mercredi 19 août 2015

512° Désinformation et censure...





La télévision de l'été est, comme d'habitude, une longue litanie de « best of » et de rediffusions. Il n'y a que la redevance qui est faite d'argent frais chaque mois avec les prélèvements sur nos comptes. Les programmes, eux, sont trop souvent des vieux machins décongelés et recongelés trente six fois, au plus grand mépris des règles élémentaires de l'hygiène mentale.

Les gens de la télé, eux, se paient couramment trois mois de vacances, interrompant leurs émissions courant juin pour ne les reprendre que fin septembre. C'est un peu comme au football : plus la saison est courte, mieux les protagonistes sont payés. 




De plus, il va falloir maintenant vivre sans les Guignols de l'Info. Car on a beau faire : les Guignols constituaient, par leur regard iconoclaste sur la société et ceux qui la conduisent, une source de « réinformation » quasiment indispensable aux foules endormies par la cuisine anesthésiante des journaux télévisés.

Il y a l'information. Les journaux télévisés nous ont apporté la désinformation, les Guignols nous gratifiaient de « réinformation », appelant notre attention sur les coulisses des événements et les us et abus de ceux qui les conçoivent. Cette nécessité a été tuée dans l’œuf par ce monsieur Bolloré, sans doute une sorte de Picsou qui, non content de se baigner dans le grisbi, trouve son bien-être dans je ne sais quel pouvoir absolu assorti de perception de dividendes, au contraire du commun des mortels pour qui le rire et l'humour sont des remèdes indispensables.

Les quelques censeurs qui approuvent ce massacre essaient d'expliquer qu'on pourra toujours les regarder en clair sur internet. Oui, mais quels Guignols, attendu qu'on a viré avec des pincettes les quatre auteurs, Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine, dont la cuisine irrévérencieuse donnait tout son sel à l'émission ?
Et pas une chaîne qui a les c… de les recueillir...

Ce sont donc des Guignols orphelins, recadrés, au cerveau lavé dans des séminaires de grande bourgeoisie qui continueront ce que beaucoup de Français regarderont dorénavant comme une imposture. Car il est des domaines où les vessies restent préférables aux lanternes, c'est plus drôle, mais ça, monsieur Boloré semble l'ignorer.

Le pire est que ce grand naïf semble penser que ce recadrage, l'abolition de « l'esprit Canal » et le licenciement des clowns va ramener à la chaîne les abonnés disparus dans la nature. Cela commence plutôt mal si j'en juge par le nombre de témoignages vus sur internet de gens qui vont, en représailles, mettre fin à leur abonnement.

 © Stephane de Sakutin, AFP

Non, ce qui tue les chaînes payantes, et pas seulement Canal Plus, c'est la multiplication des circuits médiatiques, le fait qu'on peut voir sur internet n'importe quel match international dont la chaîne a acheté les droits à grands frais, -il suffit d'aller sur une chaîne de télévision du pays concerné. On n'enferme plus le contenu médiatique dans une cage comme jadis un jeu vidéo dans une cartouche.

Mais « chez ces gens-là », on en est encore là : le téléspectateur est tout à la fois une oie que l'on peut gaver jusqu'à plus soif, une vache que l'on peut traire à merci et un mouton que l'on peut tondre jusqu'au sang. Sans parler d'un gogo auquel on croit pouvoir faire avaler n'importe quel discours de marketing assorti de n'importe quelle censure dilué dans une bonne cuillerée de langue de bois.

Certes, la société se sépare inéluctablement en une petite caste de nantis qui ignore de plus en plus une grande masse qui s’appauvrit, mais l'intelligence ne fait pas partie de ces choses que les nantis peuvent accaparer et amonceler dans les paradis fiscaux : elle reste présente et active des deux côtés, au moins pour le moment, et avec ce genre de tentative d’abêtissement comme la censure des Guignols, la ploutocratie ne fait que précipiter l'insurrection qui vient.



Et il faut espérer qu'elle viendra avant que Big Brother ait pris le pouvoir. Ce livre, « L'insurrection qui vient » que la police veut absolument attribuer au groupe de Tarnac , qui date de 2007, pose les bases d'une révolte généralisée que chaque événement du genre assassinat des Guignols contribue à précipiter. Et chaque réforme de l'information, chaque tentative de censure le rend chaque jour plus prémonitoire.


Or non seulement il se trouve dans cette liste une bonne quantité de sites d'information, de prophylaxie et d'associations pour le droit des femmes, contre l'homophobie, de lutte contre le sida, mais même des sites qui se demandent ce qu'ils font là, comme celui du journal français « Le Dauphiné Libéré » !

Plus fort :
Il existe 4,2 millions de sites pornographiques…
200 nouveaux sites pornographiques sont créés tous les jours.En quatre jours, toute la censure indienne...

Il faut trente minutes pour créer un « miroir » de site, une copie avec un autre nom. Plus un site est interdit, plus son propriétaire va en multiplier les miroirs…
C'est dire à quel point la censure indienne est un pipi dans l'océan du web…



Tiens, parlons deux minutes des journaux télévisés de l'été. Pour ma part, je regarderais plutôt celui de France2, mais il semble maintenant aussi contaminé que les autres.

Marre de voir la famille Bidochon en vacances, poireauter dans les bouchons des autoroutes, manger des sandwiches sur une aire d'autoroute, prendre possession de son bungalow au camping. Martine à la plage, Martine fait les courses, Martine donne son avis sur tout.
Ce n'est pas ça, l'information : on s'en fout, des gens qui veulent passer à la télé, neuf fois sur dix pour dire une connerie.
Pendant ce temps-là, il y a la guerre un peu partout, on viole dans le silence des milliers de femmes dans plein de pays pendant que les actus nous servent depuis quatre jours le touche-pipi du vilain Comorien sur un gamin qui, d'après ses propres dires, n'a rien remarqué d'étrange…

Arrêtons ça : Le type est en prison depuis quatre jours, on en parle encore à chaque journal, et pendant ce temps, on vend des femmes comme esclaves, on les viole à qui mieux-mieux dans un consensus local qu'il ne faut pas dénoncer ni bousculer parce qu'ils ont du pétrole et achètent des avions…
Revenons à l'information, la vraie.

Allez, rions un peu pour finir. Entre deux énormités de Nadine Morano, à qui on consacre maintenant un bêtisier, Valérie Pécresse compare Nicolas Sarkozy à Jésus. Si ça, ce n'est pas de la pornographie…