vendredi 27 juillet 2007

114° L'huître et les plaideurs


Dans tous les pays civilisés, lorsque se produit une prise d’otages, on s’occupe bien sûr de récupérer les otages, mais ensuite on traque et on arrête les preneurs d’otages pour les trainer dans le bureau d’un juge et sur la paille des cachots. Et ceci avec d’autant plus d’acharnement que le suspect est un fâcheux récidiviste.

En Sarkoland, il y a quelques exceptions à cette règle. Certes, on n’aime pas les récidivistes. D’accord, on ne fait pas grand-chose pour les empêcher de récidiver, mais on veut être très sévère avec eux si d’aventure ils se laissent aller à commettre ce dont on ne les a pas empêché.

C’est au niveau du règlement de la prise d’otage que la petite république du Sarkoland se distingue par un droit coutumier sans doute hérité de quelque moyen âge où les familles royales lavaient leur linge sale en famille.

Dans l’affaire qui nous intéresse, nous avons un multirécidiviste type, un certain Muhamar K., bédouin de son état, résident habituellement dans un douar situé sur la rive sud de la Méditerranée, à environ 13° de longitude est. Son casier judiciaire ressemble un peu à un train de marchandises, puisque parvenu au pouvoir par un coup d’état en 1969, il commandite le 5 avril 1986 l’explosion d’un night club de Berlin ouest fréquenté par des soldats américains, ce qui lui vaut de voir son palais de Tripoli bombardé le 14 avril par les F16 du président Reagan.

L’intéressé est également reconnu coupable de l’explosion en vol d’un Boeing 747 au-dessus de Lockerbie, en Ecosse le 21 décembre 1988, qui fait 270 morts, ainsi que de l’explosion en vol du DC10 d’UTA, le vol 722 de Brazzaville à Paris au dessus du désert du Ténéré le 19 septembre 1989, qui fera 170 victimes.

Concernant ces deux derniers crimes, le coupable les reconnaîtra en 2003 et indemnisera les victimes à raison de 2,16 milliards de dollars pour le premier, soit 84 millions de dollars la tête de victime américaine, et de 170 millions de dollars pour le second, soit 1 million de dollars la tête de victime française.

En 1999, l’individu se rend coupable d’enlèvement, de tortures et de séquestration pendant huit ans sur la personne de cinq infirmières et d’un médecin pourtant venus dans son pays à titre gracieux et humanitaire pour assister ses habitants confrontés à un système médical local très rudimentaire.

Montant en marche dans le train des négociations lancé depuis des années par la représentante européenne Benita Ferrero-Waldner, le nouveau chef du Sarkoland arrive juste à point pour cueillir les fruits d’un long travail d’approche et de délicate négociation.

Les otages étant rendus à la liberté, on s’attendait à ce que ce remuant personnage, riche d’une expérience de cinq années passées à lutter contre la délinquance au ministère de l’intérieur, auteur d’une première loi contre la récidive et inspirateur d’une seconde, passe les menottes au bandit dont il a déjoué les plans maléfiques.

Que nenni. Il se fait recevoir à la cour du mafieux à grand déballage de tapis rouge et de fanfare, servir le thé de l’amitié de la main qui a tué 170 de ses sujets, et propose la collaboration de notre pays à la poursuite des bonnes œuvres de son amphitryon.

Dont un réacteur nucléaire pour dessaler l’eau de mer, bien inutile là où tous les experts, et pas seulement les verts, s’accordent à considérer qu’une installation filtrante à énergie solaire ferait parfaitement l’affaire.

http://www.cnrs.fr/Cnrspresse/n377a1.htm

http://mshades.free.fr/isentropiques/dessalement.html

Le Koweit, l’Arabie Saoudite et Israël, qui ont largement les moyens de s’offrir un tel réacteur, y ont renoncé, et utilisent les énergies renouvelables avec succès pour irriguer leurs cultures et produire de l’eau potable.

Mais ça, c’est les débordements de notre cocorico surdimensionné. Il y en a qui, comme l’Iran, sont prêts à tout pour s’offrir du nucléaire. L’Iran qui, en dépit de ce qu’on en dit, a élu son président dans des conditions plus claires que les Etats-Unis et à fortiori la Lybie. Nous, le nucléaire, on l’a, mais comme il est toujours caché dans des sous-marins, on veut que ça se sache. Alors, pour que nul ne l’ignore en Landerneau, on le distribue à kinenveut. On l’avait offert à notre grand ami Saddam Hussein, le célèbre philanthrope persan, ce qui a contraint Israël à aller bombarder Osirak le 7 juin 1981.


Champs de luzerne en Arabie Saoudite, irrigués par dessalement de la mer.

On va l’offrir à Muhamar K. Cela risque peu, c’est à portée des chasseurs israéliens, qu’à tout prendre, je préfère voir bombarder des réacteurs nucléaires que des villages libanais. Mais c’est encore nous qui allons payer… Parce que je ne sais pas si on sera payés, mais on aura en tout cas vendu et le réacteur et les bombes pour le casser. Si on a encore des chômeurs après ça…..

Une qui va aussi avoir une partie difficile à jouer après le voyage de son patron chez Muhammar K, c’est une certaine Rachida Dati, lorsqu’elle devra expliquer à ses délinquants pourquoi une récidive de vol de scooter conduit inexorablement à un obscur cachot, même si on propose de dédommager, alors que des attentats sanglants assortis de prises d’otages internationales garantissent à leur auteur un statut de chef d’état reconnu sur signature d’un simple chèque de dédommagement, fût-il de quelques milliards de dollars.



Suivant que vous serez riche ou misérable….

lundi 23 juillet 2007

113° Irak, Iran : le massacre des homosexuels continue.

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Dans mon ancien blog, censuré par skyblog, j’avais consacré un article en août 2005 sur la pendaison de deux jeunes gays en Iran. Nous en étions au début du massacre des homosexuels dans ce pays. Deux ans ont passé et la chasse aux pédés tourne à l’holocauste et s'étend à l'Irak voisin.

Dans mon article n° 85 de ce blog, j’ai à nouveau dénoncé la situation des homosexuels irakiens. La documentation sur le sujet est très difficile, car les milices homophobes ont investi jusqu’au web pour débusquer leurs victimes, et l’information ne parvient que par bribes. Par exemple, cette déclaration de Ali Hassany, porte-parole des milices de la décence de Bagdad « Hamadi », placées sous la direction de Muqtada Al-Sadr, chef de file des chiites les plus radicaux:

« Ils méritent la mort. Ces gens posent un problème à notre société. Si leur famille n’est pas en mesure de les tuer de leurs propres mains, alors nous le ferons à leur place ».

Reprenons les choses du début :

En octobre 1979, l’ayatollah Al Sistani décrète une fatwa contre les homosexuels.

http://www.sistani.org/

(bouton pour version française en bas à gauche)

http://en.wikipedia.org/wiki/Grand_Ayatollah_Ali_al-Sistani

Cette fatwa est prise très au sérieux par les différentes milices qui agissent pour appliquer la charia et la loi islamique dans le pays.

Devant l’ampleur du massacre, un groupe d’irakiens gay en exil se constitue à Londres « Iraqi LGBT », sous la conduite de Ali Hili, ancien journaliste et présentateur de la télévision contraint à l’exil.

http://iraqilgbtuk.blogspot.com/


Ce groupe, qui recoupe toutes les informations, estime que plus de 4000 homosexuels ont été exécutés en public en Irak entre 1979 et 2005. Sachant que le plus gros des massacres, comme nous allons le voir, est le fait d’escadrons de la mort qui débarquent nuitamment chez leurs victimes et les emmènent dans des coins sombres pour les exécuter sommairement, par combien faut-il multiplier le nombre d’exécutions publiques pour obtenir le vrai chiffre du massacre ?

Cette institution, Iraqi LGBT fonde une association d’exilés, Abu Nuwas, qui recueille ceux qui ont réussi à s’échapper de l’enfer et ont pu trouver refuge en Grande Bretagne, le seul pays qui reconnaît actuellement –du bout des doigts mais néanmoins-, un plus ou moins statut de réfugiés aux victimes de l’homophobie. C’est pas les déclarations de ces exilés qui racontent leur enfer que l’on a le plus de précisions sur ce qui se passe réellement dans le pays.



Par exemple : La milice vient en pleine nuit sortir de chez lui un garçon de 14 ans, suspecté de prostitution, et le fusille sur le trottoir en bas de chez lui. Les voisins, qui connaissaient bien le garçon, protestent devant tant de violence : deux sont arrêtés pour n’avoir pas dénoncé l’homosexualité de l’adolescent.

Un jeune homme de Bassorah fait une rencontre sur un site web anglais. Je dis bien un site anglais. Le profil de son correspondant ne convient pas, ils dialoguent néanmoins quelques instants. Dix minutes après, il entre en contact avec un garçon qui correspond à tous les critères qu’il venait de définir dans sa conversation avec le premier. Rendez-vous est pris dans un café : l’internaute est arrêté et conduit au ministère de l’intérieur. Sur la table d’interrogatoire, un imprimé des conversations qu’il vient d’échanger sur le web. Ses deux interlocuteurs étaient des policiers de la brigade de la décence et des mœurs.

Des brigades entières travaillent jour et nuit à ce que les religieux appellent « une épuration de la population pour mettre l’Irak en conformité avec les lois de l’islam ».

Tous les jours, des corps exécutés sont retrouvés dans des décharges publiques, avec dans les poches un papier expliquant que la mort a été donnée pour homosexualité. Tous portent des traces de torture et beaucoup de viol.

Les Américains refusent de protéger les homosexuels irakiens, tant du fait de leur homophobie culturelle que pour l’approbation donnée par Bush à l’appartenance d’Al Sistani au gouvernement de coalition. De la même manière, le ministre de l’intérieur irakien, lieutenant colonel Hussein Jaboury, se garde bien de s’opposer à la loi islamique, déclarant « que le gouvernement fait de son mieux pour protéger tout le monde, mais ne peut pas aller au-devant de ceux qui se mettent volontairement en danger ou hors la loi ».

Le ton monte : La mission d’assistance des Nations Unies en Irak, (UNAMI), saisie par différentes organisations internationales, Amnesty, Peter Tatchell (fondateur de feu « Out-rage », qui milite toujours sur son site :

http://www.petertatchell.net/

saisie encore par l’International LGBT, les associations irakiennes anglaises, SOS homophobie, Act-up et autres, se fend d’un communiqué officiel le 10 mai 2006, qui dénonce les traitement inhumains et crimes contre l’humanité perpétrés en Irak contre les gays.

Réponse du berger à la bergère : le jour même, les autorités du pays réagissent, qualifiant le rapport de «superficiel» et l'accusant d'aborder des sujets restés tabous dans la société irakienne. «Ici en Irak, nous ne pouvons accepter l'information contenue dans ce rapport, a tenté d'expliquer Ali al-Dabbagh, le porte-parole du gouvernement. Par exemple, le rapport parle du phénomène de l'homosexualité et donne des droits [aux homosexuels] . Des positions pareilles ne sont pas supportables pour la société irakienne. C'est rejeté. [Les Nations unies] doivent respecter les valeurs et les traditions de notre pays.»



Pourtant, à la surprise générale, le 15 mai 2006, l’ayatollah Sistani, sans doute soucieux de crédibilité internationale, retire sa fatwa. Mais c’est bien peu et bien tard. Le massacre continue. On estime à 400 morts le nombre des victimes dans la seule ville de Bagdad depuis janvier 2007.

Or Bagdad n’est pas tout l’Irak…

Le retrait d’une fatwa aussi populiste n’est pas pris au sérieux par les intégristes qui continuent leur épuration.

Les membres des deux associations londoniennes Abu Nuwas et Iraqi LGBT déclarent aujourd’hui subir quotidiennement des menaces de mort par téléphone, email et par lettre. L’un d’eux a reçu chez lui un colis posté à Bassorah contenant un appareil génital momifié.

Que faire ? Qui interpeller ? Puisque notre gouvernement en est à voter « des mesures urgentes », le droit d’asile pour les homosexuels persécutés ne peut-il figurer au nombre des priorités ?

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vendredi 20 juillet 2007

112° Après le tour de France, la Star Ac ?



Lorsque je disais qu’un véritable brain-trust de marketing fonctionnait autour du président de la France d’après, je ne croyais pas si bien dire.

Le coup du Tour de France, il nous l’avait déjà fait alors qu’il était ministre d’état de l’intérieur et d’autres choses le 20 juillet 2005, dans les Pyrénées.

En tout cas, c’est bien le premier président qu’on voit défiler dans une caravane où l’on peut apercevoir des cyclistes pendant 25 secondes, et des chars publicitaires pour des lessives et des boissons pendant près de deux heures.

Il serait venu à la Gay Pride, il aurait trouvé un taux militants/marchands du temple beaucoup plus significatif. Mais est-ce bien là ce qui l’intéresse ?

Libération a publié avant-hier un article assez bien ficelé sur « l’ouverture ». Comme les liens d’informations ne sont pas toujours très durables, voici l’intégralité de cet article :

Municipales: attention, danger pour la gauche !

La gauche rêvait d'un repos estival mérité après une année électorale éprouvante ? Sarko - l'homme qui ne s'arrête jamais - a lancé par surprise la bataille des municipales !

Hier soir, Sarkozy a demandé aux 2.000 cadres de l'UMP réunis au carrousel du Louvre à Paris d'appliquer la stratégie de l'ouverture pour les municipales. Sarkozy tombe enfin le masque : l'ouverture n'est pas le signe qu'il est président de tous les Français mais il s'agit, à l'opposé, de la tactique électorale d'un chef de parti.

Et cette stratégie vise directement un but, comme en témoigne le discours de Sarkozy hier : gagner les municipales, qui seront le premier test électoral du quinquennat. Et peut-être le seul, au moins dans l'esprit de l'UMP, qui ne peut qu'améliorer ses résultats aux régionales de 2010.

Les nominations de Besson, Hirsch, et Kouchner, devaient déstabiliser la gauche pour les législatives. Celles de Lang, Bockel (maire de Mulhouse !), Fadela Amara (peut-être utile pour le vote des banlieues), et d'autres demain, permettent de continuer à affaiblir la gauche qui se divise à chaque nouveau ralliement. D'ailleurs Sarkozy l'a admis explicitement hier soir en incitant l'UMP à "occuper tout le terrain" pour "affaiblir le PS".

Cette stratégie d'ouverture rend le clivage gauche-droite illisible pour les citoyens. Chaque annonce de débauchage d'une personnalité de gauche permet de dissimuler une politique de droite musclée : peines-planchers, franchises médicales, service minimum, bouclier fiscal... Pour gagner la présidentielle, Sarkozy a débauché Jaurès, Blum et Mitterrand au service d'un programme libéral et sécuritaire. Pour les municipales, il débauche des cadres du PS...

Comment la gauche peut-elle se sortir du piège sarkozyen ? En se dé-ringardisant, en montrant un visage ferme et en réactivant le clivage droite-gauche ! Au lieu de se lamenter après chaque départ de baby-boomer opportuniste, elle doit jouer la carte des valeurs et du renouvellement. Elle doit être ferme et dénoncer les débauchages pour ce qu'ils sont : des trahisons à l'égard du peuple de gauche. Les choses sont assez claires : avons-nous vraiment besoin de responsables politiques ou de hauts fonctionnaires qui doivent leur carrière à la gauche et qui se jettent aujourd'hui dans les bras de la droite pour une voiture avec chauffeur ? Ils s'arrangeront avec leurs conscience...

Au lieu de se perdre en querelles sur « l’ouverture", la gauche doit mener la bataille idéologique et politique sur chaque projet du gouvernement. Et, surtout, elle doit préparer les municipales : si elle ne fait pas une large place aux milieux populaires, au renouvellement et à la diversité, la gauche ne sera pas en mesure, demain, de combattre Sarkozy et sa jeune garde, de Rama Yade à Laurent Wauquiez et Rachida Dati.

Fin de l’article de Libé.

D’abord, je croyais naïvement que le président était, comme il nous l’a dit à l’issue de son élection et à l’instar de tous ses prédécesseurs, « le président de tous les Français », et je suis très désappointé de le voir ainsi s’adresser en chef de parti « aux 2000 cadres de l’UMP réunis au Carrousel du Louvre ». J’espérais que le président serait comme il se doit « au-dessus des partis » et que ce rôle de bateleur politique serait dévolu à son successeur à la tête de l’UMP. C’était oublier un peu vite qu’il a supprimé le poste pour continuer à l’occuper virtuellement, faute de pouvoir le cumuler avec sa fonction présidentielle. Couleuvres, couleuvres.

La phrase clé de cette analyse me semble être l’intention de rendre le « clivage gauche-droite illisible » pour les Français. Vont-ils se laisser tromper ? Jusqu’à présent, à chaque dérapage des valeurs, ils ont su mettre un terme, quelquefois tardif, parfois brutal, à la déliquescence des repères. Et plus durable et insensible est la dérive, plus dure est la réaction.

En attendant, la guerre de l’information fait rage :

Hier, au JT d’Antenne 2, Françoise Laborde, une des présentatrices les plus sympathiques depuis Georges de Caunes, soit dit en passant, présentait un sujet sur le 93, la Seine Saint Denis, exaltant la joie de ses habitants de vivre un enrichissement mutuel au sein d’un grand cosmopolitisme de cultures, de religions et de traditions. Ce qui est sans aucun doute exact.

Les différences font sauter les œillères, élargissent la tolérance et le respect mutuel, du moins chez les sujets dotés d’un QI minimal. En excluant tout effet de grégarité et de réaction « troupeau de moutons » qui sont les caractéristiques des groupes étanches comme le Front National ou les religions durement communautaires, les sociétés cosmopolites contribuent à cimenter une cohésion sociale résistante aux attaques ciblées. Car les attaques et autres pièges de la communication et du marketing sont toujours des attaques ciblées. Faciles à mettre au point en direction de communautés monolithiques, elles restent sans effet sur des sociétés riches d’opinions et de valeurs diverses, mithridatisées par leur pluralité.

Mais hier aussi, non plus sur Antenne 2, mais sur France-Info cette fois, on présentait un sujet sur une visite que notre ministre de l’Intérieur et des communautés territoriales, (mais pas des cultes comme je m’en inquiétais lors de sa nomination), Madame Alliot Marie rendait aux services de police de cette même Seine Saint Denis n°93.

Là, le discours était diamétralement opposé, réducteur et discriminatoire. On y entendait notamment un commerçant pleurnichard qui proposait un véritable strip tease à la ministre : « ils m’ont battu, vous voulez voir mon dos, mes bras, mes jambes ? ». Comme si la délinquance était l’apanage de la Seine Saint Denis.

Peut-être si ce brave homme était moins larmoyant, il serait moins battu. Antenne 2 montrait au marché de Saint Denis des commerçants qui tenaient leur stand depuis des décennies et qui ne se plaignaient nullement de l’évolution du quartier et de sa population. Il y en a qui y arrivent.

Ceci pour démontrer que suivant qu’on est berlusconien ou humaniste, on peut voir deux Seines Saint Denis là où il n’y en a qu’une.

Ceci dit, madame le ministre de l’intérieur n’a pas expliqué, lors de sa visite, comment elle allait tenir ses promesses sécuritaires en s’accommodant d’une réduction du nombre des fonctionnaires et d’un budget quasi-stationnaire…

La diminution de la délinquance passant aussi par une réforme de l’enseignement, le ministre intéressé, Xavier Darcos, n’a toujours pas expliqué non plus comment il allait réaliser le même tour de passe-passe avec la même carence d’ingrédients. En tout cas, en déclarant que « l’éducation nationale disposait du potentiel nécessaires d’heures supplémentaires », il a dit quelque chose dont on risque de reparler dans la rue à la rentrée. Ils ont bien fait de débaucher Jack Lang, il pourra toujours leur donner des leçons de flatterie et de flagornerie.



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samedi 14 juillet 2007

111° Comment dit-on cocorico en latin?

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S’il y a quelque chose qui fonctionne bien à l’Elysée, c’est le service marketing – communication. Ça durera ce que ça durera, parce qu’une machine aussi performante aura forcément un jour un raté.

L’une des techniques utilisées consiste à enchaîner les évènements à une cadence telle qu’il n’y a de temps que pour les louanges incluses dans la préparation, mais que les critiques qui doivent attendre le temps d’une analyse sont noyées dans le flux médiatique de l’événement suivant. Pour le moment, cette étrange « fuite en avant évènementielle » porte ses fruits, mais c’est une « formule 1 » de la communication, et on sait à quel point ces belles mécaniques sont chatouilleuses.

A peine Cécilia se fait-elle épingler avec sa carte de crédit qu’on l’envoie en visite de charité auprès des infirmières bulgares condamnées à Tripoli. La mer efface sur le sable les pas des amants désunis. A peine la cascade de démissions du cabinet de Rachida Dati trouve-t-elle un alinéa en page 7 des journaux désobéissants que sa loi est votée à grand rantaplan, ce qui donne l’occasion à l’intéressée de distraire l’attention par des apparitions médiatiques qui n’ont rien à voir avec l’explosion de son cabinet.

Beaucoup d’entreprises n’ont pas un service de comm aussi réactif et imaginatif que celui de l’Elysée.



Dans une équipe où les ministres ne sont plus que des adjudants, il n’y a plus de fusible crédible, et l’actualité pourrait un jour le rappeler cruellement au chef marionnettiste.

Soigneusement espacées dans le temps, les ouvertures faites aux socialistes tendent à donner à ce parti une impression de déconfiture qui n’est certes pas complètement imaginaire, mais très fortement exagérée. Il représente tout de même encore 200 députés, 58% des mairies françaises dont Paris, la présidence de 20 régions sur 22, et la moitié du Sénat…

Mais cette « ouverture » est à double tranchant : Les postes offerts à l’opposition constituent pour leurs récipiendaires des espaces qui les protègeront des inévitables convulsions qui attendent leur parti, et leur permettront d’aborder les prochaines échéances avec une image bien plus présentable que s’ils étaient restés directement exposés à la grande lessive qui se prépare rue de Solférino. Par contre, les généreux hôtes ont bien tort de croire que leurs chers invités cesseront d’être et de penser socialiste et se rallieront corps et âmes à leurs bienfaiteurs.

Ensuite, chaque socialiste débauché provoque le mécontentement de tous les UMP qui convoitaient le poste. Le système est onéreux : il suscite autant de zizanie au château que dans le camp d’en face !

Et enfin, la méthode ouvre au moins en partie les structures de l’UMP à un véritable réseau d’infiltration, qui, s’il nous rapproche de l’esprit républicain officiellement visé par la démarche, risque de contrarier fortement l’aisance des manœuvres auxquelles l’UMP était habituée pour fonctionner.



Parlons un peu de 14 juillet. Pour ma part, je préfèrerais qu’on se borne à fêter la République avec des bals et des feux d’artifice. La tradition du défilé militaire me semble un peu passéiste, même si je ne vois pas comment on va expliquer aux gradés que sans renier complètement leur utilité, ils n’ont plus aujourd’hui de place au soleil, ni surtout de rôle symbolique.

Jusqu’aux dernières dictatures, un pays démontrait sa soi-disante grandeur en étalant ses régiments et en exhibant ses chars d’assaut et ses avions qui font panpan.

Au 21° siècle, c’est en exhibant sa technologie et son avance sociale qu’un pays peut illustrer sa grandeur. Peut-être aussi en faisant état de l’homogénéité de son tissu social et de sa victoire sur les inégalités, discriminations et autres fractures.

Là, il reste du travail au service de comm de l’Elysée, parce que ce que je viens de voir à la télévision me laisse penser qu’on fait machine arrière à plein gaz.

L’unité européenne ne peut-elle avoir de démonstration plus crédible que celle des soldats de ses 27 armées réunis dans un étincelant cortège de soldatesque et de ferraille qui n’eût point déparé sur la place Rouge ou la place TienAnmen ?

Mais ce qui me choque le plus, c’est le renfort des petits chanteurs à la croix de bois à la rescousse de la brillance médiatique de la fête. Bien sûr ils chantent bien, ils sont jolis, symbolisent la jeunesse et l’avenir. Bien sûr leurs voix cristallines savent attendrir les mémées dans les chaumières, rappeler leur attention distraite sur la grande parade de notre petit calife.

Mais si le 14 juillet est une célébration à haute teneur symbolique, est-on allé jusqu’au bout du sens symbolique de leur présence aux côtés des cœurs de l’armée ?



Cette anachronique réconciliation du sabre et du goupillon était-elle vraiment la meilleure démonstration de modernité que notre nouveau président voulait donner à ses intentions ?

N’est-ce pas un appel du pied aux cohortes de fondamentalistes qui, à l’instar des édiles polonais, « voudraient voir rétablir la morale chrétienne en Europe » ? Cessez d’aller dispersez vos voix chez le Pen et le marquis du bocage, voyez comme elles seront bien représentées dans « ma France de demain » ?

En effet, fondée en 1906 à l’abbaye de Tamié, la manécanterie des petits chanteurs à la croix de bois est solennellement reconnue en 1951 par PieXII, le « pape de la guerre », qui élève son directeur de l’époque, monseigneur Maillet, au rang de « prélat de sa sainteté ».

Jean XXIII les appelle « "mes petits missionnaires de la Paix". Etrangement, pour leur carrière internationale, la manécanterie perd son aube blanche et sa croix de bois pour devenir « The little singers of Paris », ce qui lui permet une meilleure infiltration missionnaire dans des terres pas forcément conquises.

C’est en tenue bleue et sans croix certes, que ces charmants jeunes gens sont venus chanter la Marseillaise et l’hymne européen. Le répertoire de ce jour est républicain, mais le choix des interprètes aurait pu être plus laïque.

D’autant plus qu’au-delà du symbole de l’essence catholique de cette manécanterie, je rappelle qu’il existe en France d’autres religions parfaitement respectables, qui possèdent certainement des chorales qui auraient bien aimé profiter de cette déchirure dans la laïcité des institutions pour figurer au nombre des acteurs de cette cérémonie « républicaine »..

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Après cent ans d’une séparation salutaire pour le respect de toutes les religions, ces étranges retrouvailles de la nation et de l’église romaine étaient-elles opportunes ? D’autant plus que jamais plus qu’aujourd’hui, la diversité religieuse n’a été, dans notre pays, aussi pressante dans l’actualité, et que jamais autant qu’aujourd’hui la laïcité n’est apparue comme la nécessaire garante du respect de cette diversité…

A vouloir trop faire et trop bien faire, on commet parfois des erreurs et des contradictions. C’est d’ailleurs de cette manière qu’à mon avis, l’actuel édifice de notre nouveau président, bâti de brics et de brocs dans la précipitation, finira malgré l’efficacité de son service après-vente, par chanceler. On ne peut pas indéfiniment dire la chose et son contraire comme il le fait à tous propos, ni promettre satisfaction d’un seul mot à des entités contradictoires.

jeudi 12 juillet 2007

110° A la pointe de l'information.


Votre blog préféré serait-il à l’avant-garde de l’information ?

Le 26 juin dernier, j’avais le plaisir de soumettre à votre sagacité un article sur le Créationnisme, l’article n° 107, fruit de longues heures de documentation.

Idée de départ : l’envoi à toutes les structures d’enseignement de France, du secondaire au supérieur, de « l’Atlas de la Création », qui a fort heureusement été zappé par les autorités de l’enseignement. Pourquoi ce jour là ? Parce que, la semaine précédente, on m’avait prêté pour consultation le fameux ouvrage. Car sa distribution datait de février – mars… et était alors passée inaperçue de la sagacité des journalistes.

Dans mes recherches, je découvrais l’apparition du Musée de la Création, dans le Kentucky, dont je publiais une photo.

Hasard ou non ? Le 7 juillet, Libération se fendait d’un très bel article sur le Musée de la Création du Kentucky, article repris (avec référence à Libé) par le Canard Enchaîné du 11 juillet.

Vous en penserez ce que vous voudrez.

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Reprenant ma souris, j’ai encore fait un peu de documentation sur le sujet et je suis tombé sur ce site :

http://www.talkorigins.org/indexcc/list.html

Il est en anglais, c’est dommage pour les non-saxophones, car sa table des matières (la page qui s’ouvre quand vous cliquez sur le lien) est un bêtisier absolument génial.

Si vous êtes sujet au fou rire ou au hoquet, ne lisez pas.

Je vous en traduis juste quelques lignes parmi les plus savoureuses :

La criminalité a augmenté depuis l’enseignement de l’évolutionnisme.

Hitler a bâti sa théorie sur le darwinisme

L’évolutionnisme est une théorie raciste. Darwin et Aldous Huxley étaient racistes.

Marx (le diable absolu pour les américains) admirait Darwin et entretenait une correspondance avec lui.

L’enseignement de l’évolutionnisme nous réduit à l’état d’animaux, il encourage l’indécence et la luxure.

Les animaux ne connaissent pas la religion. (petits veinards ! )

L’homosexualité est reconnue comme normale par les évolutionnistes. ( ah bah alors…)

On peut enseigner la biologie sans se soucier d’évolution.

L’évolutionnisme n’est à ce jour qu’une théorie non démontrée. (Tandis que le créationnisme s’appuie sur des thèses scientifiques ?)

Vous imaginez vous vraiment descendre d’un singe ?

Le cou de la girafe n’aurait pas pu évoluer sans une modification de son système circulatoire.

Le coccyx est un organe utile, pas un vestige de l’évolution.

L’évolutionnisme n’explique pas : le langage, la musique, l’homosexualité, la religion, l’art, la morale…

Suivent en bas de la page, qui est longue et riche « d’enseignements », deux chapitres sur la bible et le « intelligent design » (cf article 107) qui valent aussi le détour.

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Toujours dans la série : « on n’arrête pas le progrès », nous voici donc revenus à la messe en latin, ce qui prouve si nécessaire que l’évolution de l’église n’est pas insensible à l’évolutionnisme : tout en le reniant, elle le pratique avec maestria pour s’adapter à l’obscurantisme et à la bêtise humaine. Les mystères sont tellement plus grands et plus beaux lorsqu’ils sont incompréhensibles ! (C’est ce que disent les mauvais artistes de leur dernière œuvre..).

Les fidèles apprécieront ; car la messe à l’ancienne, c’est aussi l’officiant et ses servants qui leur tournent le dos. Pas d’autorité sans symboles hiérarchiques forts. Mais ce sont précisément les faibles qui aiment les chefs forts et distants…

Prochaine étape : l’Inquisition ? comme le suggère un dessin du dernier Canard…

Une telle décision n’est pas sans connotation politique : il ne faut pas être un immense analyste pour découvrir que les tenants d’une religion moderne ont une mentalité sociale et progressiste, et que les adeptes des manières d’antan sont en général proche de la droite de la droite.