vendredi 24 juillet 2015

511° Adieu nos libertés fondamentales…








Le totalitarisme s'installe. Big Brother n'est plus de la science-fiction. Dans sa délibération d'hier soir, le Conseil Constitutionnel a validé tous les articles critiques de la loi « Renseignement » voulue par Sarkozy et réalisée par Valls. Seules quelques dispositions de peu d'importance ont été supprimées, mais tout ce qui était contestable au regard des libertés et de la démocratie a été validé sans encombre.



Cette loi définit si largement les critères au nom desquelles on peut devenir la cible d'écoutes et de surveillance que plus aucun d'entre nous n'échappe dorénavant au risque d'être espionné et expose tous les citoyens à des atteintes à leurs libertés individuelles, leur liberté d'expression et d'opinion. Elle mérite bien son sobriquet de « patriot-act à la française »

Cette loi était censée lutter contre le terrorisme. La lecture de son article 2, titre 1° montre pourtant que le terrorisme n'est pas la préoccupation première de ses auteurs. Il n'arrive qu'en quatrième position notamment derrière « les intérêts économiques et industriels ». 



La lutte contre le terrorisme un prétexte pour protéger les sacro-saintes libertés d'actions des multinationales ? Encore un exemple des intérêts financiers qui prennent le pas sur le facteur humain.. Il s'agit manifestement bien plus de protéger « leurs libertés » que les nôtres…

Même des blogueurs qui se font héberger à l'Express la trouvent « effroyable »…


Par exemple, l'article 1 reprend, pour appliquer la surveillance tous-azimuths de chaque citoyen, la définition de la sécurité nationale telle que prévue par l'article L1111-1 du code de la défense :

« Identifier l'ensemble des menaces et des risques susceptibles d'affecter la vie de la Nation, notamment en ce qui concerne la protection de la population, l'intégrité du territoire et la permanence des institutions de la République, et de déterminer les réponses que les pouvoirs publics doivent y apporter ».




Imaginez les ravages que pourrait provoquer pareil texte s'il tombait entre les mains de certains partis politiques qui, alors qu'ils ne sont encore que candidats au pouvoir, menacent déjà les journalistes qui s'expriment à leur sujet:




Ce texte ne prévoit aucune protection spécifique aux communications des avocats, journalistes et lanceurs d'alerte. Les multinationales vont pouvoir étouffer dans l’œuf la dénonciation de leurs dérives financières, fiscales, écologiques et sociales. Les lanceurs d'alerte ne pourront plus les révéler, et les avocats seront muselés pour les défendre.

Plus de vie privée, plus de secret des correspondances, plus d'inviolabilité du domicile, plus de respect des données personnelles. On peut maintenant, sans l'avis d'un juge, perquisitionner, poser des micros partout, domicile, bureau, voiture, poser des « boites noires » chez les fournisseurs internet pour enregistrer vos contacts et données, exercer des poursuites judiciaires au titre de « documents secrets défense », comme si on pouvait se défendre contre des accusations auxquelles on n'a pas accès…



 Le président de la Commission des Lois, Jean Jacques Urvoas, est rassuré : 
« aucun grief médiatiquement agité n'a été retenu, //, contrairement à ce qui été médiatiquement martelé, ce texte n'organise en rien une surveillance de masse. C'est au contraire une loi qui garantit la protection des libertés par le renforcement de l’État de droit. » 
Voilà dans son communiqué la défense des libertés fondamentale réduite à « de l'agitation médiatique »… Le marteau dans les mains des défenseurs des libertés...  Passez muscade.

Jean-Pierre Raffarin a publié sur son compte Twitter que
 "le Conseil Constitutionnel par son avis lève toutes les inquiétudes quant à la loi sur le renseignement."

Alors, rassuré ? J'étais déjà un subversif : cet article ne changera rien à ma condition de marginal, mais vous, vous l'avez lu : la « boite noire » de nos fournisseurs a établi un lien entre mon blog et votre ordinateur : vous voilà devenu suspect. Bienvenue au club.



Les partis habituellement définis comme « UMPS » par le front national ont tous validé cette loi et sa validation par le Conseil Constitutionnel. Paradoxe de la politicaillerie, ce sont les extrêmes qui la dénoncent, ceux là même qui en feraient un mauvais usage si elle tombait entre leurs mains, ceux-là même issus des traditions des dictatures sanglantes du XX° siècle, qui défendent aujourd'hui un texte que leurs pères fondateurs n'auraient pas dédaigné… Démagogie, populisme…

Le monde marche sur la tête. Remettre l'homme au centre de la société. Voilà une loi qu'il faudrait voter d'urgence. On commence quand ? 




dimanche 12 juillet 2015

510° La Grèce bouge encore….. Qu'on l'achève !






Comment parler sans vilains mots du dégoût qui me saisit lorsque j'assiste à l'acharnement de l'Europe de la finance à étripatouiller définitivement la Grèce, qui a osé montrer au monde, par deux votes en quelques mois, que l'Europe pourrait être autre chose que le pré carré du néo-libéralisme.

Cela rappelle douloureusement les procès de sorcellerie, hauts faits d'une époque que l'on croyait révolue, mais que toutes les forces unies des nostalgiques de l'exploitation du grand nombre par le petit nombre veulent à tout prix remettre au goût du jour. 




Depuis le début, mes espoirs dans l'Europe ont toujours été tempérés par le sentiment qu'elle se construisait surtout autour de la liberté d'action des multinationales et au détriment du bien-être des peuples qu'elle était pourtant censée incarner si on se souvient qu'elle fut créée dans l'esprit de la réconciliation franco-allemande.

Dès le début, les dés semblaient pipés puisque sa première manifestation s'intitula « CECA » (Communauté charbon-acier ). Cela aurait pu être un désir d'unifier des droits de l'homme et des travailleurs élargis et consolidés, une internationale syndicale; non… Ce fut un lobby industriel.

Cela a continué pas bien, le plus clair de l'activité de la commission européenne consistant à multiplier normes et obligations qui freinent bien davantage le développement industriel et économique que le poids des charges sociales pourtant accusé de tous les maux, sans apporter au consommateur les garanties qu'il est en droit d'en attendre. 




La Grèce, qui a sans aucun doute vidé sa tirelire pendant quelques années sous la houlette de gouvernements parfaitement reconnus et encouragés par ceux-là mêmes qui veulent l'assassiner maintenant, fait figure aujourd'hui de « fusillé pour l'exemple » supposé décourager les velléités trop sociales de partis trop ouvriers comme « Podemos » en Espagne…

Souvenons-nous de la contrariété qu'infligea le NON français à la constitution européenne en 2005 après que les citoyens aient pu constater que ce projet donnait toute latence aux puissances financières d'exercer leur activité sans limite et n’apportant aucune garantie sociale aux peuples concernés. Refus transformé en oui par Sarkozy deux ans plus tard à la suite d'une pirouette constitutionnelle qui constitue encore un modèle de déni de la démocratie. On ne va tout de même pas laisser le bon peuple enquiquiner nos copains du Fouquet's…




On a infligé aux Grecs ce qu'aucun gouvernement de leurs tortionnaires n'aurait pu imposer à son propre peuple sans voir ses rues et ses places s'enflammer d'un soulèvement social radical. On leur a bouffé leurs salaires, leurs retraites, leur assurance sociale, on a transformé les rues grecques en rangées de stores baissés, on les a réduit à l'état de mendiants jusqu'à ce qu'ils acceptent des conditions innommables, et maintenant qu'ils les ont acceptées, on continue à ergoter sur la fiabilité de leurs promesses, on papote de l'air du temps à Bruxelles et on fait durer le supplice en rêvant sans doute que le pays va enfin s'engloutir dans la Méditerrannée.

Il y a des détails qui ne trompent pas : L'Europe du pognon ne leur demande pas de toucher aux armateurs ni à l'église. On assassine les pauvres, pas ses copains. Les magnats européens sont bien contents de transporter leurs marchandises à peu de frais dans des bateaux battant pavillon grec. On ne tue pas la poule aux œufs d'or.

Et l’Allemagne, à la tête des envahisseurs, n'a jamais réclamé qu'on touche à l'église, parce qu'en Allemagne, l'état perçoit un impôt important spécialement affecté à l'entretien du clergé et des églises. On ne touche pas à ses gri-gris.





On notera aussi le zèle des nouveaux convertis, cette foi du charbonnier qui excite les derniers arrivants. La Slovaquie, acceptée en 2009 dans ce club très fermé, semble la plus intransigeante opposante au maintien de la Grèce dans l'euro alors qu'elle ne figure pas au nombre des pays « donateurs ».Cette Slovaquie qui joue au riche aujourd'hui, -je me souviens d'un voyage que j'ai fait dans ce pays il y a juste dix ans….. Sans commentaire.

L'Europe était une belle idée si elle avait été préservée dans l'esprit humaniste de ses fondateurs. Aujourd'hui, elle n'est plus que le jouet des puissances financières pour tondre jusqu'à l'écorchure les peuples qui la constituent.
Et -drame dans le drame-, les ennemis jurés de cette Europe ne sont pas motivés par des inspirations humanistes, mais par des micro-égoïsmes et des volontés de repli sur soi-même qui tournent carrément le dos aux idéaux de liberté et de démocratie.

Dans quel caniveau tout cela finira-t-il ?





mardi 7 juillet 2015

509° Ces pharmaciens qui se goinfrent…





On se souvient des démêles entre la grande distribution et les pharmaciens, à propos de l'ouverture de rayons de médicaments en vente libre dans les rayons des supermarchés. La gageure était de savoir si un pharmacien diplômé employé dans une grande surface serait moins compétent que celui, nanti des mêmes diplômes, mais agissant dans un fonds de commerce dont il est propriétaire et titulaire.

On se souvient aussi que le gouvernement, sans doute plus soucieux du pouvoir d'achat des pharmaciens que de celui des pauvres malades, avait tranché en faveur du monopole pharmaceutique.

Il suffit de comparer le prix de certains médicaments en officine avec celui auquel on peut les trouver sur internet pour se rendre compte de ce que les officines se mettent dans la poche.

Sur de l'électroménager ou de l'électronique, par exemple, déduction faite des frais d'envoi, l'achat sur internet apporte des réductions de 15 à 30 % sur le prix en magasin. Sur les médicaments en vente libre, à des tarifs non moins libres, ces réductions atteignent couramment 60 %.

Petit exemple sur un médicament très ordinaire, l'Ultra-levure, à 200mg en paquet de 30 gélules.

Prix chez le pharmacien au coin de ma rue : 19,60€. Prix sur internet : 9,75€

Or les pharmacies qui vendent sur internet sont de vraies pharmacies, agrées par l'ARS, (Agence Régionale de Santé), tenues par des pharmaciens diplômés… La seule différence est qu'ils sont entrés dans l'ère moderne au lieu de camper sur des positions de boutiquier qui ne tiennent qu'à de vieilles traditions bourgeoises.

C'est tout simple : tapez sur Google « prix ultra levure 200mg », la première ligne vous donnera le site unooc.fr qui recense toutes les propositions commerciales.




Votre pharmacien vous fait-il passer une visite médiale chaque fois que vous achetez un truc anti-grippe ou de l'Ultra-levure ? A la télévision peut-être, mais au coin de ma rue, ça ne m'est jamais arrivé !

Il se contente de fourrer dans un sac recyclable le produit qu'il vous vend au prix fort exactement avec le même détachement que le pharmacien d'internet glisse dans une enveloppe matelassée le produit que vous trouverez le lendemain dans votre boîte à lettres. Et « cling » ! Tiroir caisse. Merci monsieur, portez vous bien ! A bientôt !

Rien ne m'énerve plus qu'un pharmacien qui me dit « A bientôt ». Je comprends clairement que pour espérer me revoir bientôt, il souhaite ardemment que je tombe malade.

Les institutions spécialisées se sont depuis longtemps penché sur cette anarchie dans les tarifs, relevant des différences jusqu'à 300 %!!!



Le plus extraordinaire est la complicité des médias et élus divers pour propager une effrayante désinformation sur le sujet, avec paranoïa d'empoisonnement à l'appui.
« votre  pharmacien, et lui seul, etc etc... »

Il en résulte que lorsque je parle de mes achats avec mes voisins, ils me demandent avec l'air dubitatif, parfois ironique :
« Mais vous êtes bien sûr que c'est un vrai médicament ? Pas un truc chinois ? Vu la différence de prix... »

Merci les campagnes gouvernementales et les « sujets » des journaux télévisés, elles ne diraient pas autre chose si elles étaient directement sponsorisées par le lobby des pharmaciens !

A plus large échelle, imagine-t-on les économies que ferait l'assurance maladie en imposant aux malades d'acheter les produits qu'elle leur rembourse chez des pharmaciens discount ? Non, ce n'est ni irréaliste ni inhumain, les mutuelles le font déjà pour les remboursements d'optique, par exemple. Ma mutuelle me rembourse tout, à condition que je n'achète pas n’importe où. Et j'ai les mêmes verres et les mêmes montures de marque que si je les avais achetés sur les Champs Élysées… 




Les récentes aventures des taxis avec Über ont mis en évidence les atteintes à la libre concurrence que constituaient les ordres professionnels établis, ces professions où l'on ne peut s'installer que si une place se libère, ce qui implique qu'on la paie fort cher, avec le retentissement consécutif sur les prix pratiqués. Ce sont les usagers qui paient le prix de cette spéculation provoquée par une pénurie organisée.

Monsieur Macron, qui « aime l'entreprise » à l'instar de son premier ministre, préfère donc manifestement enrichir les commerce de monopole que de voler au secours du pouvoir d'achat des Français.

Au lieu d'ouvrir la concurrence sur les produits pharmaceutiques, il a favorisé le petit monde des pharmaciens, et au lieu d'aménager la concurrence entre les taxis et les Über, il a volé au secours de ceux qui, par leur numerus clausus et leur position de monopole, coûtent le plus cher aux Français.

Pour être un pays moderne, il ne suffit pas de faire des inventions épatantes, il faut aussi les vendre et organiser un commerce dynamique. Et cela, les Français n'ont jamais su le faire et ce n'est pas le tandem Valls-Macron qui le fera. Que ce soit en matière de téléphonie mobile, de pharmacie ou de nombreuses autres choses, ils sont sensibles aux lobbyistes qui proclament que « la concurrence détruit le marché », alors qu'en réalité, elle ne détruit que les privilèges.

Ceux qui me connaissent savent que je suis loin, très loin de l'ultra-libéralisme. Je pense que l'état doit réglementer le commerce et la finance. Mais je pense encore plus fort que nos gouvernements non seulement ne savent pas le faire, mais ne veulent pas le faire.



samedi 4 juillet 2015

508° Rien ne va plus…









J'ai parfois l'impression, dans cette vie terrestre, d'être enfermé par le destin dans un gigantesque asile de fous. Au lieu de s'entre-tuer à qui mieux-mieux pour imposer à qui-n-en-veut-pas son dieu et sa religion, l'homme ne ferait-il pas mieux de bâtir des temples à cette bêtise à laquelle, dans beaucoup de ses actes quotidiens, il rend hommage avec obstination ?

Ainsi, par exemple, l'ensemble des banques européennes s'avère incapable de trouver le milliard qui va permettre à la Grèce de continuer sa route cahin-caha, mais une seule a pu mettre sur la table les dix milliards que monsieur Drahi voulait emprunter pour acheter Bouygues, alors qu'il était déjà fortement endetté par ailleurs…

Or, en 1953, la Grèce a voté pour l'effacement de la moitié de la dette de l'Allemagne!!!  Et pour bien plus d'un milliard... N'y a-t-il pas chez madame Merkel quelque conseiller en histoire? Non, seulement des conseiller financiers...

Ainsi par exemple, des milliers de jeunes ou nouveaux auteurs se voient refuser l'accès à la publications par des éditeurs qui leur préfèrent des ouvrages sans inspiration ni création artistique, tels que les livres politiques, qui ne sont presque jamais écrits par leurs signataires, et dont les tirages passent à 99 % au pilon après un bref séjour en librairie… Il semble que le seul auteur politique à succès soit Valérie Trierweiller… Pas étonnant que les gens n’aillent plus voter.


On citera le bide des bides, « Qu'est ce que le parti chrétien-démocrate ? », signé Christine Boutin, qui s'est vendu à 38 exemplaires dans plus de 2500 librairies, plus internet qui représente plus de la moitié des ventes de livres.

On peut aussi citer le précédent, de la même gribouilleuse, « Chrétiens, de l'audace pour la politique », qui avait, lui, culminé à 311 exemplaires vendus, le système des libraires ayant sans doute reçu à cette occasion le soutien du réseau des sacristies.

Ajoutons à ce hit-parade Jean Pierre Raffarin, Martine Aubry, Claude Bartolone ou Delphine Batho…

J'ai donc vendu plus de livres à lire d'une main que tous ces politiques. J'en suis tout retourné. La seule différence est qu'ils n'attendent pas, eux, après cela pour boucler leurs fins de mois, alors que moi, si... Et que je ne ferai pas, comme madame Boutin, d'appel aux dons larmoyant.

photo:©Pierre Jourde

Changeons de sujet : Vous voulez surfer avec la fibre ? Dans ses belles publicités, Free vient faire « hop »dans votre freebox, et vous passez à 1Go… (Qui ne font d'ailleurs que 800Mo dans le meilleur des cas…) Il y a des mois que la fibre passe sous le trottoir devant mon immeuble, donc que mon quartier est « éligible »… Il reste 20 mètres à faire : entrer dans le sous-sol, où un fil est déjà tiré dans la gaine, monter dans la colonne, où une autre gaine attend le précieux spaghetti, et faire le tour de mon canapé. Mais être « éligible » ne signifie pas être raccordé. Or pourtant, sur mon compte en banque, Free est éligible à mes virements, mais là, le raccordement fonctionne. A moi de me contenter, pour le même prix, des supposés 30Mo du VDSL au lieu des 800Mo de la fibre.

Numéricable, le fameux roi des emprunteurs, lui, n'amène la fibre qu'au pied de l'immeuble, et termine son installation avec un câble coaxial, ce qui rend le débit de son câble à peu près équivalent à celui d'un bon ADSL2. Mais les publicités ont rendu la confusion complète dans la perception du public. 



On ne parlera pas de l’étiquetage des produits alimentaires élaborés… La télévision s'en charge, sans succès, semble-t-il. Ni des conducteurs de voiture et de deux roues qui croient encore que leur fauteuil roulant est fait pour faire vroum-vroum, encouragés en cela par les émissions de télévision sur l'automobile qui passent le plus clair de leur temps à décrire par le menu des engins luxueux et pétaradants,  et surtout hors de prix que les spectateurs ne pourront de toute manière jamais s'offrir. Et une fois pas an, on passe cinq minutes à décrire la voiture dans laquelle ils peuvent rouler, celle qui concerne des millions d'entre eux, mais semble n'intéresser personne…
J'ai changé de voiture l'an dernier : cela fait dix fois que le constructeur m'envoie des enquêtes pour connaître mon avis sur l'amabilité de son concessionnaire ou sur l'intérêt de la brochure publicitaire qu'il m'envoie périodiquement, mais, jamais, pas une seule fois, il ne s'est soucié de savoir ce que je pensais de la voiture que je lui avais achetée, et de connaître mes critiques et suggestions.

Il est vrai que ce ne sont pas les journaux télévisés non plus qui vont éclairer le brave citoyen sur les réalités de ce monde, eux qui passent plus de temps à montrer les gens se baigner dans les fontaines, les mémères faire leur marché avec un avis sur le prix des aubergines et leur impact positif sur leur transit intestinal, sans parler des SDF qui crèvent de chaud au coin de la rue avant de grelotter l’hiver prochain alors qu'un seul milliard de ceux que monsieur Drahi n'a pas emprunté suffirait à secourir tous les SDF d'Europe.

Faut-il, avec tout ce qui se passe dans la monde , passer des heures à regarder des cacochymes boire leur grenadine dans leur EHPAD, les Bidochon se vaporiser leur tronche bouffie pour lutter contre la canicule sur une aire d'autoroute, ceux qui ont passé la nuit dans le fossé à attendre le tour de France, les merlus de Saint Jean de Luz péchés du matin fumer sur une plancha « suffisamment chaude et pas trop froide » (sic), les gamins choper bactéries et champignons à l'insu de leur plein gré dans les fontaines publiques, les chevaliers du taste-machin adouber le nouveau roi de l'andouillette… C'est ça, l'information ?

Parlons aussi de ces patrons qui se désolent de ce que leurs produits ne se vendent plus alors qu'ils ont mis au chômage ceux qui les fabriquaient, en oubliant bêtement qu'ils étaient aussi leurs clients…



Et de tous ceux qui qualifient d'utopie le « revenu d'existence » qui reste pourtant la seule solution au maintien du système économique : le travail n'est plus une valeur puisque ce sont maintenant les machines qui le font. N'en déplaise aux nostalgiques du système d'exploitation de l'homme par l'homme : le travailleur n'est plus le pilier du monde moderne.
C'est le consommateur qui en est devenu l’élément indispensable. Ce n'est plus du travail qu'il faut trouver aux chômeurs, mais du pouvoir d'achat. Donnez un euro à un pauvre, il le redépense dans la journée.

Mais faire comprendre à un financier que de toute manière, plus il redistribue d'argent et plus vite cet argent lui revient, cela semble trop puissant pour son étroite comprenette de Picsou. Or pourtant, dans les deux cas de figure, il a le beau rôle.

Il y a aussi le coup des Guignols de l'Info, menacés par l'amitié de trente ans entre Sarkozy et Bolloré.  La nouvelle PDG de France Télévision, qui est sans doute une brave femme, mais manifestement pas une flèche politique, a généreusement proposé de recueillir les Guignols au cas où Canal plus les congédierait.
Le truc de Bolloré, c'était d'éradiquer les irrespectueux Guignols. Il fallait donc attendre leur congédiement pour proposer aux Guignols l'hébergement de France Télévision! Car, pour Bolloré, si les Guignols survivent ailleurs, ils seront pire que chez lui, et il aura été impopulaire pour rien! Aucun sens de la stratégie, madame Ernotte... 







Faute de pouvoir les tuer, Bolloré décide donc de garder les Guignols... pour mieux les contrôler, avec toutes les kolossales finesses dont un financier est capable: passage au payant, horaires réduits, budget rétréci, mise au pas des humoristes trop drôles. S'il ne peut pas les dégommer à la dynamite, il les aura à la petite cuillère.

Sans compter tous les débats auxquels cette menace a donné lieu: tous les pas drôles qui ont trouvé que "les Guignols étaient moins drôles qu'avant" (l'audience ne baisse pourtant pas...), que c'était le destin des émissions de télévision de naître un jour et de trépasser finalement... Dans certains débats, ça a été un festival de cunnilingus et le léchage de bottes pour trouver des excuses à une censure qui n'en méritait aucune.


Salut à toi, Dame Bêtise…