samedi 28 août 2010

345° Vous reprendrez bien un peu de droits de l'homme?


Pendant qu'il se fait conspuer par l'ONU et le reste de la planète pour ses déportations de roms et autres gens qu'on n'aime pas à Neuilly, le chef de l'état veut mobiliser l'Europe pour sauver de la lapidation Sakineh, une jeune femme iranienne, condamnée pour un acte supposé immoral et manifestement avoué sous la torture. Le président et madame se mobilisent et « s'emparent du dossier », suivant une expression bien en cour dans la presse aux ordres..

C'est fort bien. Mais la sarkozie, qui est la voix de la France a-t-elle une bonne place pour jouer les chevaliers blancs ?


Quand les sondages du chef étaient au plus haut, cette même sarkozie ne se gênait pas pour expulser des homosexuels vers des pays comme l'Iran ou le Sénégal où ils risquaient l'arrestation et la mort sitôt leur arrivée...Ou la Tunisie où leur vie est menacée de relégation sociale. En Iran, on ne lapide pas que les femmes, on lapide aussi les homosexuels, de même qu'au Yemen et dans quelques contrées inhospitalières et parfois pétrolifères... Or la France expulse sans scrupule de pauvres gens vers ces pays au plus grand mépris du sort qui les attend à leur arrivée.


Ce jour-là, on a tendu l'oreille vers l'Elysée : ni le chef de l'état ni madame ne se sont « emparés du dossier ». Rien. Silence, et même persistance et signature. Il a fallu que les associations déclenchent un concert international de protestations pour éviter, -dans certains cas mais pas dans tous-, la marche au supplice des « ayant vocation à retourner au pays »...


Les droits de l'homme sont-ils une valeur absolue ou un consommable dont l'Elysée pourrait user avec cynisme lorsqu'il pense pouvoir en tirer quelque profit dans l'opinion ? Qui va croire à ce genre d'humanisme et jusqu'à quand ?


Quand j'entends certains gays dire qu'il n'est plus nécessaire de militer et que nous avons obtenu tout ce qu'il fallait, je frémis. Nous vivons dans une sociétés d'enfants gâtés et de fils à papa.




lundi 23 août 2010

344° Quels ingrats ces curés...





Rencontre Hortefeux - Archevêque de Paris: 22 rencontre 23.


Depuis qu'il est ministre, mais surtout depuis qu'il est président, Sarkozy n'a pas cessé de tailler des croupières à la laïcité et de tenter d'imposer à la république une vision métaphysique qui la ramène à son passé.


Comme il faut bien croire et espérer en quelque chose et que ce ne sont pas ses promesses pas tenues qui vont pouvoir focaliser la soif d'espérer des populations, le président est prêt à dérouler le tapis à tout ce qui peut servir de support aux préoccupations des Français pour détourner leur attention des réels objectifs de sa politique et des moyens les plus critiquables qu'il utilise pour la faire durer.


Souvenons-nous de ses discours, du Latran, où entre autres, il établit le curé et le pasteur devant l'instituteur dans la transmission des valeurs...et de Ryad, ou il nous assène que

"Un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent".... - et qui, pendant ce temps là, le laissent faire le ploutocrate avec fatalisme ? -


Et voilà que dans son élan métaphysique, il oublie les contradictions contenues dans ses gesticulations, et se fait allumer d'un carton rouge par monsieur le pape en personne. Malgré son enfance baignée d'une culture fort peu cosmopolite, sa benoîtitude assure un minimum de cohérence dans sa politique et rappelle à l'apprenti sorcier du faubourg St. Honoré qu'on ne peut pas faire en même temps les choses les plus contradictoires. Ce n 'est peut-être pas de l'humanisme profond, vu la position de sa multinationale sur certains sujets, mais c'est une claque de réalpolitik qui rappelle qu'au jeu du « plus à droite le mieux travesti », la bataille fait toujours rage...


Du coup, ce sont les fidèles lieutenants qui héritent de la patate chaude. André Vingt-trois, cardinal de son état, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a fait remarquer au calife qu'on ne traite pas de la sorte les bons chrétiens que sont les gens du voyage et les roms, que ce sont des ouailles pas pires que les autres qui donnaient bien à la quète et il a tancé la république pour son outrecuidance.


Laquelle république, par la bouche de son vizir Hortefeux, a répondu qu'elle était prête à envisager le sort de ces malheureux en faisant semblant de tenir compte des remarques de son homologue.


Monsieur vingt-deux vla les flics va donc rencontrer monsieur Vingt-trois de son état. Il sortira certainement de très belles paroles de cet entretien, même si Marianne risque d'entendre siffler ses oreilles pendant la consultation. Mais des actes ?


Je peux leur suggérer une idée de coopération : la compagnie Vatican sera autorisée à installer un stand sur le tarmac de l'aéroport, où elle pourra bénir les passagers avant leur déportation. Correct, non ? Entre gens de pouvoir, il y a toujours moyen de s'arranger, au moins pour la galerie.




jeudi 19 août 2010

343° Mais de qui parlez-vous donc ?


Que peut-il ? Tout.

Qu'a-t-il fait ? Rien.

Avec cette pleine puissance,

en huit mois un homme de génie

eût changé la face de la France,

et de l'Europe peut-être.

Seulement voilà : il a pris la France

et n'en sait rien faire.


Dieu sait pourtant que le Président se démène :

il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ;

ne sachant créer, il décrète ; il cherche

à donner le change sur sa nullité.

C'est le mouvement perpétuel, mais hélas !

Cette roue tourne à vide.


L'homme qui, après sa prise du pouvoir

a épousé une princesse étrangère

est un carriériste avantageux.

Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots,

ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir.

Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la bourse, le coffre-fort.


Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse.

Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit

et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme,

il est impossible à l'esprit de n'être point surpris.


On y ajoutera le cynisme car, La France, il la foule aux pieds,

lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue !


Triste spectacle que celui du galop à travers l'absurde,

d'un homme médiocre échappé.



Victor Hugo

« Napoléon le petit », 1853.

réédité chez Actes Sud.


mercredi 11 août 2010

342° La droite attaque aux couilles.



Quand la droite est le dos au mur et à bout d'arguments, elle mord à la culotte. Tous ces hypocrites qui prétendent vivre « sans sexe » (ou qui le font vraiment?) croient disqualifier les gens normaux en « révélant » qu'ils ont une vie sexuelle.


Ça prend ou ça ne prend pas. Souvenons-nous de l'affaire Clinton où l'Amérique, même un peu profonde, trouvait finalement très sympathique d'avoir un président « comme tout le monde » qui se faisait faire des gâteries sous son bureau. Seulement, il existe là-bas comme ici, un certain pouvoir qui se prétend inspiré par un dieu et qui prétend que l'hypocrisie est la seule vraie manière de devenir un dirigeant.


Souvenons-nous en France de l'attaque sauvage de Marine Le Pen contre Frédéric Mitterrand à propos de l'affaire Polanski, suivie de peu par celle de François Bayrou (à mes yeux l'incarnation même de la droite-qui-n'ose-pas-dire-son-nom ) contre Daniel Cohn Bendit qui venait de gagner des élections...


En Belgique, le futur premier ministrable, ouvertement gay, est attaqué sur sa vie privée par une secte homophobe, vraisemblablement flamande d'extrème-droite, qui tente de semer le trouble en se faisant passer pour des islamistes. Les extrêmes se trouvent toujours des points de ralliement..


En Californie, le juge qui a estimé irrecevable la proposition 8 qui prétendait interdire le mariage gay est accusé d'être homosexuel par les républicains les plus conservateurs. (pléonasme?).

C'est oublier que le même juge, qui a déjà une longue carrière sans histoire derrière lui, a déjà été taxé d'homophobie dans d'autres circonstances.


Et cela soulève la question de la crédibilité du débat politique qu'on voudrait bien voir se poser au comptoir des bistrots : si un « juge homosexuel » est partial en matière d'égalité sexuelle, qu'est ce qui nous prouve qu'un « juge hétérosexuel » serait plus objectif ?

Faut-il castrer les juges ? Et encore, un juge eunuque sera-t-il "compétent" ?


Les homophobes, en suspectant les magistrats gay de juger avec leurs couilles, révèlent la gravité des tourments qui agitent leur pauvre hétérosexualité. Déjà, le débat, en matière de justice américaine, était ouvert avec les « juges républicains » et les « juges démocrates », comme d'ailleurs avec les juges baptistes et les juges juifs. Si en plus, il faut les trier par affinités sexuelles en déterminant dans chaque camp les assumés et les frustrés, on n'est pas sortis de l'auberge...


Ou alors, l'institution américaine, du moins telle que les républicains prétendent l'incarner, affirme clairement qu'il manquerait une case aux gays pour être de bons juges, ce qui rejoint très exactement ce qu'en disait Hitler en déportant ces dégénérés avec un triangle rose.





lundi 2 août 2010

341° Avec Sarkozy, l'impossible devient possible?


On a du mal à imaginer qu'on puisse être président de la république ou ministre de l'intérieur sans avoir lu la constitution...Lien

Pourtant, l'article 1 précise que :

  • « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion »

et l'article 5 :

  • « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. »...



Les récentes vociférations à propos de l'acquisition, et surtout du retrait de la nationalité française sont donc par avance anticonstitutionnelles et on peut s'étonner d'entendre de tels complots dans la bouche de nos édiles, même s'ils nous ont déjà mithridatisé avec quelques bavures de pauvres cons et d'auvergnats.


D'autant plus que le retrait de la nationalité ne peut pas être décidé par la justice, mais seulement par le Conseil d'État, et uniquement « pour haute trahison ou atteinte portée aux intérêts fondamentaux de la nation par intelligence avec l'ennemi ».


Force est de constater qu'il faut remonter dans l'histoire jusqu'au régime de Vichy pour trouver des précédents de déchéance de la nationalité française.

Lien

Plus grave : on a la désagréable impression que ces déclarations ont ouvert une boîte de Pandore d'où s'échappent maintenant de nauséabondes surenchères.


Toutes les familles ont un dernier arrivé qui, si l'escalade se poursuit, sera menacé à plus ou moins brève échéance. Imaginez que de décret en amendement, on décide par dérapages successifs que la déchéance peut frapper jusqu'à deux générations pour les familles hongroises, et que concomitamment, une certaine affaire dite « Bettencourt » prenne une tournure, disons, inattendue. (quoi que...).


C'est de la politique fiction, me direz-vous. Sans doute, mais le problème est que je pensais jusqu'à la semaine dernière que c'était la déchéance de la nationalité qui était dans son ensemble un sujet de politique fiction... Or il semble que.....


Je frémis. Ma mère était belge... Elle devint française par le mariage en 1939. Rassurez-moi, amis lecteurs.


C'est sans doute pour éviter cette escalade de la délinquance que le gouvernement, depuis 2002, réduit le nombre des enseignants au point que leur effectif en 2010 est inférieur à ce qu'il était en 1992...

C'est sans doute pour éviter la surescalade de cette délinquance que les représentants de l'état ne cessent d'injurier des catégories sociales entières, de les traiter de racaille, d'assistés, de paresseux et d'autres noms d'oiseaux. Après les avoir ignorés, on leur reproche d'exister et d'être devenus ce qu'ils ont pu sans la solidarité de la république.


Prenons l'exemple de ces « gens du voyage » qui sont allés saccager une bourgade parce qu'un braqueur de leurs rangs a été tué en forçant un barrage de police. Bien évidemment, cela passe mal dans l'opinion publique. La police arrête les braqueurs et elle se fâche quand ils forcent des barrages. Normal. Ce n'est pas un assassinat mais le résultat malencontreux de l'inconséquence d'un malheureux qui a mal tourné.


Mais le procès fait à cette communauté à la suite de ces pauvres faits divers est propre à renverser l'opinion publique en leur faveur. Avoir essuyé des tombereaux d'insultes avec la dignité qu'on a pu voir a presque restauré leur image; d'agresseurs, ils sont devenus victimes. Presque sympathiques...

Ils ont des voitures de grosse cylindrée ? Oui, mais ils n'ont pas de maison. Ils ne travaillent pas ? Au moins autant qu'on veut bien les embaucher. C'est une population de voleurs et de truqueurs ? Tandis que nous, avec le sommet de notre pyramide sociale qui planque ses sous en Suisse, touche des chèques des impôts, se les refile dans de grosses enveloppes de papier kraft, se dispute des héritages au tribunal et pratique un népotisme forcené au mépris des intérêts communs, on a une bonne place pour donner des leçons et désigner des fautifs... Lien


Les propos sécuritaires des dernières semaines sont indignes de notre république. Ils sont autant de provocations sans doute destinés à susciter un soulèvement supposé justifier l'application de la férule promise. Mais c'est jouer avec le feu : j'ai peur que l'insurrection qui vient dépasse les espoirs des apprentis sorciers qui sont en train de la concocter et ne nous permette pas d'atteindre les prochaines échéances électorales dans la sérénité. Voir ici le pdf à télécharger. Lien

Si on rajoute à cela le coup d'éteignoir qui s'est abattu sur les affaires en cours en général, et sur l'information en particulier, au point que même le journal télévisé de France2, qui faisait encore illusion, commence à ressembler à la rubrique « faits divers et France de nos régions » rendue célèbre par Jean Pierre Pernaut, on peut même imaginer que le mécontentement pourrait gagner des catégories sociales qui n'ont pas encore été directement injuriées.




Et les garde-à-vue?


Nous sommes 62 millions de Français et 800 000 d'entre nous sont passés en garde-à-vue en 2009.

Cela fait un Français sur 77.


Chaque fois que vous prenez un métro, un autobus, il y a dans la voiture un des gardés-à-vue de l'année. Dans un théâtre moyen, une rangée entière de spectateurs a été gardée à vue cette année.

Au bout de quelques années, c'est tout le premier balcon qui aura connu les affres de la séquestration arbitraire. On n'a plus de Veld'hiv mais nous possédons un très beau stade...