lundi 24 juillet 2006


56° Un pour tous,

dix pour un…

http://www.lefigaro.fr/international/20060724.WWW000000335_israel_progresse_au_sud_liban.html


Le chef d’état major de l’armée israélienne Dan Halutz a déclaré que l’aviation israélienne détruirait « dix immeubles de plusieurs étages » au Liban en réponse à chaque tir de roquette sur Haïfa.…

« Dieu » sait ma modération sur les questions religieuses, et mon article précédent y est consacré. Jusqu’à présent, la devise de la Tora était « œil pour œil, dent pour dent », ce qui est déjà cromagnonesque par rapport à un système judiciaire humaniste et civilisé.

Avec dix pour un, nous passons à la prise d’ôtages civils, telle que pratiquée en France par les nazis en réponse aux attentats de la résistance. Oradour sur Glane est un village détruit « en représailles aveugles» .

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Il faut arrêter de se croire seul au monde… Si on veut croire à la Bible, je rappelle que la diversification des peuples à la suite de l’épisode de la tour de Babel est l’œuvre de dieu… La leçon divine n’aurait servi à rien ? Où sont les messages fondamentaux des écritures ? Qui a dit d’exterminer son prochain ? Dieu ? Certainement pas !

J’ai des amis des deux côtés, qui vivent en France, certes, mais ne comprennent pas plus que moi. Ils sont consternés. « On passe tous pour des terroristes » me dit l’un, « On ne va tout de même pas faire maintenant ce qu’on a subi hier » me répond l’autre. Que leur dire ?

« Faites le ménage chez vous » ? Pas facile pour eux de passer le message à des gens qui ont perdu toute raison et se croient investis de missions de l’au-delà… Attendre sottement que les éclaboussures nous tombent sur la tête ? Pour ne pas être privés soit de pétrole, soit de capitaux internationaux ? On risque bien d’y perdre les deux à cause du parti pris d’un certain Bu sh, Néron des temps modernes, qui aime tant assister à l’incendie du monde du haut de la coupole de la maison blanche…

vendredi 21 juillet 2006


55° Le jeu du plus con.

Notre époque est un championnat permanent du jeu du plus con. Lorsqu’on voit les records sportifs s’écrouler les uns après les autres, on se dit bien qu’un jour, on courra si vite et on sautera si haut que seul Superman pourra prétendre au podium. D’ailleurs, il a encore fait un film, mais il lui faut 2 heures 35 pour sauver la planète. C’est trop. Je trouve qu’il doit pouvoir encore s’améliorer.

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On notera que les « invitations » à la projection d’avant première de ce nouveau travail d’Hercule comportaient à l’encontre des journalistes des mises en garde –limite menaçantes- à propos du piratage et des éventuels enregistrements de la projection. Un journaliste a des gènes de pirate, c’est bien connu. Aussi, nos amis du Canard Enchaîné ne se sont-ils pas portés candidats à l’épreuve. Ils ont eu raison.

Mais en matière de connerie, c’est l’infini. Altior, fortior. Un jour que le général de Gaulle avait promis aux Français de les guider vers des horizons nouveaux, un gaulois malin –il y en avait déjà-, avait trouvé dans le petit Larousse que l’horizon «était « une ligne fictive qui recule au fur et à mesure que l’on avance ». Un truc idéal pour servir de carotte à des militaires, en quelque sorte.

Prenons le Moyen Orient. Je sais qu’on sature un peu sur le sujet en ce moment, -et on n’a pas fini-, mais comment résister à une si brillante illustration du jeu du plus con…. Le modèle du catalogue, quasiment.

Un ami me faisait observer récemment que nos trois grandes religions monothéistes étaient toutes issues de cette région. Une sorte de creuset producteur de calamités. Les plus grands pourvoyeurs de sang de l’histoire de l’humanité ont tous leurs racines sur ces terres pourtant ingrates, et chacun de ses protagonistes s’accroche à ces cailloux brûlants avec le dernier désespoir.

Ceux qui croient en un dieu ne peuvent-ils réaliser que cette boucherie continue qui s’appelle notre histoire a été perpétrée au nom de doctrines qui prêchent toutes la fraternité, l’amour du prochain, la bonté et la charité ? D’accord, ça commence à dérailler un peu avec l’égalité, puisque certains dans le tas s’estiment plus élus et choisis que d’autres, mais tout de même…


Ceux qui croient en un dieu ne peuvent-ils réaliser que le fanatisme des séides d’en face n’a d’égal que le leur, et que l’histoire reconnaîtra comme le plus intelligent celui qui tendra la main au lieu de brandir son fusil ?

Ceux qui croient en un dieu ne peuvent-ils donc réaliser que l’essence même d’une foi religieuse est l’édification d’un temple intérieur dans le cœur de chacun, et qu’en tant que conceptions purement métaphysiques, elles doivent rester comme autant de repères personnels et ne peuvent donc servir de guide à la conduite d’un état ni à l’élaboration d’une société dans laquelle chacun doit pouvoir s’épanouir librement ?

Et surtout, surtout, ceux qui croient en un dieu ne peuvent-ils donc réaliser que chacun ayant le choix de ses repères philosophiques, on puisse trouve son équilibre et son épanouissement hors de la superstition, dans une philosophie laïque et humaniste qui respecte chacun pour le bien de tous ?

En vertu de quoi les fois et superstitions possèderaient-elles le monopole des vertus humanistes, des valeurs collectives fondatrices qui font la force des civilisations ?

Est-ce la peur de la concurrence qui pousse les zélateurs de systèmes que la science fait paraître de plus en plus infantiles à imposer un dogme exclusif au mépris de la libre appréciation de chacun des citoyens ? Quand on pense que le bastion le plus solide des créationnistes se trouve aux Etats-Unis, on reste un peu perplexe.

Regardez très près de nous la Pologne qui veut « rétablir les valeurs chrétiennes en Europe », ce sont ses dirigeants qui l’affirment…. Si on écoute les plus convaincus et qu’on les laisse un peu faire, c’est le retour des bûchers assuré …. L’Iran pend ses homosexuels, mais n’oublions pas que la très catholique Europe a brûlé les siens pendant 1500 ans… (sans coup de grâce… les sorcières et adultères avaient droit –moyennant pourboire au bourreau- au « coup de grâce » qui les assommait avant l’allumage des feux. Les sodomites et Jeanne d’Arc n’y avaient pas droit, ils étaient brûlés « vifs » stricto sensu).

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Si on écoute les zélateurs romains, « -Tout cela c’est du passé…., on a évolué… » C’est très exactement ce que disent les assassins en demandant pardon au tribunal, et aussi les néo-nazis quand on dissout leurs associations et leurs sites.

Dans un monde où la scolarité s’allonge, les connaissances s’élargissent, la science progresse à pas de géant, qu’espèrent les terroristes du pouvoir médiatique de leurs exactions ? Convaincre les décérébrés ? On a tendance à voir le reste du monde à son image, mais comment les persuader que le reste du monde a un cerveau ?

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Notre société lutte contre les sectes. Elle a raison, même si les sectes tuent moins que les religions officielles. Les spécialistes savent qu’une religion n’est qu’une secte qui a réussi, et qu’il faut étouffer dans l’œuf les monstres de demain. Mais le travail ne sera achevé que lorsqu’on aura aboli la différence entre secte et religion reconnue. Le problème commence à se poser très clairement, puisque certains mouvements sont considérés comme sectes dans certains pays et reconnus comme religions dans d’autres. C’est là qu’il faut être vigilant. Cette limite doit tendre sans cesse vers le zéro, et ne jamais trouver de ligne de crédibilité au-delà de laquelle toute vigilance s’abolit.

Bref, nos journaux télévisés n’ont pas fini de nous montrer des pauvres gens terrorisés par d’autres au nom de principes auxquels eux-mêmes ne renonceraient pourtant pas pour un empire. Et tant qu’ils croiront que l’autre est toujours un étranger, et qu’ils ont, eux, les meilleures raisons d’échapper à ce qu’ils imposent aux autres, on n’en sortira pas.


Et notre Zidane, dans tout ça ?

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Cette affaire est pleine de leçons désastreuses. Malgré ses excuses perçues comme une formalité plutôt que comme des regrets par son public inconditionnel, il a fait triompher dans nos banlieues la théorie suivant laquelle « traiter » -comme ils disent-, la mère et la sœur de son ennemi était passible d’un coup de boule galactique sans autre forme de procès.

N’importe quel quidam qui jetterait son insulteur au sol d’un coup de tête à la suite d’une injure avérée ou non serait traîné devant un tribunal. Mais pas un champion international. Pas de justice pour eux. D’ailleurs, Guy Drut, qui n’avait pas pu éviter la moulinette judiciaire a été dûment amnistié.

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Il manquait à cette débauche la touche de sublime, la FIFA s’en est chargé, qui a estimé que l’injure n’étant pas raciste, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. On peut injurier son prochain, mais sans toucher à sa race. L’injure devient un art subtil.





Et l’homophobie quotidienne….

En Pologne, le nouveau premier ministre Jaroslaw Kaczynski, frère du président, dans son discours d’investiture devant le parlement le 19 juillet, a réitéré les attaques contre les homosexuels dont son prédécesseur Kazimierz Marcinkiewicz avait fait son cheval de bataille.

L’homophobie institutionnelle est devenue dans ce pays une sorte de drapeau de ralliement des conservateurs. Un conservateur polonais bon teint est ouvertement homophobe. C’est très bien porté dans les salons à la mode. Des institutions européennes, on attend qu’elles signent de gros chèques, mais pas qu’elles se permettent de donner leur avis sur l’organisation de la fourmilière…

La fragilité institutionnelle des pays qui ont besoin de boucs émissaires pour assurer leur cohésion me fait toujours frémir. Souvenons nous de l’histoire de la Pologne… En 1939, il y eut un certain ghetto à Varsovie… Les Juifs devaient assumer tous les malheurs du pays. La roue de la malchance a tourné, mais le système ne semble pas avoir beaucoup évolué.

mercredi 12 juillet 2006




54° L’interminable dérapage de la Pologne.



D’après Libération du 7 juillet, relayé par le Canard de ce matin, Maciej Gierty, ministre polonais de l’éducation (on ne rit pas… hélas), a sidéré le Parlement de Strasbourg par son allocution dans le cadre de la commémoration du début de la guerre civile espagnole en 1936.

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Je cite en mettant une capote sur les guillemets :

« Franco garantissait le maintien des valeurs traditionnelles en Europe, nous manquons aujourd’hui d’hommes d’état comme lui… » « Quant à Hitler, il n’était que très mal entouré… »

Diable merci, ce n’est pas les Dupont et Dupond qui président aux destinées de la Pologne aujourd’hui qui ont des statures d’homme d’état de l’acabit des précédents. Mais ce sont tout de même eux qui ont dit, je le rappelle, que « Dieu donnait à la Pologne la mission de rétablir les valeurs chrétiennes en Europe ». On n’est pas des pédés, en Pologne.

A ma connaissance, aucune poursuite n’est engagée contre l’auteur de ce discours, qui attente pourtant à la mémoire de tous les martyrs du franquisme et du nazisme.

Et où il est question de carton rouge…

De même qu’on colle un carton rouge à notre Zizou pour avoir pris un coup de sang et relevé la tête sous l’insulte, mais aucune poursuite ne semble vouloir être entreprise contre l’auteur des injures racistes qui l’ont allumé.

samedi 8 juillet 2006





53° Des pères-la-pudeur populistes au PS ?


Voir cet article de Libération :


http://www.liberation.fr/actualite/politiques/191649.FR.php

Alerte ! Jusqu'à maintenant, jouer sur les mots pour s'attaquer aux droits de l'homme fondamentaux était un jeu de politicards de droite. Mais voilà le PS contaminé….

Quelques députés socialistes conduits par Christophe Caresche (Paris) et Danielle Bousquet (Côtes d'Armor) viennent de présenter un projet de loi tendant à poursuivre le client de la prostitution, adoptant ainsi la position moraliste de la Suède juste au moment où, dans ce pays, on dresse le constat d'échec de cette mesure cinq ans après sa mise en place.

Il faudrait d'abord reconsidérer le problème à la base, c'est-à-dire avant les jeux de mots et diverses manipulations que les esprits jésuites lui ont infligées depuis des décennies.

Il existe un droit fondamental reconnu par la constitution de tous les pays libres qui est celui de disposer de son corps. Disposer de son corps, c'est essentiellement le donner à qui on veut quand on veut dans les conditions que l'on choisit, pourvu qu'on y ait consenti de façon libre et éclairée.

Ce droit inaliénable étant posé, le rôle de la société consiste à en permettre l'exercice en protégeant le citoyen, -- la citoyenne --, des atteintes auxquelles il, -- elle -- pourrait être exposé dans la jouissance de ce droit.

C'est donc aux proxénètes et aux mafias qu'il faut s'attaquer. Ce sont eux, proxénètes et mafias, qui constituent une menace à l'exercice du droit fondamental de disposer de son corps, et il ne faut pas se tromper d'ennemi. Le droit fondamental ne doit pas faire les frais des dérives auxquelles il donne lieu.

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Mettre la charrue avant les boeufs et changer d'ennemi, c'est pervertir la légalité au nom d'une morale particulière que la laïcité et la liberté de conscience excluent formellement de la constitution de tout pays libre digne de ce nom.

Mais cette mesure révèle à mes yeux un danger plus grave : il marque l'entrée d'un discours populiste de bas niveau dans la pensée du Parti Socialiste. Et moi, qui ai accordé tous les bulletins de vote à ce parti depuis 40 ans que j'ai reçu ma carte d'électeur, je le vis comme un drame et une déchéance.

Cela consiste ni plus ni moins à accepter l'augure qu'il existe dans la population française en général et dans le peuple socialiste en particulier plus de frustrés que d'épicuriens.

Cela consiste à obtenir un consensus basé sur la médiocrité au lieu de travailler à épanouir chaque citoyen, et à le délivrer des superstitions qui le rendent infirme.

Cela consiste à susciter le suffrage des médiocres en entérinant leurs frustrations et leurs jalousies et en flattant leurs bas instincts pour bâtir une société qui renonce implicitement aux valeurs de liberté auxquelles elle aspire.

Plus grave encore : une telle mesure a des conséquences sociales que ses auteurs ne semblent même pas avoir envisagées…

Cela consiste à priver de travail toute une tranche de la population qui gagnait honnêtement sa vie jusqu'ici. Voilà des centaines de milliers de travailleurs -- travailleuses du sexe privés d'emplois sans recours à l'ANPE, qui se retrouvent à devoir choisir entre la délinquance et la rue….

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Que les marquises de Passy qui leur répondent « qu’ils –elles—n’ont qu’à travailler » aient le courage d'en embaucher un ou deux pour concevoir l'abîme qui existe entre leur mode de vie de grands bourgeois est celui d'une population qui vit au jour le jour.

On ne change pas « l'essence et la personnalité » de quelqu'un en signant un décret. Que ceux qui détiennent le pouvoir parce qu'ils ont l'argent et qui voudraient que leur mode de vie devienne celui de l'ensemble des citoyens ne fassent pas les choses à moitié : qu'ils imposent leur argent en même temps que leur bourgeoisie. Ce sont deux choses indissociables.

On ne raye pas d'un décret ou d'une loi toute une tranche de population avec son mode de vie, sa culture, sa liberté et sa morale -- qui en vaut bien une autre --.

Et enfin, on ne s'attaque jamais impunément à la nature. Chaque fois que l'homme a essayé de la façonner, la nature s'est vengée. On ne peut pas d'un côté s'étonner de l'augmentation des violences sexuelles et de l'autre côté condamner toute une population à la castration...

Le parti socialiste doit cesser de se rendre complice de cette politique de l'autruche, regarder les choses en face, et se souvenir qu’un parti politique responsable ne résout pas les problèmes en leur interdisant d’exister.

On n'a jamais résolu aucun problème en s'attaquant à ses manifestations. C'est à ses causes qu'il faut remédier.

De même qu'on ne résoudra pas la pauvreté en s'attaquant aux pauvres ni la crise du logement en repoussant les SDF des trottoirs des beaux arrondissements, on ne résoudra pas la frustration sexuelle inhérente à notre société en menaçant la libido de contraventions et de prison.

Face au populisme hypocrite et effréné de M. Sarkozy, la gauche, si elle veut gagner les élections, doit se démarquer par un réalisme pragmatique, une lucidité sans faille et un discours sans ambiguïté.