dimanche 28 janvier 2007

81° Bonté, humanisme, charité,

religions et autres broutilles.


Le dimanche midi de canal plus est décidément un excellent moment de télévision. S’y succèdent le remarquable magazine d’information « l’Effet Papillon » et la Semaine des Guignols.

Il y a quelques semaines un remarquable documentaire sur « L’Ambassade de Dieu », la secte qui fait fureur en Ukraine, faisait froid dans le dos.

http://www.godembassy.org/en/embassy.php

Son pasteur, Sunday Adelaja, habile aventurier parvenu à la tête d’une quasi-multinationale, fait un triomphe dans les ex pays de l’est, où 70 ans de communisme auxquels ont succédé des temps qui ne sont guère meilleurs ont créé un terreau fertile aux croyances en un monde meilleur.

Un homme politique promet des choses qui seraient sans doute possibles s’il se donnait la peine de les réaliser après son élection. Comme quasiment aucun ne le fait, l’opinion publique le balaie et place inlassablement (ou presque) ses espoirs dans le suivant.

Pour les prédicateurs, c’est plus confortable : ils promettent l’impossible, l’invérifiable ; le bonheur après la mort. Ils sont donc plus difficiles à prendre en défaut. C’est sans doute ce qui explique que tous les systèmes superstitieux, s’ils prennent leurs racines dans les pays nantis (de systèmes bancaires…), trouvent leur public dans les pays un peu « à la traîne », voire « en voie de développement » suivant l’élégant euphémisme employé pour désigner des contrées dont la dette ne cesse d’augmenter et qui sont donc en réalité plutôt« en voie de régression ».

L’émission laissait entendre que l’ambassade de dieu ne dédaignait pas quelques arrangements avec les pouvoirs politiques ou les mafias locales. Les russes que j’ai pu interroger à Paris l’affirment carrément. En attendant, le nombre des fidèles augmente, et une opinion publique se constitue, dont le courant ne se dirige pas particulièrement vers le progrès et le respect des libertés individuelles. On n’en a pas fini avec les sectes.

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D’autant plus qu’un reportage passé cette semaine dans cette émission fait état de la propension de l’islam indonésien à adopter une dérive sectaire apocalyptique à la suite du raz de marée de 2005. A Banda Aceh, la province la plus touchée par le tsunami le « ministère des affaires religieuses » a mis sur pied une brigade chargée de faire régner la morale à coups de bâtons, -pour le moment, le gouvernement central n’ayant pas encore donné son feu vert pour les amputations et les lapidations-. Le reportage montre cette brigade de la pudeur débarquant sur un bord de mer exposé à tous les regards, et où quelques couples sont assis très chastement sur des bancs face à la mer, certains en train de pique niquer. Tous les couples sont contrôlés, et les couples non mariés sont impitoyablement séparés et chacun renvoyé dans ses foyers. Les récalcitrants sont punis de coups de canne de bambou sur la place publique.

On voit un officier de la brigade religieuse armé d’un porte-voix clamer sur la jetée que « le pays a suffisamment souffert des calamités envoyées par dieu en punition des péchés » et que les « fornicateurs » mettent tout le peuple en danger en rappelant sur la ville le retour de la colère divine. Le même officier passe dans les rues pour appeler, toujours avec son porte-voix, les foules à venir assister à la fessée. Boire un coup d’alcool, même chez soi si l’on est dénoncé peut également conduire à ce châtiment.

Le reportage explique aussi que cette nouvelle justice fait 81% de mécontents. Elle risque aussi de porter un coup fatal au tourisme qui fait vivre la contrée.

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Reparlons un peu de l’abbé Pierre dont un long interview a été diffusé dans le « Jour du Seigneur », émission pas toujours mal faite dont j’ai aussi regardé quelques images. Le brave homme parlait de Ratzinger avant sa dernière promotion, à l’époque où il était le grand patron de la congrégation pour la doctrine de la foi (qui est le dernier avatar de l’Inquisition, après moult réformes) et de son ouvrage de 1985, « Entretiens sur la foi ». A l’avant dernière page, le futur pape y explique qu’aussi longtemps qu’un homme fait le bien « dans l’harmonie de sa conscience », même s’il ne croit pas en dieu, il sera reconnu par son seigneur comme un bon et appelé à être sauvé. Tant de bonté éblouit le bon abbé Pierre pour qui « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil ». Le brave homme ne voit que de bonnes intentions dans l’exercice de la charité.

Mais gare à la récupération ! Si je comprends le raisonnement de Ratzinger, quelle que soit la raison pour laquelle un homme est généreux et bon, elle est perçue et récupérée par dieu pour faire de lui un bon catholique et l’inviter dans son paradis ! C’est à vous dégoûter d’être charitable ! Si j’avais su que je serais récupéré de la sorte, j’aurais botté plus de culs et distribué moins de pièces ! Comment voulez-vous qu’un système aussi invasif puisse susciter autre chose que la guerre ?

Quand les religions admettront-elles qu’elles n’ont pas le monopole des valeurs et des vertus, et que plus elles tentent de les récupérer, plus elles s’en éloignent ? Encore une foi, la vraie spiritualité est laïque, parce qu’on ne la pratique pas en échange d’une promesse, aussi aléatoire et fantaisiste qu’elle soit. L’abbé Pierre n’a pas fait son œuvre pour gagner sa place au paradis, mais parce qu’il sentait les choses comme ça. Et il a osé le dire. Il ne fera pas un bon « saint ». Je crois que les « bons saints », ce ne sont pas ceux que fait l’église, ce sont ceux qui se font tous seuls.

Dans la même optique, les Guignols nous donnent une scène absolument surréaliste de l’abbé Pierre qui débarque au paradis et fait la connaissance de dieu. Vient la fameuse question dont les religieux se sortent en promettant la félicité après la mort : « dieu, si tu es si bon, pourquoi tant de misères sur terre ? s’inquiète le bon abbé. Moi, j’ai travaillé toute ma vie pour améliorer le sort de quelques malheureux, et toi qui as tous les pouvoirs, tu nous laisses dans la panade… »

Et dieu se fend d’un discours néolibéral quelque part entre Laurence Parisot et Sarkozy : « je ne vais tout de même pas faire des assistés ! Aide-toi et le ciel t’aidera ! ».

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Et enfin, dans le cadre des tentatives de réconciliation de Sarko et de la banlieue qu’il a traité de racaille et menacé de karcher pendant des années, « L’Effet Papillon » nous donne un petit échantillon. On nous emmène à Argenteuil, où la marmite a bouilli au dessus du bord en 2005, où l’on rencontre Tarek, « Tarko » pour les intimes, qui sans doute intéressé par un strapontin politique, essaie de concilier le loup et les brebis. Quelques interviews « d’indigènes » aux avis variés donnent au reportage et à l’opération un caractère plutôt bon-enfant. Même si on n’est pas du même avis, on fait juste un peu d’humour.

Mais plus d’humour du tout lorsque Tarko, invité sur la scène de la Porte de Versailles par Sarko pour assister à la grand messe du sacre de la semaine dernière, sort du métro pour aller à son rendez-vous avec le destin.. Malgré l’invitation qu’il brandit, l’effet de « sale gueule » retarde la progression du jeune militant vers le saint des saints. Il mettra plus d’une heure, invitation en main, pourtant suivi par les caméras de « l’effet papillon », à convaincre les multiples points de contrôle qu’il est bel et bien invité sur le plateau par le patron. Il y parviendra alors que la cérémonie bat déjà son plein. Avant de se réconcilier avec les banlieues, il va falloir se réconcilier au sein du parti, et ça, ça ne semble pas gagné non plus…

Et enfin… Vanneste définitivement condamné en appel, va se tourner vers les institutions européennes au nom de « la liberté d’expression ». Il y trouvera le nouveau parti d’extrême extrême droite auquel l’arrivée récente de la Roumanie a apporté les effectifs qu’il lui manquait encore pour constituer un groupe parlementaire, présidé par Bruno Gollnisch, qui le jour même de cette distinction, a été condamné à Lyon pour une déclaration de plus à contresens de l’histoire.

Lorsqu’on demandait à un UMP pourquoi son parti ne virait pas Vanneste, il répondait que le PS avait bien Georges Frêche. Depuis hier, il ne pourra plus. Georges Frêche a été viré.

Il ne reste donc plus à l’UMP qu’à éradiquer les 300 députés qui ont signé, à l’initiative de Jean Marc Nesmes, député de Saône et Loire, sous prétexte de « protection de la famille » une déclaration commune contre les couples gays aux relents parfaitement homophobes.

http://www.categorynet.com/v2/index.php/content/view/8334/398/

vendredi 26 janvier 2007

80° L’Abbé Pierre.

Le grand petit bonhomme s’en est allé. Dernière méchanceté de ce monde cruel, s’il avait été dispensé d’obsèques nationales, il n’a pas été mieux loti. Sa modestie aura du endurer le passage par la case Notre-Dame, avec trois archevêques, le président de la république et un échantillon représentatif du gouvernement, le tout retransmis en direct sur les principales télévisions.

Mais s’il na pas pu donner son corps usé à la science, je sais qu’il aurait volontiers prêté sa dépouille à cette débauche de célébrité. Car l’abbé était un visionnaire, un précurseur. Dès l’hiver 1954, il avait compris que la condition d'existence des grandes causes était médiatique, qu’il fallait poser les problèmes sur la place publique pour les faire avancer, et surtout ne pas compter sur les consciences –surtout dirigeantes- pour les voir dépasser le stade de promesses même pas pieuses.

Evidemment, visionnaire et précurseur, chez Roman Catholic & Cie, comme chez nombre des firmes concurrentes, ce n’est pas un gage d’avancement. C’est plutôt mal vu par les DRH. Il tombe bien que l’abbé n’aurait pas voulu changer son béret pour une mitre, car c’est sans doute là le seul point avec lequel il était en accord avec sa maison mère.

Le très chaste organe du Vatican, l’Osservatore Romano, n’a pas dit un mot de son décès pendant trois jours, alors que la nouvelle a occupé la une de tous les médias français et est parue en bonne place dans un grand nombre d’autres pays. Ce n’est que devant l’évidence que monsieur le pape s’est fendu d’un communiqué qui a été lu aux obsèques dans une quasi indifférence, considérant que ni lui ni aucun de ses prédécesseurs n’avait levé son petit doigt bagué pour éclairer la communauté d’Emmaüs d’une reconnaissance dont elle s’est d’ailleurs fort bien passée.

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Dans une multinationale dont les objectifs sont recherchés au plus profond de traditions obsolètes et les règles de fonctionnement dictées par un dogme qui échappe à toute tentative de raisonnement, voire simplement de compréhension, il n’y a pas de place pour les visionnaires. Et encore l’église romaine fait-elle un concile tous les mille ans pour essayer de remettre ses pendules à l’heure, ce que ses concurrentes ne font pas ! Alors, le « santo subito » (béatification immédiate) issu de la foule en transe lors des obsèques du précédent PDG n’a pas retenti au bénéfice de notre petit grand abbé. Au contraire, l’institution s’est fendue d’un communiqué aussi laconique qu’anonyme précisant que la chose n’était pas à l’ordre du jour.

Dans mon article N°15, on pouvait lire à ce sujet :

Le jour même de la mort du pape, des panneaux brandis place Saint Pierre dans le plus pur style CGT réclamaient sa canonisation immédiate. Feu !

Le nouveau pape, au deuxième jour de son pontificat, a affirmé avoir entendu cet appel populaire (il est moins sourd que l’autre) et considéré cette accélération d’un œil favorable.

Un archiprêtre a donc été nommé président de la Commission d’enquête en vue de la canonisation expresse du défunt. Pour éviter les problèmes de langue et de susceptibilité, on a choisi un polonais, le père Slavomir Oder. Cette fonction administrative très particulière a un nom : le père Oder est « pater postulator ».

Soucieux de modernité, le postulator a donc ouvert un site internet destiné à recueillir les témoignages et éléments favorables à l’accomplissement de sa mission. Comme je ne suis pas sectaire, je vous en donne l’adresse :

www.vicariatusurbis.org/beatificazione

Vous avez peut-être un miracle à y soumettre ?

Pourquoi ne pas se servir de ce site pour forcer l’église à se mettre en conformité avec son image de marque ? Encore que cela demande réflexion. L’abbé était si modeste que je me demande si on ne l’aurait pas fait rougir sous sa barbe en exigeant qu’il soit béatifié.

Car les vrais saints sont souvent laïques, et notre ami avait une foi inébranlable en un Dieu personnel qui s’accommodait mal de la version vaticanesque en technicolor, et faisait appel à la mansuétude de son bon dieu pour demander un petit pardon lorsque l’homme sous la soutane se laissait aller à quelques ouvres de la chair dont il n’a jamais oublié qu’il était fait.

Pas plus qu’il n’aurait été dérangé par le mariage des prêtres ou la reconnaissance de couples homosexuels. Il l’a dit et écrit, et Odon Vallet, docteur en sciences et professeur à Panthéon-Sorbonne ne rate pas l’occasion d’une interview pour déclarer qu’il y a goûté et qu’une des grandes expériences de sa vie fut un amour éperdu et déçu pour un de ses camarades de classe lorsqu’il avait 15 ans…

Pour moi, ce qui fait un grand homme, c’est avant tout de ne pas se prendre pour tel. C’est de se rappeler que l’homme est toujours petit, et que seule sa lumière intérieure peut devenir grande. C’est de montrer ses idées par ses actes et non par ses promesses, c’est d’éclairer les autres au lieu de s’éclairer lui-même.

Si on pouvait former un vœu pour la paix du monde, ce serait que les religions comptent beaucoup d’abbé Pierre, de gens qui tendent la main, ouvrent leur cœur, vivent pour les autres et se dépensent à mettre en pratique le sens même du mot religion, qui en latin, je le rappelle, signifie « relier ».

Si d’aucuns avaient pu penser que j’étais un ennemi aveugle des religions, ce discours les détrompera. Je suis juste ennemi des cons. J’aime les garçons chez moi, et peu m’importe que d’autres prient un dieu chez eux. Dans la mesure où je ne leur impose pas mon style de vie, je leur demande juste de ne pas m’imposer le leur. Se voir dicter une morale sexuelle et générale par des hypocrites qui vivent en robe et ont fait vœu de chasteté est quelque chose que je ne supporte pas. D’autant plus que je suis sincère jusqu’au bout de ce que j’écris, et pas eux, si j’en juge à la brochette de dignitaires qui viennent de se faire pincer en flagrant délit de zizipanpan. (article n° 65). Moi, on ne m’a pas encore chopé à aller mendier la communion en cachette ou sous couvert « d’expériences thérapeutiques » !

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Tiens, à propos de sincérité, on se souvient d’un certain Pierre Lelouche, Député de Paris 4°, accusé d’avoir crié « qu’on les stérilise » lors du vote du PACS en 1999. Interrogé sur ce fait d’armes lors d’une conférence à laquelle j’ai assisté, l’intéressé se défend vigoureusement d’être l’auteur de cette invective, pourtant dûment portée au journal des débats de l’assemblée.

En présentant sa candidature aux prochaines municipales parisiennes, il a pourtant récidivé, déclarant qu’une candidature comme la sienne « rendrait à Paris l’habitude d’avoir un maire marié et père de famille ». J’ignore s’il a à nouveau nié ce second dérapage, mais sa nature machiste a encore repris le dessus la semaine dernière, puisque le Canard Enchaîné nous apprend que lors du débat à l’assemblée sur les mesures qu’il conviendrait de prendre pour « inciter les femmes à avoir un troisième enfant » suscité par Christine Boutin, qui doit trouver qu’on manque de chômeurs, alors que Nadine Morano a suggéré de « provoquer une gigantesque panne de courant comme à New York il y a dix ans, avec plus de télé ni d’ordinateur », Lellouche a lancé une vanne à la mesure de son esprit, déclarant que « c’était un problème de 25 centimètres ». Prétentieux, en plus !

Pour en revenir à notre brave abbé Pierre, si tous les religieux étaient aussi laïques que lui, on ne serait pas obligé de dénoncer à longueur d’articles les dernières discriminations des cathos polonais, des popes russes, et des prêchouillards d’ici et d’ailleurs. On n’aurait pas de guerre au Moyen Orient, ni entre communautés, ni au sein des communautés, la moitié des Irakiens ne se démènerait pas pour massacrer l’autre, l’Afghanistan vivrait en paix, tout comme le Pakistan avec son grand voisin indien.

Le mot communauté n’est pas à exclure comme certains le prétendent. Il ne prend simplement sa valeur que lorsque les portes en restent ouvertes, et que le feu qui y brille est prêt à réchauffer le voyageur.

Aux Etats-Unis, les démocrates ont deux candidats qu’un « caucus » va devoir départager. Hillary Clinton, et un certain Barrack Obama qui a aussi peu à faire chez les démocrates que Roselyne Bachelot à l’UMP. Il s’est trompé de parti en commençant sa carrière politique, et comme la carrière politique –surtout aux USA- est faite de tout sauf de convictions personnelles et de sincérité sous peine d’assassinat, personne ne s’en est aperçu ! Voilà donc les démocrates qui risquent de se donner un candidat homophobe, grand défenseur de la notion de famille qui n’existe plus, le divorce étant plus répandu là-bas qu’ici, ce n’est pas peu dire, et grand gesticulateur de signes de croix et d’invocations à un « dieu sur mesure » qui font des USA une communauté aux portes résolument fermées. Croisons les doigts et espérons sa défaite. C’est vrai que notre Ségolène n’est pas non plus une grande amie des libertés individuelles non reconnues par la bourgeoisie bien-pensante, mais au moins, le parti socialiste s’est doté d’un programme qui les inclut, et qu’elle devra appliquer bon gré mal gré. Au moins, elle ne nous fait pas du « Dieu avec nous » et du signe de croix à longueur de discours. Et quand on la voit dans une église, elle semble s’y faire chier au moins autant que Chirac. C’est à des petits détails comme ça qu’on trouve les gens sympathiques.

dimanche 21 janvier 2007

79 Les embarras de Paris.


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Immortalisés par Boileau en alexandrins, les embouteillages de Paris étaient déjà célèbres au XIII° siècle, mais c’était du « travail d’amateur ».

Maintenant que nous avons des Delanoe et des Baupin pour les organiser, on peut rivaliser sans honte avec les manèges d’auto tamponneuses les plus professionnels. Jusqu’à présent, pour habiter Paris, il suffisait d’être assez riche pour s’y offrir la jouissance de quelques mètres carrés. C’était déjà beaucoup, me direz vous, mais ça ne suffit plus. Maintenant, il faut en plus posséder une aptitude physique qui permette de faire du vélo et d’escalader dans la bousculade les escaliers du métro. Bientôt, tout nouvel impétrant devra se soumettre à une visite médicale –renouvelable tous les trois ans – qui déterminera s’il est capable de se passer d’un véhicule pour sa vie courante.


Si vous avez une grand-mère qui habite Paris et que vous aimez aller la chercher en voiture de temps en temps pour l’emmener à la campagne, attendu qu’elle paie volontiers le restaurant, commencez tout de suite à organiser l’exode. Pareil pour l’emmener chez le médecin ou au spectacle : si Mémée ne fait pas du vélo, c’est râpé.

D’ailleurs, c’est dangereux de la laisser habiter là. Imaginez que pour traverser le boulevard Saint Marcel, il faut maintenant franchir quatre files de circulation alternées zigzagant entre des ronds points facétieux au lieu de deux bien droites précédemment. L’autre côté du boulevard est devenu une sorte de terre promise, une zone accessible seulement au pris de grands périls ou de longs détours. Tant pis si le boulanger tient boutique en face : vous apprendrez à vous passer de pain. C’est excellent pour la ligne.

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Prenez les transports en commun, qu’ils nous disent. Quels transports en commun ? Vous voulez aller souper en sortant du théâtre ? Pouf ! Le dernier métro passe alors que vous n’en être qu’au fromage, et ce serait une bénédiction si vous en étiez réduit à rentrer en taxi : essayez donc d’en trouver un à une heure du matin !

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Ce n’est pas avec un métro qui roule jusqu’à 2 heures le samedi que les choses vont s’arranger. C’est tous les jours qu’il devrait rouler jusqu’à deux heures, et jusqu’à 4 heures le vendredi et le samedi. Le tout avec une sécurité réellement assurée.

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La ligne 13 du métro est l’objet de toute la sollicitude de nos édiles. Forcément, elle est restée un peu en retrait des améliorations, attendu qu’elle relie les pauvres du nord (Saint Denis) aux pauvres du sud (Malakoff) en passant par Saint-Lazare qui est la gare la plus « ouvrière » de Paris. Alors, nos édiles ont pris de grandes décisions : Comme nous l’explique savamment « Le Monde » du 18 janvier, page 12, Pierre Mongin, directeur de la RATP veut adopter une signalisation turbo qui permettra de réduire l’intervalle entre deux trains à 95 secondes, au lieu des 1 minute 35 actuelles. C’est écrit dans « Le Monde » qui est tout de même un journal sérieux… Avec un tel bond en avant, à défaut de nous ramener à la maison, le métro nous transporte de joie. Je me souviens des grandes grèves de 1995, concoctées par un certain Juppé (Vous vous souvenez ??, Il revient, en douce, vous avez remarqué ?) Partout dans le métro fleurissait cette affichette : « La RATP et la SNCF ne vous transportent pas, elles vous roulent ». La qualité de ce slogan avait un petit parfum de mai 68.

D’ailleurs, c’est en voulant aller trop vite qu’on fait du sur-place : le même article du Monde nous apprend que le système « Ouragan » qui devait autoriser ce prodige a été quelque peu bâclé par son concepteur Alcatel, au point que sa mise en service a été repoussée à 2011 pour des raisons de sécurité.

Notre luxueux tramway fait un quart du tour de Paris, qui n’était pas celui où la ligne de bus qu’il remplace, le « PC » était la plus fréquentée… Sans doute un de ses initiateurs avait-il son bureau ou son appart dans le coin ? On attend avec impatience ses prolongations dans les deux sens.

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Les rues rétrécissent et les automobilistes qui s’aventurent à naviguer entre les ronds points comme une bille de flipper entre les champignons les heurtent souvent. Le parallélisme de leur voiture en souffre, et on s’étonne donc de la recrudescence de « freinages en huit » et de défauts constatés lors des contrôles techniques.

Soucieux de m’élever au dessus de cette pagaille, j’ai transformé la moto de ma jeunesse en scooter pour circuler aisément dans notre capitale, aller où je veux quand je veux et rentrer chez moi sans encombre à l’heure qui me plait. Je ne suis pas le seul, puisque je découvre depuis quelques années avec stupéfaction que si on veut se donner la peine de stationner son scooter sans gêner personne ni obstruer aucun passage, on a carrément des problèmes. Les places « prévues à cet effet » par des technocrates qui semblent ignorer qu’on ne peut pas béquiller un deux-roues sur un terrain en pente mesurent 1,90 m de long alors que ma machine, strictement réglementaire et d’usine, mesure 2,63m. La police verbalise les motos stationnées sur les trottoirs même là où elles ne gênent pas, évidemment motivée part quelques incorrigibles qui persistent à garer la leur bien en travers pour qu’on la voie bien…

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Les cyclistes, eux, peuvent faire tout ce qu’ils veulent : rouler sans éclairage en sens interdit, griller les feux rouges, aucun problème. Un panneau a même été inventé qui leur accorde dérogation pour les sens interdits. Il faut être inconscient pour imaginer de tels panneaux : la sensation d’impunité qu’ils donnent aux joyeux pédaleurs leur confère une arrogance sans égale. Mais il y a longtemps que la raison et le bon sens ont été oubliés dans ce débat.

Les nouvelles mesures ressemblent plus à une fuite en avant qu’à un programme rationnel : interdire les voies sur berge aux voitures, créer des files réservées sur le périphérique alors qu’il faudrait doubler sa capacité.

Rejeter les voitures à l’extérieur ? Sans parler des problèmes que l’on aura pour maintenir la clientèle des commerces parisiens, il faudrait faire plus qu’en parler : le super-périphérique, l’A86 est complètement saturé, et comporte le plus gros bouchon d’Europe, à son intersection avec l’A4 à Nogent, bouchon connu depuis 20 ans dont la solution passe soit par un doublement du viaduc de Nogent (pas « écolo ») ou le percement d’un tunnel (trop cher). On s’empresse donc, depuis 20 ans, de ne rien faire. Résultat : la querelle des propres et des radins provoque une stagnation de véhicules sur trois files, dont 30% de poids lourds, sur une distance excédant souvent les 15 km….

Alors, des solutions propres et tout, je suis tout à fait pour, mais à condition qu’on le fasse vraiment ! En arrêtant de dire par exemple que les deux roues polluent plus que les voitures, ce qui est doublement faux : non seulement leur cylindrée est très inférieure, mais à parcours égal, leur temps de fonctionnement est très inférieur aussi. Un samedi après midi, Bastille – Etoile en voiture = une heure et demie, et en scooter un quart d’heure !

Il faut arrêter aussi de croire aux « miracles » qui ne sont que des arguments d’industriels en quête de nouveaux marchés : le carburant agricole, c’est de la rigolade : il faut mettre un litre de gazole dans le tracteur et dans la moissonneuse pour produire un litre du précieux élixir ! La voiture hybride, à cause de ses batteries, est épouvantable à recycler lorsqu’elle est hors d’usage. Sa destruction et la gestion de ses matières chimiques dépensent largement le carburant qu’elle a économisé pendant qu’elle roulait.

Il y a sans doute quelque chose à trouver. Pour inciter les gens à prendre des transports en commun, il faut qu’ils existent, qu’ils roulent à toute heure, qu’ils soient propres, sécurisés et climatisés. Pour diminuer la pollution des voitures, il faut leur donner la place de rouler au lieu de stagner. Et pour en finir avec le pétrole, il faut se coltiner les compagnies pétrolières qui jugulent et étouffent la recherche d’énergies nouvelles.

Et alors qu’on parle, - à juste titre mais on ne fait qu’en parler, hélas-, de revenir aux péniches et aux trains pour remplacer les camions, pourquoi ne parle-t-on pas plus fort de revenir au bateau pour remplacer l’avion, qui reste un grand pollueur de l’atmosphère ? Non, ça empêcherait le ptit bourgeois enfin parvenu qui vote écolo pour être à la mode d’aller aux Seychelles dans la journée avec un vol bon marché…

mercredi 10 janvier 2007


78° Lois et règlements.

Bienvenue sur la nouvelle version de ce blog. Cela ne se voit pas trop, mais Google vient d’absorber Blogspot. Espérons que ce nouveau glouton n’aura pas d’influence néfaste sur la liberté d’expression et le respect des opinions et des gens qui doivent être la règle d’internet.

J’ai en effet le douloureux souvenir d’avoir vu mon blog précédent purement effacé un beau matin par Skyblog, parce que j’avais constaté que des moteurs de recherche filtraient tout et empêchaient, par exemple, d’écrire « Sarkozy » dans la colonne des « j’aime pas » du profil du blogger.

.Je m’étais alors livré à quelques expériences de censure avec les noms des hommes politiques « sensibles » dans les colonnes des « j’aime » et des « j’aime pas » , ainsi qu’avec quelques mots suggestifs du Kâma-Soûtra. J’en avais fait un compte rendu détaillé qui avait été fatal à la survie de mon blog.

Or Google n’est pas un parangon du respect des libertés, puisqu’on se souvient qu’il s’est soumis sans rechigner à toutes les exigences du gouvernement chinois pour s’introduire dans ce pays. (Yahoo aussi, d’ailleurs) Et pas plus tard que cette semaine, une « opération de maintenance » a vidé le contenu de milliers de messages sur les « google groups » où je suis abonné.

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Bref, la vie est dangereuse, mais notre société a la fâcheuse tendance de rechercher les responsables de ces risques aussi loin que possible de l’endroit où on les trouverait vraiment.

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Ainsi récemment, un regrettable accident au décollage d’un hélicoptère en Camargue a fait plusieurs morts parmi des spectateurs « qui s’étaient trop rapprochés pour assister à la manœuvre ». Les médias en ont fait tout un plat, regrettant le vide de réglementation en la matière, le préfet du coin a surenchéri. Faut faire des lois. Plus question de regarder décoller les hélicoptères !

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Or, je regarde ce matin par la fenêtre de mon bureau. J’y vois l’hôpital Henri Mondor de Créteil, qui est un des plus importants CHU de France et de Navarre. Il possède un héliport dont le trafic est en moyenne de cinq à six mouvements par jour. Cet héliport est au bord de la RN 19, et juste devant la piste, il y a deux arrêts d’autobus. Du même côté de la route, il y a bien évidemment l’hôpital avec deux façades vitrées de 20 étages. De l’autre côté de la route, il y a deux clubs sportifs et un stade scolaire. Au coin du stade, on trouve un important collège, le collège « Plaisance », deux groupes scolaires, « Les Buttes » et « Beuvin » tous deux équipés de gymnases, et aussi l’école Maternelle « Le Cléach ». Et également de nombreux immeubles d’habitation, dont celui de votre serviteur.

Mais les hélicoptères sont des appareils dangereux, il est urgent de faire encore une loi pour empêcher tout ça…

D’ailleurs, un projet d’amendement de loi vient d’être déposé à l’Assemblée pour empêcher d’établir des sex-shop à moins de deux cents mètres des écoles, lycées et collèges. Il est bien évident que tous les élèves habitent à moins de deux cents mètres de leur école, et que cette disposition garantirait qu’ils n’aient pas à endurer le spectacle urticant de ces furoncles culturels sur le chemin de leur école. Cette loi existe déjà pour les « débits de boissons » qui, c’est bien connu, ne vendent que de l’alcool aux ivrognes, mais sont supposés incapables d’abreuver des collégiens en coca cola, eau minérale ou chocolat.

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Il en est de même à Pigalle. Les boulevards de Clichy et de Rochechouart, le long des quels les sexhops se succèdent de façon continue en occupant le rez de chaussée de presque tous les immeubles commencent à l’ouest par le lycée Jules Ferry, et passant par le lycée Edgar Quinet dont s’enorgueillit la rue des Martyrs entre deux bars à lanterne rouge, s’étendent vers l’ouest jusqu’au lycée Jacques Decour… Qu’est ce qu’on attend pour faire une loi ?

Photo: Monument au centre ville d'Utrecht. (NL)

Et l’école de la rue de Moussy, en plein Marais, n’a-t-elle pas comme plus proche voisin le bar le Quetzal depuis des années, sans que personne, d’ailleurs, n’ait émis de réclamation ? Il y a bien eu une éphémère association de petits bourgeois dans une rue voisine qui s’était jadis émue de « l’envahissement gay du quartier », mais c’était plus pour garantir sa tranquillité nocturne et pour protéger « son patrimoine » de l’inévitable dévaluation que ce mauvais voisinage risquait d’occasionner ! Ce qui s’est avéré faux…

Parlons maintenant d’incitation de mineurs à la débauche. Regardez cette vidéo attentivement jusqu’au bout. Et dites-moi honnêtement si le passage devant un sexshop aventureusement placé sur le chemin de l’école –voire un attouchement consenti-, mettrait nos têtes blondes dans un état pareil… Vite, une loi ! Il faut interdire la religion !

http://www.liveleak.com/view?i=249328211d

Bref nous vivons dans une époque où on veut interdire tout ce qui ne nous plait pas sans chercher une seconde comment on en est arrivé là. Les villes interdisent leurs rues commerçantes aux SDF, on interdit les pauvres au lieu de s’attaquer à la pauvreté, et on radie les chômeurs pour les faire disparaître au lieu de leur créer des emplois. On fait une loi « opposable » qui permettra aux SDF d’exiger des logements qu’on n’a pas prévu de construire.

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Cela donne des cas ubuesques, comme le mien : j’ai terminé ma carrière aux Assedic, un patron immoral et peu civique s’étant privé de mes services à quelques mois de ma retraite. Je me suis donc tourné vers les Assedic où j’ai obtenu haut la main « une allocation de retour à l’emploi » assortie d’une « dispense de recherche d’emploi ». Courteline n’avait pas trouvé mieux.

Moyennant cette situation administrative abradacabrantesque, je suis exclu des statistiques des « demandeurs d’emploi », -puisqu’au bénéfice de l’âge, je n’en demande plus en dépit de l’intitulé de mon allocation-, et je contribue par mon absence à faire maigrir les chiffres de diminution du chômage grâce auquel notre gouvernement, ce grand naïf, espère qu’on va prolonger son mandat…


samedi 6 janvier 2007

77° L’Eglise polonaise à nouveau distinguée.

Les habitués de ce blog auront remarqué qu’il y a un certain temps, -presque longtemps- que nous n’avons pas parlé de la Pologne, cette délicieuse contrée célèbre pour sa vodka, ses commandos ultranationalistes, ses escouades intégristes et ses nervis homophobes qui attaquent pêle-mêle les gay pride, les lieux supposés gays et même les honnêtes citoyens suspectés de partager certaines passions pour les Antinoüs locaux. (Voir les articles 54 et 63 notamment..)

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Ministres et président y déblatèrent régulièrement contre l’homosexualité en s’appuyant sur la toute puissante église catholique. Je crois parfois déceler dans leurs propos quelque chose comme de la nostalgie à l’égard des méthodes jadis employées dans cette riante contrée pour gérer ceux qu’on affublait alors d’un triangle rose.

Le genre de discours qui a valu à Vanneste une condamnation en France fait là-bas figure de langage officiel modéré. Dois-je rappeler que les célèbres duettistes et frères jumeaux Lech Kaczynski, président, et Jaroslaw Kaczynski, premier ministre, ont déclaré sans rire, -et aussi sans faire rire personne, hélas - que l’entrée de leur pays dans l’Europe le 1° mai 2004 -jour de la fête mariale -, illustrait une ferme volonté de leur part de restaurer les valeurs chrétiennes en Europe……

Pour mention, l’une radios les plus écoutées en Pologne aujourd’hui est radio Maryja, une radio religieuse qui appartient aux congrégations rédemptoristes de Varsovie, comme la chaîne de télévision Trwam, et cofinancée par l’état polonais. Dire que radio Marija est anti libertaire et homophobe est un doux euphémisme : elle est carrément antisémite, affirmant que le camp d’Auschwitz n’était qu’un camp de travail comme un autre. Elle est tellement à la droite de la droite du père que quelques évêques polonais (il y en a beaucoup là-bas) ont dénoncé l’exclusivité que le parti conservateur au pouvoir lui a accordée lors de la dernière campagne électorale. Même le Vatican lui a retiré son soutien officiel ! C’est dire ! Je pense qu’une telle radio ne pourrait proférer impunément tant d’énormités dans aucun autre pays d’Europe…

C’est dans cet éden des libertés individuelles que pète aujourd’hui un nouveau scandale dont l’église catholique est à nouveau une pièce maîtresse, puisque là-bas, on ne peut rien faire sans elle, même pas les scandales.

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Le nouvel archevêque de Varsovie, Stanislaw Wielgus, vient de reconnaître qu’il a juste un peu collaboré avec la police secrète communiste qui sévissait là-bas lors d’une précédente époque barbare.

Souvenons-nous. En 1970, à Gdansk, le syndicat Solidarnosc, qui réunit les ouvriers des chantiers navals, s’oppose, d’abord timidement, puis de plus en plus fermement à la dictature communiste. Il a besoin d’un ciment : ce sera l’église catholique, si solidement implantée là-bas que les communistes ont renoncé à en venir à bout comme ils l’ont fait en Tchécoslovaquie. Ce peuple catholique sans prélat montre le bout de son nez et de ses cierges, et sous la conduite d’un certain Lech Walesa, qui après une carrière tumultueuse, non dénuée de courage et agrémentée de quelques emprisonnements, fait reconnaître son syndicat au plan international en 1980, jusqu’à se faire élire président de la république en 1990, aux premières élections démocratiques qui suivirent la chute du mur.

A l’époque, l’église catholique s’est présentée comme la main ouvrière, le ferment de la révolution anti-communiste. L’occasion était trop belle : comment n’aurait-elle pas pris en marche un train qui s’ébranlait toutes portes ouvertes ?

Y avez-vous vraiment cru ? Moi, non. Il y avait un mouvement d’opinion, une campagne d’information, - de désinformation- soutenue par toutes les forces conservatrices, anti-communistes primaires, catho et nationalistes possibles. Mais fallait-il prendre cette intox pour argent comptant ?

Pourquoi les choses ne se seraient-elles pas passées en Pologne comme dans toutes les dictatures ? Comme au Portugal, en Espagne, au Chili, en Argentine ? Dans tous ces pays, l’église a toujours été du côté du manche, et le goupillon a toujours défilé à droite du glaive.

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C’est du peuple qu’est survenu le sursaut libertaire, comme partout. Or le peuple polonais est catholique grand teint, puisque là-bas, tout est catholique jusqu’aux canaris et aux poissons rouges.

L’occasion était trop belle pour l’église de ne pas monter sur le char du triomphe lorsque fut enfin terrassé son ennemi du siècle, le communisme. Mais pouvait-elle pour autant revendiquer l’artisanat, la gestion, de cette victoire ? Certainement pas ! Il aura fallu longtemps pour en obtenir des preuves, mais tout arrive.

Alors l’église suspendra-t-elle le presque archevêque ou le laissera-t-elle goûter aux délices de la toque ? Quoi qu’elle fasse, ce sera injuste. Si elle le suspend, il faudrait qu’elle suspende aussi une bonne partie du clergé de Pologne, mais aussi d’Argentine, du Chili, et d’ailleurs…

Tant de monde suspendu, la curie romaine va ressembler à un repère de chauves souris !

Car pas plus tard que le mois dernier, remarquons que l’église a, la même semaine, accordé sans tousser des funérailles religieuses à Pinochet alors qu’elle les refusait à un malheureux italien, Welby, dont la seule faute était d’être réduit à l’état de légume depuis cinquante ans, et d’exiger qu’on le débranche des appareils de torture médicaux qui le maintenaient en vie de force depuis des décennies… Souvenons nous que l’église a aussi enterré Franco et Salazar, et que le général Videla se battait pour protéger « la civilisation occidentale chrétienne » . Il n’est pas encore mort, celui-là, mais en « résidence surveillée ». L’église l’enterrera-t-elle ?

Puisse cette nouvelle affaire polonaise mettre fin à une quasi imposture, rendre à chacun la place qui lui est due, remettre l’église à la droite du pouvoir fort où l’histoire la retrouve toujours et partout, et éclairer d’une lumière définitive les objectifs politiques du dogme et de la doctrine de la foi.

vendredi 5 janvier 2007



76° La goutte d’eau qui met le feu aux poudres.


Comment n’y avons-nous pas pensé plus tôt ? Si la vue des SDF de plus en plus nombreux nous met mal à l’aise, il n’y a qu’à voter une loi pour éradiquer le phénomène.

Le droit au logement invocable devant le tribunal, aux dépens de l’institution que le projet de loi se garde bien, pour le moment, de définir. (L’Etat, la région, le département, la municipalité ?...). Y a qu’à ! Faut qu’on !

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Avant même le droit au logement, il est un autre droit imprescriptible, d’ailleurs prévu par la constitution et même la déclaration des droits de l’homme : c’est le droit au travail.

Nos gouvernants si habiles à faire des moulinets avec le fil à couper le beurre ne peuvent-ils donc nous concocter une petite loi de derrière les fagots qui permette à chaque chômeur de se retourner contre les odieux responsables de ce fléau social ?.

D’ailleurs, l’efficacité des lois pour lutter contre les désordres de société n’est plus à démontrer : il suffit de voir les immenses progrès réalisés en matière de sécurité et de lutte contre la délinquance par notre petit ministre préposé, qui multiplie les textes de loi au lieu de se donner les moyens d’appliquer ceux qui existent déjà, et déborde jusque dans les plates bandes de la Justice pour un résultat qui n’a à ce jour convaincu personne…

Pour ma part, je pense que si on voulait vraiment faire quelque chose pour les SDF, il faudrait plutôt légiférer sur l’activité des promoteurs et l’usage qu’ils font de leurs bétonneuses afin qu’ils orientent davantage leurs bienfaits vers la construction de logements sociaux que vers celle des tours de bureaux et des résidences de luxe.

Mais là, il faudrait qu’ils votent une loi contre eux-mêmes et leurs amis…

Suggérons à nos marchands de promesses de tourner la difficulté: puisqu'on a déjà condamné les SDF à payer des loyers qu'ils ne pouvaient pas s'offrir et qu'ils ont si bon dos, on pourrait maintenant les condamner à s'installer dans des immeubles qu'on a négligé de construire.