lundi 20 juin 2016

538° Je vous demande de vous arrêter (de manifester)









Valls, Le Maire, etc...


Il y a encore quelque temps, une périodicité annuelle suffisait pour l’oscar de l’imbécillité politique.
Maintenant, ce rythme n’est plus suffisant. Le sottises pleuvent dru, et l’inondation ne sévit pas que dans nos campagnes.

Comme nos gouvernants, il faut agir au coup par coup, décerner à chaud, quitte à perdre de vue un classement exhaustif du politicien le plus déglingué de l’année. Sinon, de nombreuses perles seront à jamais perdues pour l’histoire de France.

Bruno Le Maire, qui ne désespère pas de nous gouverner un jour, envisage, lui, une justice d’exception pour les terroristes.

Alors, nous sommes d’accord, le terrorisme, c’est très vilain, mais si nous avons une justice qui fonctionne, elle doit être capable de répondre par sa sévérité sagement appliquée à l’abjection des crimes qu’elle a à juger. 




La notion même de « justice d’exception » est la négation même du principe d’égalité de la devise de la république.

Deux justices, c’est une de trop. C’est l’aveu même que l’une des deux ne serait pas juste !

Ce fantasme autoritariste sous-entend d’abord que la justice quotidienne serait incapable de faire face à tous les crimes et délits qui lui sont soumis. Elle aurait ses limites. Nous aurions une justice incapable, -donc pas juste- devant certaines décisions à prendre.
Et il faudrait une autre justice qui, elle, serait vraiment juste dans certains cas. Mais pas dans les autres ?

Une justice à géométrie variable, en quelque sorte…

On pourrait commencer par une justice « spéciale terroristes », puis on pourrait imaginer une justice « spéciale manifestants », « spéciale syndicaliste », et maintenant que la porte est grande ouverte, une justice « spéciale anti-libérale », « spéciale opinions de gauche ».

Les tribunaux d’exceptions, ça s’est vu, dans l’histoire. L’armée a même longtemps possédé les siens, distincts de ceux de la république.
Il a fallu les supprimer. Ils puaient trop le totalitarisme et la dictature.


Bruno Le Maire veut les rétablir. Il n’y a pas que le FN qui croit devoir se dédiaboliser. La droite d’apparence la plus paisible cache aussi l’horreur derrière les voiles débonnaires de ses travestis médiatiques.

D’ailleurs, comme tous les grands dictateurs qui se croient seuls à voir dans les limbes les intérêts supérieurs de leur peuple, voire du monde, en toute simplicité, Bruno Le Maire est parfaitement conscient de son génie, ce qui le conduit à déclarer que « son intelligence est un obstacle »...



Si elle ne répondent pas à toutes les exigences, si elles menacent l'autoroute dont il rêve vers le pouvoir.

Ouvrir des lucarnes, aussi étroites soient-elles, dans les garanties de justice, de liberté et d’autres valeurs fondamentales, c’est s’attaquer à la boite de Pandore. C’est ouvrir une voie d’eau que l’on estime insignifiante sans comprendre qu’elle peut, avec le temps, s’élargir et remplir le bateau.

Une fois que ce « si », que cette lucarne conditionnelle sera aménagée dans la loi, un simple décret suffira à l’élargir, à la façonner au gré des caprices de celui qui sera, dans le futur, au pouvoir. Et on sait à quel point cette incertitude est menaçante dans notre pays. 

On fera des dérogations pour les manifs trop longues, trop larges, trop colorées, trop libertaires, celles qui défilent en ville, celles qui préfèrent les campagnes, et aussi celles qui font le la peine aux patrons et qui pourraient menacer les prébendes des riches.

Déjà, avec une technique bien rôdée de rongeur et le soutien de ses correligionnaires hollandistes, il tente de limiter la prochaine manifestation, de la réduire de cortège à rassemblement statique. Puisque les gros coups ne marchent pas, on essaie la méthode gagne-petit.


Non, Monsieur Valls, la manifestation est un droit fondamental du peuple souverain, et la manière dont vous les méprisez est déjà assez insultante pour que vous vous absteniez de leur poser des conditions.

Même si le principe même de la manif, manifestement, vous eczémate la bosse du pouvoir, puisque vous déclarez au journal du dimanche que les syndicats devraient annuler d’eux mêmes ces défilés dont vous méprisez clairement les tenants et les aboutissants.

« Vite un nouveau 49-3 et qu’en en finisse ».

Monsieur Valls, ne rêvez pas à haute voix vos ambitions de pouvoir…
Cela ressemble trop à des caprices d’enfant gâté.

Ainsi, pour éviter quelques cahots sur votre chemin du pouvoir, les travailleurs de ce pays devraient renoncer, pour les décennies à venir, à une partie non négligeable de leur maigres revenus (les heures supplémentaires proprement payées), immoler sur l’autel de votre arrivisme les seules garanties qu’il leur reste de ne pas se trouver pieds et poings liés à la merci de leur patron (les conventions collectives).

Bien sûr, ce que je vais dire là relève pour vous du compte rendu d’un voyage exotique puisque vous n’avez jamais été salarié. (Ou alors, rectifiez votre page wikipédia..).




Savez vous que pour une bonne partie des salariés de ce pays, votre réforme appliquée aux heures supplémentaires équivaut à une privation de plus de 100€ par mois, soit l’équivalent d’un mois de salaire à la fin de l’année ?

Imaginez vous la position du salarié de petite entreprise (la majorité) qui se retrouve au petit matin tout seul devant sa machine, face à son patron qui lui dit « -Alors tu le signes ou pas, ce nouveau contrat de travail ? ».

Non, bien sûr, vous n’imaginez pas. L’entreprise, c’est l’Amazonie, pour vous. Vous ne la visitez que dans le cadre d’expéditions soigneusement aseptisées, même si de temps à autre, un indigène refuse de vous serrer la main ou s’extasie devant le luxe de votre costard…

Si cette loi passe, vous la traînerez toute votre vie comme un boulet bien plus lourd que celui de Juppé avec les grèves de 95, parce que Juppé, le 15 décembre 1995, lui, a retiré sa loi.

Et malgré ce retrait, il reste aux yeux des Français le forcené « droit dans ses bottes ».

Imaginez ce que sera votre avenir politique si votre tronche apparaît en filigrane sur tous les bulletins de salaire rabougris que les Français recevront mois après mois pendant des décennies.


Le parti socialiste n’est plus que le parti des bobocrates, là où s’épanouissent ceux qui croient que pour être de gauche, il suffit de se démarquer de quelques principes nationalistes ou racistes, et de promouvoir quelques principes sociaux qui ne coûtent rien, comme le mariage homosexuel.

Eh bien non. Être de gauche , tel que l’ont compris ceux qui ont porté François Hollande à l’Élysée, c’était aussi mettre en œuvre une politique vraiment sociale, avec une redistribution des richesses aussi équitable que possible. 

A cause de ceux qui, comme vous, feignent de ne rien comprendre, tiennent inexorablement un cap qui rend le quotidien invivable pour un nombre croissant de Français, le bon peuple s’estime trahi et vous tourne le dos en courant tant vous incarnez ce qu’il ne faut pas faire.

Hélas, la politique, ce n’est pas la géométrie, et en vous fuyant aussi radicalement que possible, ils se jettent dans la gueule du front national, dont vous êtes un des plus grands pourvoyeurs.

Bien triste. Voilà ceux qui croient encore en une gauche sincère obligés de se reconstruire à travers des manifestations que vous, Monsieur Valls, voulez interdire, des partis que vous débinez à longueur de discours, des principes que vous qualifiés d’irréalistes à travers la presse française dont la majorité appartient, rappelons-le à un quarteron de milliardaires, et avec des moyens de subsistance au quotidien dont on ne sait plus s’ils sont autant de motivations à vous faire tomber que d’entraves pour y parvenir.

Triste.


lundi 13 juin 2016

537° Orlando, tournant de l'histoire ou point d'une continuité?





Je le craignais depuis longtemps.
C’est arrivé.

Pourtant, c’était prévisible parce que ce n’est nouveau que par la gravité des faits, pas par le principe.

A longueur de ce blog, depuis dix ans, je parle de la bombe à clous du pub Admiral Duncan à Londres en 1999, des bombes incendiaires dans un sauna gay de Budapest en 2008, des nombreux bars gays attaqués à Paris, Lille, Bordeaux, Bruxelles, etc.

Aux États Unis comme dans le reste du monde, l’histoire des LGBT se confond avec celle de leur persécution, une seule tuerie dans un bar gay en 1973, donc pas hier, avait déjà fait trente morts

Sans parler des innombrables agressions individuelles, lâches, gratuites, de braves gens accusés d’être ce qu’ils sont.

La perspective de l’attaque de grande envergure d’un établissement gay était inéluctable. La seule chose encore incertaine était l’heure et le lieu.

Et l’incertitude demeure : ce n’est pas parce que c’est arrivé que cela n’arrivera plus. Au contraire : voilà un nouvel objectif maintenant bien dessiné dans le collimateur des fous furieux.

Ce qui frappe à Orlando, c’est le principe de l’exécution de masse. Cinquante morts d’un coup.

Mais combien de gays morts pendus en Iran, lynchés par les foules africaines, décapités au Moyen Orient, jetés du haut des immeubles en Afghanistan? Orlando n’est que le dernier avatar de cette litanie.

On peut parler aussi du million de morts estimé en Europe pendant plus de mille ans, brûlés « pour la purification de leur âme » par une église chrétienne qui déplore aujourd’hui la violence, mais qui n'exclut pas à ce jour de ses enseignements les principes discriminatoires anti-homosexuels qui contribuent à légitimer l’homophobie « culturelle ».

Devons-nous être rassurés de voir, dans tous les pays civilisés, des foules entières se rassembler en hommage à des victimes tuées à cause de leur homosexualité ?

Certes, ces hommages étaient impensables il y a encore quelques décennies. En progressant sur la voie de la reconnaissance, nous excitons la bête féroce de l’intolérance, mais c’est le prix à payer. Pour nous mener vers un monde meilleur, l’humanisme marche sur un champ de bataille jonché de cadavres.

Pour bien analyser le phénomène, il ne faut pas faire, comme les télévisions buzzophages, le gros plan sur les survivants éplorés et les familles des victimes. Bien sûr, ils existent, mais ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg.

Il convient de replacer l’événement au sein de la longue histoire LGBT, qui est avant toute chose, celle d’une sorte d’éradication permanente, de solution finale appliquée sans fin d’année en année, de siècle en siècle.

On peut parler des déclarations du rabbin Sitruk, ex grand-machin de France, paroles moyenâgeuses prononcées il y a moins de quinze jours.

Avis également aux gays que j’entends dire :
« Il y aura pour les gays un avant et un après Orlando ».
Petits prétentieux, va ! Il n’y a pas eu d’avant et d’après le nazisme, les bombes dans les bars, les agressions à répétition dans les lieux gay ?

Des sites se sont spécialisés dans le florilège des déclarations homophobes :




qui ne rassemblent qu’une fine couche de mousse à côté des homophobes américains qui, à la différence de la vieille Europe et en vertu d’un principe de liberté de parole perverti en liberté de haïr, constituent le gros des imprécations des malbaisants.

A ce sujet, tout étant plus grand en Amérique, et pas seulement les massacres, un site est spécialisé dans la dénonciation des personnalités politiques ou officielles qui se sont fait surprendre avec la main dans la culotte d’un autre après avoir bâti leur carrière avec des déclarations homophobes :

Et n’oublions pas la mère fondatrice de la haine, celle sans qui rien ne serait arrivé , la bible qui, dans le lévitique, chapitre 18, verset 22 dit pour la première fois:
« Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme : ce serait une abomination ».
 (Christine Boutin, tu as copié!!)

La bible encore mentionnée par tous les homophobes africains et russes pour justifier leur haine et leur sadisme.

La bible dont le sens fut détourné par tous les dictateurs, de Staline à Hitler, qui adoptèrent sans reconnaître le copyright la théorie productiviste de nos « racines chrétiennes » qui voulait que la fornication étant de l’énergie détournée du travail, il convienne d’en interdire toutes les formes qui ne remboursaient pas ce gaspillage à la société sous la forme d’un petit travailleur ou d’un petit soldat.
Voilà le fond de la petitesse des homophobes.

Il y a aussi les grands hypocrites, qui ont repris le principe de l’abomination quand cela pouvait contribuer à leur célébrité, et qui pour des raisons tout aussi mercantiles, viennent aujourd’hui verser leur larme de crocodile :











La manif pour tous qui ne nous promettait que le bûcher sur ses pancartes, mais pas la mitrailleuse.

A moins que ce ne soit que parce que la bible ne la connaissait pas, la mitrailleuse ?…

Les attentats de Paris ont visé la liberté d’expression, la liberté de la culture (sorties en terrasses, musique), et le monde juif. Celui d’Orlando, s’il ne vise pas les Juifs, (- qui, je le crains, ne perdent rien pour attendre -), vise essentiellement la liberté d’être, de choisir sa vie, de refuser les dogmes et le mysticisme, la liberté d’aimer l’être choisi et de profiter des plaisirs de ce bas-monde.

Pour retrouver les Juifs et les homosexuels associés dans un massacre organisé, il faut remonter au nazisme. Daesh a, de ce fait, achevé son retour aux sources de la barbarie, bouclé le cercle de l’innommable, ce qui devrait mettre ses adeptes face à leurs responsabilités s’ils n’étaient pas à ce point aveuglés.

Hélas, ils le sont toujours. L’homme accomplit toujours plus de mal au nom des mythes que de bien au nom des réalités.

Le miroitement médiatique est également partie prenante de cette escalade de l’horreur. Les pauvres gens sont à ce point réduits à des riens dans notre monde des cinq cents familles qu’ils en arrivent à préférer briller par l’horreur et l’abomination que de rester poussières dans le tapis du néant.

Ce qui est prétentieux de leur part, mais la prétention n’est-elle pas l’apanage des petits esprits ?

Il n’y a plus beaucoup d’endroits où l’on peut entrer sans subir une fouille. La liberté du plus grand nombre est entravée par l’imbécillité d’une infime minorité.

Nous n’avons pas fini d’entendre les cons sévir sur les médias, donner des leçons, interpréter des textes dénués de sens, faire des parallèles, des amalgames, étirer leur connerie dans les grandes largeurs comme un pizzaiolo étale sa pâte. Et même la faire virevolter en prenant la réprobation des gens raisonnables pour des applaudissements mal compris.




Nous allons devoir subir:
Tous ceux qui vont se joindre aux lamentations, parce qu’ils n’avaient pas envisagé la mitraillette pour manifester leur intolérance ou leur homophobie.

Tous ceux qui font profession d’homophobie, la promeuvent comme un enjeu électoral, un outil de conquête du pouvoir, et ne veulent pas se laisser déposséder d’un argument si porteur.

Tous ceux qui se sentent proches des homophobes parce qu’ils baisent mal et qu’ils voient bien que les homosexuels s’en donnent à cœur joie et profitent de leur mieux d’une vie pourtant pleine d’embûches.




Certes, le monde ne sera plus tout à fait comme avant, mais bien plus largement que les marchands de gros titres ne veulent nous le vendre.

Je pense à tous ces enfants que des parents incultes ont traîné à la manif pour tous en leur faisant porter des panneaux vouant les homos au bûcher, qui se disent aujourd’hui, pour les plus volontaires d’entre eux, qu’ils ont peut-être joué les « malgré nous » et qu’il serait temps pour eux de vivre leur vie, mais qui constatent en regardant la télé que l’avenir pour lequel ils s’apprêtent à se libérer les expose aux mitraillettes des fous de dieu ?

Cela pose aussi collatéralement le problème des armes à feu aux États Unis. Leur gros blond avait prétendu que si tous les spectateurs du Bataclan avaient été armés, il y aurait eu moins de morts. La tuerie d’Orlando a démontré la sottise de pareille affirmation. Seule l’arrivée de la police a permis de maîtriser le forcené.

Et même une législation sur les armes économisera plus de morts en général que de vies d’homosexuels en particulier. Le jour même de l’attentat, on a arrêté en Californie un autre fou furieux armé jusqu’aux dents d’explosifs et d’armes de guerre qui se rendait à la gay pride de West Hollywood… qui s’est déroulée, comme dans certains pays de l’est, sous l’œil froid d’un service d’ordre armé...


L’histoire est un éternel recommencement, à l’image de la bêtise humaine.


*   *   *

Dernière minute

Dans le cadre de notre étude  "Homophobie et mal-baisance"...

L’enquête d'Orlando, qui ne fait que commencer, révèle que le meurtrier était un habitué du club" Le Pulse", où il était connu pour son alcoolisme, qui le conduisait à raconter ses déboires conjugaux.

Plusieurs homosexuels de la ville déclarent qu'il les avait sollicités à travers des sites et applications de rencontre...

L'article en anglais en cliquant sur le logo Pink News.

http://www.pinknews.co.uk/2016/06/14/gunman-in-pulse-orlando-mass-shooting-visited-club-a-dozen-times-say-regulars/?utm_source=PNFB&utm_medium=SocialFB&utm_content=FBJM&utm_campaign=PNFacebook



Le détail de cet autre article -en anglais également-  reflète un état dépressif récent du meurtrier, relaté par ses collègues de travail...