mercredi 21 décembre 2011

404° Sale prolo, je vais te péter ta grève.



Les médias, toujours plus prompts à nous exhiber les citoyens qui disent des conneries à haute voix que ceux qui pensent des choses raisonnables en silence, transforment la grève des contrôleurs des aéroports en un cas de conscience qui n'a pas lieu d'être.


Une grève est une grève. C'est un droit prévu dans les pays libres, interdit dans les dictatures, et c'est justement un des éléments qui font la différence entre les deux. Alors, pour parler du mouvement de grève des personnels de contrôle qui gène le fonctionnement de nos aéroports, il faudrait prendre un peu plus de recul que monsieur Guéant et les quelques voix droitières qui résonnent dans son sillage.


D'abord, il faut savoir que la sécurité à l'embarquement, dès lors qu'elle s'est avérée nécessaire dans les années 70, était assurée par les forces de l'ordre, la police des frontières, et autres unités compétentes. Ce n'est que très récemment que ces services ont été privatisés, offerts sur un plateau aux copains du Fouquet's, et les décideurs d'un tel accord doivent bien savoir qu'ils ne peuvent pas, en l’occurrence, cumuler les avantages d'un service militaire et du salariat privé. A moins que Bachar El Hassad ait été leur conseiller dans ce deal, passer dans le privé, ça signifie, indissociablement, aider les copains à se remplir les poches, mais aussi se soumettre aux règles du privé.


De même qu'un citoyen qui entre dans la police ou la gendarmerie le fait en connaissance de cause, et après avoir pesé ce qu'il à y gagner et à y perdre. Pour lui comme pour le gouvernement, la liberté de choix existe avant, mais plus après la conclusion de l'engagement.


Alors les exhortations de monsieur Guéant et de ses affidés démontrent plusieurs choses :


D'abord que le gouvernement de monsieur Sarkozy est bien plus sensible aux effets cosmétiques, gesticulations et autres démonstrations théâtrales en volant au secours des voyageurs qui vocifèrent devant les caméras dans les aéroports qu'il n’écoute la majorité républicaine silencieuse, qui trouve inadmissible la volonté avérée de briser une grève, mais vers laquelle nos médias ne tendent pas leurs micros.


Ensuite, qu'il gouverne à vue et sans réfléchir, attendu que c'est bien son courant politique qui a livré au privé un service qui était auparavant assuré sans histoire par les forces de l'ordre.


Encore qu'il n'a rien à foutre des états d'âme des braves gens, en oubliant que les policiers et les gendarmes sont eux aussi, des citoyens qui répugnent à s'attaquer au droit de grève des autres, comme le précise leurs syndicats.


Encore encore qu'on n'obtient plus rien dans ce pays sans bloquer quelque chose et manifester fortement.


Et enfin que s'il restait bien son dans rôle de gardien de la constitution et de la république, il ne permettrait pas à ses ministres de s'attaquer à des droits aussi fondamentaux que le droit de grève.


Sur un sujet très voisin, on peut aussi examiner le cas pendables de ces sociétés françaises qui fournissent aux dictatures avérées les moyens techniques de surveiller le dialogue démocratique de leurs citoyens, de traquer ceux qui réfléchissent et de bloquer les communications utiles. Tantôt on nous répond qu'il n'est pas du ressort du gouvernement de contrôler l’exportation de tels systèmes, et tantôt que ce cas précis leur a échappé. Mais on n'a jamais de réponse capable de nous rassurer vraiment. Avec monsieur Sarkozy, nos libertés sont en dérapage incontrôlé.