vendredi 28 avril 2006

39° Vous ne sentez pas une drôle d’odeur ???

C’est un euphémisme de qualifier notre actualité de surréaliste.

Notre gouvernement ou du moins ce qui en tient lieu, nous annonce triomphalement une baisse du chômage de 1,3 % au mois de mars. Mais si on se donne la peine de fouiller un petit peu dans l’information, et en particulier d’inventorier les données sur lesquelles la presse et les médias officiels ne s’appesantissent pas, on découvre que le zèle demandé à l’ANPE pour radier un maximum de chômeurs a obtenu précisément au mois de mars des résultats record : les radiations ont augmenté de 27 % par rapport au mois précédent.

Conclusion : Si 27 % de radiations supplémentaires n’ont engendré une baisse des effectifs que de 1,3 %, c’est que le nombre de chômeurs objectifs, -- à critère constant, c’est-à-dire celui qu’on évite de compter --, a fortement augmenté…

Les vainqueurs de l’abolition du CPE qui exigeaient dans la foulée la peau du CNE pourraient voir leurs vœux exaucés sans coup férir : le tribunal des prud’hommes de Longjumeau s’est chargé ce matin de cette basse besogne en invalidant carrément ce type de contrat de travail :

Dans un jugement diffusé par la CGT, qui a été lu et longuement applaudi au 48e congrès ce matin à Lille, les prud'hommes de Longjumeau constatent "que l'ordonnance du 2 août 2005 instituant le contrat nouvelle embauche est contraire à la Convention 158 de l'OIT" (Organisation Internationale du Travail), et que "la Convention ayant une valeur supérieure en application de l'article 55 de la Constitution, l'ordonnance du 2 août 2005 est privé d'effet juridique".

Autant que je sache, après être passé devant le Conseil Constitutionnel, tout texte voté devrait être examiné par le Conseil d’État, dont l’une des prérogatives consiste à vérifier la conformité des nouvelles lois avec nos engagements et traités internationaux…




M. de Villiers, marquis de son état, a voulu semer la panique dans le bon peuple en publiant un livre « les mosquées de Roissy » dans lequel il affirmait que les personnels des zones sécurisées de l’aéroport étaient infiltrés par ce qu’il appelle « les islamiques ». La filière de cette fausse information a été remontée : au départ, un cabinet d’audit « C3P consultants » est mandaté à la suite de vols de bagages en série sur le tarmac de l’aéroport. Dans son enquête, il élucide ce problème de petite délinquance, et découvre en même temps une petite filière d’entrée frauduleuse d’immigrés sur le territoire.. Ce rapport est repris par la DST, qui le publie son tour en lui donnant une forte connotation « islamique » que l’enquête originale ne contenait pas. C’est sur ce rapport de la DST, parvenu on ne sait comment entre ses mains, que M. de Villiers a construit une théorie que les observateurs n’hésitent pas à qualifier de pur fantasme… On étudie souvent les rumeurs : dans ce cas précis, on peut analyser la progression de celle-ci en temps et en heure…. Et aussi son échec.




Et enfin, le vrai chancre purulent du mois va bientôt exploser : il enfle chaque jour, les spectateurs sont dans les tribunes. Depuis quelque temps déjà, Messieurs de Villepin et Sarkozy ne s’adressent plus la parole. Chaque nouvelle information fait monter d’un ton le contentieux qui les sépare à propos de l’affaire Clearstream. Un brave général du renseignement à la retraite vient de nous apprendre qu’en dépit de ses déclarations, Villepin avait, dès janvier 2004, demandé à la DST d’inclure le sieur Sarkozy dans leurs investigations.

On retient son souffle… Peut-être vont-ils se battre en duel ?




Homophobie : Chaque jour une nouvelle agression…. Soyez prudent dans vos rencontres…

Monsieur Roger Madec, sénateur-maire PS du 19ème, soutient Ségolène Royal dans la course à l’investiture.

Bon, c’est son droit… Mais Roger Madec se dit très concerné par les problèmes LGBT, les droits des gays et la lutte contre l’homophobie.

Comment va-t-il faire, alors, pour emboîter le pas à une dame qui a accepté le PACS du bout des lèvres, et refuse obstinément d’entendre parler de mariage et d’adoption ?

Comment va-t-il concilier son engagement LGBT avec les principes de Ségolène basés sur les valeurs familiales les plus archaïques ?

Il déclare qu’elle « incarne l’attente de renouveau des Français ». Monsieur Madec n’essaie-t-il pas de collectionner les casquettes ? Parce qu’il faut bien le dire, le droit des gays, depuis qu’on ne les emmène plus à Auschwitz, les Français s’en foutent un peu, non ?




mercredi 26 avril 2006

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38° Au fil de l’actualité déchaînée...

Le Québec prépare un projet de loi visant à accélérer l'expulsion des locataires dont le loyer est en retard de plus de trois semaines. Jusqu'à maintenant, les propriétaires pouvaient engager une procédure dès la quatrième semaine de loyer impayé, et l'expulsion intervenait au bout de trois mois.

Il fallait arrêter ce laxisme ! Une loi ultralibérale va être votée, qui autoriserait l'engagement d'une procédure d'expulsion au bout de deux semaines de loyer impayé et conduisant à l'expulsion en moins d'un mois !

Je rappelle qu'en France, un locataire qui connaît bien les lois et déménage volontiers peut vivre indéfiniment en ne payant en moyenne que six mois de loyer par an s’il est célibataire et trois mois s'il a des enfants, tout en étant assuré de ne jamais être expulsé en hiver. Hiver français peu comparable aux rigueurs de l'hiver canadien….

M. de Galouzeau de Villepin, lui, a à coeur d'entretenir la polémique sur la pathologie de psychorigidité amnésique, pour ne pas parler de schizophrénie, dont il semble atteint.

Hier mardi 25 avril, il a installé à la Sorbonne, -- lieu symbolique --, la Commission Université – Emploi qu'il a concoctée pour faire semblant de s'intéresser à l'emploi des jeunes. La cérémonie a eu lieu à toute pompe plutôt qu'en grande pompe, attendu que pendant qu'elle se déroulait, le parvis de la Sorbonne et les rues alentour étaient le théâtre d'un face-à-face tendu entre les CRS et les manifestants.

Au milieu d'un flot de banalités par lesquelles il semble découvrir que « les étudiants attendent beaucoup de l'université, notamment d'être préparé un emploi à la suite de leurs études » et que «Nous n'avons pas à rougir de nos propositions, nous allons gagner la bataille pour l'emploi en avançant avec unité, détermination et volonté. , il distille quelques indices sur sa marginalité quasi cosmique.

Dans son discours, on relève par exemple quelques traces de ce que les étudiants appellent volontiers « foutage de gueule ». En particulier cette phrase par laquelle Don Quichotte de Galouzeau se plaint des réticences que les Français ont à renoncer à leur protection sociale et à voir leur société se transformer en jungle : « Les Français ont des Bastilles dans leur tête….. »

Le pérorateur semble oublier que c'est précisément des attitudes comme la sienne, l'oukase sans dialogue préalable, le décret sans débat parlementaire, le mépris des classes les plus modestes, qui ont conduit les Français à la Bastille en 1789 !

Méfiez -vous des métaphores, Monsieur le Premier Ministre ! Dans l'esprit de millions et de millions de Français qui n'ont pas reçu la même éducation que vous, certains mots ont un sens différent, symbolisent un concept que vous ignorez tant qu'il vous concerne peu… Évitez le mot « Bastille », par exemple !

Au sens où vous l’entendez, ne serait-ce pas plutôt le monde de la finance dont vous êtes le fidèle serviteur qui aurait « des Bastille dans sa tête », persuadé qu'il est que la richesse bien comprise n'est pas une richesse partagée, qu'un pays est riche lorsque ses entreprises sont pétées d'oseille, alors que c'est à la richesse de ses citoyens, ou au moins à leur non- pauvreté que l'on devrait juger de la prospérité d'une nation, persuadé qu'il est que le petit noyau de nantis dont il cultive les avantages suffira à absorber la production des machines et des esclaves chinois, et donc à maintenir l'économie à flot, ce qui est purement illusoire.

Tant d'égocentrisme me confond….

La photo ci-contre symbolise très bien les illusions que M. de Villepin essaie de nous vendre : La femme qui y figure est extraordinairement tatouée, et tous les regards s'attardent sur cette décoration, sur cet aspect extérieur, ce trompe-l'œil, sans s'apercevoir que sous cet aspect tape-à-l’oeil, elle est laide et nue…

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mercredi 19 avril 2006





37° Parlez pour vous,

Monsieur le Ministre…


Interrogé sur les dispositions qu’il compte prendre face à la hausse du prix du baril de pétrole qui entraîne celle du carburant vers des sommets encore jamais atteints, Monsieur Thierry Breton, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie a déclaré que le retour à la TIPP flottante « était inutile » car ce dispositif « ne servait à rien. »

Monsieur Thierry Breton qui, avant d’être ministre, a été successivement directeur général de Forma Systems, puis du Futuroscope, directeur général de la CGI, vice-président du conseil d’administration du groupe Bull, puis membre du comité exécutif de ce même groupe avant d’être PDG de Thomson multimedia, puis de France Telecom- sans parler des fonctions qu’il a occupées ou occupe toujours chez Schneider Electric, Dexia, Axa, Orangne SA et TSA, doit avoir plutôt l’habitude de s’engouffrer dans une berline avec chauffeur qui l’attend, moteur et clim en route en double file devant sa porte que de faire le plein de sa petite auto familiale.

Dommage. Cela lui aurait enseigné l’impact du prix de l’essence sur le budget de millions de Français qui vivent loin de Neuilly et de Bercy, dans des localités où on a déjà fermé l’épicerie, la poste et l’école, où il faut une voiture pour aller travailler, chercher les enfants à l’école et même parfois acheter le pain.

S’il avait été plus sur le terrain, il aurait notion de l’influence du prix du pétrole sur le budget d’un restaurateur ou d’un épicier qui va à Rungis, d’un peintre qui transporte ses pots de peinture et ses échelles ou d’un maçon avec ses briques et ses sacs de plâtre.

Mais évidemment, à un PDG devenu ministre, la TIPP flottante ne sert à rien.

lundi 17 avril 2006

36° Pendant les grèves, le massacre continue.


Encore deux agressions homophobes terrifiantes dans les quinze derniers jours à Paris…

Olivier, 60 ans, retrouvé mort étranglé dans son appartement rue du Grand Prieuré, à Paris 11°. La « scène » du crime laisse supposer un jeu sexuel qui aurait mal tourné.

Laurent, 42 ans, trouvé agonisant depuis une semaine dans son appartement de la rue Saint Blaise à Paris 20°, horriblement mutilé : langue arrachée, œil crevé, oreille coupée, fractures diverses dont traumatisme crânien…

C’est quand, la manif ?

Où êtes vous, organisations de défense des droits individuels, champions de l’anti-discrimination qui causez si bien à la télévision, ministres prêts à se montrer au premier rang des défilés ?

Qui a parlé d’odieuse discrimination à la radio et à la télévision ? Qui se mobilise pour « que cela ne se reproduise plus ? »

Où êtes vous, prêtres, rabbins et imams, si prompts à cette unanimité de façade que nous avions pu voir face à d’autres crimes pour dénoncer la haine des minorités ?

C’est si indécent, l’homosexualité, pour prêcher l’humanisme et le respect des autres ?

Quand aux droits de l’homme….

La semaine dernière, la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) a rendu son rapport annuel.

Y est épinglée la gestion des discriminations en France face à laquelle la répression occupe tout le terrain au détriment de l’action sociale.

Interrogé sur le sujet, notre Ministre de l’Intérieur a fait savoir que « les petites polémiques ne l’intéressaient pas ».

Maintenant, on sait ce que le docteur Karcher pense de la Ligue des Droits de l’Homme.

Espérons que le bon peuple de France s’en souviendra encore en 2007…

lundi 10 avril 2006

35° Pourquoi se compliquer à faire simple

alors qu'il est si facile de faire compliqué ?


On approche du but. Il n'est pas abrogé, il n'est pas retiré, il n'est pas supprimé : il est « remplacé ».

Subtile nuance indispensable pour ménager l'encombrant amour-propre de Monsieur Tartarin de Galouzeau, qui s'était cramponné à son machin avec l’énergie du désespoir en hurlant en langue de bois : « Vous ne l'aurez pas, na ! ».

On l'a eu.

Les vainqueurs semblent toutefois divisés. Que l'on accueille la nouvelle avec précaution en se réservant pour s'estimer satisfait de voir ce qu'il y aura dans le fameux projet « de remplacement » promis par l'UMP, je veux bien. Mais de là à vouloir, dans la foulée et pendant qu'on y est, profiter de l'élan pour dégommer le contrat nouvelle embauche, il y a un pas qui me semble un peu présomptueux, voire aventureux.

D'autant plus qu'il y a, à mon avis, mieux à faire. Si on doit profiter de l'élan de la victoire pour rebondir et avancer une nouvelle exigence, il vaudrait mieux exiger le rappel aux principes de base de la république, ça pourra être bien utile par la suite.

À savoir que lorsque le leader d'un gouvernement commet une pareille série de bourdes, qu'il est désavoué avec clarté et persistance par le bon peuple et qu'il persiste et signe avec morgue et dédain, provoquant grèves et chaos avant de se faire moucher, l'esprit républicain, la décence, l'honneur, plein de choses exigent qu'il démissionne. Ça, ce serait la cerise sur le gâteau.

Claude Bartolone, socialiste et ancien ministre ne mâche pas ses mots et vise plus haut que Villepin de Tarascon puisque ce matin sur France Info, il appelait de ses voeux « une élection présidentielle aussi proche que possible qui installera à ce poste un homme qui ne le déshonore pas ».

Le plus risible dans cette triste débâcle, c'est que le Don Quichotte du chômage ne semble rien avoir compris au film puisque, précisément, il déclarait ce matin : « Je n'ai pas été compris ».

Oh que si, on t'a compris, Gros malin ! On t'a trop bien compris ! On t'a vu venir avec tes gros sabots. On sait que tu veux nous aligner sur le système anglo-saxon qui confond la richesse d'un pays avec celle de ses citoyens. Plus les États-Unis sont riches, plus on y compte de pauvres, plus l'échec scolaire s'y développe, plus les ghettos s'y constituent. On a vu à la Nouvelle-Orléans… Et je ne parle pas de l'Angleterre, à la fois si proche et si lointaine, où dans les grandes villes industrielles, d'après « Le Times » lui-même , « on est plus mal habillé que pendant la guerre ».


La suite de cet article, que je viens prudemment de remettre dans mes dossiers, célébrait la bonne nouvelle arrivée cet après midi d'Italie.

Mais au fur et à mesure que l'heure tourne, la victoire de la gauche s'effrite inexorablement. Allons nous vers une élection à la Bush? Je remettrai demain la partie censurée si l'embellie persiste.

Décidément, plus rien ne va en Italie, et surtout pas les instituts de sondage!.



Mardi matin: je remets la suite de mon article !! Cette élection italienne évoque en moi des souvenirs de la France de 1981, où l'ultime argument d'une droite aux abois avait été d'agiter le vieil épouvantail communiste. Mais ce qui était encore un petit peu crédible en 1981, huit ans avant l'écroulement du bloc soviétique, l'était-il encore maintenant? Il faut croire que nos amis italiens ont été un peu naïfs, puisque si le centre-gauche gagne d'un cheveu à la Chambre, on en est à attendre les résultats des Italiens de l'étranger pour départager le Sénat..

Evidemment, les sbires du Cavaliere crient à l'élection truquée et répandent des rumeurs sur des voix escamotées, ajoutant que le trucage des élections est une spécialité communiste... Va-t-on compter et recompter aussi longtemps que pour Bush n°1?

Si Berlusconi avait vraiment de 3 à 5 % de retard la semaine dernière, le spectre communiste a fait réfléchir.... Et les 50 députés d'avance que la gauche possède maintenant à la chambre résultent d'une manipulation du scrutin à la proportionnelle intégrale concoctée par les berlusconiens il y a deux mois, précisément pour provoquer l'effet inverse, à savoir transformer une courte victoire en triomphe...

Voici donc la suite parue hier et retirée dans la nuit:



Aujourd'hui, la bonne nouvelle vient aussi d'Italie. Là bas aussi, ils ont un grand incompris ! Nos amis italiens, après une large vaporisation de ringardicide, ont enfin écarté du pouvoir la bande de paltoquets qui jouait au petit fasciste avec un populisme éhonté. Certes, on va regretter les Berlusconneries, qui émaillaient l'information d'une petite touche grotesque qui nous réveillait de la monotonie ambiante. Encore que, écarté du pouvoir mais toujours multimilliardaire et propriétaire de nombreux médias, Berlusconi a encore les moyens de nous faire rire, et même encore de nuire un peu, mais plus autant qu'il ne l'a fait.

C’est à la justice italienne de nous montrer ce qu’elle sait faire maintenant, attendu que le Cavaliere a aménagé le code pénal pour tenir ses turpitudes hors d’atteinte des juges « gauchistes ».

Il n’y a plus qu'en Pologne qui va falloir donner un salutaire coup de balai. Il y a 100 ans, en France, on retirait les bénitiers et les crucifix des écoles, des hôpitaux et autres lieux publics républicains. On a montré l'exemple. Il ne reste plus à nos amis polonais qu’à en faire autant. Ça sera dur : ils sont solidement accrochés aux murs ! D’ailleurs, le pape a annoncé une prochaine tournée d’inspection dans le dernier pays d’Europe où il est assuré de faire un triomphe.

Est-il utile de rappeler aux distraits que le président polonais Lech Kaczynski et son frère Jaroslaw, premier ministre, ont déclaré qu'ils s'estimaient investis par Dieu du devoir de restaurer en Europe la foi et la morale chrétiennes ? Je leur souhaite bien du courage, mais quand même, moins longtemps ils essaieront, mieux on se portera. Ils feraient mieux de s'occuper du droit des citoyens, du droit du travail et des libertés individuelles, par exemple que du droit divin.

Il n’y aura bientôt plus un gay polonais en Pologne : ils émigrent tous en Allemagne, en Hollande ou en République Tchèque. Ne pourrait-on pas y faire appliquer d’urgence les directives européennes qui protègent les citoyens des discriminations ?





samedi 8 avril 2006


34° Vous avez dit "république"?

L'affolement du gouvernement me fait penser à celui du pilote d'un avion en train de s'écraser qui actionne n'importe comment toutes les manettes de son tableau de bord en espérant que la chance qu'il a eue jusqu'ici de devenir pilote et d'échapper à tout lui permettra de provoquer par hasard le déclic salvateur.

Mais quand on est rendu à ce point d'affolement, le chaos qui règne dans une boîte crânienne ne permet plus de s'exprimer au peu de raison qui pouvait s'y trouver avant la tempête. Il y a une solution, majuscule, évidente, pour sortir de la crise, mais pour des raisons dont il faut chercher le fondement quelque part entre la sottise, la fierté mal placée, le mépris de la démocratie, l’autoritarisme, et l'aveugle soumission au dogme de l'argent, on ne tirera pas le manche pour redresser l'avion.

Quand on veut trop ménager la chèvre et le chou, la chèvre meurt de faim et le chou pourrit.

Alors on essaie de nous distraire un peu, de passer la pommade. On fait durer des négociations où il n'y a rien à négocier, qu’on nous a présenté comme la seule solution alors que tout le monde sait qu'elles ne mèneront nulle part, on montre à la télévision des délégations qui entrent et sortent des salons du Sénat pour faire croire que la situation progresse, alors que les entretiens qui s'y déroulent ne sont que le constat d'un blocage de plus en plus dur.

Pendant ce temps, les routes se bloquent, comme les accès aux aéroports, aux marchés et zones de transit. Les universités, lycées, gares et centres de tri postaux sont occupés, et chaque nouvelle journée sans progrès ne fait que renforcer l'imagination et la détermination des manifestants.

Nous sommes sur une autre planète : la télévision nous montre un chauffeur routier ulcéré de ne pouvoir décharger son camion, accusant les manifestants d’empêcher les braves gens de travailler, et oubliant sans doute la promptitude et l’efficacité avec laquelle sa corporation peut bloquer un pays tout entier pour défendre son casse-croûte. Il faudrait embaucher quelques routiers avec un CPE pour les aider à réfléchir.

Il fut un bon vieux temps de la république où face à un échec de cette dimension, et même moindre, on démissionnait. Mais lorsque M. de Villepin dit qu'il va prendre « toutes ses responsabilités et tirer les conclusions qui s'imposent », il s'empresse d'ajouter qu'il n'a pas l'intention de démissionner, au cas où quelques républicains un peu intégristes auraient pris à la lettre ce qui aurait pu être un retour aux sources de la démocratie.

Pendant le bras de fer, le gâchis continue.

Je suis passé hier devant la Sorbonne. On y joue Fort-Alamo. Ou plutôt Fort Knox. Tout le quartier est entouré de hautes barrières métalliques dressées et gardées par la police, qui emprisonnent en même temps un nombre considérable de riverains qui sont obligés de montrer patte blanche chaque fois qu'il descendent acheter le pain, mais aussi un certain nombre de commerces, des librairies, quelques cafés, un coiffeur, des marchands de vêtements, et plusieurs cinémas qui sont devenus inaccessibles à leur clientèle et que chaque jour de blocus menace un peu plus de faillite.

En attendant, si la Sorbonne n'est plus « occupée », elle reste néanmoins fermée… Et si d'aventure les forces assiégeantes se décidaient à entrouvrir leurs barrages, il va de soi que les 500 premiers étudiants qui pénétreraient dans le saint lieu s'empresseraient d’y rétablir l'occupation, et qu'elle ne rouvrirait donc pas pour autant !

Mais cette interprétation moderne des farces du roi Ubu ne perturbe pas le sérieux de nos édiles et de nos ministres qui continuent à pontifier comme si rien ne s'était passé.

Le roi est nu ! Vive le roi !

Les tenants bien butés de la droite la plus bête du monde apostrophent leur opposition avec leur morgue et leur arrogance coutumière :

« Hein ! Les gauchistes ! Vous êtes toujours contre tout, mais vous n'avez rien à proposer, à la place du contrat première embauche ! »

(Vous avez remarqué que pour certains vieux baroudeurs de la politique de bistrot, en France, on ne peut pas être de droite ou de gauche, mais seulement de droite ou gauchiste…)

Mais bien sûr, que nous n'avons rien à proposer ! Exclure les moins de 26 ans du droit du travail ne me semble pas un progrès par rapport à la situation actuelle ! Il vaut mieux ne rien faire que de détruire la maison ! Il est préférable de s’attaquer au bull-dozer qui s’apprête à la démolir !

En fait, bien sûr, « les gauchistes » ont quelque chose à proposer. Mais corollairement au petit prince de Saint-Exupéry qui « ne voit bien qu'avec le coeur », les tenants du CPE voient mal avec les yeux de l'argent…

Entre l'ultralibéralisme et le marxisme, il y a tout de même un large boulevard de solutions qui mériteraient bien davantage une expérimentation que la politique de la terre brûlée que l'on veut appliquer au droit du travail !

Mais si on veut explorer ces solutions, pour recevoir, il faut donner un peu, et cela, les forces de l'argent et ses actionnaires ne veulent pas s'y résoudre.

S'il faut un salaire français pour acheter la production des Chinois, lorsqu'on aura réduit le pouvoir d'achat des Français à celui des Chinois, qui achètera la production chinoise ?

Nos dirigeants financiers se sont mis là dans une situation ubuesque, abracadabrantesque. Il n'y a pas de solutions à leur problème, sinon une fuite en avant qui atteindra rapidement ses limites.

Car maintenant que « les machines et les chinois font le travail », si on ne donne pas aux chômeurs l’économie sur les salaires qui en a résulté, qui achètera la production des machines ?

En définissant notre problème comme « un problème de chômage », on s'emprisonne dans un système de valeurs judéo-chrétiennes au nom duquel les nobles acquéraient l'honneur par la naissance, alors que les prolétaires ne pouvaient devenir honorables que par leur travail.

La mécanisation et la sous-traitance ont anéanti ce préalable : les chômeurs sont des gens de bonne foi, et leur honneur ne saurait être mis en cause.

Les travailleurs ne sont plus nécessaires à la bonne marche de l'économie, puisqu'on a trouvé le moyen de les remplacer.

Ce sont les consommateurs qui restent nécessaires ! Pas moyen de les remplacer, eux… Sans débouchés commerciaux, point d'économie, fiasco de la production, naufrage du système !

Si on veut revenir à l'axiome de départ, il faut remplacer « travailleurs » par « consommateurs », puisque c'est ce dernier rôle de consommateur qui est devenu indispensable à la marche de l'économie. La consommation ne saurait être l’apanage de nos princes, ils ne sont pas assez nombreux ! Il faut que tout le monde y participe…

L’économie, telle qu'elle est gérée actuellement, est un monstre de Frankenstein, puisqu'elle ne peut survivre qu'en expansion…Comme le cancer… . Là aussi, il faudra bien trouver quelques améliorations au système pour abolir le caractère inexorable de l'éternelle expansion et de la fuite en avant…

Se tirer dans le pied pour se conformer à un système sans avenir crédible est une gageure de technocrate pour qui la finalité de l’existence n’est pas la construction du monde de demain, mais la balance comptable de son entreprise au 31 décembre prochain…

Alors au lieu de s’acharner sur des objectifs si peu humanistes, Messieurs nos dirigeants feraient mieux de se poser des problèmes à plus long terme. Non seulement ça mettrait fin à la crise, mais ça permettrait d'envisager une société capable de vivre durablement dans l'harmonie. À bon entendeur…

samedi 1 avril 2006






33° Il a osé !


On savait que notre cher président était un peu dur d'oreille, mais personne ne l'imaginait sourd à ce point ! Ça fait tout de même deux mois qu’on hurle dans les rues. Il est vrai que depuis qu'un certain Villepin, alors conseiller à l'Élysée lui a suggéré de dissoudre l'assemblée nationale le 21 avril 1997, il ne jure plus que par le puissant cerveau de ce visionnaire éclairé…Encore gagné ! Gaston Lagaffe a trouvé son maître.

Parfois, je me dis que si on mettait le Chirac des Guignols de Canal+ à l'Élysée et celui de l'Élysée à la télévision, les affaires ne s'en porteraient pas plus mal…

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Faut-il être à ce point éloigné des réalités pour nous pondre un discours qui a la double caractéristique d'être d’une part incohérent et illogique en lui-même, et d’autre part exactement ce qu'il fallait dire pour mettre le feu aux poudres ?

Ça commence par un vilain mensonge, une poignée de poudre aux yeux : les archives de la république sont pleines de lois qui ont été votées et jamais promulguées, alors venir raconter que parce qu'elle a été votée, (ce qui n’est d’ailleurs littéralement pas le cas) elle doit inexorablement être promulguée, ce n'est qu'un grossier coup de bluff. D'ailleurs, un certain Chirac premier ministre, alors qu'il cohabitait avec le président Mitterrand, a eu bien des soucis avec des ordonnances de l'article 49-3, que, précisément, ce dernier ne voulait pas signer !

Ensuite, ça ne tient pas debout. Peut-être arrive-t-il à suivre ses raisonnements, mais moi, je n'arrive pas à le suivre, lui ! Et si j'en juge par ce que j'entends à la radio, je suis loin d'être le seul : d'après lui, il est urgent de promulguer une loi qu'il n'est pas question d'appliquer !

Or, dès le lendemain de sa promulgation, les patrons vont pouvoir embaucher avec des CPE qui, avec la garantie du chef de l'État, devront tenir compte du résultat de négociations qui n'auront pas encore commencé…. Abracadabrantesque, non ?

Mon petit doigt m’avait dit qu'il s'apprêtait à commettre l'irréparable : à 19 h 10, je descendais les Champs-Élysées en scooter pour rentrer chez moi écouter le discours, et en passant devant l'Élysée, j'ai croisé le fameux camion-lance à eau tout blanc préposé à doucher les manifestants suspects d'avoir quelque peu bâclé leur toilette. Si on amenait ce camion-là aux alentours de l'Élysée une heure avant le discours, c’est qu'on savait déjà qu’on allait en avoir besoin !!!

Eh bien ça y est, on en a besoin ! Et j'ai peur que les équipages des arroseuses de chomeurs de la préfecture de police soient contraints de faire les trois-huit dans le plus total irrespect des 35 heures pour faire face à la demande… Elles vont être rincées, les rues de Paris, dans les prochains jours…

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En écrivant cet article à 1 h 30 du matin, j'entends sur France Info que des cortèges se forment et se déplacent nuitamment à travers Paris, que la place de la Bastille est noire de monde, bref qu'il règne dans notre capitale une ambiance de fin de règne tout à fait festive. J'ai encore « mon pavé » de mai 68 sur une étagère, mais je préfère le garder en souvenir. Place aux jeunes !

Nous vivons une époque formidable…