mercredi 31 mai 2006





49° Gaffes et archigaffes

Tout le monde aura apprécié à sa juste valeur les catastrophiques retombées médiatiques de l’amnistie de Guy Drut, qui tombe au moment où la crédibilité du gouvernement sombre dans des tréfonds abyssaux. Plus ses auteurs tentent de s’en expliquer, plus ils s’enfoncent. Même les partisans les plus inconditionnelles du tandem Chirac – Villepin prennent leurs distances avec ce furoncle : le fidèle Michel Debré, sans tirer à bout portant sur les coupables, laisse entendre aux journalistes « que l’Elysée ne pouvait ignorer que ça allait relancer l’agitation politicienne ».

Nombre de députés UMP commencent à réaliser qu’ils auront bien du mal à se faire réélire après cette succession de cafouillages dont on ne voit pas venir la fin…. Depuis les banlieues et le CPE, chaque bourde paraissait assez grosse pour être analysée comme la dernière, celle dont on tire la leçon, mais c’est sans compter avec la rage de perdre qui s’est emparée du duo de tête. Toujours plus fort !

A cet égard, l’éditorial du Canard enchaîné d’aujourd’hui, signée Éric Emptaz comme d’habitude fait un panorama de la situation avec une clairvoyance absolue. Sa lecture est un délice.

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Il ne reste plus qu’à espérer que le comité olympique, comme la majorité des Français qui voudraient bien croire à la justice, ne se laissera pas impressionner. Prétexte ou vraies raisons, l’amnistie du sauteur d’obstacles est officiellement motivée par le souci de voir notre kangourou tricolore représenter à nouveau la France au comité olympique.

Mais après tout, le comité olympique n’est pas obligé de se laisser faire…. Peut-être reste-t-il à cette institution un zeste d’honneur et de dignité au nom desquelles il ne réintégrera pas un repris de justice pour nous représenter… Un tel sursaut républicain éclairerait d’une lumière juste et objective cette insupportable entorse à l’ordre républicain. Attendons pour voir…..


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Puisqu’on en est aux bévues, parlons de la dernière du Quai d’Orsay qui, après s’être fait tirer la manche, a quand même daigné se plaindre par voie diplomatique auprès de la Russie des lamentables exactions et violences qui ont émaillé la Gay Pride de Moscou samedi. Voici en effet le texte de la déclaration officielle :

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"Nous déplorons ces violences et rappelons que l'orientation sexuelle relève de la sphère privée. Nul ne saurait donc être victime de violences au nom de ses choix en la matière"

Outre la grave imbécillité et l’incompétence qui consistent à estimer qu’on peut choisir son orientation sexuelle, le porte-parole du Quai d’Orsay qualifie les événements de Moscou du simple terme de « violences», et borne l’orientation sexuelle à un choix relevant de la sphère privée.

Cet aveuglement peut aller loin : Essayez donc, pour voir, de l’appliquer à l’antisémitisme….

Ou au terrorisme des intégristes ? Un choix d’ordre privé, avez-vous dit ?

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L’homophobie a beau être définie par les droits européens et français comme une discrimination au même titre que celle due aux opinions politiques républicaines, aux croyances religieuses, intégrée à la même liste que l’antisémitisme, le racisme et toute autre forme pendable d’intolérance, il existe encore des diplomates et des représentants gouvernementaux qui font comme si de rien n’était… Problèmes personnels ? Intégrisme religieux ?

C’est vrai que, depuis qu’il est tenu par doudou bla-bla, notre ministère des affaires étrangères ne donne pas aux Français l’impression d’être représentés de manière optimale… Mais entre l’ignorance géographique ou la gaffe protocolaire qui nous font passer pour des guignols sur la scène internationale et le renvoi de l’homophobie au chapitre des « opinions relevant de la sphère privée », il y a un problème de droits de l’homme qui n’a échappé ni aux homosexuels français, ni, hélas, aux homophobes de tous poils qui sévissent encore sur la planète.

On n’est plus à une gaffe près…

2 commentaires:

Jacques de Brethmas a dit…

Un courageux anonyme m'a envoyé un message que je publierai lorsqu'il nous donnera un email et autre chose que son initiale "M".
"M" est de droite, et comme tous les gens de droite, il manque d'arguments dans le débat sur le progrès social.
Ainsi par exemple s'attaque-t-il à Fabius, -que je n'ai pourtant jamais porté aux nues-, en déclarant "n'a-t-il pas du sang sur les mains?", persuadé qu'il est, sa presse à la botte le lui a affirmé, qu'un premier ministre va fourrer son nez dans des bocaux de sang transfusé pour savoir s'il s'y trouve quelque maladie contagieuse...
Il semble croire qu'il existe dans mon esprit une sorte de manichéisme "gauche = gentil, droite = méchant" sans avoir décélé dans mes écrits, qu'il déclare apprécier par ailleurs, que les deux camps qui se dessinent dans mon appréhension politique sont d'un côté "progrès et humanisme", et de l'autre "violence et conservatisme".
Il est vrai qu'il est plus facile de critiquer l'équipe au pouvoir, les éventuelles fautes de l'opposition n'ayant pas d conséquences aussi visibkles et directes.
Mais de là à prétendre comme "M" que le CNE "ne va pas bien loin".....
C'est pourtant un pas sur la route de Madame Florence Parisot qui a déclaré, je le rappelle: "Là où commence le droit du travail finit la liberté de penser", et également: "L'amour et la santé sont précaires, pourquoi le travail ne le serait-il pas".

Jacques de Brethmas a dit…

Suite...
Si, monsieur "M", le droit du travail est la cible avouée de tous les "maîtres à penser", de tous les promoteurs et les mécènes de l'équipe en place.
Si, Monsieur "M", la "suite de ce plan" est bien la privatisation de la Sécurité Sociale et même des Assedic.
Si, Monsieur "M", les chiffres de la diminution de la délinquance sont bidonés, les policiers ont reçu l'ordre d'éviter l'enregistrement des plaintes et, lorsqu'elle est inévitable ou que le responsable n'a aucune chance d'être identifié, de déqualifier les faits.
Si, Monsieur "M", la diminution du chômage correspond au double effet du départ à la retraite en masse des natifs de 1946, -le début du baby-boom- et d'une campagne de radiations sans précédent.
Si, Monsieur "M", dans les vraies républiques, les gouvernements démissionnent pour moins que le CNE et pour moins que Clearstream, alors que le nôtre cumule les deux avec arrogance.
Et je n'ai toujours pas parlé ni de gauche, ni de droite...
C'est bien vous qui faites de la politique partisane.