lundi 30 avril 2007

91° Mon Lexomil, vite !

.


Le schtroumpf hargneux s’énerve. Les choses et les gens lui résistent, et il n’aime pas. Son avance sur Ségolène dans les sondages se réduit de jour en jour comme une peau de chagrin. Pendant qu’il occupe Bercy (17 000 places), Ségolène dédaigne ce lieu –trop petit- pour remplir Charlety (26 000 places dans les tribunes + 10 000 sur la pelouse...).

Veut-il empêcher Ségolène de s’entretenir avec Sarkozy que le monde journalistique encore libre se décarcasse pour rendre cette rencontre possible. Du coup, BFM TV, petite chaîne d’information peu connue accède à la célébrité et le débat reçoit une publicité inattendue. Les médias les plus dociles ne peuvent éviter d’en parler, et même s’interroger sur les revirements de Canal Plus qui nous a fait bourrée auvergnate pour l’organiser puis pour ne plus l’organiser.

« Je ne laisserai pas voler le deuxième tour aux français… » C’est surtout à lui que, dans ce cri du cœur dramatiquement psychopathologique, Sarko ne veut pas qu’on le vole. Il voudrait figer l’histoire, bloquer la démocratie, en congeler les acteurs dans la position de gagnant que les sondages lui donnaient au soir du premier tour. Il voudrait faire de la démocratie sans les français, juste dans le cercle étroit de ses affidés…

.

Puis-je vous suggérer de visiter :

http://ns39947.ovh.net/~antisark/spip.php?page=sommaire

et en particulier les vidéos proposées par ce site dont l’esprit visionnaire se partage entre horreur, réalisme et humour.

En attendant, schtroumpf hargneux fait une mauvaise campagne de deuxième tour. Ses nerfs lui jouent des tours. Hier, il a voulu « liquider l’héritage de mai 68 ». Il y a beaucoup à analyser là-dessus.

D’abord, la puanteur historique du mot « liquider ». Faut-il s’attarder sur les chefs d’état qui, avant lui, ont parlé de liquidation ?

Ensuite, sur l’histoire. Faut-il rappeler qu’à l’époque, les médias français étaient assujettis à la poigne de fer d’un ministère de l’information digne des plus belles dictatures militaires, successivement tenu par les rigides Roger Frey, Georges Gorse, Yves Guéna, Pierre Malaud, et surtout Alain Peyrefitte, qui y a excellé au point d’attacher son nom à la fonction…

.
Faut-il rappeler qu’à l’époque, on sortait de la pénible période de la guerre d’Algérie, où l’on pouvait être appelé à aller se faire tuer dès 18 ans, alors qu’on ne pouvait pas voter contre avant 21 ans ?

Faut-il rappeler les célèbres « carrés blancs » du Canard Enchaîné, où l’on pouvait lire : « ici a été censuré un article où on pouvait lire que… » ?

Est-il besoin de décrire la chape de plomb qui pesait sur les libertés individuelles, sexuelles, sociales, le rouleau compresseur de bienséance ringarde qui écrasait l’art, la création et la culture. Faut-il rappeler que le Film « La Religieuse » de Jacques Rivette, d’après Diderot, représentant la France à Cannes en 1966, fut interdit par une commission de censure vérolée d’ecclésiastiques, ce qui donna à l’œuvre une réputation bien supérieure à ses mérites cinématographiques… ? Faut-il rappeler que tous les films d’Andy Warhol et de Chris Marker (50 titres pour chacun) étaient alors interdits dans notre douce France, alors qu’ils sont devenus aujourd’hui des trésors de cinémathèque ?

Et les 11 millions de grévistes, record que même son ami Juppé n’a pas battu en décembre 1995, qui ont conduit aux accords de Grenelle avec les avancées que l’on connaît, c’est aussi un « héritage à liquider » ?

Quand Sarkozy conspue « la pensée unique » qui présida à mai 68, a-t-il seulement ouvert un livre d’histoire ? C’est un exemple unique de révolution dont la portée s’étendit du social au culturel en passant par le philosophique et l’ouverture démocratique.

Je veux bien que ça l’irrite, mais le vocable « pensée unique » s’adapte tout de même plus au régime sarkozien qu’à l’ébullition soixantehuitarde ! Il a bonne mine de dénoncer une « autorité dogmatique » alors que précisément celle à laquelle il prétend ne trouve ses sources que dans le pouvoir et le fric !

.
Le pouvoir doit découler de l’humanisme et de la raison, mais il semble tellement dépourvu de ces deux vertus que ça ne lui est pas venu à l’idée..

Il me fâcherait avec ses sophismes si je me disais que des discours comme le sien d’hier à Bercy ne pouvaient convaincre que de vieux grincheux jurassiques et de pauvres nostalgiques de l’ordre plombé et dogmatique d’une société figée dans les convulsions d’une bourgeoisie agonisante.

Or ces gens là, ils votent déjà pour lui ! A quoi bon les rameuter davantage ? Ce travail est déjà fait ! Il s’est déjà tant dépensé pour aller en recruter un bon nombre chez Le Pen ! Ça y est, t’as fait le plein, de cet électorat là, Dalton ! Si tu continues à t’énerver, c’est que tu sens confusément que ton arche de Noé est pleine pour la croisière que tu proposes, et que les gens que tu vois restés sur le quai ne veulent pas s’embarquer avec toi…

Allez braves gens ! On peut encore le faire ! Depuis quelques jours le 45 / 55 est devenu un 48 / 52. Il reste une semaine pour que les courbes se croisent. (Voir ipsos.fr)

Encore quelques discours comme celui d’hier à Bercy, et pourvu que le débat de mercredi soir se passe simplement normalement, Ségolène peut encore nous remettre le diablotin dans sa boîte.

Français, Françaises, si vous ne voulez pas que la fracture sociale devienne un affrontement, renvoyez le gremlin enragé à Neuilly et laissez Ségolène conduire avec sérénitude une république qui a plus besoin de s’adapter à ce que nous sommes aujourd’hui que de se référer sans cesse à ce que nous ne voulons plus être.

.

vendredi 27 avril 2007

samedi 7 avril 2007

89° Pourquoi que ??

Cette campagne n’est pas seulement unique par le jeu de chaises musicales auquel se livrent les candidats, Sarko en appelant à Jaurès, Ségolène aux maisons de redressement militaire, (encore que… l’armée enfin utile à quelque chose… ?? C’est surtout venant du PS que ça surprend..), Bayrou, président d’un parti traditionnellement de gauche, venu de droite pour dire que la droite n’existe pas plus que la gauche, et le milliardaire Le Pen faisant des promesses sociales aux habitants d’Argenteuil.

.

Ça ressemble à une partouze idéologique. Mais ne vous y trompez pas : les enjeux sont bien les mêmes que d’habitude. C’est juste un peu carnaval, mais sachez bien qui est sous le déguisement. Le 22 avril, le masque tombera.

C’est surtout à cette ballade du Pen à Argenteuil que je fais allusion. Je suis un non violent, et je n’approuve ni la lapidation ni les caillassages.

Au chapitre des circonstances atténuantes, je peux comprendre que certains de nos potes des cités ne fassent pas bon accueil aux cars de police, après s’être fait demander leurs papiers dix fois dans la journée par les mêmes flics en bas de leur escalier. Entre autres…

.

Mais je comprends moins facilement, -peut-être suis-je trop cartésien ?- ce qu’ils espèrent exprimer en caillassant dans la foulée les pompiers, les autobus et même SOS Médecins. Tu me diras, ils brûlent bien leurs propres voitures en bas de chez eux au lieu d’aller incendier celles de leurs tortionnaires dans les beaux quartiers… Mais j’aime comprendre, je suis comme ça. En tout cas, un peu de cohérence ferait le plus grand bien à leur cause, qu’on a bien tort de négliger et de traiter par dessous la jambe. Plus on attend, plus il faudra réparer nos négligences à leur égard et plus ça coûtera cher.

Et alors je ne comprends plus du tout comment ils ont pu faire bon accueil à Le Pen qui s’est payé le luxe d’apparaître sur la dalle d’Argenteuil à l’endroit même où Sarkozy a fait sa pub pour les Etablissements Karcher.

Certes, je pense que tout ce qui est mauvais pour Sarko est bon pour les libertés individuelles et le respect des droits fondamentaux, et qu’à cet égard, on pourra dire qu’au moins une fois dans sa vie, Le Pen aura fait quelque chose de bien, mais pourquoi diable ne l’a-t-on pas caillassé comme tout le monde ?

Si un de mes lecteurs veut bien me l’expliquer, il est le bienvenu. Certes, Le Pen ne s’est pas annoncé, il a déboulé par surprise en amenant derrière lui un car de journalistes à qui il n’avait pas révélé à l’avance où on allait. Certes, l’opération a du être minutieusement préparée, au point que je me demande si les femmes voilées auxquelles le menhir s’est adressé devant les caméras habitaient bien Argenteuil ou si elles n’avait pas été engagées par une agence de figuration et transportées juste avant sur les lieux par un premier car spécialement affrété. Va savoir…

Mais les habitants d’Argenteuil ? Où étiez-vous, les loubards, ce jour là ? Belle occasion de but manquée. Il n’y a pas qu’au PSG…

Dans l’article n°8 de ce blog génial :

http://brethmas.blogspot.com/2005/12/8-homophobie-et-ptage-de-plombs.html

votre serviteur avait eu l’honneur et l’avantage de vous parler du Pasteur Fred Phelps, le champion toutes catégories de l’homophobie, qui a monté une multinationale qui fait des profits sur la seule valeur de l’homophobie, faisant payer ses sermons et ses conférences dans les universités, et qui tient une boutique sur le web où il vend des tee-shirt, des porte clés, des pendentifs et des mugs homophobes…Des bibles, aussi.

Depuis quelque temps, le Pasteur Fred Phelps attaque la Suède et son roi par tous les moyens à sa disposition. Notamment un site web spécialement dédié :

http://www.godhatessweden.com/

Cette haine à l’égard du royaume de Suède est provoquée par la législation anti-homophobe de la Suède, qui est la plus répressive du monde. (ce qui signifie qu’il y a encore des progrès à faire chez nous…)

Elle s’est enflammée par l’indifférence que le royaume de Suède a témoigné aux auteurs des fameuses caricatures de Mahomet qui, je le rappelle, ont vu le jour là-bas. Entre intégristes, il faut bien s’entraider. C’est la haine de l’autre qui fait marcher les troupes. Si on applique l’amour du prochain à la lettre, c’est la mort du business...

Ce harcèlement est si incisif que le roi de Suède a convoqué l’Ambassadeur des Etats Unis dans son palais pour le tancer d’importance, et le prier de maîtriser ses sujets, fussent-ils pasteurs baptistes.

Hélas, il semble que la loi américaine autorise parfaitement ce genre de déclaration publique (il existe en toute légalité des sites homophobes, antisémites, racistes et même nazis aux Etats-Unis) au nom de la « liberté d’expression » garantie par la constitution. La Cour de Suède n’a donc aucun moyen légal d’empêcher Phelps de déblatérer. Sauf peut-être d’aller rencontrer discrètement certaines associations juives ou gay américaines qui ont des hackers assez doués pour mettre un site web hors service… Très provisoirement. Car le Pasteur a aussi ses informaticiens…

.
Pendant la guéguerre, la campagne continue… Avec ses hauts et ses bas. Le CGL de Paris, (Centre gay et Lesbien) a organisé deux réunions publiques auxquelles toutes les formations politiques étaient conviées. Toutes les principales sont venues, sauf l’UMP qui n’a pas répondu à ce dialogue, vérifiant ce vieil adage qui veut que « être de gauche c’est se poser des questions dont on n’a pas les réponses, alors qu’être de droite, c’est apporter des réponses à des questions qu’on ne s’est pas posé.).

Je rappelle que le seul geste de Sarkozy vers les gays, à ma connaissance, a été d’apparaître par surprise à une réunion organisée aux Bains Douches, ce haut lieu de la république, par « Diagonales », une étrange secte de « Sarkozistes de gauche » (rigolez pas, on est sérieux là, on parle politique).

Cette réunion où Sarko ne s’est montré qu’aux journalistes et s’est abstenu de répondre aux questions de l’assistance a permis à quelques télés amies de montrer le lendemain que leur candidat bien-aimé avait fait un geste vers le gays.

Sans trop insister, parce que les conseillers se sont empressés de dire que le peu qu’il y avait à gagner du côté des gays faisait fuir par ailleurs nombre de bigots qui constituent le fond de commerce non négligeable de l’UMP, et que c’était là une erreur de marketing.

Allez les gars, la barre à gauche toute. C’est encore faisable, mais il faut se secouer. Les nuages de plomb sont visibles à l’horizon..

mercredi 4 avril 2007

88° Les élections de l’angoisse



Plus de trois semaines sans article…. Non, je vais bien, merci de réclamer. La raison de ce silence, c’est surtout une vie pleine de petits bonheurs à deux, avec tous les engagements que ça comporte, qui me tient éloigné de mon clavier. Sachez aussi qu’un article sur ce blog, rédaction, recherche d’illustrations, mise en page et mise en ligne, c’est quasiment une après-midi d’ordinateur. Or je suis un retraité très très actif, qui a plein de choses à faire.

.
Aussi de quoi parler ? Des élections, bien sûr, mais la situation actuelle présente la double caractéristique d’évoluer chaque jour sans jamais révéler de tendance stable. Jamais l’horizon politique n’a été si bouché.

Commençons par la Pologne. Il y avait longtemps, hein ? Le drame, c’est que la Pologne, ce n’est pas l’Irak après la pacification bushienne, c’est en Europe.

Et là-bas, ça devient très grave. Le vice-premier ministre et ministre de l'éducation Roman Giertych a présenté un projet de loi. Dans ce projet, il est question d’interdire l’enseignement aux homosexuels !!! Ça ne vous rappelle rien, les interdictions professionnelles ?. Vous imaginez une école fermée avec un triangle rose sur la porte? C’est ce qui pend au nez des Polonais.

Roman Giertych est le président de la Ligue des familles polonaises (LPR), un parti catholique ultra-conservateur et antisémite, à l'extrême droite de l'échiquier politique.

Il faut savoir que bloquer l’information sexuelle objective dans l’enseignement, c’est fabriquer une ou deux générations d’homophobes. C’est susciter des centaines de milliers de vies gâchées, hommes et femmes après des mariages forcés, provoquer des milliers de suicides, et condamner son pays à un retard appréciable sur l’échiquier international. Mais rien n’y fait : ni les injonctions de l’ONU, ni les vitupérations du Conseil de l’Europe. La seule chose qui intéresse les Polonais dans l’Europe, ce sont les subventions. Pas les droits de l’homme. Pas les libertés individuelles. Pas la liberté de conscience. Les monothéistes ne règnent qu’en focalisant la haine de leurs ouailles sur d’étroites communautés de boucs émissaires. Les Juifs ont déjà donné, même si en Pologne, l’antisémitisme a encore des adeptes, mais maintenant, c’est notre tour. Les gays vont payer.

.

Evidemment, ce ne sera jamais le tour des cons, ils sont trop nombreux !

Bon, revenons à nos élections.

Au bon vieux temps, mon objectif était dans l’ordre :

1° la barre à gauche toute ! et

2° éviter à tout prix l’extrême droite.

Ces consignes se sont appliquées en 2002 sans trop de difficultés, même si Chirac a dirigé le pays en fonction des 80% qu’il a recueillis au 2° tour dans les circonstances que l’on connaît, en non pas à l’encan des 19% qu’il représentait réellement, tels que mesurés au premier tour.

Certes, le néo-libéralisme a continué à faire des ravages, les lois de modernisation sociale de Jospin ont été subrepticement démontées alinéa par alinéa par les soins de Fillon, mais la marque sanglante de ce quinquennat a été la droitisation d’une droite jusqu’ici plus ou moins humaniste, disons.. –républicaine- sous l’influence de Sarkozy.

L’échiquier a changé. Fini le clivage gauche-droite avec quelques extrémistes de part et d’autre.

Pour moi, la nouvelle donne apparaît en trois parties : une extrème doite inacceptable qui englobe le petit marquis, le Pen et Sarkozy, une droite honteuse mais républicaine autour de Bayrou, et une gauche dont les divisions font peine à voir.

.
Le clivage à départager au premier tour n’est plus un peu-ou-prou 50/50, mais un 70/30, voire un 75/25.

Le « tout sauf Le Pen » de 2002 devient un « tout sauf Le Pen et Sarko » qui réduit la gauche à une portion congrue.

Alors tous les nouveaux modes de calcul sont à l’étude. Le plus évident, c’est le vote Bayrou, capable de battre Sarko au second tour, mais qui écarte la gauche du pouvoir pour la deuxième fois consécutive. Ça commence à faire beaucoup, au point que d’aucuns se demandent si on n’a pas plus à gagner à provoquer ce chaos. Car si Sarko passe, chaos il y aura. D'ailleurs, j'ai ressorti mes pavés de mai 68. Ci-joint la photo du pavé parisien modèle "Gay Lussac 68" sur ma table de travail.

.
Dans l’état actuel des sondages, l’accès de Ségolène au deuxième tour signifie de manière inéluctable l’élection finale de Sarkozy. Certes, la fourchette se resserre de jour en jour, mais les trajectoires se croiseront-elles à temps pour le deuxième tour ???.

Les nouveaux électeurs des banlieues représentent huit fois le nombre de voix qu’il a manqué à Jospin en 2002. Mais si tous ces jeunes savent très bien pour qui ils ne voteront pas, ils ne savent pas très bien pour qui ils ont voter, n’ont pas l’expérience des bienfaits du vote utile et risquent bien de s’éparpiller en quête d’une utopie qui fera plus de dégâts à gauche qu’à droite.

Si la gauche franchit la barre, ce sera en la frôlant. Jusqu’au dernier moment, il faut pousser, pousser, pousser Ségolène, faire feu de tous bois, avec l’aide des gaffes de Sarkozy que, dieu merci, il continue à multiplier.

Hier au 20 heures d’Antenne 2, on voyait Ségolène houspiller Sarkozy comme il le mérite dans un débat qui avait opposé les seconds couteaux en 2002. Où est passée cette dynamique qu’elle montrait alors ? D’où vient ce ton de maîtresse d’école dont elle a fait son ordinaire aujourd’hui alors que les archives prouvent qu’elle peut faire autrement ?

Quant aux éléphants, ils auront réussi à se faire haïr, tant a été claire leur démonstration qu’ils vivront mieux élus locaux d’opposition que staff-members d’un parti au pouvoir. Cette bande d’Iznogouds se comporte comme un boulet attaché aux chevilles du PS. Il y a du pain sur la planche.

.

Le site d’IPSOS (voir Google) donne au jour le jour des tendances qui semblent exprimer que la gauche est toujours en tête en dehors des périodes d’élections… Toutefois, pas à pas, Ségolène se hisse à nouveau au-dessus de Bayrou et grignote son retard sur Sarko au deuxième tour. Arrivera-t-elle à temps ?

Ce sera la première fois de ma vie où, le matin même de l’élection, je n’aurai pas décidé quel bulletin je mettrai dans l’urne, tant ma hantise de voir passer Sarko rivalise avec mon souhait de faire triompher la gauche.

Car pensons-y… Sarko est élu… Un peu de politique fiction. La fracture sociale, devenue frontière de la haine, se hérissera instantanément d’armes redoutables. Quelle banlieue pètera en premier ? Combien la suivront ? Comment contrôlera-t-on les tickets dans les trains ? Commet mangeront les exclus qui vont se multiplier, les radiés de toutes sortes, les « assistés » livrés à eux-mêmes ?

.
Deux Frances s’opposeront à tous les instants et en tous lieux. D’un côté un incendiaire, de l’autre, ce que l’incendiaire lui-même appelle des exaspérés, sans se rendre compte que c’est lui et sa politique qui les a exaspérés à ce point.

Une telle élection leur fera perdre le sens commun. Ce n’est plus alinéa par alinéa qu’ils détruiront le code du travail, mais au bull-dozer. Des pans entiers de ce qu’il reste de nos avantages sociaux seront engloutis dans des réformes ubuesques.

Quand je pense que ce sont ces gens là qui disent que le communisme a tué quatre vingt millions de personnes. C’est sans doute vrai, mais il a mis soixante dix ans pour le faire.

Le néo-libéralisme en a déjà tué bien davantage en bien moins longtemps. Et ça continue ! . La seule différence, c’est que c’est plus difficile à compter. Qui compte les Africains victimes des guerres du pétrole et des minéraux que s’y livrent par enfants-soldats interposés les grandes puissances embusquées dans leurs services secrets ? Qui compte les victimes des révoltions fomentées par la CIA en Amérique latine ? Qui compte les victimes des pays livrés aux fanatiques dans un Moyen-Orient déstabilisé par les croisades ?

Des nuages noirs apparaissent à l’horizon. Je ne sais pas comment on va s’y prendre, mais il faut à tout prix éviter Sarko, ses amis américains, sa façon d’organiser le pays en castes, de diviser les gens au lieu de les rassembler, sa logique bâtie sur des sophismes, son arrogance de valet plénipotentiaire, et tout ce qu’il représente.

La boîte aux idées est ouverte, mais vite : le 22 avril, c’est bientôt !