mardi 31 mars 2009

245° L'argent au robinet.

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Quelle bien étrange impression pour un Français que de se voir dépassé sur sa gauche par les Etats Unis...


Barack Obama vient de taxer à 90% toute sorte de prime, bonus ou revenu de stock option versés par l'ensemble des entreprises américaines aidées par l'état, -et elles sont nombreuses.


En France, Sarkozy reste cramponné à son bouclier fiscal comme à une médaille pieuse, et se contente de prendre une mesure aux allures d'alibi, ne visant que six entreprises pour une durée de 20 mois.


Même Alain Juppé, le célèbre gauchiste, dans une dépêche AFP du 31 mars, dit « qu'il faudra sans doute aller plus loin que le décret Fillon pour encadrer les rémunérations des dirigeants d'entreprises »....


Souvenons nous que, pendant sa campagne en 2007, Sarkozy prônait l'extension en France du système de crédit immobilier à risque qui a déclenché la crise, et militait ardemment pour la généralisation des stock options. Il n'y a pas qu'aux ouvriers de Gandrange que le leader minimo a menti effrontément.


D'ailleurs, dans la rue non plus, il n'y a pas que les ouvriers de Gandrange et de Continental. On y voit défiler des catégories sociales qui n'avaient pas l'habitude d'arpenter le contestodrome Bastille – République.


Même votre serviteur, habituellement abonné des tribunes, est allé y exhiber sa pancarte pour rappeler que depuis deux ans qu'il est à la retraite, par le truchement magique de la CSG et contrairement à ce qu'on en dit à la télévision, le montant net de sa pension est allé en diminuant...



Au rayon des promesses pas tenues et trahisons diverses, le projet de statut du beau-parent, fleuron du geste démagogique que notre petit timonier voulait concéder aux familles monoparentales et homoparentales qui sont de plus en plus nombreuses dans son empire a été victime d'un avortement tardif...


La droite dure et mystique aux arguments de laquelle notre gouvernement est si attentive l'a fait reculer sur ce point qui, pourtant, figurait également dans ses promesses électorales. Un député UMP, Jean Léonetti, a été chargé d'un groupe de travail officiellement missionné pour concilier les inconciliables dans un domaine où il n'y a pourtant plus rien à concilier: il existe déjà deux millions de familles monoparentales et plusieurs dizaines de milliers de familles homoparentales dont il est urgent de reconnaître tout simplement l'existence...



Et enfin, une petite lecture très instructive:


http://kamizole.blog.lemonde.fr/2009/03/18/deplacement-%C2%ABordinaire%C2%BB-de-l%E2%80%99empereur-sarkozy-en-province-un-vieux-%C2%ABpintadeau%C2%BB-de-la-drome-a-les-boules/


http://bigou93700.canalblog.com/archives/2009/03/23/13042424.html


...et il y en a d'autres. Tapez « déplacement ordinaire » ou « déplacement sarkozy » sur Google pour en apprendre de belles. Après avoir limogé le préfet de la Manche qui n'avait pas su exiler préventivement à Cayenne les citoyens désireux de siffler leur empereur, Nicolas est allé dans la Drôme.


Il existe des TGV avec service minimum, et l'Etat possède des Falcon. Non, c'est en Airbus que le voyage s'est effectué. La gendarmerie locale, épaulée d'effectifs voisins déplacés a grands frais a gardé pendant 12 heures la gare TGV de Chabeuil que le grand précieux n'a pourtant pas empruntée, mais trop voisine des lieux du raoût, ainsi que l'aérodrome de Chabeuil ou le divin aéronef a daigné poser ses roues.


Soixante voitures d'usagers de la SNCF stationnées dans le parking régulier de la gare ont été emmenées à la fourrière, la voie rapide Valence-Romans coupée dans les deux sens, cinq agglomérations bloquées pendant plusieurs heures, tout ça pour un vin d'honneur offert par l'homme qui ne boit pas de vin à trois mille personnes, j'ai bien dit trois mille, le but du voyage étant de visiter l'école de Chatuzange-le-Goubet et la salle polyvalente d'Alixan...


Un hélicoptère Puma (4500€ de l'heure) et un Gazelle étaient mobilisés au cas où, et 1265 gendarmes et leurs 238 véhicules déployés pendant douze heures...


Heureusement que nous sommes en crise et que l'heure est aux économies, sinon ce déplacement aurait pu coûter cher au contribuable...On l'a encore échappé belle...





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mercredi 25 mars 2009

244° Le rouge vous va si bien...

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Si on avait pu écouter pendant la campagne électorale de 2007 un seul bulletin d'information de mars 2009, on aurait sans doute compris à quel point le parangon de la droite dure qui s'exprimait alors était prêt à tout pour obtenir son fauteuil et s'y cramponner.


Parce que ce qui est en crise aujourd'hui, c'est bien « le seul système valable » dont il s'est alors déclaré le héraut, et ce qu'il dit aujourd'hui, c'est l'étalage des renoncements, trahisons et autres exercices de caméléon dont il est capable pour rester en place.


L'an dernier, il fallait être décomplexé, fier d'entasser l'argent, de montrer sa richesse, de démontrer que l'hyper-fortune des uns faisait la moindre misère des autres, et aujourd'hui, bien qu'il se cramponne au bouclier fiscal comme à une amulette sacrée, il faut faire intervenir l'état dans les entreprises comme le suggéraient ses adversaires « socialo-communistes » et limiter les rémunérations scandaleuses qui passaient alors pour des gages de prospérité.


Entendre les golden boys de ce gouvernement intervenir dans les conseils d'administration où l'état a pris des parts et vitupérer contre les parachutes dorés, les paradis fiscaux et les stock options dont ils se sont gavés sur notre dos jusqu'ici est quasiment surréaliste.


Nos humoristes de la télévision aiment monter des sketches parodiques en mettant dans la bouche de nos édiles des paroles détournées. Au début de « On n'est pas couchés » le samedi soir sur France 2, Ruquier nous en sert toujours quelques uns, parfois assez réussis.


Maintenant, on n'a plus besoin d'imitateurs. Entendre Sarkozy, Woerth, Fillon ou Christine Lagarde vitupérer contre les paradis fiscaux et les salaires scandaleux, ça vaut bien une émission comique. Crise oblige, ils font leurs guignols eux-même!


Je sais bien, on va s'en lasser très vite sur tous les plans. D'abord parce qu'on n'y croit pas. S'ils privent leurs potes de parachutes dorés, c'est qu'ils ont trouvé un autre truc pour les arroser. S'ils condamnent certains paradis fiscaux, c'est parce qu'ils en ont trouvé de nouveaux, et s'ils ont mis de l'argent dans des entreprises privées de manière suffisamment compliquée pour que le béotien n'y comprenne rien, c'est sûrement qu'ils ont trouvé une nouvelle manière de se faire des cadeaux avec notre pognon. Sinon, ils auraient aussi bien pratiqué la relance par la consommation, non?


Ils vivent tellement dans leur petit univers clos qu'on a, de toute manière, l'impression d'être au théâtre quand on les regarde. Avec en fond, cette certitude de tout spectateur d'assister à de la fiction.




La loi HADOPI déjà caduque:


La preuve qu'ils n'ont pas les pieds sur terre: leur loi Hadopi sur la « propriété intellectuelle » destinée à protéger quelques rentiers du show bizz est caduque avant d'être votée. N'oublions pas que nombre de musiciens mettent leurs œuvres gratuitement sur internet pour se faire connaître, puis gagnent leur vie en faisant des concerts. Mode d'accès à la célébrité qui a l'avantage de soumettre les débutants au jury du public au lieu de les soumettre à l'arbitraire de quelques pontes de multinationales.


Ceux qu'on appelle les pirates, eux, ont déjà trouvé la parade.


http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39388930,00.htm?xtor=EPR-102


Ipredator, le système absolu qui permet à toute forme de données de transiter par internet à l'abri de tout contrôle et de toute identification est prêt, pour 5€ par mois. Le prix de la « licence globale » dont ils n'ont pas voulu et dont ils n'auront donc rien!

Et on ne peut ni l'interdire ni le bloquer: il n'est pas détectable.




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mercredi 18 mars 2009

243° Ça rend sourd...

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C'est dans les pays que l'on qualifie pudiquement de « en voie de développement » que la Vatican international company compte encore le plus grand nombre d'adeptes motivés, même si, sur ce terrain de prédilection, l'entreprise y est fortement concurrencée par son homologue basée à La Mecque.


Dans l'avion qui l'emmenait à Yaoundé, (Cameroun), le pape a benoîtement expliqué à quelques journalistes sa compréhension du sida et de l'usage de la capote.


« le problème du SIDA [..] ne peut pas être réglé par la distribution de préservatifs, et au contraire, [leur] utilisation aggrave le problème» a-t-il déclaré aux journalistes médusés. (AFP/09/03/17).


On se pose le problème de sa compétence en la matière. A-t-il les bons conseillers? Lui a-t-on bien expliqué ce qu'était le Sida, ce qu'était une capote, où ça se mettait, comment, et dans quelle situation?


D'après France 2, qui a montré à midi un reportage tourné cette semaine au Cameroun, les propos du pape ne sont plus reçus là-bas comme parole d'évangile. L'usage de la capote tend à s'y généraliser.


Néanmoins... Les propos de son prédécesseur, qui s'était déjà répandu, au propre comme au figuré, sur l'inutilité de la capote jusqu'à prôner son bannissement, avaient été, en leur temps, qualifiés de « crime contre l'humanité » par les institutions en charge de la pandémie sur le continent africain. La vatican company persiste et signe.



Au rayon grand n'importe quoi, on note aussi les débats qui ont divisé l'UMP à propos du bouclier fiscal qui coûte si cher à nous autres les sans armure..


Nicolas Sarkozy déclare que l'abolition de ce bouclier « ferait fuir vers l'étranger les Français les plus aisés » et qu'il ne voulait pas « enrichir Monaco, la Suisse ou l'Autriche ».


Les fenêtres de l'Elysée seraient-elles en verre dépoli qu'on n' y voie pas plus loin que le trottoir d'en face? Jean François Copé en remet une louche en affirmant qu' « en temps de crise, on a besoin de gens fortunés »...


Incompétence ou imposture? Est-ce depuis l'invention du bouclier fiscal (2007) que les paradis fiscaux et les délocalisations ont commencé à exister? Leur prospérité a-t-elle diminué depuis?


Sarkozy et Copé sont ils assez naïfs ou nous croient-ils assez cons pour croire que les « Français fortunés » vont, en échange de cette boîte de chocolats, cesser de délocaliser travail et usines entières, d'investir à l'étranger et de planquer leur grisbi dans les endroits ad-hoc? Le bouclier fiscal n'est qu'un cadeau supplémentaire à des gens qui n'en ont pas besoin et ne sont pas connus pour renvoyer les ascenseurs, surtout sociaux.


Qu'on les laisse partir! Personne ne croit à leur civisme et ce sont justement ceux que l'on vise avec cette mesure qui ont les meilleures raisons de continuer à l'ignorer.


Concernant Jean François Copé, on peut s' interroger sur l'intérêt personnel qu'il trouve à défendre si obstinément cette disposition, pensant sans doute pouvoir en bénéficier prochainement, -à moins que ce ne soit déjà fait.


http://www.politique.net/2007100203-cope-cumule-les-mandats.htm


http://www.politique.net/2008051202-cope-et-le-cumul-des-mandats.htm


Car l'intéressé est tout à la fois maire de Meaux, député de la 5° circonscription de Seine et Marne, président de la communauté d'agglomération de Meaux, président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale, et avocat au 26 cours Albert1°, Paris 8°, si mes tuyaux sont bons.


En tout cas, pour lui et à la différence des travailleurs de Continental, travailler plus pour gagner plus, ça marche.




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lundi 16 mars 2009

242° Damned ! Encore niqués !

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Je suis très déchiré à propos de la pub à la télévision. Je n'aime pas la pub, même si, à partir d'un certain âge, elle devient utile pour aller pisser sans perdre la continuité du programme qu'on regarde.


Mais d'un autre côté, je me dis que c'était une bonne manière de financer les programmes de la télévision publique que de la faire payer par des entreprises bourrées aux as, alors que c'est avec nos malheureux impôts et taxes qu'il va falloir maintenant subventionner la chose.


Les requins branchés essaient bien de m'expliquer que ça ne change rien: de toute manière, c'est moi qui paye les pubs en achetant les produits qui les font. C'est mal me connaître: plus ils envahissent mon écran, moins je les achète!


Finalement, j'aurais préféré les garder pour avoir le temps de débarrasser la table après le journal télévisé et faire quelques pauses-vessie au cours des rares soirées que je passe devant mon téléviseur.


Mais bien sûr, le troll agité de l'Elysée, auquel je ne reconnais pour seul génie que de faire systématiquement tout ce qui me contrarie, en a décidé autrement. Non seulement je devrai payer ma télé avec l'argent dont il a amputé ma retraite, mais de plus, il réussit le tour de force de me faire chier et de m'empêcher d'y aller sans perdre un bout d'émission.


Bon allez, il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur. Plus il sévit fortement et plus il réduit la durée de sa nuisance, et je crois aux jours meilleurs. Mais le problème, c'est que comme les autres, plus que les autres, il ne tient pas ses promesses.


Parce qu'on pouvait espérer que la fin de la pub, ce serait la disparition de mon écran des familles de beaufs qui s'extasient devant un plat de nouilles ou une pizza industrielle, des ménagères qui nettoient d'un coup d'éponge des cuisines dans des maisons à un million d'euros, des couples hollywoodiens qui pavanent sur des routes désertes et sans flics dans des coupés qui ne se vendent plus, et des rambos qui deviennent des séducteurs en série rien qu'en enduisant de gélatine leurs aisselles mal lavées.


Eh bien non. Damned, encore niqués!


Samedi soir, 14 mars, sur France 2, entre la fin du journal et le début de la pièce, j'ai vu passer sur mon écran Gédimat, GMF, Renault, Velux et Darty, et à 22h30, entre la pièce et l'émission de Ruquier, pendant quinze minutes d'on ne sait pas quoi puisque officiellement, il n'y a plus de pub, j'ai revu défiler à nouveau Gedimat, la GMF et Renault, accompagnés cette fois d'Orpi, de la Caisse d'épargne et des vacances en Irlande. Sans compter un spot sur le don d'organes que je veux bien passer en pertes en profits.


Alors, bien sûr, kolossale finesse, ce ne sont plus des spots publicitaires. Tous ces marchands du temple ne sont plus des « annonceurs », mais des « sponsors »... Ils finiront même pas les intituler « mécènes » si on les conteste davantage.



Bilan: là comme ailleurs, nous nous sommes fait entuber sur toute la ligne: il va falloir payer notre télévision à la place des gentils annonceurs, mais sans aucune contrepartie: ils ne nous ont pas débarrassé le plancher pour autant. Ils sont toujours là... à nous narguer.




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samedi 14 mars 2009

241° La querelle des anciens et des pas modernes

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Le Vatican: combien de divisions?

une grande division !





. Si les voies du seigneur sont à ce point impénétrables, c'est peut-être parce qu'elles sont bien étroites. Après avoir favorisé la pandémie de sida en Afrique en usant de son autorité morale pour éradiquer la capote -ce qui devrait être considéré comme un crime contre l'humanité, mais qui en a seulement parlé?-, la maison vaticane conduit aujourd'hui en regardant résolument dans le rétroviseur. Après avoir manqué le mariage des prêtres qui constituait sa chance historique de rattraper l'histoire et buté sur l'acceptation du planning familial, elle se crispe maintenant contre l'acceptation de l'homosexualité, devient hystérique à l'idée de reconnaître des couples homosexuels, et n'a rien trouvé de mieux pour se cramponner au passé que de réintégrer des prêtres négationnistes. Cette douloureuse nostalgie à l'égard d'un passé qu'on croyait définitivement condamné par tout homme civilisé crée dans ses rangs pourtant clairsemés des dissensions dont l'athée que je suis ne peut que se réjouir.




Pour ne parler que de l'église de France, pendant que « la Croix » relaie l'inquiétude dont elle fait campagne à grand tapage à propos du statut de beau-parent, qui est pourtant une réalité sociale que personne n'éludera (à preuve que c'est une droite réactionnaire qui s'apprête à le légaliser!!),

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2367412&rubId=4078

le Figaro, pourtant peu suspect d'apostasie militante, étudie la réaction des fidèles face à ces coups de marche arrière, cristallisés par la moyenâgeuse excommunication d'une mère brésilienne qui a fait avorter sa fillette de neuf ans enceinte de jumeaux après un viol. Dans un article pourtant mesuré:

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/03/12/01016-20090312ARTF...

il ne peut que constater l'égarement des fidèles au point de titrer sa conclusion:

«On a honte de dire que nous sommes catholiques»

Ce malaise des catholiques est accentué par les tentatives maladroites et perverses des épiscopats de s'immiscer dans la vie politique des pays, en multipliant sermons et prises de positions médiatiques (Italie, Pologne, Espagne, Portugal, Brésil, Equateur) contre les sujets d'actualité qui sont des avancées de l'histoire, et donc des reculs du dogme. (normalisation de l'homosexualité, homoparentalité, familles monoparentales, avortement légitimes, etc.. ). Ajoutons à cela la constitution dans tous les grands pays d'associations promptes à se porter parties civiles dans le but non avoué mais obstiné de faire reconnaître le blasphème par les tribunaux de la république. Ils ont bien failli y parvenir en France en 2005 avec l'affaire de l'affiche de la Cène.

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_C%C3%A8ne_(Girbaud)

dans laquelle ils n'ont été, de justesse, déboutés qu'en cassation.


Le conseil d'administration du Vatican n'est-il donc préoccupé que de suivre la surenchère initiée par l'islam intégriste, dans le plus pur style d'un chef d'entreprise qui jette ses esclaves à la rue pour préserver les prébendes de ses actionnaires? Je croyais naïvement que la religion, c'était autre chose que ça, et c'est pour ça que je n'en ai pas.


D'ailleurs, ils persévèrent à l'ONU où on trouve le Vatican en tête de la fronde contre la proposition de dépénalisation universelle de l'homosexualité initiée par Rama Yade, avec un gros des troupes constitué de l'Iran, de l'Egypte, du Soudan, du Yemen, de la Lybie et de l'Arabie Saoudite.
Qui se ressemble s'assemble.

http://www.lepost.fr/article/2008/12/02/1343962_projet-francais-de-depenalisation-de-l-homosexualite-le-vatican-s-y-oppose.html

Ils sont en train de détourner de sa finalité une conférence internationale sur le racisme qui doit se tenir à Genève en avril prochain sous le nom de « Durban II ».
Rappel de ma rubrique « alerte rouge » au bas de mon billet 239 ci-dessous:

http://brethmas.blogspot.com/2009/03/239-la-vague-ou-la-dictature-pour-les.html

Le modernisme progresse plus vite que la culture et le savoir. L'obscurantisme est le grand gagnant de ce challenge, qui voit augmenter ses moyens de communications et donc le nombre d'égarements et de dérives qu'il induit, que certains apprentis dictateurs ont vite fait de transformer en autant de leviers de pouvoir.





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mardi 10 mars 2009

240° Gran Torino

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De et avec Clint Eastwood.



Eblouissant.



Si je parle beaucoup de cinéma sur ce blog en ce moment, ce n'est pas parce que j'ai choisi d'en changer la forme ou que j'ai décidé d'arrêter de rouspéter et de vaporiser du sarkozycide.


C'est tout simplement parce qu'il y a beaucoup de bons films...


J'ai tardé à aller voir Gran Torino, sorti depuis déjà presque deux semaines. J'ai eu tort. Les critiques et le dossier de presse parlent du face à face d'une sorte de Rambo avec une famille de Vietnamiens, essaient de le raconter maladroitement, ils s'égarent.


Chaque scène de Gran Torino est « a piece of cake », un absolu de situation, un aboutissement de scénario, un éblouissement de dialogues percutants. Si Audiard avait un oncle d'Amérique, il aurait écrit ceux de Gran Torino. Chaque minute de projection est une dégustation de grand art cinématographique, chaque plan une leçon de mise en scène, chaque collage du montage celui qui convenait pour dérouler le plaisir sans un instant de relâchement.


Je ne vais pas essayer de vous le raconter. Gran Torino est une aventure humaine, un choc de cultures dont il résulte qu'aussi diverses qu'elles soient, toutes les cultures se rejoignent sur le fondamental.


C'est un film sur les valeurs, sur l'homme, la vie, la mort, le destin, la guerre et les religions. Une leçon d'humanisme très drôle, très dramatique. Et aussi une superbe leçon de cinéma.


C'est aussi la confirmation que je n'ai vraiment pas envie d'aller vivre aux Etats Unis.


Courrez y.



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lundi 9 mars 2009

239°. La Vague - ou La dictature pour les nuls.

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Film allemand de Dennis Gansel, d'après un roman américain de Todd Strasser paru en 1981, relatant une authentique expérience dans un collège américain.



Cette méticuleuse autopsie du fascisme laisse pantois, et la seule égrégore des spectateurs choqués par cette étonnante démonstration, qui se regardent en sortant de la salle avec l'air de se demander si quelque chose a vraiment changé pendant la séance en dit long sur l'efficacité et la simplicité du processus démonté ici en un schéma simple et accessible.


On prend une petite foule déjà liée par une certaine identité. C'est dans le film l'inscription à un stage thématique dans un lycée, ce peut aussi bien être le partage d'une misère... Un rien peut faire l'affaire.


Le film, lui, très allemand et même très berlinois, s'attarde avec malice sur l'augmentation du chômage, la baisse du pouvoir d'achat, les communautarismes éthniques et religieux, les inégalités sociales, autant de facteurs qui caractérisent aussi bien l'Allemagne actuelle que la France et qui porte à croire qu'un battement d'ailes de papillon suffirait à faire prendre la mayonnaise tant les conditions de base sont à ce point réunies.


On les persuade qu'ils valent mieux que le sort qui est le leur, que de la communauté et de la discipline naissent un pouvoir, qu'ils sont tous un indispensable rouage d'une machine parfaite, qu'ils ont été choisis parce membres d'une élite destinée à changer la face du monde, on les constitue en ordre avec repères, emblèmes, signes de ralliement et uniformes, et on obtient le monstre de science fiction classique constitué de millions de clones doués d'une pensée commune.


La morale de chaque individu cède le pas devant la nouvelle morale subordonnée à l'intérêt général devant lequel tout doit s'effacer, et on obtient les bourreaux nazis qui expliquaient à leurs juges qu'ils ne leur appartenait pas d'apprécier ce qu'on leur demandait de faire, mais seulement d'exécuter des ordres.


On se souvient du Cercle des poètes disparus, de American HistoryX, et surtout de Sa Majesté des Mouches..., autant de films sur la vulnérabilité des adolescents et les emballements collectifs..


L'ouvrage prend toute sa force lorsqu'on on en compare les ingrédients et la progression avec tel congrès d'un parti politique récemment survenu porte de Versailles où l'on voit un tout petit homme sur une scène colossale, avec son portrait et l'emblème de son mouvement au-dessus de lui, haranguer une foule immense et attentive rangée devant lui en d'interminables files bien rectilignes... Un peu d'imagination et on se souvient d'un grand stade de Nuremberg, ou bien de la saisissante scène du film « The Wall » d'Alan Parker, où l'on voit sur fond de musique de Pink Floyd, Bob Geldhof enflammer une salle de partisans et l'exhorter à dénoncer les traîtres (on retrouve cette scène dans La Vague!)


On pourrait même ajouter que le film devient prémonitoire lorsqu'on voit le tout petit homme remplacer ses ministres, nommer directement les directeurs des banques dont il force la fusion en devançant non seulement les décisions, mais même les réunions de la commission de déontologie, limoger les préfets qui ont mal organisé sa claque et désigner lui-même le président de France-télévision... Mais parlons plutôt de la Vague...


Pour le film, c'est d'ailleurs l'option politique qui est finalement choisie, mais soucieux de pédagogie, le réalisateur ne se prive pas, dans la construction du système, d'effleurer les fonctionnements sectaires en créant notamment le personnage de l'esprit faible qui se livre corps et âme au concept au point d'en dépendre complètement, et en décrivant les dérives de l'objet de l'expérience qui finissent par échapper à leur concepteur de manière hautement significative.


On y voit encore le portrait du « suiviste », du « mouton », de celui qui appartient au mouvement « parce que c'est bien » comme je connais certains militants politiques qui n'ont jamais envisagé d'autre destin que de servir une cause sur laquelle ils ne se sont jamais interrogés. On y trace aussi le profil des apparatchiks qui n'existent que dans le parti comme un poisson dans un bocal et vont d'échec en échec dans leur « vie extérieure ».


Film saisissant et puissant qu'on devrait également projeter dans les écoles. En restant dans la théorie et dans l'abstrait et en s'abstenant de toute référence historique, la démonstration se soustrait à toute emprise politique ou religieuse qui peut engendrer du négationnisme. Ainsi débarrassé de toute velléité communautaire, le principe de la lutte contre le risque fasciste pourrait y gagner en efficacité.



Dans le cadre du prêt à penser, un gag et une alerte rouge:



Le gag:

Dans l'excellent « L'aile du papillon » de ce dimanche 8 mars, (Canal+, 12h10), un journaliste s'étonne de la nomination de Gilbert Montagné et de David Douillet à la direction de l'UMP, aux secrétariats en charge respectivement du handicap et des sports.


Coup de chance pour le journaliste, il tombe justement sur Dominique Paillé, porte parole de l'UMP sur le perron du siège du parti. Il pose sa question sous forme de boutade: « Et c'est pour quand, Bigard à la culture? ».


Dominique Paillé ne saisit pas le ton goguenard de la question et répond au premier degré et le plus sérieusement du monde qu'une telle nomination « apporterait une vision de la culture qui permettrait de sortir de l'élitisme dans lequel nous sommes malheureusement confortés par un certain nombre de gouvernements successifs, ...[...] notamment de gauche....[...] car L'UMP est un mouvement populaire ». Survient opportunément devant la caméra Nathalie Kosciusco-Morizet qui se réjouit d'une mesure qui permettra des « regards croisés » sur certaines situations.


http://www.canalplus.fr/tous-les-programmes/les-emissions/pid2180-c-p-dimanche.html?


On ne peut que se féliciter de voir l'UMP échanger des regards croisés avec Gilbert Montagné. Quelle clairvoyance! Mais si la culture doit devenir populaire, qu'on me permette de plaider ici la cause de Steevy, ce phare de la pensée umpienne, grand thuriféraire de notre sublime timonier, grand oublié de cette vague de nominations. Habitué qu'il est aux exigences viziresques, son maître bien-aimé pourrait par exemple, créer pour lui un secrétariat à la bouffonnerie. Cela manque encore à la cour.





L'alerte rouge:

A Genève, en avril prochain, doit se tenir une réunion sur le projet de déclaration finale de la Conférence des Nations Unies sur la lutte contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance, dite «Durban II ».


Présidé par la Lybie et vice-présidé par l’Iran, le comité préparatoire institué pour la finalisation du projet de déclaration se livre à un véritable détournement du concept de protection des droits de l’homme pour tenter de légaliser le délit de blasphème, d'institutionnaliser de nombreuses discriminations au nombre desquelles l'antisémitisme et l'homophobie, conformément aux préceptes de l'Islam, institué pour l'occasion « religion de référence », de rétablir une société sexiste et communautariste, de rejeter l'universalité des droits de l'homme au profit d'une prééminence des « spécificités culturelles et traditionnelles » et de rejeter la laïcité comme une forme d'hérésie.


La Canada, Israël et les Etats Unis se sont d'ores et déjà désolidarisés de cette mascarade, et il importe que les pays européens, de toute urgence, en fassent autant.


On a célébré en décembre dernier le 60° anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, nous attendons les réactions du « brain trust » de l'UMP...



http://www.un.org/french/aboutun/dudh.htm




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jeudi 5 mars 2009

238° Harvey Milk

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L'Amérique est et reste le pays du meilleur et du pire, et aussi souvent de l'incompréhensible. Ainsi pourquoi Harvey Milk, de Gus van Sant a-t-il reçu l'oscar du meilleur scénario alors qu'il n'en possède justement pas? Le film raconte avec une précision d'historien les faits et gestes réels d'un homme peu connu jusqu'ici, mais à qui les gays du monde entier doivent pourtant beaucoup, puisque d'aucuns le surnomment « le Martin Luther King » des homosexuels. Le générique de fin montre d'ailleurs en parallèle le portrait des vrais personnages de l'histoire, confirmant le caractère scrupuleusement historique du récit.



Sean Penn a également reçu pour ce film l'oscar du meilleur acteur, ce que personne ne lui disputera attendu qu'il « vit » son personnage avec une conviction qui transporte le spectateur. On aurait juste aimé qu'il le partage avec les comédiens qui l'entourent. On partage bien les grandes causes, pourquoi pas les hommages qu'on leur fait?


L'homosexualité possédait -et compte encore dans beaucoup de pays et même parfois chez nous-, de nombreux martyres anonymes, mais elle n'avait pas son héros. Justice nous est rendue, en tout cas, par ce film enthousiasmant, construit comme une épopée, qui raconte avec simplicité et modestie la vie et la trajectoire percutante d'un grand bonhomme trop méconnu.


L'histoire de l'homosexualité est étroitement mêlée à celle de sa persécution. Si le mot « homophobie » est récent, la notion et le concept en sont vieux -peut-être pas comme le monde-, mais au moins autant que les religions monothéistes. Le creuset américain offrait les espaces de libertés propices tout à la fois à de scandaleuses persécutions et à une révolte spectaculaire.


On se scandalise aujourd'hui devant les persécutions des homosexuels et leur mises à l'index -voire au pilori physique ou social- qui se pratiquent dans certains pays. C'est oublier que dans la patrie du « gendarme du monde », il y a à peine quarante ans, la police appelait journalistes et caméras pour faire des rafles dans des bars gay, et que c'est sur ces images d'actualités en noir et blanc où des malheureux se cachent le visage pour ne pas être reconnus que s'ouvre le film.


Les auteurs sont magnanimes, ils auraient pu faire plus sévère: au pays du lynchage et des armes à feu, les crimes homophobes étaient et sont encore légion, et on débat encore du caractère aggravant des motivations homophobes...Ils auraient pu montrer bien pire. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Matthew_Shepard)


Brokeback Mountain nous donne un bel exemple de lynchage impuni... et la liberté d'expression mal comprise qui permet là-bas à des Vanneste de dégoiser librement envenime à souhait la défense des droits fondamentaux.


Hymne aux droits de l'homme et ode à la liberté, le film comme son héros font bien la différence entre libertarisme et défense des libertés. Jamais Harvey Milk ne parle de renverser quelque valeur que ce soit. Il se contente d'exiger une place dans la société pour les citoyens différents, simplement au nom de l'article de la Constitution du pays qui garantit les libertés individuelles de chaque citoyen.



C'est cette quête d'intégration réussie qui le conduira aux marches du pouvoir. Le film démonte méticuleusement les alliances et déclics politiques qui le mèneront à la gloire, puis à sa perte. Il dénoncé sans malice particulière les tantes honteuses qui font profession d'homophobie, les arrivistes politiques qui défendent des causes auxquelles ils ne croient pas pour se faire une place au soleil. Paradoxalement, l'homophobie ne semble pas le moteur principal de son meurtrier.


Il y a peu de telmps, dans mon billet n° 231:

http://brethmas.blogspot.com/2009/02/231-le-ton-monte.html


j'ai montré une vidéo d'Anita Bryant, la madone des homophobes, se faisant entarter. J'ignorais alors qu'elle était l'opposante médiatique de Harvey Milk. On la voit beaucoup dans le film débiter ses salades et incarner cette bourgeoisie américaine puritaine qui tire toute les ficelles et manie la langue de bois sans qu'aucun journaliste bien élevé n'ose jamais lui poser les bonnes questions. Comme on entend souvent dire aux interviewés de Religolo:


http://brethmas.blogspot.com/2009/01/228-religolo-religulous-un-film.html

"On ne parle pas contre dieu"... Voilà qui simplifie beaucoup les débats...

Le vent de liberté victorieuse qui souffle dans la salle, les interprétations, pas seulement de Sean Penn, mais de toute son « équipe », le montage stratégique du film en épopée qui enfle au fil des bobines, l'égrégore que le héros tisse autour de lui avec un charisme qui déborde de l'écran transportent un public qui ne m'a pourtant pas paru particulièrement composé d'homosexuels. En attendant derrière la porte de la salle, j'ai entendu applaudir la séance précédente. Le générique de « ma » séance est également apparu sous les applaudissements.


« Ils applaudissent à chaque séance » m'a confirmé le personnel du cinéma.


Les homosexuels ont enfin un héros. Pas un superman ni un turbojusticier. Un homme simple et pétri de convictions qui connaît les souffrances des adolescents, voudrait prévenir leur suicide, - le film en parle avec justesse-, leur garantir un droit au bonheur, consacre sa vie aux droits des citoyens et à la liberté avec la simplicité des grands hommes, veut offrir la joie de vivre à chacun, dégrippe les rouages rouillés de la démocratie pour lui rendre son panache et laisse sa vie dans le cyclone d'intégrité qu'il provoque.


Un vent de liberté, d'humanisme et de démocratie à faire souffler dans les écoles.



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