vendredi 29 avril 2011

379° Cachez ce saint que je ne saurais voir...





Je n'ai jamais considéré, depuis son élection, que le pouvoir actuel et son petit timonier ne me représentaient en aucune manière, et rien de ce qu'ils ont fait depuis n'est propre à me faire changer d'avis. Leurs méfaits de la semaine gravent plus profond encore dans le marbre de mon mépris l'usage qu'ils font de ce que j'aurais voulu être la dignité républicaine.

Parce que, tout de même, monter un guet-apens pour arrêter des malheureux qui viennent à la soupe populaire, ce sont des manières de prédateur qui guettent leur victime au point d'eau. Des usages de chacal... C'est la loi de la jungle stricto sensu, autant dire la négation de toute notion de civilisation. Même le Figaro reconnaît que ces vilains procédés dignes d'un Khadafi n'honorent pas la France... C'est dire!

Et pendant ce temps-là, que fait le petit timonier, au mépris de la laïcité de la République ? Il envoie Fillon représenter la France à la béatification du pape-yaourt. Vous vous souvenez de ce grand ennemi de la prophylaxie aux idées en forme de capote usagée qui a, par son allergie au latex, flanqué le sida à tout le tiers monde ?


Mais qu'est-ce que la République a à foutre des manifestations de la superstition religieuse d'une secte au clergé sénile, aux églises vides, à l'idéologie réactionnaire et surannée, pourquoi trahit-elle sa laïcité protectrice en allant se soumettre sottement à des coups de goupillon qui ne lui sont pas destinés ?



Est-ce seulement raisonnable d'imaginer que les catholiques sensés qui existent encore ne sont pas passés depuis longtemps au centre ou à gauche pour se démarquer du manque d'œcuménisme et de l'intolérance des autorités de leur pays ? Est-ce également raisonnable d'imaginer que la sollicitation d'un groupuscule d'intégristes resté sensible aux fastes romains va compenser le vide que cette allégeance de trop va provoquer dans les rangs de la droite ?


Ceux qui sont au FN vont y rester, et ceux qui ne supportent plus la chasse aux pauvres, la diabolisation des étrangers et l'aspiration par la ploutocratie de la richesse nationale ont déjà quitté celle des deux UMP où ils figuraient encore...



lundi 18 avril 2011

378° Laïcité, œuvre d'art et gros pipi.





A l'heure où notre droite de droite tente de travestir la laïcité en sentiment anti-musulman, les tenants de la pudibonderie catholique viennent de se distinguer tristement en s'attaquant à « immersion piss christ », une « œuvre d'art » exposée dans un musée d'Avignon.


L'exposition de ce machin dans une collection pose de très nombreuses questions auxquelles personne n'essaie de répondre, mais ne pose pas celle à laquelle les intégristes croient avoir répondu en l'agressant physiquement.


Serrano devant sa "création". Photo AFP


D'abord : qu'est-ce qu'une œuvre d'art ? La simple explosion de l'imaginaire d'un artiste ? Il semble que pour devenir « œuvre d'art », cette explosion devrait être ratifiée par une reconnaissance du public, qui se manifeste par sa volonté de se déplacer pour la contempler et éventuellement de rétribuer l'artiste directement ou indirectement.


Or cette définition, qui paraît élémentaire, est déjà une passoire sujette à de nombreux détournements. Imaginons qu'un milliardaire qui se pique de mécénat tombe en admiration devant un étron présenté -ou pas- sur un plateau d'argent. Il encense le « créateur », lui achète généreusement sa production et décide d'exposer « l'œuvre »... Voilà par le pouvoir des dollars d'un tout puissant nabab aux goûts de chiottes l'étron promu au rang d'œuvre d'art...


Et voilà donc notre déjection dans un musée. Celle d'Avignon est un peu plus alambiquée puisqu'elle s'agrémente d'un crucifix. Alors imaginons que dans une série télé ou dans un film grand public, on s'empare d'un pauvre type, et qu'après l'avoir torturé et ensanglanté, on se mette en devoir de le clouer en public sur une croix à grands renforts de gros plans sur les chairs meurtries et de jets d'hémoglobine. Ce serait un tollé général : « Montrer une pareille horreur à des enfants ! Censurez ce film ! Interdit aux moins de seize ans ! » Et ce serait justement les censeurs du gros pipi d'Avignon qui monteraient les premiers à l'assaut de cette provocation « susceptible d'influencer une jeunesse innocente ».


Or cette représentation hautement mortifère de barbarie innommable est exposée depuis deux mille ans à tous les carrefours, dans les écoles, sur les monuments, elle se porte autour du cou et devient un intouchable symbole pour des millions de gens émerveillés qui n'y distinguent plus son abomination objective, mais seulement une signification qu'on leur a appris à percevoir dans ce gris-gris.


Au nom de ce symbole, on a mené des guerres pendant des siècles, on en mène encore, on a envahi, pillé, massacré, condamné, brûlé, et on condamne encore, au nom d'écritures qui ne disent pourtant pas, par exemple, qu'il faut brûler les homosexuels, mais au contraire, qu'il convient d'aimer son prochain comme soi-même.


Si les intégristes avaient dans leur regard la hauteur de vrais philosophes, ils rangeraient le gros pipi d'Avignon dans la catégorie d'où il n'aurait jamais du sortir : la scatologie, et lui dénieraient toute valeur conceptuelle, toute signification intelligible, et aussi toute qualité d'œuvre porteuse de message.


En s'y attaquant, ils reconnaissent la valeur symbolique de la scatologie comme un mode d'expression capable d'influencer l'opinion, ce qui revient à faire preuve d'un profond mépris à l'encontre de l'intelligence de leurs contemporains. On me souffle, en me lisant par dessus mon épaule au moment où j'écris, que si « les contemporains » étaient vraiment intelligents, la religion n'aurait pas l'autorité qu'on lui voit.


Ce qui est une autre façon de voir la même chose : en reconnaissant la scatologie comme un mode d'expression, l'intégrisme définit malgré lui le niveau de son auditoire : le café du commerce... Notre ministre des affaires culturelles a exprimé la seule issue républicaine possible au conflit : au lieu d'attaquer matériellement les voies urinaires, les voies du seigneur auraient du s'en remettre à la justice.


Cela ne résoudrait pas le problème pour autant : avec les seules armes de la raison objective dont elle ne devrait pas se départir, la justice pas plus que nous ne pourrait démêler l'écheveau des passions... De plus, en se prononçant, elle définirait la notion de blasphème, ce qui n'entre pas dans son champ de compétences, puisqu'elle doit se référer aux lois de la république et à aucune autre. Or c'est précisément le fossé dans lequel les intégristes, toutes religions confondues, tentent de l'entrainer depuis l'affaire des caricatures et de la cène de Girbaud.


Décidément, cette loi de 1905 qui restreint la religion à la seule conviction personnelle et à l'exclusion de toute expression publique et de toute manipulation de la morale et des valeurs absolues et sociétales est une bien bonne loi.




samedi 9 avril 2011

377° Patrick Buisson, l'éminence brune de l'Elysée.









Le virage à droite sans cesse plus prononcé de l'Elysée n'est pas une surprise pour les connaisseurs de l'équipe présidentielle. Depuis longtemps sévit dans l'ombre un personnage qui possède sur le petit timonier une influence déterminante. La parano sécuritaire, c'est lui. La théorie suivant laquelle on peut réunir une majorité de Français derrière le populisme et la peur de l'immigré, c'est lui. Et plein d'autres bonnes idées qui ont conduit un président élu avec 55% des suffrages à un taux de confiance de 17%, c'est encore lui.



LienSauf que l'homme va au bout de ses raisonnements : il prétend que l'indice de confiance malmené devrait s'effacer devant le trouillomètre qu'il se propose d'agiter devant les Français d'ici la présidentielle de l'an prochain. Lien

La nomination de Guéant à l'Intérieur, vous savez, celui à qui l'exil des sans-papiers ne suffit plus et qui veut s'attaquer à l'immigration légale, c'est encore lui. Il se sent soutenu par des virages à droite perceptibles dans certains pays européens comme la Hollande, l'Autriche ou la Belgique. .. Il se sent aidé par le printemps arabe qui parfume le Maghreb au jasmin, dont il rêve qu'il provoquera une petite agitation des flux migratoires qui lui permettra de renforcer la peur du sarrasin.
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Émule de l'Action Française dès le lycée (il refusa une minute de silence à la mémoire des victimes d'un attentat meurtrier de l'OAS), nimbé de pensée Maurassienne , (Maurras qui, en 1943, écrivait dans l'Action Française, refondée par ses soins : " si la peine de mort n'est pas suffisante pour mettre un terme aux activités des gaullistes, il faudra se saisir des membres de leur famille comme otages et exécuter ceux-ci ").
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Pourtant, Patrick Buisson semble déjà avoir coûté fort cher à l'Elysée, si l'on en juge par les débats provoqués par des sondages dont il serait l'initiateur..Lien
En bon droitiste, Patrick Buisson est le Sherlock Holmes des casseroles de gauche, dont il connaît le détail et l'inventaire, et dont il aimait, lorsqu'il était journaliste à Minute , faire choux gras et titres de couvertures. Minute , le journal qui avait, lors de la coupe du monde de foot de 2008, titré : « Y-a-t-il trop de noirs dans l'équipe de France » ?

En bon droitiste également, Patrick Buisson cultive l'homophobie avec un soin d'anthropologue, semblant, dans un livre fumeux édité il y a quelques années « 1940-1945, les années érotiques », établir des liens entre le plaisir sexuel et l'art de la guerre, l'attitude passive féministe et l'acceptation de la défaite, où il disserte de « l’orientation psychopathologique des homosexuels assumés ou refoulés vers la collaboration » et d'autres concepts que ma raison et l'écoute de ma personnalité ne me permettent pas de comprendre. Désolé pour l'explication de texte.

Pour ma part, je n'ai pas l'habitude de demander aux gens d'où ils viennent. Je leur demande plutôt où ils vont. Et c'est justement pour cela que je suis inquiet...






mardi 5 avril 2011

376° Au roi de la boulette !




Le soir même des élections, le nouveau ministre de l'intérieur, Claude Guéant, parlait de « croisade » pour qualifier l'intervention internationale en Lybie. « Croisade », c'est précisément le mot employé par les intégristes musulmans les plus agités pour qualifier les interventions de l'occident au proche-orient... Pourquoi agiter ainsi la muletta devant le taureau sinon pour espérer recueillir sans scrupule quelques avantages électoraux du chaos qui peut en résulter?

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Quelques jours plus tard, il en remet une couche en affirmant que le nombre de musulmans en France pose problème.

Il y a soixante dix ans, c'était le nombre de juifs qui posait problème pour les tenants d'une politique dont l'histoire a finalement sanctionné les conséquences. Va-t-on faire taire ce pyromane avant qu'il n'enflamme l'opinion publique sur des sujets qui ont surtout besoin d'apaisement et de raison ?


Peu probable pour la frange des allumés de l'UMP, quand on voit la ténacité d'un Copé, le vautour de Meaux, à maintenir contre vents et marées, et surtout contre raison et humanisme, son opération de com contre l'islam travesti en grand débat sur la laïcité et réduit à une gesticulation brève et symbolique de quelques agités ? Car même à droite, le sujet est loin de faire l'unanimité, et se pose même en événement diviseur d'un parti dont les lambeaux idéologiques n'étaient déjà plus retenus ensemble par grand chose d'autre que le culte des inégalités...


Plus on parle de la « problématique » d'un clivage gauche-droite et plus il se dessine, plus il paraît incontournable, ce qui me convient tout à fait. La droite et la gauche se partagent chacune de leur côté en durs et en modérés, sans que leurs franges centristes puissent pour autant constituer un centre tel que fantasmé par Bayrou ou Morin.


Il va falloir que la droite se décomplexe réellement et non plus dans ses seuls discours, et que la gauche en fasse autant en devenant le parti militant d'une classe moyenne de plus en plus tondue et déplumée. Finie la droite soi-disant sociale tout autant que la gauche hypocrite.


Un musulman en prière quelques instants dans une rue de quatrième catégorie gênerait les Français, tandis que des milliers de SDF qui vivent et meurent dans les rues ne les gêneraient pas ? Et que dire des processions religieuses, pas seulement catholiques, qui sont le centre de grandes réjouissances ?


Car l'hypocrisie est le lot habituel de ce qu'il est convenu d'appeler la diplomatie, voire la raison d'état. On se détermine contre le sieur Bagbo, mais pendant quatre mois, on organise le combat en ne protégeant que ses propres ressortissants. On révise sa position face à Khadafi, mais pendant de longues semaines, on regarde les belligérants s'affronter comme les managers d'un combat de coqs, se contentant de limer ici où la quelque ergot si la mêlée devient trop sanglante, comme si on voulait qu'elle dure plus longtemps...

Enfin, assumons nos positions : si on a reconnu le Conseil de l'Opposition au point de lui envoyer un ambassadeur, abattons Khadafi d'un missile bien appliqué au lieu de laisser les gladiateurs s'étriper dans l'arène en comptant les points... Encore un peu et des sites de paris en ligne vont voir le jour ? Une force de dictature, c'est comme un nid de guêpes : il faut supprimer la reine pour que l'essaim se disperse...


La prochaine présidentielle se profile chaque jour davantage comme un « 21 avril à l'envers », où une Marine Le Pen serait confrontée avec un candidat de gauche. Espérons que ce dernier sera assez habile pour ne pas désespérer la frange d'électeurs paupérisée par les politiques actuelles, et qui, faute de se sentir entendues, pourraient être tentées par le fruit du chaos et le sabotage de l'Europe...


Il faudra que ce candidat « la joue très fine » pour recueillir aussi largement que possible les courants d'une gauche qui, à l'instar de la droite, ne s'estime plus vraiment représentée par ses institutions.


Enfin, en Irlande, un petit clip contre les persécutions homophobes très émouvant vient d'être publié. J'y suis très sensible car en mon temps, j'en ai beaucoup souffert, et il n'y avait personne pour me tendre la main...