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Dès le début de la présidence française de l'union européenne, notre déjà trop-président tache d'huile s'apprête à aller porter sa bonne parole aux Irlandais. Reprenons depuis le début.
Un jour du mois de mai 2007, monsieur Sarkozy a été élu président de la République par 53% des Français.
Depuis ce jour funeste, dès lors qu'il prend une disposition qui indispose les 47% qui n'ont pas voté pour lui, (plus le nombre inconnu de déjà-déçus de sa doctrine ), il clame et fait clamer haut et fort par ses affidés qu'il a été « démocratiquement élu » et que ses décisions engagent donc l'ensemble des Français. Soit.
On aurait donc pu supposer que le non à la Constitution Européenne prononcé par 62% des Français serait regardé par lui et ses sbires comme « une expression démocratique » qui engagerait de la même manière l'ensemble des français. Que nenni! Au terme d'entourloupes politiciennes machiavéliques, il trouve « une légalité administrative » pour faire passer de force la mesure dont le peuple n'avait démocratiquement pas voulu. La démocratie est pour lui un système à sens unique.
Voilà maintenant que ces braves Irlandais refusent à 53% un ragoût réchauffé du même traité. 53%, c'est justement la majorité avec laquelle monsieur Sarkozy a été élu, c'est le niveau de « l'expression démocratique » dont il s'enorgueillit pour nous faire accepter son inacceptable, avaler ses couleuvres et ses boas. On pouvait donc penser qu'il reconnaîtrait comme « une expression de la démocratie » un verdict irlandais obtenu avec le même score que celui qui lui a valu sa propre élection.
Que nenni encore! Quand le peuple vote dans le sens de sa volonté, il s'exprime démocratiquement, mais quand il vote à rebrousse-sarko, c'est « l'incident irlandais ».
Et non content de cette injure faite aux peuples européens qui ne veulent pas être phagocytés par le poulpe ultralibéral dont il est le VRP, monsieur Sarkozy entend, au mépris de toute vergogne, de tout respect de la voix du peuple, faire le voyage en Irlande pour aller expliquer à ces indigènes combien ils se sont trompés, à quel point ils n'ont rien compris, combien profonde est leur sottise, de quelle manière ils se sont mis le doigt dans l'oeil jusqu'au coude et par quelles fourches caudines il leur faudra maintenant passer pour racheter leur péché de lèse-libéralisme.
Du temps qu'il y est, il va aussi aller faire la leçon aux Tchèques. Là, je connais un peu mieux que lui: la République Tchèque, j'y vais souvent, et je peux dire que les Tchèques ne sont pas des gens à qui on peut la raconter trop fantaisiste. Le schtroumpf de l'Elysée risque de se faire répondre plutôt tchèquement à ses avances hypocrites. Or actuellement, les Tchèques ne sont pas très anti-européens. Juste un peu. Leur président Waclav Klaus l'est bien davantage que son opinion publique. Mais rien que l'idée de se sentir l'objet d'une pression extérieure, ça va exacerber le peuple Tchèque dans une opposition forcenée. Je les connais! On va bien rigoler.
Moi qui regardais les Italiens d'un oeil goguenard après leur double élection de Berlusconi, et qui jetais un oeil apitoyé sur la faiblesse des Américains à s'être réfugiés derrière le croisé Bush, me voilà obligé de mettre de l'eau dans mon vin. Certes, je n'ai voté pour aucune des mesures dont il est question, mais mon respect de la démocratie m'oblige, toute honte bue, à me considérer, en tant que Français, représenté par ce personnage ubuesque qui méprise l'expression populaire, ne reconnaît la démocratie que quand elle lui convient, copine avec les ennemis de la liberté de croyance, flirte avec les va-t-en guerre et ne peut lire l'heure que sur une montre qui pourrait nourrir deux familles pendant deux mois s'il l'offrait aux restos du coeur.
Nous n'avons pas fini d'en voir de toute les couleurs avec cette Europe inhumaine qu'on nous concocte à grands coups de dérogations à la démocratie. Après celle qui officialise la reconnaissance des sectes, (voir mon billet n°170), les mesures en projet au Conseil de l'Europe sont si démentes et déplacées que ce ne sont plus les démocrates et humanistes européens qui sont choqués, mais ceux de toute la planète.
Les allumés de Bruxelles ont voté le 5 juin dernier une directive sur l'immigration et l'expulsion des immigrés dont la démence laisse perplexe. Hortefeux n'avait sans doute pas espéré autant dans ses rêves les plus exaltés...
On pourra détenir les « sans papiers » 18 mois sans explication, on pourra les interdire de retour pendant cinq ans même s'ils ont ici parents, femme et enfants, on pourra expulser des mineurs même isolés dans des pays où personne ne les attend, où ils n'ont pas d'identité et dont ils ignorent la langue, on pourra expulser des homosexuels n'importe où au hasard s'ils refusent de retourner dans un pays où ils risquent la peine de mort, la directive validant le « refoulement en masse vers des pays de transit », etc...
Cette directive, dite « directive de la honte » a trouvé ses dénonciateurs les plus véhéments en Amérique du Sud, continent pourtant peu visé par les reconduites aux frontières, mais où on cultive, semble-t-il, un humanisme plus chaleureux que celui en vigueur chez nous.
Les présidents Chavez (Venezuela), Correa, (Equateur) et Morales (Bolivie) ont pris la tête d'un front de protestation humaniste, auquel ils invitent maintenant les états africains, les plus concernés mais les plus lents à réagir, à se joindre. A la honte d'être français risque de s'ajouter bientôt la honte d'être européen.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-eurodeputes-adoptent-un-texte-controverse_513153.html
http://www.liberation.fr/rebonds/331698.FR.php
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