lundi 30 janvier 2006


15° Un miracle miraculeux

D’habitude, il fallait au Vatican plusieurs décennies, voire plusieurs siècles pour canoniser un bon soldat de dieu.

C’était comme les petits plats de nos grand’mères, ça mijotait longtemps. Mais voilà que le Vatican, soucieux de prendre en marche le train de la communication, qui est devenu un TGV, décide d’accélérer le processus.

Le jour même de la mort du pape précédent, des panneaux brandis place Saint Pierre dans le plus pur style CGT réclamaient sa canonisation immédiate. Feu !

Le nouveau pape, au deuxième jour de son pontificat, a affirmé voir entendu cet appel populaire et considéré cette accélération d’un œil favorable.

Un archiprêtre a donc été nommé président de la Commission d’enquête en vue de la canonisation expresse du défunt. Pour éviter les problèmes de langue et de susceptibilité, on a choisi un polonais, le père Slavomir Oder. Cette fonction administrative très particulière a un nom : le père Oder est « pater postulator ».

Soucieux de modernité, le postulator a donc ouvert un site internet destiné à recueillir les témoignages et éléments favorables à l’accomplissement de sa mission. Comme je ne suis pas sectaire, je vous en donne l’adresse :

www.vicariatusurbis.org/beatificazione

Vous avez peut-être un miracle à y soumettre ?

Il faut être patient. L’église a découvert internet, mais pas encore le haut débit. Le site ne met pas moins de dix minutes à se charger sur votre écran. L’image se dévoile millimètre par millimètres, comme aux premiers jours d’internet. Même sur la toile, l’église sait entretenir le mystère et apprendre la patience à ses ouailles… Il est vrai que ce média aurait été, il n’y a pas encore si longtemps, qualifié de diabolique, et ses adeptes purifiés par la flamme d’un bûcher.

Et évidemment, on a trouvé des miracles fort à propos pour remplir le dossier du candidat. Je vous fais grâce des détails. Je pense seulement que si le défunt avait su guérir les écrouelles, il aurait pu commencer par les siennes. Mais bon, là où passe la religion trépasse la logique. J’ai peut-être tort de raisonner trop carré.

Par contre, j’ai proposé qu’on retienne comme un miracle à grande échelle celle de la multiplication des cas de sida en Afrique, autrement plus impressionnante et vérifiable que celle des petits pains, et due à l’application des préceptes du défunt en matière de prophylactique et de prévention des maladies.

Là, il y avait des miracles à faire en matière de guérison, et c’est plutôt le contraire qui a été réalisé.

Il n’est pas sûr qu’on retienne ma suggestion dans le dossier de canonisation. Les voies de dieu sont impénétrables.

samedi 28 janvier 2006

14° Juste en passant…



Seuls deux pays membres de l’Onu n’ont pas signé la Charte Inter nationale des droits de l’Enfant : la Somalie et… les Etats-Unis. Même l’Iran (qui ne les respecte pas ) et le Yemen l’ont signée. La Corée du Nord est non signataire aussi, mais elle ne fait pas partie de l’ONU.

Le fameux amendement sur « le rôle positif de la présence française aux colonies.. et notamment en Afrique du Nord », dont l’auteur n’est autre, - je vous le rappelle-, que le tristement célèbre Christian Vanneste, récemment condamné pour propos homophobes, est en voie d’être annulé par le Conseil Constitutionnel à la suite d’une habile saisine de cet institution par Jacques Chirac.

De cet épisode, on ne peut guère signaler que la surprenante habileté de Jacques Chirac…On n’a pas l’habitude ! Sur le fond, on aurait préféré que les députés qui ont osé voté cette boulette fassent amende honorable et dénouent eux-mêmes ce qu’ils avaient noué. Puisque c’est hors de leur autorité que cet article va être annulé, force est de constater que l’opinion majoritaire de notre parlement est et reste favorable « au rôle positif de la présence française aux colonies ».

J’espère que les électeurs ne manqueront pas de s’en souvenir aux prochaines élections, surtout dans les banlieues où on s’est récemment beaucoup inscrit sur les listes électorales, et où les attaches aux « ex-colonies » sont nombreuses…

Quant à Vanneste, suite à sa condamnation pour propos homophobes, il a immédiatement reçu le soutien d’un autre homophobe de service de l’UMP, Jacques Myard, député de la 5° circonscription des Yvelines et maire de Maisons Laffitte.

Au nombre des récentes publications du sieur Myard, on trouve dans le Figaro du 4 novembre 2005, un article intitulé : « Assez d’angélisme, adaptons nos méthodes répressives sans mollir », dans « Société Civile », magazine de Maisons Lafitte dont il est le maire, en décembre 2005 : « Le droit de grève pour les fonctionnaires ? » (le point d’interrogation fait bien partie du titre), dans le Figaro du 25 mai 2004 « Non à la banalisation du meurtre » dans lequel il explique pourquoi il s’est associé au texte de proposition de loi demandant le rétablissement de la peine de mort pour les terroristes, dans VSD du 13 décembre 2001 « Après deux ans, le Pacs est-il un succès ? » -débat : oui pour Patrick Bloche, non pour Jacques Myard-, et encore dans la Croix du 15 octobre 2003 « L’esbrouffe des altermondialistes ».

Cet intéressant personnage est aussi l’auteur de la célèbre remarque « et pourquoi pas les zoophiles » lors du débat sur le PACS à l’Assemblée le 7 novembre 1999.

Voir le site actuel dédié à l’homophobie des députés. Il en existait jadis un beaucoup plus complet, mais il semble avoir disparu.

http://obspacs.free.fr/deputes.htm

mercredi 25 janvier 2006




13° Médiatisation de la cause homosexuelle


L'actualité est faite d'un étrange mélange d'horreurs et de grandes joies. Au nombre de ces dernières, il n'existe pratiquement plus d'un bulletin d'information radio ou télévisé d'où l'homosexualité soit absente, et chaque fois qu'on en parle, c'est pour la défendre ou pour en dire du bien. Cela fait toujours du bien à un vieux militant.

Certes, il y a bien les pendaisons en Iran, les lynchages au Nigéria et à la Jamaïque, mais même ces événements-là sont présentés comme des horreurs et suscitent des protestations officielles des pays civilisés. Civilisés depuis pas si longtemps que cela, puisque je me souviens fort bien de ce que pouvait être la présence médiatique de l'homosexualité dans le baby-boom d'après-guerre qui m'a vu naître.

Les rescapés des camps de concentration encore vivants étaient alors relativement nombreux, -- j'en ai connu un certain nombre étant enfant --, et ils travaillaient alors pour obtenir réparation par la société des horreurs qu'ils avaient subies. Tous, sauf les déportés homosexuels qui, comme Pierre Seel, -- mais il y en avait d'autres à l'époque --, préféraient taire leur déportation et se réinsérer dans le silence et la douleur au sein d'une société qui ne les aurait pas reconnus comme tels. Revendiquer leur déportation en tant qu'homosexuels équivalait pour eux à changer d'enfer, certainement pas à se reconstruire.

Je me souviens aussi de mes premières Gay Pride, de la toute première où nous étions quelques centaines, et où j'ai dû remettre mon casque de moto pour passer rue de Rivoli, au niveau de Saint-Paul, pour me protéger des projectiles que les habitants de certaines maisons jetaient sur notre maigre cortège. Je souhaite bien du courage nos amis polonais qui en sont aujourd'hui là où nous en étions il y a 25 ans.

Je me souviens aussi cette Gay Pride, qui quelques années plus tard, avait rassemblé quelques milliers d'entre nous, et où le spectacle de trois cents mètres de rue noire d’une foule homosexuelle m'avait donné les larmes aux yeux et permis enfin de croire que ces années de catacombes, de militance obscure, de travail ingrat dans des associations chaotiques, d'humiliation subies est jamais réparées comme le suicide explicite de plusieurs de mes camarades de classe, comme mon expulsion de mon logement pour homosexualité en 1970, portaient enfin leurs fruits.

Aussi, ma petite vie de retraité d'aujourd'hui est-elle parsemée de délices, puisque chaque fois que j'allume la radio ou la télévision, je constate la présence quasi quotidienne de l'homosexualité dans le tissu médiatique. Ici, on vient de reconnaître les couples gays, d’accepter de les marier, voire de leur conférer le droit d'adoption, là, le Parlement européen, à une large majorité, vote une résolution imposant la lutte contre l'homophobie qui mouche les mauvais élèves de l'Europe, renvoie au Moyen Âge les homophobes de tout poil et impose le respect de notre minorité à tout notre continent.

Et cerise sur le gâteau, on vient de condamner le député Vanneste ! Les institutions donnent tort à un député homophobe ! Ce qui paraît banal à un jeune d'aujourd'hui qui s'est approprié sans scrupule les libertés homosexuelles comme un dû en rejetant aux oubliettes les pauvres anciens auxquels ils les doivent est en réalité un événement de première grandeur. Il signifie clairement que le discours homophobe dans ce pays a définitivement perdu son statut d'opinion respectable et entre désormais au rayon des horreurs de l'inquisition et des régimes totalitaires. Certes, la liberté, au contraire de la pile Wonder, s’use lorsque l'on ne s'en sert pas, et il faudra presque autant de travail pour conserver cet acquis qu'il en a fallu pour l'obtenir. Restons vigilants ! Il demeure qu'une liberté maintenant reconnue par les tribunaux et les institutions parlementaires ne sera plus aussi facile à déboulonner…

Condamné à 3000 € d'amende, à quelques milliers d'euros d’indemnité aux associations plaignantes… Fort bien. Le principal, à mon avis, est ce qu'on le dit pas assez fort : l'imprécateur est également condamné à publier le jugement dont il est l'objet dans la Voix du Nord, l'Express et le Monde. C'est à mes yeux la partie la plus importante de ce jugement, les amende et dommages et intérêts ne sont que des sanctions administratives, l'obligation de publier le jugement dans la presse révèle la volonté des pouvoirs publics de faire évoluer les mentalités. Et ça, c'est notre victoire.

Sans doute l’inconscient ira-t-il en appel, voire en cassation, et sans doute même à la Cour Européenne, d'où il se fera jeter de la même manière. Le Parlement européen vient de voter une importante directive anti-homophobe, ce n'est pas pour que son tribunal se prononce dans le sens contraire ! Comme tous les irréductibles qui vont trop loin, il poussera son obstination jusqu'au contre-productif, déshonorera les idées qu'il a voulu promouvoir et deviendra à son corps défendant un des contre-exemples qui nous manquaient pour installer définitivement la lutte contre l'homophobie à l'aréopage des droits de l'homme.

Un petit mot sur « Brokeback Mountain »… Difficile sans raconter le film et gâcher l'émotion de ceux qu'ils ne l'ont pas encore vu. L'oeuvre traite avec un égal bonheur de l'amour hétérosexuel, de l'amour homosexuel et de l'homophobie. Elle constitue également un effroyable documentaire sur l'Amérique profonde, de ses conditions de vie à ses mentalités. Ce film réussit le tour de force de ne pas être antiaméricain tout en anéantissant le mythe de l'american way of life. À voir absolument… Sauf si vous habitez à Salt Lake City, dans l’Utah, où le film, malgré ses récompenses internationales, a été retiré de la programmation du « Megaplex 17 », 1256 Jordan Commons, 9335 S, St.Sandy le plus grand cinéma de Salt Lake, sur décision de Harry Miller, son propriétaire, pilier de la municipalité mormone qui préside aux destinées de la ville… A chacun son Vanneste…




mercredi 18 janvier 2006



12° L’art, l’enseignement et la pornographie.



Un proviseur de l'académie de Montpellier a été sanctionné par le ministère pour «photos et écrits à caractère pornographique».

Il tenait un blog dans lequel il relatait sa vie professionnelle et personnelle, certes sous un pseudonyme mais avec une photo qui permettait de l'identifier et la mention de sa fonction dans un lycée de Lozère.

Une commission paritaire nationale disciplinaire s'est tenue le 9 décembre et a jugé que le chef d'établissement devait être révoqué, qualifiant notamment le journal intime de «pornographique et obscène».

Si l'on prenait à la lettre la nouvelle telle qu'il est trop brièvement publiée dans certains médias, l'événement passerait sans doute inaperçu. Mais d'autres sources d'information donnent des détails plus précis, à la lumière desquels les choses ne sont pas si simples…

D'abord, le ministère pourrait commencer par vérifier dans les dictionnaires le sens des mots qu'il emploie : la « pornographie » est « la représentation d'actes sexuels ». Or il semble que dans le blog en question ne figurait aucune photo correspondant à cette définition, mais seulement quelques nus tels qu'on peut en voir dans les musées, et la photo du proviseur lui-même, couché sur le ventre, laissant apparaître son visage, ses épaules et ses fesses. Autant dire beaucoup moins que ne peuvent en voir des milliers d'enfants séjournant en famille sur une plage naturiste. Si une famille d’élèves avait rencontré son proviseur sur une plage nudiste, aurait-il été révoqué ?

La photo ci-contre représente-t-elle une œuvre d’art ? Comment ? De mauvais goût ? Parce que vous pensez que tous les goûts ne sont pas égaux dans la nature, qu’il en existe de bons et de mauvais, et que le vôtre est forcément le bon ? J’oubliais que vous être le meilleur conducteur, que vous possédez la meilleure voiture, que vous ne vous fournissez que dans les meilleurs magasins, et que vous souffrez de l’indifférence que vos semblables s’obstinent à témoigner à l’encontre de votre génie, de votre radieuse lumière et de votre immanente perfection…

Le proviseur, qui semble s'expliquer très volontiers et ne pas chercher à se cacher, affirme qu'il ne racontait nullement sa vie sexuelle, mais bien davantage son vécu quotidien de chef d'établissement, ses débats intérieurs face à certaines décisions difficiles à prendre, et d'autres sujets d'intérêt général qui, objectivement, élevaient son blog bien au-dessus de la moyenne de ce genre de publication dont la portée ne va généralement pas au-delà de l'exhibition de la voiture de leur auteur et de la multiplication des photos de leur chanteuse favorite….

Cela nous pose deux questions :

: Peut on être homosexuel et enseignant ?

2. : L'éducation nationale a-t-elle mesuré toute la portée d'Internet, prépare-t-elle réellement les élèves à vivre au siècle de la communication ?

Concernant la première question, on se retrouve face aux problèmes mal posés qui tourmentent les esprits moyenâgeux quant à la confrontation de la vie personnelle des enseignants avec leurs fonctions. Pendant longtemps, la fonction d'enseignant avait été exclusivement dévolue à des religieux, dont on faisait semblant de reconnaître l'absence de vie sexuelle.

La vie moderne nous a démontré qu'il n'en était rien. Tout homme a une vie sexuelle, et les religieux comme les autres. C'est là qu'on a vu intervenir l'homophobie latente de notre société judéo-chrétienne, qui ne considère pas l'homosexualité et l'hétérosexualité sur un pied d'égalité. La récente décision du Vatican d'écarter les homosexuels de l'entrée des séminaires en est l'ultime et regrettable manifestation.

Plus grave : pour mieux bannir l'homosexualité, on entretient avec une parfaite mauvaise foi l'amalgame entre l'homosexualité et la pédophilie. Pourquoi devrait-on considérer qu'un enseignant homosexuel serait plus attiré par les petits garçons qu'un enseignant hétérosexuel par les petites filles ? C'est ridicule, mais le ridicule ne fait pas peur aux pudibonds. Par contre, il tue les enseignants… Nous avons plusieurs exemples d'instituteurs qui se sont suicidés avant la fin de l'enquête parce qu'on les accusait de pédophilie, alors que précisément l'enquête a démontré après leur mort que ces accusations étaient mensongères…

La pédophilie est devenue l'accusation à la mode. Nous vivons une sorte de maccarthysme anti-pédophile, une véritable hystérie collective. On voit des pédophiles partout. Un pédopsychiatre anglais a vu sa maison incendiée parce que la plaque à côté de la sonnette indiquait : « pédo quelque chose »… Il y a des analphabètes partout…

On voit maintenant intervenir des accusations de pédophilie dans près de 40 % des divorces, contre moins d'1 % avant cette mode regrettable. Le nombre des cas avérés, lui, est resté inchangé à moins de 0,5 %... Sauf à Outreau..

A Outreau où un juge d’instruction qui proclamait à l’époque « qu’il tenait l’affaire du siècle » déclare aujourd’hui avec le soutien de ses pairs qu’il a fait son devoir avec objectivité…alors qu’avec le recul, l’affaire apparaît de plus en plus –même au grand public-, comme le remake d’un procès de sorcellerie quasi inquisitorial.

Venons-en à notre seconde question : l'éducation nationale a-t-elle réellement intégré le contenu et la puissance d'Internet ? Avec cette espèce d'angélisme qui a déjà coûté si cher aux forces de progrès de notre pays, elle persiste à limiter sa perception de la toile à une sorte de gigantesque dictionnaire qui livre l'ambroisie du savoir à nos chères têtes blondes.

C'est vrai, mais seules les autruches pensent que ce qu'elles ne veulent pas voir pas n'existe pas. À partir du moment où on transporte de l'information, on transporte toutes les informations. Dommage que ceux qui sont en charge de l'éducation des générations futures persistent à ne pas le comprendre, et rêvent d'épurer le Web et d'en censurer le contenu, -- ce qui est un mythe --, alors que la raison commande plutôt de préparer ses futurs utilisateurs à savoir faire le tri dans tout ce qu'il leur apportera.

À vouloir interdire les manifestations sexuelles des braves gens, l'autorité pudibonde n'a réussi qu'à la passer sous silence, à lui faire prendre le maquis. Elle a inventé l'hypocrisie, qui est certainement la pire manière de préparer nos chères têtes blondes à faire face aux réalités.

S'il n’était pas anormal d'être proviseur et homosexuel, s'il n'était pas anormal de tenir un blog, celui de ce brave homme serait passé inaperçu, et n'aurait jamais reçu autant de publicité depuis qu'il n'existe plus et que son auteur a été jeté à la rue. Parce que l'homme a été révoqué, c'est-à-dire viré de la fonction publique, sa carrière a été brisée. Nos institutions n'osent plus reprocher aux gens d'être homosexuels, mais l'homophobie se cramponne dans les esprits faibles, et elles leur reprochent maintenant d'oser le dire.

Un peu comme skyblog qui a censuré sans explication mon blog précédent, -semblable à celui-ci, vivant sans malaise le grand écart démagogique qui consiste à exhorter les gens à s’exprimer, et à les censurer dès qu’ils le font vraiment. (voir article n°1)

C'est la dernière trouvaille des réactionnaires. Pour entrer dans l'Europe, la Pologne a accepté de dépénaliser l'homosexualité, mais elle continue à interdire les Gay Pride. La Slovaquie a épuré ses lois de la même manière, mais a imposé à la présidence de la commission des droits de la femme du Parlement Européen une madame Anna Zaborska, connue dans son pays pour ses positions anti-avortement et ouvertement homophobes. Laquelle présidente de commission s'est empressée de faire condamner le journal français « Libération » qui avait fait d'elle un portrait qu'elle estimait insupportable…

Pour se recentrer sur notre sujet, il faudrait que les instances de notre éducation nationale se persuadent qu'elles ont à préparer nos chères têtes blondes à une vie de communication et d'échanges de données sans commune mesure avec aucune période de l'histoire. Les vieilles recettes seront impuissantes et il va falloir innover.

Alors, au lieu de se focaliser sur quelques épines et d'y rester accroché, ne pourrait-on pas considérer la fleur dans son ensemble, et surtout dans toute sa beauté ?

Ne pourrait-on une fois pour toutes faire triompher l'idée qui veut que seule la différence enrichit, que l'on apprend rien de ses semblables de même que l’on n’est pas prophète en son pays, et qu'il faut aller se frotter aux autres pour construire sa personnalité d'éléments assez variés pour se faire une propre opinion ?

Le temps n'est-il pas venu de dénoncer ces systèmes éducatifs autarciques, prisonniers d'un dogme, qui fabriquent à la chaîne des clones de leurs pères fondateurs, coupent les ailes de tout ceux qui veulent vivre autrement, et deviennent en se sclérosant des foyers d'obscurantisme rétrograde, des nids d'intégrisme, voire de véritables centres de formation de terroristes ?

Les parents ne pourraient-ils enfin imaginer que « se reproduire » ne consiste pas à fabriquer un clone, que leur fils ou leur fille n'est pas forcément fait pour ressembler à leur père ou à leur mère, qu’ils les blessent en les forçant à entrer dans un moule qui n'est pas fait pour eux, et que s'ils veulent vraiment faire leur bonheur comme ils le prétendent, leur devoir consiste à leur permettre de s'épanouir et non pas à leur couper les ailes ?

Un monde où toutes les catégories sociales, géographiques, religieuses, ethniques pourront converser ensemble dans un forum de taille planétaire, où chacun apportera sa richesse et ses valeurs, se perfectionnera au contact de celles des autres, n'est-il pas le monde de paix dont nous rêvons tous ?

Vouloir élever ses enfants au modèle de ce qu'on est soi-même est certainement la manière la plus sûre de bâtir la pire sorte de communautarisme. Si tout le monde s'accorde à dire que le communautarisme est source de rivalités, d'oppositions et de conflits, combien de familles sont capable de franchir le pas qui consiste à admettre que leur communauté n’est pas plus un modèle que celle des autres, et que la paix et la concorde ne peuvent venir que de la fusion des communautés, et non pas de la suprématie d'une sur les autres ?

Alors, arrêtons de prendre les enfants pour des imbéciles. À l'école maternelle, le racisme n'existe pas, et chaque enfant accepte ses petits camarades sans considération de sa couleur ou de son rang. Ce sont les parents qui, après ce début pourtant prometteur, inoculent le ver dans le fruit.

Combien de temps faudra-t-il pour expliquer aux paranoïaques qu'il n'y a pas plus attirant que l'interdit, que les jeunes n'accepteront des choix que lorsqu'ils les auront compris, -- ce qui supposerait que lesdits choix soient explicables --, et que l’inégalité, la pensée unique, le dogme et la vérité imposée sont des leurres qui nourrissent l’esprit de révolte, et qui favorisent la marginalisation, l’échec personnel et la délinquance.

Alors, communiquez, partagez vos expériences, échangez, sachez tirer d’internet la « substantificque moëlle », exorcisez l’expression personnelle et l’art des interdits moyenâgeux qui les confinent dans l’obscurantisme, n’ayez de maître que la construction de votre personnalité dans le respect des autres et l’enrichissement mutuel.

jeudi 12 janvier 2006

11° Mensonges et omissions.

Le Ministère de l’Intérieur publie des statistiques de délinquance en baisse, en baisse légère à cause des insurrections des banlieues de novembre, arguant que la baisse aurait été bien plus forte sans ces chaudes nuits de novembre…

Est-ce si simple ? Le nombre de plaintes « classées sans suite » est si important que les victimes ne portent plus plainte que lorsque l’assurance exige cette formalité. Sinon, à quoi bon ? Quelques exemples ?

Un ami gay se fait voler son ordinateur par une mauvaise rencontre. Il dépose plainte en donnant le nom et l’adresse de son voleur. Lequel a encore vécu encore deux mois à cet endroit sans être inquiété…De l’ordinateur, il ne lui reste que la « notification de classement sans suite». Le voleur court toujours.

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A Créteil, (chef lieu et préfecture de département …) la Police, appelée pour l’obstruction par stationnement gênant d’un parking de 150 places, répond qu’elle ne possède qu’une seule voiture sur le terrain, et qu’elle a des choses plus sérieuses sur le gaz. Le policier au téléphone invite même le plaignant à écrire au ministre, « ça rendra service à tout le monde ».

Un ami est agressé dans le bois de Vincennes par un individu qui l’immobilise, prend son téléphone dans sa poche, s’en suit une rixe avec injures et menaces de mort. Menacé dans sa fuite par les appels « au voleur » de la victime, le voyou jette violement le téléphone par terre, lequel éclate en mille morceaux.


Plainte au commissariat Daumesnil, pour agression, vol et menaces de mort.

Pas d’agression attendu que le plaignant n’est pas en sang.

Pas de vol attendu que le voleur ne s’est pas enfui avec le téléphone, mais l’a laissé sur place. (en miettes, mais ça ne compte pas.)

Qu’il l’ait pris de force dans la poche, ce n’est pas un vol non plus pour la même raison…

Pas de tentative de vol, parce qu’un téléphone n’est pas un butin assez conséquent.

Pas de menaces de mort attendu qu’elles doivent être « réitérées », et que le voyou n’a pas rappelé le lendemain pour les confirmer...

Pas d’injures parce que « c’est sa parole contre la vôtre ». (Ça fait toujours plaisir…).

Pas de destruction de bien parce que l’ordinateur du commissariat ne connaît pas le mot « destruction » mais seulement « dégradation ».

La victime sort du commissariat avec une plainte pour dégradation de biens… Le policier qui a reçu la plainte a fermement refusé d’enregistrer toute autre qualification du délit. Il va de soit qu’en déqualifiant les délits de cette manière, on fait baisser les statistiques de manière significative…

Plus grave : lorsque l’agresseur apprendra qu’il n’est poursuivi que pour dégradation, il se dira que la prochaine fois, il pourra en commettre bien davantage sans encourir de risque judiciaire appréciable. Faire baisser les statistiques par déqualification des délits, c’est ouvrir une autoroute aux voyous… Et c’est également tout le contraire de la politique de répression voulue par ce même ministre.

Je ne suis pas forcément pour cette répression forcenée, mais j’aime que les gens soient cohérents, fassent ce qu’ils disent et disent ce qu’ils font.



* * * * * * *


Et maintenant la minute de l’homophobie latente , celle qui ne dit pas son nom, n’annonce pas la couleur et s’insinue insidieusement dans les rouages du système.

Françoise de Panafieu publie un livre « Mon Paris gagnant », dans lequel « sans contester la légitimité de la lutte contre l’homophobie » , elle accuse la mairie de Paris d’exagérer dans ce domaine en subventionnant « une centaine d’associations pour une somme de 80 millions d’euros par an ».

Consultée, la mairie répond, livres de comptes sur la table, qu’elle subventionne dix sept associations pour un budget de 247 000 euros. Six fois moins d’associations, trente deux fois moins d’argent.

Gilles Artigues, député UDF de la Loire, tape un scandale auprès du Ministre de la Sécu et de la Famille, à propos des fameuses affiches du baiser masculin pour le salon Rainbow, d’abord refusées par Métrobus, la régie d’affichage du métro, puis finalement acceptées sur intervention de la Halde. Mais qu’est-ce que c’est que cette « Halde » qui défend ces abominations qui « mettent les mineurs en danger » ?. Qui a inventé cette Halde ? surenchérit l’irascible….

Réponse : c’est Jacques Chirac qui a voulu et créé la Halde, la Haute Autorité de Lutte contre les Discrimination et les Exclusions.

Mais pas plus que Sarkozy n’a viré Vanneste de l’UMP, (il a même précisé qu’il n’en était plus question après avoir promis de le faire à plusieurs reprises), on n’a pas vu François Bayrou tancer son fantassin pour ses divagations moyenâgeuses.

Comme le racisme et toutes les tares de la société, l’homophobie devient un concept sournois sans nom et sans visage. Ne manquons pas d’en dénoncer toutes les manifestations.

mercredi 4 janvier 2006



10° « Enculé de ta race » n’est plus une injure.


C’est le tribunal correctionnel de Bobigny qui l’a dit, jugeant la plainte d’un Français (l’injurié) contre l’imprécateur (Arabe..). (28/06/05)

Attendus du tribunal :

Comme d’autres insultes de la même veine, désormais devenues courantes, -sinon communes-, telles que « ta race », « fils de ta race » ou « putain de ta race », l’expression poursuivie ne stigmatise pas l’origine particulière ou identitaire ou supposée de l’autre en le renvoyant à « la race » imaginaire de ceux que le locuteur entend, à cet instant, distinguer de lui, c'est-à-dire les gêneurs et les fâcheux à maudire.

Le tribunal a donc relaxé l’insulteur…

Donc selon le Tribunal, si « ta race » n’est pas une injure, hélas…« enculé » non plus…

Plus grave : si Messieurs les Juges prennent la peine d’expliquer leur décision pour le « ta race », ils ne jugent pas utile de le faire pour « enculé ». pas un mot dans leur attendus.. Ils ne se sont même pas posé la question…

C’est dire que si la loi contre les injures à caractère sexuel a effectivement été votée et promulguée, nous nous trouvons maintenant devant une deuxième gageure : la faire appliquer.

Devoir expliquer à des juges que « enculé » est une injure, fallait l'imaginer, non ?

Peut-être estiment-ils que c'est aussi une "pratique courante"?... Il faudra qu'ils nous l'expliquent. D'habitude, ils sont plutôt de l'avis contraire...

Les regards sont maintenant braqués vers la Cour d’Appel.

Si une de nos chères associations de défense des homosexuels voulait s’en mêler, ça ferait sûrement avancer ce putain de ta race de schlmilblick…

P.S.: Reconnaissons que ce n'est pas toujours facile d'être juge. Le même Canard Enchaîné du 6 Juillet nous explique que le Centre Gay et Lesbien de Paris vient d'être condamné par la Cour d'Appel siégeant en matière prudhommale, à payer quelques 46000€ de dommages et intérêts à son ancien directeur, dans une affaire de licenciement "sans motif valable" qui comportait un volet "discrimination à caractère sexuel". L'ex-directeur était hétérosexuel...