mercredi 30 janvier 2008

146° Bling Bling Titanic

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On a beaucoup parlé d'iceberg ces derniers jours entre ma poire et mon fromage. Même jusque sur mon oreiller.

Ça a commencé lorsqu'on a entendu les premières informations sur ce trader en folie de la Société Générale. Et j'ai pensé tout haut que cette histoire basée sur l'accusation d'un seul homme n'était que le début d'une saga dont on parlerait longtemps, et aussi l'infime partie émergée d'un iceberg dont l'immensité allait se révéler de jour en jour, et qui, en basculant, va balayer d'une vague géante des rivages qui se croyaient à l'abri.



C'est un peu maladroit de parler de tache d'huile pour un iceberg, malgré la mode des marées noires, mais vous verrez qu'on n'a pas fini avec cette histoire. Dans l'état actuel des choses, l'affaire m'inspire trois idées essentielles.

La première est que Sarko-tgv a encore perdu une belle occasion de se taire, une de plus, en réclamant la tête de Daniel Bouton. De quoi se mêle-t-il? La Société Générale est une entreprise privée. Il y a donc, au titre de la séparation des pouvoirs qui est un des fondements de la république, deux instances à même de décider du destin de son PDG: Le Conseil d'administration qui représente les propriétaires de l'entreprise, et la justice, seulement si elle relève une irrégularité dans les actes de monsieur Bouton lui-même, et non dans ceux de ses subordonnés. Tout le reste n'est que spectacle de rue et toute autre intervention en la matière constitue une ingérence résultant de quelque fantasme bonapartiste qui relèvent, suivant les analyses, ou de la psychiatrie ou du Conseil d'Etat.

La seconde est l'imbécillité profonde du principe de la rémunération à la tâche et au rendement. Au nom de cette idée stupide, les traders prennent des risques inconsidérés, les routiers, coursiers et livreurs conduisent trop vite et provoquent des accidents, les ouvriers désactivent les sécurités pour faire tourner la machine plus vite et y perdent des doigts et des mains, et les policiers s'acharnent sur des infractions bénignes mais faciles à constater au détriment d'une délinquance réelle, laissée à l'abandon parce que son traitement n'enrichit pas si bien les statistiques. Si nous avons un jour un gouvernement vraiment courageux et réformiste, qui préfère les vrais actes aux gesticulations, il interdira la rétribution au rendement.


Car la troisième idée est en corrélation avec les précédentes: En ravalant les gens au rang de rouages et de machines, en privilégiant la quantité à la qualité, en ne reconnaissant pas la valeur propre des travailleurs qui réside largement dans leur légitime besoin de reconnaissance, en les poussant dans leurs derniers retranchements, jusqu'aux pressions et harcèlements qui génèrent des suicides, nos dirigeants ont une politique absolument contre productive. Le travail, comme l'économie en général, doit rester un moyen, pas une fin en soi, et il faut l'organiser autour de l'homme, et pas l'inverse.

Occasion pour en finir avec ce culte des « capitaines d'industrie »auxquels rien ne devrait résister, qui détiendraient un pouvoir magique sans lequel rien n'existerait, et qu'il convient, en conséquence, d'idolâtrer comme des grands prêtres d'un système en folie et de couvrir d'or quoi qu'il arrive, et même lorsqu'ils échouent. Que serions-nous sans eux? Mais que seraient-ils sans nous?

Car jusqu'à nouvel ordre, la tournure que semble prendre « l'affaire de la Société Générale » est bien que les dirigeants sont aussi prompts à tolérer les écarts de leurs subordonnés lorsque ça les arrange qu'à les transformer en bouc émissaire au moindre raté. La suite nous dira si les choses sont bien comme je les sens....




La seconde allusion à l'iceberg entre ma poire, mon fromage et mon oreiller, relève directement de l'histoire du Titanic. Sarko a-t-il touché l'iceberg? En tout cas, la version la plus optimiste est que le roi du monde fonce vers lui avant tant d'élan et de détermination que la collision, si elle n'a eu lieu, est d'ores et déjà inévitable.

Le processus me semble engagé. Quel événement révélera aux passagers inconscients du danger la réalité du naufrage? Un nouveau soulèvement des banlieues? Une « masse critique » qu'atteindra infailliblement le « club des déçus » qui a encore recruté ce matin les chauffeurs de taxi? Bienvenue au club, les gars!

Dans mon billet n° 143, il y a donc à peine quinze jours, je parlais des « déçus du sarkozisme » dont le cortège allait grandissant, par allusion aux « déçus du socialisme » des années 80, ce très beau slogan inventé par la droite pour matérialiser un fantasme qui a quand même conduit à la réélection de Mitterand au virage suivant.

Comme quoi je suis modéré, quoi qu'on en dise. Le Nouvel Observateur titre cette semaine sur la « Sarkophobie ». Un gros titre qui occupe toute la une, accompagné d'une liste abrégée d'échantillons « Déçus, moralistes, humiliés, républicains, laïcs ». Il est vrai qu'on peut quasiment faire entrer toute la France dans l'une de ces têtes de chapitres.

Et là, ce n'est assurément pas un slogan, car où est la gauche capable de l'inventer et de le véhiculer? Certes, le Nouvel Obs est bien de gauche, mais il n'est pas « la gauche », et son titre coiffe un article de fond qui reprend tous les grincements du régime depuis son lancement jusqu'à leurs conséquences aujourd'hui et allume un anti-brouillard vers le futur proche.



Les effet pervers de « l'ouverture », les conséquences néfastes de la tentative d'effacement du « clivage gauche-droite » qui apparaît de plus en plus comme un hold-up manqué, le favoritisme à l'égard des nantis au détriment d'un ensemble « petits revenus » qui s'élargit de plus en plus aux classes moyennes en voie d'appauvrissement, les retours de manivelle de l'atlantisme, dont je crains d'ailleurs bien que les manifestations les plus cruelles restent à venir, l'amertume d'un peuple où même les croyants sont très majoritairement attachés à la laïcité, le mépris des citoyens pour le dévoiement de l'image de ses élus dans le bouillon médiatique du bling bling et du paraître, la promenade en bateau dont l'invitation renouvelée chaque matin par une nouvelle gesticulation-changeons-de-sujet ne « cache plus la merde au chat », mais s'en rendent-ils compte?


Bling Blink?


A propos de bling, deux thèses s'affrontent, aidez- moi à les départager.

Première thèse: bling bling serait une onomatopée du bruit de gros bijoux qui s'entrechoquent.

Deuxième thèse: blink blink vient de l'anglais « to blink » qui signifie clignoter, miroiter.

La première thèse semble l'emporter, bien que je soies plutôt partisan de la seconde. Ceci dit, Sarko-moi-je nous démontre à chaque instant que ce n'est pas parce qu'une thèse l'emporte qu'elle est justifiée! Qu'en pensez-vous?

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samedi 26 janvier 2008

145° Sweeney Todd - Tim Burton



Chef d'oeuvre ou exercice de style?



Il y a bien longtemps que je possède, en bon fondu de comédies musicales que je suis, le DVD de Sweeney Todd, version Broadway, mise en scène par Harold Prince, enregistré en 2001 au Louise M. Davis Symphony Hall de San Francisco, avec l'orchestre du lieu.



Le nom de Stephen Sondheim, le compositeur, m'avait accroché parce qu'il restait dans mon esprit lié à celui de Leonard Bernstein, compositeur entre autres de West Side Story., auquel je voue un culte. Depuis, plus de nouvelles de ce monsieur Sondheim. Plus de nouvelles en Europe, mais pour rédiger ce billet, je lui découvre une carrière infiniment remplie outre-atlantique. Mais remplie de choses qui ne franchissent pas l'Atlantique.



Car il est vrai qu'il existe une « musique symphonique américaine », peu prisée en Europe, mais qui, grâce à ses ouvertures sur Broadway, les musiques de film et autres genres annexes, existe là-bas avec un marché et une audience qui lui sont propres. En France, on est plus « chacun chez soi », et par exemple, les escapades d'un Pavarotti vers d'autres musiques plus légères n'ont convaincu ni les amateurs d'opéra ni les auditeurs d'autres genres musicaux lorsqu'il enregistra avec James Brown, Zucchero ou Meat Loaf.



Et après avoir commandé au bout du monde ce précieux DVD, force était de constater que... c'était plutôt... « chiant », musicalement élaboré mais parfaitement inaccessible aux non-initiés, avec peu de thèmes mémorisables, pas de « tube », bref un plaisir d'esthète que je ne goûtai que du bout des lèvres.



C'est dire avec quelle impatience j'attendais ce retour du « Demon barber of Fleet Street » lorsque j'ai découvert que Tim Burton avait jeté son dévolu sur lui.


Jamie Campbell Bower et Johnny Depp. (Photo Warner)


D'abord, -l'auteur n'y peut rien-, mais la date de sortie du film tombe mal. L'autre tête d'affiche de la semaine, « No country for old men », est elle aussi un film où on zigouille à tout va pour le simple plaisir, dans une débauche d'éclaboussures de cervelle et de boyaux. Sweeney Todd est un peu plus raffiné: on y entaille proprement les gorges au rasoir, et les boyaux finissent en pâté en croûte au lieu de pourrir dans des carcasses de voiture. Il demeure que ces deux boucheries concurrentes et voisines de salles dans tous les « bons cinémas » placent la semaine cinématographique sous le signe du rayon charcuterie, ce qui n'est pas forcément propice à l'émotion artistique.



Et d'ailleurs, on ressort de Sweeney Todd plus sceptique qu'enthousiasmé. Ebloui certes par la démonstration technique, la maîtrise de l'art, la qualité du traitement. Film d'esthète, mais aussi film esthétique, Sweeney Todd propose une photographie non pas en noir et blanc, mais en marron, une sorte de sépia foncé, contrastée et fine, avec les taches rouges du « rubis qui coule », signature de l'auteur et une conséquente atténuation de rouge "hors sang". Seules certaines séquences oniriques ont droit à un traitement couleur un peu saturé, mais complet. Pas nouveau, mais efficace à ce niveau de qualité.



Chaque plan est un tableau, chaque mouvement de caméra un petit court métrage savamment préparé. Un chef d'oeuvre de maîtrise technique, oui. Mais un chef d'oeuvre tout court, non. Que manque-t-il? L'émotion.



Car comme beaucoup de films de Tim Burton, Sweeney Todd est et reste une fable, et ne décolle jamais de ce canevas conventionnel. Film sur la vengeance, sur le pouvoir, sur l'amour, oui, mais toujours au travers d'un filtre analytique pesant, de cet aspect « explication de texte » qui le maintient au rang d'exercice de style et de démonstration de talent sans jamais l'élever au firmament du rêve et de l'émotion.



On y retrouve le syndrome de Peter Pan cher à Burton, qui ne veut jamais vieillir. Le scénario n'a pas été choisi par hasard: Tous les « vieux » sont mauvais et meurent, seuls les « jeunes » sont bons et survivent.



Il suffit pour s'en convaincre de voir les deux projets actuellement sur la table de travail de Tim Burton : Un « Spooks apprentice » pour 2009, et un « Alice au pays des merveilles » pour 2010. « Spooks apprentice », c'est l'histoire d'un jeune homme de 17 ans qui apprend la science de l'exorcisme au 18° siècle et s'entraîne à lutter contre les fantômes et les mauvais esprits. Le précurseur d' Harry Potter , en quelque sorte. Et « Alice au pays des merveilles » , je vous laisse chercher...


Jayne Wisener (photo Warner)


A cet égard, Tim Burton rajeunit sa panoplie d'adolescents pour la plus grande joie des connaisseurs. A l'ancienne complicité qui le lie à Johhny Depp depuis « Edouard aux mains d'Argent » (1989) , il s'adjoint les services de trois jeunes gens, une fille et deux garçons, qui tiennent d'ailleurs les trois rôles « positifs » du récit et auxquels sont dévolus les seules chansons presque dignes d'être retenues dans la fatigante musique de Sondheim.



Commençons par la demoiselle, Jayne Wisener, 20 ans, princesse enfermée dans sa tour qui chante "Green Finch and Linnet Bird" avec des airs de Judy Garland au Pays d'Oz cher à Burton. (par ailleurs réalisateur de « Lost in Oz 1990 », série télé avec les personnages de l'original de 1939) . C'est le « I feel pretty » de Sweeney Todd.

Jamie Campbell Bower (photo Imdb)

Mais, surtout et sans arrière pensée, les deux garçons: Jamie Campbell Bower (19 ans) , véritable résurrection du Tony de West Side Story dans « Maria » , et qui chante ici un « Johanna » en marchant en imper le long des grilles, un véritable clin d'oeil aux scènes de Robert Wise.


Jamie Campbell Bower (photo Imbd)


Et, révélation, un Edward Sanders , 14 ans, dont on entendra parler à nouveau, je vous le dis. Dans le genre chanteur-comédien de cet âge, on n'avait plus grand monde depuis l'équipe de Busby Berkeley autour du tandem Mickey Rooney – Judy Garland dans la série les « Babes in arms » et « Babes on Broadway » de 1939 et 1940. Joselito ? Non, pitié!. Pas davantage que les grands rôles d' Oliver et autres farandoles anglaises que l'on s'est empressés d'oublier.

Edward Sanders
(photo Imdb)


On a eu aussi un certain Jean Baptiste Maunier dans « les Choristes » . Non, j'ai parlé d'un « chanteur-comédien ». Donc comédien, c'est râpé, et chanteur... faut travailler pour ça. Un sifflet à fréquences pures ne se transforme pas en voix lyrique par l'opération du saint esprit. Et là, notre Edward Sanders est manifestement « l'homme de la situation ». Car sa voix, encore juvénile, est travaillée, profonde, harmonique. Là où Maunier avait un timbre qu'il a perdu, Sanders possède, lui, une tessiture qui évoluera. On fait malheureusement peu de films musicaux, mais le garçon a devant lui une carrière ouverte entre Broadway et « l'opéra à l'américaine » où son talent de comédien et de chanteur fera merveille.



Pour en revenir à notre Sweeney Todd , le problème est qu'on ressort de la projection riche d'une sublime leçon de 7° art, mais privé de la plus petite émotion. D'abord, tout ce sang était-il nécessaire? Cela fait gâchis de ranger le film au rayon « film d'horreur », on aurait aimé pour lui une étagère plus valorisante. Mais à quel titre peut-on le surclasser?



Les vieux crèvent, les trois jeunes survivent. Message d'avenir, d'espoir, mais aussi cri nostalgique de Peter Pan. Dédier l'avenir aux jeunes justifie-t-il qu'on transforme les anciens en monstres et qu'on les extermine?



Si Tim Burton avaient encore besoin de démontrer son talent, ce film ferait l'affaire. Il constituera un joli trophée au mur dans le couloir de son producteur, avec cadre doré, Oscar et autres hochets. Mais les coeurs ne vibrent pas. C'est plus du talent que de l'art. Dommage.



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mercredi 23 janvier 2008

144° Petite victoire.



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La Cour européenne des droits de l'homme vient de condamner la France pour avoir refusé une adoption à une institutrice lesbienne au prétexte de son homosexualité.


Le code civil français est pourtant en conformité avec les normes européennes, qui accorde l'adoption aux célibataires. C'est donc en tant que célibataire que la demanderesse avait déposé sa requête, son union de 17 ans avec une autre femme n'étant de toute manière pas reconnue comme « tissu parental » par l'autorité.


Un excès de zèle des instances départementales, puis judiciaires devant lesquels la demande avait été déposée avait conduit l'administration française à « en rajouter » et à faire état de l'homosexualité de la requérante. Le prétexte invoqué était « l'absence de repère d'identification » dûe à l'absence de père.


C'est oublier que 22% des familles françaises sont monoparentales, soit plus de 1 800 000 familles, comprenant 3 100 000 enfants de moins de 21 ans. Ce refus équivalait donc à différencier le cas de la plaignante de tous les autres au motif de son homosexualité, ce qui est bel et bien discriminatoire.



Il existe donc sur la planète au moins une institution capable d'arbitrer sainement ce genre de problème.


Capable de rappeler à un état égaré entre ses discours et sa réalité que l'égalité des citoyens ne saurait être assujettie à aucune considération de quelque ordre que ce soit.


Capable de rappeler au quarteron de nostalgiques de l'inquisition qui nous jugent et nous gouvernent que chacun a droit à sa vie privée et à ses convictions sans avoir à être jugé pour cela.


Capable d'appliquer les lois et d'accorder droits et devoirs sans demander aux citoyens avec qui ils couchent et en quoi ils croient ou ne croient pas.


Capable de défendre l'idée qu'aucune croyance, aucune pratique, simplement du fait qu'elle n'est pas partagée par tous, n'est à même de fonder une morale, d'inspirer une culture, d'établir un modèle, de constituer un héritage.


Capable d'imposer à nos dirigeants que la seule règle qui permette la liberté et l'égalité est le respect mutuel, la liberté de conscience et le droit à la vie privée.



Qu'à cet égard, les discours de Latran, de Ryad, les visées charcutières sur la loi de 1905, les histoires d'héritage chrétien et autres modèles de pouvoir ne sont que de glauques remugles moyenâgeux.


Que ceux qui en discourent entraînent notre pays à contre-courant de l'histoire, vers des périodes d'esclavage, d'obscurantisme et de domination.


Que la vraie liberté est indissociablement constituée de celles du corps et de l'esprit, et qu'il est illusoire et mensonger de faire croire aux gens qu'ils sont libres dès lors qu'on prétend les assujettir à des modèles, des dogmes, des croyances, des pratiques, ou tout autre principe qui ne soient universellement partagés.

samedi 12 janvier 2008

143° Avis de tempête

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Quand, dans les années 60, j'ai dit pour la première fois à un gros con : « je suis homo et je t'emmerde! », je n'imaginais pas que la lutte dont je venais de distribuer le premier horion aboutirait un jour à voir les droits des gays promus au rang de sujet de débat dans des élections présidentielles.

Pas françaises, et encore moins américaines.


Souvenons nous qu'il existe encore aujourd'hui sept pays qui appliquent officiellement la peine de mort pour des actes homosexuels, même consentis (Afghanistan, Arabie Saoudite, Iran, Nigeria, Mauritanie chère au Paris-Dakar, Soudan et Yémen.), une quinzaine d'autres où des homosexuels sont couramment lynchés ou assassinés dans les coins sombres. (Russie et plusieurs anciennes républiques soviétiques, Jamaïque, pays d'Afrique Centrale, etc...), et encore plusieurs de la très proche Europe où ils se sentent si mal à l'aise qu'ils constituent une part conséquente des émigrants. (Pologne, Esthonie, Lituanie, Bulgarie, Malte...)


Soucieux de notre bonheur, ainsi qu'il l'avait déclaré lors de sa visite aux « sarkozistes de gauche » et autres « gays de droite » réunis aux « Bains-douches » pendant la campagne, déclaration et photos zappées dès le lendemain par son service de presse parce que jugées contre-productives, notre président-moi-je a, lors de sa récente visite, quand même félicité le roi Abdallah d'Arabie saoudite « pour ses progrès en matière de droits de l'homme ». Il est vrai que depuis quelques décennies, au pays du Hadj, on ne pend plus les homos, on les décapite au sabre. Il faut bien que le progrès commence quelque part.



En attendant, c'est aux Etats Unis que le statut des gays prend dans la campagne présidentielle une importance qui dépasse nos espérances, et même nos besoins. Certains « admirateurs de la liberté », je devrais dire « admirateurs d'une certaine liberté » pensent qu'au nom de ce principe, on doit pouvoir tout dire. Et en particulier tenir des propos homophobes. Pourtant, même dans leur terre promise d'outre atlantique, les propos racistes et antisémites sont considérés comme des incitations à la haine. Mais toujours pas les propos homophobes. Cela nous vaut certains débordements bien inquiétants.


Ancien pasteur de l'église baptiste, Mike Huckabee compare l'homosexualité à de la bestialité. Moi qui suis pourtant un bon athée, qui vit fort bien mes valeurs humanistes sans Prozac et sans évangile, je croyais que les pasteurs avaient lu l'évangile au moins aussi bien que moi, et qu'il y avaient trouvé que le bon chrétien doit ignorer la haine et le mépris, pratiquer une attitude de main tendue et de mansuétude à l'endroit de celui qu'il estime égaré, rayonner de charité, de bonté et d'écoute compassionnelle, bref d'autant de vertus dont le christianisme se croit le seul vecteur, un peu comme Microsoft semble professer qu'il n'existe point de salut informatique hors de ses programmes.


Eh ben non. Cette campagne nous apprend que le chrétien baptiste américain peut insulter et mépriser. C'est pas péché. Vive la liberté.! On lui interdit maintenant de s'attaquer aux noirs, le pédé fera l'affaire pour démontrer qu'il y a les «bons hommes » dans sa chapelle et « les mauvais » en dehors. Business is business.


Quant à son challenger républicain Mitt Romney, fils d'un ancien président de l'American Motors Corporation, -quand même-, et businessman prospère, il est mormon. Que dit cette église à propos d'homosexualité? Pas grand'chose de plus que sur la sexualité en général, c'est à dire qu'elle interdit toute pratique sexuelle « hors des liens du mariage et hors du but de procréer ».


Pour ses exégètes, l'homosexualité est une pratique sexuelle comme une autre: contrôlable et amendable. Autant dire que derrière ce voile de brouillard, Romney ne cache pas son intention, s'il est élu, outre de rétablir la peine de mort au niveau fédéral, d'abolir toute mesure législative prise en faveur des homosexuels aux USA, et de promettre les foudres de la loi à tous ceux qui ne « contrôleront pas leurs pulsions » et ne s'amenderont pas. A aucun moment, les mormons n'admettent que l'homosexualité puisse être une caractéristique profonde et inaliénable de la personne, et qu'il convient de la considérer comme telle.



Ça, c'est ce qui nous attend si par malheur, un républicain est élu à la présidence des USA. Du côté démocrate, c'est juste un peu moins pire. Après quelques atermoiements, Obama n'ose pas affronter la communauté gay, mais se garde bien de lui faire des promesses, sa position ne tenant qu'au vote de la très chrétienne communauté noire américaine. Hillary Clinton est un peu moins mal à l'aise sur la question, mais pas beaucoup: les USA est un pays où on ne peut pas faire un discours politique sans référence à dieu. Le créneau est donc étroit...




Du côté français, nos affaires ne sont guère meilleures. De son admiration pour le grand bazar outre atlantique, notre petit moi-je ne semble retenir que les mauvais côtés: La dissolution de la laïcité dans la raison d'état, l'infiltration des sectes et religions de toutes sortes dans la machine du pouvoir, les discours dangereusement anti-laïques et le hurlement avec la meute contre les minorités qui dérangent.


Dommage qu'il n'admire pas, par exemple, le respect de la protection des sources des journalistes, sacro-saint dans les pays anglo-saxons, reconnu par la Communauté Européenne, présent dans le code français (art 109) mais mal respecté, et au chapitre duquel la France fait figure de royaume médiéval.


http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias__pouvoirs/20071207.OBS8828/le_directeur_du_monde_soutient_dasquie.html


http://www.geopolitique.com/


http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2007/12/le-journaliste.html


Rappelons le « discours de Latran » dans lequel petichef a parlé entre autres « des racines chrétiennes de la France ». C'est être myope dans le temps. Et les Gaulois? Et les peuplades cannibales des grottes du sud-ouest? Voir une analyse détaillée à :


http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/2007/12/21/discours-de-latran-quand-nicolas-sarkozy-fait-un-pied-de-nez.html


Dans ce discours de Latran, il déclare encore que "la laïcité a tenté de couper la France de ses racines chrétiennes"... C'est ne rien comprendre à la laïcité qui instaure la liberté de toutes les religions et de toutes les croyances, et que les cathos (7% de pratiquants) pourraient bien enfin comprendre et même appeler très bientôt à leur secours pour faire face à la concurrence!


Et quel ecclésiastique a bien pu dire ceci dans un discours:


Que c’est le même besoin d’espérer qui leur fait tourner leurs regards et leurs mains vers le Ciel pour implorer la miséricorde de Dieu, le Dieu de la Bible, le Dieu des Évangiles et le Dieu du Coran ?
Finalement, le Dieu unique des religions du Livre.
Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme.
Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère.

Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes.


C'est encore notre président-chanoine-TGV, à Ryad, cette fois devant le roi Abdallah !.

Texte intégral de ce reniement républicain:


http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2008/01/17/1885-arabie-saoudite-discours-de-nicolas-sarkozy-devant-le-conseil-consultatif


Samedi 12 janvier à Tourcoing, dans un discours devant le Conseil National de l'UMP, c'est à dire complètement hors de son rôle de « président de tous les Français », Nicolas Sarkozy, au moment où il soutenait l'investiture locale de Christian Vanneste, le célèbre multirécidiviste, a vu se lever dans la salle deux militants d'Act-Up avec une bannière.


Pendant que les déménageurs évacuaient les trublions, le célèbre orateur a meublé le spectacle par cette phrase:


"Ne vous inquiétez pas. Ça fait des années qu'ils protestent et ça ne sert à rien. Vous vous rendez compte, ils n'en ont trouvé que deux dans un pays de 64 millions d'habitants. Il n'y a plus que ça"


Un poivrot au coin du comptoir d'un café glauque n'aurait pas dit autre chose, n'aurait pas trouvé de mots plus dévalorisants pour couvrir de mépris des contradicteurs pourtant courageux. Les beaufs au secours de l'UMP. Quand Gaylib s'arrache-t-elle de l'UMP? Elle préfère son surnom de « club de masos »?


Il est vrai qu'en dépit des apparences, l'UMP en a bien besoin, des renforts de toutes sortes. Du haut d'une brillance qui tient plus à la richesse de ses soutiens qu'à celle de ses intentions, et à fortiori de ses discours, l'UMP a du souci à se faire.


Les « ralliés de l'ouverture » ont perdu leur crédibilité à gauche où ils ont trahi sans en gagner une once à droite où ils prennent la place d'un crocodile aux aguets. En plus, ils ont des sursauts de conscience, comme Fadela Amara « qui ne votera pas pour Sarko en 2012 ». Sans parler de la pluie des gaffes comme Rachida Dati avec ses « magistrats petits pois », Rama Yade qui s'insurge contre la présence de Kadhafi avant de rentrer piteusement dan le rang, et Kouchner qui va d'abord chanter avec Muhabett, chanteur allemand homophobe militant, puis se distingue en suspendant la signature du PACS dans toutes les ambassades du monde.


La côte de Sarkozy descend en-dessous de celle de son premier ministre, dont le seul mérite de ne rien faire se trouve ainsi récompensé.


Les candidats aux municipales s'engouffrent dans la « voie Vanneste » comme Jérome Rivière candidat UMP à Nice, qui déclare :


« Le Paris qui chante et qui danse n’est pas la France. L'association qui organise la gay pride n'est pas représentative des homosexuels français, qui d'ailleurs, ne représentent pas une communauté. »,


ce qui lui vaut de se voir rétorquer par des connaisseurs, n'en doutons pas, que sa perception du sujet résulte d'une analyse beaucoup trop pointue pour être anodine.



Même aux Antilles, le PS n'échappe pas à la mode, et « gronde » ses députés homophobes en se gardant bien de les exclure. Ce qui, on s'en doute, fait la joie de l'opposition locale.


Il aura fallu quelques années pour qu'il existe des « déçus du socialisme », d'autant plus que la droite de l'époque avait inventé le slogan bien avant qu'ils n'existent vraiment. (avant la réélection de Mitterand, notamment).


Par contre, en à peine quelques mois, les déçus du Sarkozisme sont légion. En fait, il n'y a que le monde de la finance et ses plus proches serviteurs qui peuvent s'en féliciter. Sorti de là, la magistrature, la médecine, les retraités, bastions de la droite, se joignent maintenant à la France de gauche pour déplorer les mesures qui piochent dans leur portefeuille, amputent leurs droits, diminuent leurs prestations, compliquent leur tâche, réduisent leurs rétributions, obèrent leur pouvoir d'achat.


Faisons deux colonnes: Qu'avons nous gagné? Qu'avons nous perdu?


Réponse partielle en avril.


Et enfin, suite à différents essais, l'article que vous venez de lire, y compris dans sa partie graphique et retouche de photos, a été entièrement réalisé, documenté et mis en ligne avec Linux Kubuntu. (Open Office, Mozilla Firefox/Linux, the Gimp, etc...)


Ubuntu de base (gnome) n'offrait pas toutes la puissance de manipulation d'archives de Windows. La version KDE dite Kubuntu semble bien plus prometteuse, même si la prise en main d'un nouveau système ne va pas sans quelques errements et de nouveaux apprentissages.



Ainsi, il existerait un avenir qui ne passe pas par l'onéreux et obséquieux Vista.




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mercredi 9 janvier 2008

142° Quand les faits divers font la loi.


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Est-il utile de rappeler quelques éblouissantes fusées-promesses que notre président-artificier, pour se faire élire, avait tirées dans le ciel obscur d’une campagne sans éclat ?

Une augmentation de 25% des retraites dont il nous a pour le moment donné 1,1%, assorti d’une augmentation de 3% de CSG, ce qui porte à - 2% sa contribution à leur pouvoir d’achat. Ça fait des moyennes avec le sien.

Egalement l’abolition de la double peine. D’abord, les revues spécialisées nous indiquent que la double peine a été bien davantage occultée que supprimée, et qu’il ne faut pas gratter beaucoup les textes administratifs pour l’appliquer aujourd’hui aussi facilement que naguère.

http://lmsi.net/spip.php?article501

Et ensuite et surtout, il fait bien pire. Saisissant au vol l’hystérie ambiante sur les délinquants sexuels (comme s’ils n’avaient jamais existé…), il vient de fausser tout le système judiciaire issu de la déclaration universelle des droits de l’homme et de la révolution. Car la petite « exception » qu’il veut faire voter à propos des assassins et autres violeurs, en dépit de tous les discours lénifiants et populistes qu’on pourra faire pour la défendre, est un entrebâillement d’une boîte de Pandore qu’on a eu tant de mal à refermer à plusieurs époques de l’histoire. Dans les années 40 en particulier.

En effet, notre droit est basé sur le jugement et la punition des actes que nous avons commis, sur la base de faits constitués et prouvés. C’est ce qu’on appelle la présomption d’innocence.

Avec le maintien en détention des « supposés dangereux » au-delà de la durée de leur peine, nous entrons dans le domaine du procès d’intention. Ce n’est plus sur ce que les gens ont fait qu’on va les punir, mais sur ce qu’ils pourraient faire. Sur ce qu’on les croit capables de faire.

Or il va sans dire que les gens qu’on n’aime pas, on les croit capables de tout, et surtout du pire. C’est au nom de ce principe préventif qu’on a jadis, massacré des « infidèles », interné des opposants, déporté des juifs, des tziganes et des homosexuels. C’est pour le plus grand bien de leur âme qu’on a torturé, haché menu, grillé sur le bûcher des cohortes de malheureux que l’on estimait inaptes à vivre plus longtemps dans le troupeau..



Si quelqu’un est assez dangereux pour qu’on puisse décider de le garder enfermé, ça devrait se voir tout de suite. L’instruction qui suit son arrestation devrait l’établir, le mettre en évidence, le prouver. Ce n’est pas après vingt ans de prison pendant lesquels on n’a rien fait pour l’aider qu’on va découvrir sa dangerosité et décider de le garder au frais. Sinon à quoi bon l’avoir jugé et arrêté ?

C’est là affaire de manque de courage et de moyens.

Manque du courage de s’attaquer au fond des problèmes, préférence à se cantonner à des mesures plus génératrices d’effet d’annonce que d’efficacité réelle.

Manque de courage d’appliquer vraiment des peines de prison fermes et louvoiement hypocrite dans un système de durées élastiques où la tête du client et la bonne humeur du juge d’application des peines ont prééminence sur la décision de jurés qui, en leur âme et conscience, ont décidé d’une peine correspondante au délit. A tel point que les condamnations d’aujourd’hui prennent en compte le jeu des remises de peine, ce qui aboutit à un système complètement aberrant.

Manque de courage d’oser dire à quelqu’un qu’il n’est pas « sociable » et qu’on va le soigner, comme si ne pas avoir été « normal » à un moment signifiait qu’on allait irrémédiablement continuer à ne pas l’être. Il est vrai que c’est difficile quand on se souvient en quels lieux et en quelles circonstances cela a déjà été dit. Mais c’est le prix du courage.

Par contre, le prix de la liberté, c’est de savoir que tant qu’on n’aura pas cloué tous les avions au sol au prétexte qu’il y en a parfois un qui s’écrase, on ne pourra pas enfermer sans mesure des gens qui ont payé leur faute au prétexte que l’un d’eux pourrait récidiver.

Car n’oublions pas qu’avec cette équipe gouvernementale, nous avons affaire à une bande d’habiles chirurgiens du droit, capables de démonter le droit du travail ligne par ligne et catégorie par catégorie jusqu’à l’état d’avant le front populaire…

Qu’est ce qui nous prouve qu’ils ne vont pas appliquer la même méthode insidieuse et sournoise à tous les autres droits, y compris aux libertés individuelles ? Ce travail de patiente déconstruction n’est-il pas déjà commencé ?

Soutenu par des médias myopes, voire aveuglés, qui élèvent la parano au rang de vertu cardinale, ne vont –t-ils pas, à force d’associations nauséabondes et d’assimilations diffamantes, finir par faire passer tous les petits délinquants pour des asociaux irrécupérables, tous les immigrés pour des parasites, tous les musulmans pour des terroristes, tous les gays pour des pédophiles en puissance, et tous les gens de gauche pour des agitateurs extrémistes ?

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samedi 5 janvier 2008

141° La république privatisée ?

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Si je devais trouver une qualité au sarkosystème, c’est de pourvoir à sa propre perte par la multiplication de ses gaffes et de ses maladresses, objectif que l’opposition, dans on état actuel, ne semble pas en état de réaliser.




Après avoir emmené Bigard voir le pape, et inscrit cet éblouissant groupie au bas de la longue liste de ses thuriféraires, qui s’honore déjà entre autres, rappelons le, des augustes noms de Steevy, Mireille Matthieu, Sevran, Laporte, Bruel, Clavier, Drucker, Doc Gynéco (tiens ? perdu de vue, celui là ?) et autres phares de la culture, le conducteur de notre TGV étatique a décidé d’appliquer à ses ministres l’évaluation tellement à la mode dans le monde de l’entreprise.

Je ne sais pas si vous avez vécu des évaluations dans votre entreprise
. Pour ma part, c’est de toute ma carrière, l’avatar dont j’ai les pires souvenirs. Si elle est menée par un supérieur hiérarchique direct, elle est l’objet des pires hypocrisies et des règlements de comptes les plus sournois.

Lorsqu’elle était menée par moi, elle n’avait aucune valeur objective, car j’aurais perdu le sommeil si j’avais dû, d’une croix dans un carré autre qu’« excellent », menacer la carrière ou l’avancement du collègue qu’on m’ordonnait de juger alors que ma propre conscience m’en contestait le droit.

Lorsque l’évaluation est conduite par « un organisme indépendant », vous découvrez que le
panel de critères de votre évaluateur, qui ne connaît rien à votre travail, a été élaboré avec un cadre supérieur de votre boîte qui ne connaît pas davantage les spécificités de votre boulot, et s’obstine à s’attacher à des trucs qui n’ont rien à voir avec la qualité de votre produit, l’organisation rationnelle de votre service, met en cause les bonnes relations que vous avez patiemment bâties avec vos subordonnés, compromet l’équilibre social que vous avez établi dans la juste répartition des tâches et des plannings, met en avant des objectifs théoriques qui sont plus nuisibles qu’utiles à l’achèvement de votre tâche et vous laisse avec un environnement professionnel ravagé par le passage d’un cyclone technocratique.

Alors, déjà, l’évaluation, à part dans l’esprit de quelques rares cadres supérieurs précisément payés pour manier la férule, ce n’est pas un procédé bien populaire.

Mais appliquée au gouvernement et aux ministres, c’est une dérive, une imposture, une prise d’otage. C’est imposer aux affaires publiques dont le peuple français devrait rester seul juge
le décalage technocratique, l’abîme d’incompréhension qui peut exister entre les clichés « d’un évaluateur indépendant » et la situation professionnelle de terrain que vous gérez de votre mieux lorsque ce cravaté avec son attaché case vous tombe sur le râble un beau matin où vous avez justement plein de trucs utiles à faire.

Même en supposant que les ministres soient vraiment compétents, ce qui est une autre gageure, on ne fait que leur compliquer la tâche. Quand j’étais petit, je demandais à mon papa (qui était de droite) comment un ministre qui passait du jour au lendemain de l’industrie à l’agriculture pouvait connaître ses dossiers et les problèmes qu’il avait à gérer. En bon cadre supérieur qui maniait les mots avec l’agilité d’un champion de scrabble, mon papa m’expliquait que le ministre était une charnière entre le « domaine d’activité » dont on lui attribuait la gestion et le monde politique dont il était un professionnel.

Déjà là, je voyais un problème. S’il y avait charnière, c’est qu’il y avait porte. Pourquoi y avait-il une porte entre
les citoyens et leurs élus ? Pourquoi la politique était-elle une carrière à parts entières ? J’étais délégué de classe, allais-je en faire une carrière ?

Le décalage, on le constate quand on voit entre autres une ministre de l’agriculture s’aventurer dans une cour de ferme avec des talons hauts, un ministre de la pêche incapable de reconnaître une sole d’un cabillaud ou un sarko promettre du pouvoir d’achat en « évaluant » sa méthode pour assurer le sien. Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’il s’agit de la conduite de la République.

Qui d’autre que le peuple français est en position d’évaluer son gouvernement ? A qui d’autre ses gouvernants peuvent ils rendre de comptes si
ce n’est aux électeurs ou à ses représentants, les députés ?.



Quelle légitimité peut avoir un cabinet « indépendant » pour évaluer précisément ce qui est commun à tous ? « Indépendant » signifie privé… Mais privé ne signifie pas indépendant ! Puisque précisément les affaires d’une officine privée se font dans un contexte de marchés d’entreprises où tous les Français ne sont pas représentés en tant que tels. Loin de là.

Un cabinet d’audit est aussi « indépendant » qu’un média qui vit de la manne publicitaire d’importants annonceurs. Si ce client s’en va, le bateau coule.
La démonstration de cette iniquité est d’ailleurs contenue dans les tentatives faites pour en justifier le principe.

On veut évaluer le ministre Hortefeux sur le nombre d’immigrés renvoyés au bout du monde. Faut-il rappeler qu’au moins pour la galerie, monsieur Hortefeu
x est ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement, et que c’est plutôt sur des objectifs d’intégration et de rassemblement que sur des performances de discrimination qu’il conviendrait de le juger ?

Il n’a pas le profil pour ça, me diras-tu. Eh bien, justement, c’est la preuve qu’un cabinet d’audit privé est incapable d’évaluer objectivement un ministre qui semble obsédé par la partie discriminatoire de ses prérogatives et dont aucune médiatisation ne montre l’activité dans ses autres domaines de tutelle.

En dessous de cette écume, la lame de fond enfle et prend de la consistance. Dans mon billet n° 133, j’avais écrit qu’il nous faudrait surveiller la réalité de la suppression de la caution de paiement exigible par les bailleurs lors de l’attribution d’un logement. C’était dans la promesse. Bien visé ! La loi est votée, et cette mesure est passée à la trappe.

Certes, la caution de garantie a été ra
menée de deux mois à un mois. Mais le principe du riche papa qui se porte caution des paiements de son rejeton locataire a été discrètement, mais fermement maintenu. Les fils à papa et neveux à tontons continueront donc à se voir attribuer les logements en toute priorité, et les pauvres fils du peuple à rester sur le trottoir.

Si Rama Yadé, après sa sortie contre la visite de Kadhafi, est piteusement rentrée dans le rang, Fadela Amara, elle, semble réagir à la perte de reconnaissance des siens à la suite de ses propos glandouilleux, et déclare maintenant qu’en 2012, elle ne votera pas Sarkozy.

Remarque, ce n’est qu’une réserve, mais pas vraiment de l’hostilité, attendu que rien ne prouve que Sarkozy aura les moyens d’être candidat en 2012. Il y
a beaucoup d’iceberg sur sa route d’ici là, et il navigue si vite… En tout cas, elle s’expose de face à l’acrimonieuse pusillanimité des grands inquisiteurs évaluateurs, qui ne manqueront pas de rapporter qu’elle connaît trop bien son terrain pour faire un bon cadre !



Et puis Sean Penn a été nommé président du jury du prochain Festival de Cannes. Sean Penn, c’est le résistant à la machine hollywoodienne, le réalisateur avec lequel des dérives comme « I am legend » (mon billet n° 139) n’ont aucune chance de se produire. C’est un indépendant qui préfère faire un petit film libre bien à lui qu’un gros machin sous la férule d’un producteur de major. D’ailleurs, ses prises de position contre la guerre en Irak l’ont définitivement confiné hors du block-busters system. Après la palme d’or attribuée à Michael Moore, qui était certes peu artistique mais tellement utile, elle rappelle que le cinéma est plus qu’un art, c’est un média qui ne doit pas se laisser détourner à des fins de propagande et doit garder sa liberté d’expression, d’innovation, d’indépendance et de création. .

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