Sans préjudice du reste, car il n'y a pas d'exemple, depuis que je suis à la retraite, d'année où l'augmentation de ma pension a compensé celle du coût de la vie.

Il y a tellement d'eau dans le gaz qu'il n'y aura bientôt plus de gaz...


Finirai-je sur la paille? Vais-je devoir ouvrir ce blog à la publicité pour pouvoir me chauffer tout l'hiver? J'ai encore quelques pavés de 1968 dans mon grenier, mais ils ont à mes yeux une valeur sentimentale, et j'espérais ne pas avoir à les utiliser...


Faites ce qu'il dit, pas ce qu'il fait...

Pendant de temps, le petit fâcheux va faire à l'université de Columbia des discours où, pour faire taire les opposants (ridicules, il est vrai...) à la loi sur l'assurance médicale promue par Obama, il proclame avec un sourire carnassier que « en France, c'est un problème qu'on a résolu depuis plus de 50 ans... »

Dommage qu'il ne nous tienne pas, à nous, les mêmes discours, lui qui ne rêve que de privatiser les assurances sociales, les retraites et autres prestations, ne cesse de dérembourser les médicaments, de libéraliser les lits d'hôpitaux, d'augmenter le forfait hospitalier et d'inciter les médecins à se déconventionner. Sans parler de la réduction des crédits alloués aux associations auxiliaires de la lutte contre le Sida.

Aux USA, il cite la France en exemple, en France il copie le vieux modèle américain. Il a oublié qu'on avait internet et la télévision?


D'ailleurs, du temps qu'ils ont la main dans notre portefeuille où tintent encore quelques piécettes, ils pensent sérieusement à augmenter la redevance télé, leur « taxe télécom » destinée à compenser l'absence de recettes dues à la suppression de la pub sur les programmes de TDF s'avérant incompatible avec la fiscalité européenne.


Pendant ce temps, on nous bassine avec « la modernisation du site internet de l'Elysée » qui s'inspirerait largement de celui de la maison blanche.

C'est compter sans la perspicacité d'un internaute qui a épluché les petites lignes , et révèle qu'en matière de copyrights et de droits de publication, L'Elysée a encore beaucoup à apprendre..


D'ailleurs, en matière de copyrights, s'ils sont forts pour pondre des lois Hadopi et Loopsi inapplicables, ils le sont beaucoup moins pour se conformer eux-mêmes à ce qu'ils prétendent imposer aux autres. Voilà l'UMP traînée sur le banc d'infamie du Tribunal et Paris, et condamnée à payer des dommages et intérêts pour utilisation d'images privées...


Pour couronner le tout, l'écologie, dont tout le monde se dispute les suffrages, semble de plus en plus un colosse aux pieds d'argile. Des spécialistes, qui ne sont pas plus cons que ceux du GIEC, viennent au secours des thèses d'Allègre, qui au fur et à mesure des explications et démonstrations, semblent de plus en plus réalistes.


L'étripatouillage électoral qui se prépare, où les écolos s'apprêtent à jouer les arbitres, risque de se jouer sur des mithes, voire de la désinformation. Et pendant ce temps là, la spéculation continue.