vendredi 20 février 2015

497° Tsunami d'eau bénite dans le 78 et le 92.




Des associations catholiques ont harcelé les édiles de leurs villes et de leurs départements, notamment les maires de Versailles et de Rambouillet pour obtenir des sociétés de transports Transdev et Keolis le retrait des flancs de leurs autobus de publicités du site de rencontre Gleeden, qui propose des relations « extra-conjugales » plutôt à l'initiative des femmes.

Les libertaires sont naïfs : je voyais dans la création de ce site une « mise à jour » de la condition féminine, un sorte de rattrapage du retard d'autorité des femmes sur la phallocratie ambiante.


Parce qu'aussi longtemps que les sites de rencontre ont été conçus par des hommes à l'usage de leurs fantasmes, aucune de ces associations n'a rien dit : tout allait dans leur ordre paternaliste. L'homme était un décideur et la femme un produit d'appel.

Mais que des femmes prennent l'initiative de pimenter leur vie affective et/ou sexuelle, fabriquent un site où elles seraient les actrices et les hommes des pions, ça non ! Les prêtres sont des hommes, et ce sont des hommes qui doivent conserver l'autorité, tant dans la vie familiale que dans la gestion des rencontres. Ah mais !

On savait que les culs-bénits de toutes sortes étaient dépourvu du sens du ridicule, mais il va falloir leur expliquer de plus en plus que, comme leurs convictions, ils devront garder leur mode de vie à la maison pour une pratique exclusive en petit comité.
©DR
La religion-mode-de-vie, on n'en veut pas. On avait déjà l'exemple des forcenés islamistes qui avaient fermé les cinémas, brûlé les livres et les instruments de musique, assassiné les homosexuels et les femmes trop libres. Or le plus sinistrement drôle dans cet affaire, c'est qu'aux côtés des « droits-de-l'hommistes » qui défendaient les libertés en dénonçant ces barbus névrotiques, on trouvait des imposteurs qui joignaient leurs cris à la bronca, non plus au nom de la défense des libertés, mais au nom d'un anti-islamisme forcené et aveugle.

« Vous voyez bien que ces gens-là ne sont pas comme nous » proclament-ils en pratiquant un odieux amalgame entre musulmans tranquilles et islamistes hystériques, et en dénonçant une religion à laquelle la leur avait déjà déclaré la guerre dès le XII° siècle. « N'oubliez pas que même la polygamie fonctionne à sens unique : les femmes n'y sont que des pièces de collection… »
Une sorte de vieille querelle de famille… Et pourtant, chez eux, à, part la lapidation, quoi de neuf ?

Que font-ils aujourd'hui, ces hyper-cathos ? Exactement ce qu'ils reprochent aux intégristes du camp d'en face !! Ils prétendent censurer l'art et les spectacles, la littérature et le cinéma, et maintenant l'activité des sites de rencontre. Bref transformer une foi personnelle en mode de vie….

Et ça, c'est contraire aux droits de l'homme, aux libertés individuelles. C'est pourtant là qu'ils puisent le plus clair de leurs arguments anti-islamiques Mis au pied du mur, ils font exactement ce qu'ils reprochent aux autres.. Ces débordements et ces surenchères de pudibonderies entre les intégristes de tous poils viennent une fois de plus illustrer le bien-fondé de la laïcité...




Au lieu de prétendre agir « pour protéger les enfants », ils feraient mieux de se préoccuper des millions d'enfants traumatisés par l'explosion du couple-modèle-bien-marié-à-l’église-mais-trop-longtemps-étanche de leurs parents, déchirés dans des divorces, témoins de scènes de ménage et de violences conjugales dans leur propre foyer, objets d’arrachements et de tractations judiciaires dans d’interminables procédures…

Les enfants sont sûrement bien plus heureux dans des familles monoparentales ou homoparentales qui fonctionnent normalement que dans des « familles modèles » dont le bois est pourri sous le vernis des apparences. Combien de centaines de gamins qu'on a traîné de force à la manif pour tous en leur faisant hurler que les pédés étaient des monstres vont développer une névrose quelques années plus tard, quand leur personnalité se révélera homosexuelle ?

Qu'ils commencent à balayer devant leur porte, ces petits bourgeois traditionalistes et même dans leur maison, avant de prétendre enseigner aux autres comment on doit gérer la vie commune.

Ils seraient certainement moins aigris s'ils baisaient davantage et s'ils s’épanouissaient librement. Certes, le respect des libertés individuelles leur confère le droit de vivre dans la frustration et l'aigreur, mais elle leur dénie aussi le droit d'imposer leurs tares aux autres.

Les circonstances se retournent toujours contre les censeurs. Et surtout depuis le développement des médias et d'internet, qui a suscité un phénomène dit « effet Streisand », qui monte au pinacle les petites tentatives de censure et transforme les chiens écrasés en grandes causes nationales.

Ainsi, les habitants de quelques communes, Versailles, Rambouillet, Chatou, Saint Germain, ont voulu protéger leurs têtes blondes d'une publicité que les autobus trimballaient très localement sur leurs flancs. Bingo ! Leur petit complot de censure est passé sur toutes les chaînes de télé, a eu les honneurs de toute la presse et des sites d'informations nationaux et internationaux.

Le site  Gleeden peut se féliciter d'avoir des opposants aussi bêtes ! Pas sûr qu'il aurait pu, de ses deniers, s'offrir une publicité à une si grande échelle. Parce que vouloir perturber la notoriété de ce site n'empêchera pas chacun de le regarder avec les yeux qui lui conviennent : les coincés comme le bout de la queue du diable et les autres comme ce qu'il est. Une entreprise commerciale comme une autre qui trouvera, tôt ou tard, et en l’occurrence très vite grâce à ses opposants, les clients qu'elle vise. 




mercredi 4 février 2015

496° Les nouveaux Rastignac. Et un nouveau parti : le FNUMP.






Il y a des années que le FN nous bassine avec « l'UMPS », qui semble, à défaut de projets cohérents, tant humanistes qu’économiques et sociaux, constituer, par défaut, son seul programme. Les partis politiques traditionnels essaient de nous dire ce qu'il faut faire, le FN fonctionne comme un photographe à l'ancienne : il travaille en négatif et semble se borner à indiquer ce qu'il ne faut pas faire, pas accepter, pas intégrer.

Mais l'élection du Doubs qui s'annonce allume le gyrophare de l'actualité sur le « Front républicain ». Le Front républicain est une figure de démocratie qui ne semble fonctionner qu'en sens unique. L'exemple le plus marquant en est la présidentielle de 2002, qui vit Jacques Chirac se faire élire avec 80 % des voix, la gauche l'ayant soutenu pour éloigner du pouvoir le spectre Le Pen qui s'était pointé au deuxième tour.

Mais lorsque c'est à la droite de travailler à écarter le front national en soutenant un candidat de gauche contre lui, le front républicain, soudain, tombe en panne. Tous les prétextes sont bons, les « ni - ni » sont portés en triomphe, expliqués et décortiqués, présentés en plusieurs versions nuancées, et une partie de la droite est prête à sacrifier les valeurs républicaines sur l'autel du pouvoir.

Fini l'UMPS. Voici venir le FNUMP (prononcer phonétiquement, comme « flop »), constitué de tous ceux qui sont prêts à piétiner les valeurs de la république pour s'assurer un petit strapontin à l'assemblée. Avant eux, Henri IV avait accédé au trône en estimant que « Paris valait bien une messe », eux, pensent que les valeurs des Lumières, la tolérance, l'esprit de la république et les droits de l'homme peuvent être piétinés devant leurs velléités d'arrivisme. 


L'UMP nous a longtemps dit que la gauche, c'était fini, brisé, irrémédiablement divisé, et c'est maintenant eux qui se déchirent comme jamais aucun parti ne s'est déchiré. Entre les anciens au tribunal et les nouveaux qui se donnent des coups de pied dans les tibias, vérification est faite que nous avons bien la droite la plus bête du monde, ce qui est tout de même inquiétant quand on constate que nous n'avons pas non plus la gauche la plus intelligente…

Les rares édiles de l'UMP qui soutiennent la version « front républicain » du vote du Doubs en sont à se demander s'ils doivent rester dans un parti où ils sont encore quelque chose, mais avec lequel ils sont en désaccord, ou migrer vers l'improbable centre de l'UDI où ils seront plus à l'aise mais ne seront plus grand-chose.
Tragique illustration des « carrières politiques au long cours » dont la multiplication est un des fléaux de la démocratie.

Croisons les doigts pour que « l'effet 11 janvier » éclaire les électeur du Doubs dimanche prochain.