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Par une superbe périphrase au ras des pâquerettes, Nadine Morano a résumé hier soir ce qu'elle attendait « du » jeune musulman.
« quand il est français, qu'il aime son pays, qu'il trouve un travail, qu'il ne parle pas le verlan et qu'il ne mettre pas sa casquette à l'envers ».
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jUagzgVP73IURU-7UU0bNmhq4t1w
D'abord, elle n'attend pas « d'un » jeune musulman, mais « du » jeune musulman... Usage de l'article défini à la manière d'un scientifique classant des espèces et des sous-espèces. On constate chez « le» faisan cendré... Les gens ne sont pas des spécimens, tout de même!
Ensuite, moi, je connais des jeunes Français, et à la rigueur des vieux Français. Et aussi des jeunes et de moins jeunes Françaises. Mais je me refuse absolument à classer les citoyens par leur couleur ou leur religion. D'ailleurs, la loi va dans mon sens, qui dit qu'il s'agirait de discrimination et interdit les quantifications ethniques et religieuses dans les sondages et statistiques.
D'autant plus que « s'il n'est pas français », d'après la ministre, le jeune musulman aurait alors toute latitude pour péter à table, cracher sur les murs, porter une chéchia au lieu d'une casquette et maraver ses concitoyens sans vergogne?
Avant de parler, elle devrait en fréquenter quelques uns, français ou pas...
Par ailleurs, pour qu'un jeune homme issu d'une famille modeste trouve un travail, il faudrait déjà:
1° qu'il y ait du travail,
2° qu'il ait pu recevoir une formation digne de ce nom dans un établissement qui compte le nombre voulu d'enseignants, de collaborateurs et de surveillants propres à y maintenir la discipline alors que le gouvernement auquel participe Madame Morano déshabille l'enseignement en général et les établissement de banlieue en particulier
3° que nombre d'employeurs français ne jettent pas directement à la poubelle les curriculum vitae à patronymes étrangers. A cet égard, les test de curriculum vitae en double est riche d'enseignements: (le même curriculum envoyé l'un par Jean-Pierre, l'autre par Rachid n'a pas les mêmes chances dans de trop nombreuses entreprises...
Enfin, je préfère entendre parler verlan sincèrement que langue de bois, promesses pas tenues, chiffres truqués et débats sur l'identité française destiné à cacher le cuisant échec de ce gouvernement dans les domaines de l'emploi, du pouvoir d'achat et de la sécurité, autant de domaines où il avait pris des engagements de matamore avec sa casquette bien à l'endroit.
Sans compter que le verlan, c'est quasiment médiéval. Les banlieusards modernes parlent le niktamer, un jargon cosmopolite dont la forme écrite phonétique plus concise s'adapte mieux aux textos.
Et enfin la casquette. J'ai ressorti ma vieille casquette de mon grenier et je me propose de la porter à l'envers en signe de protestation. A gauche, votre serviteur, à droite mon pote Obama, que pour faire chier la Morano, on a mis nos casquettes à l'envers.
Quand on pense que Nadine Morano est secrétaire d'état chargée de la famille et de la solidarité auprès du ministre du travail, ses déclarations font froid dans le dos. La solidarité dont il est question me semble bien sélective...
On notera que ses douteuses déclarations ne sont pas tombées du ciel au hasard, elles ont été prononcées lors d'un débat sur l'identité nationale volontairement localisé à Charmes (Vosges) par le député UMP du coin, parce que cette riante localité est la patrie de Maurice Barrès, chantre et maître à penser du nationalisme pendant cinquante ans, auquel on doit, entre autres articles antisémites, cette joyeuse sentence: « Que Dreyfuss ait trahi, je le déduis de sa race ».
Arnaud Montebourg parle carrément de malhonnêteté politique...
En regardant la bio de Maurice Barrès, je constate que j'ai fréquenté les mêmes établissements scolaires que lui: Collège de la Malgrange et Lycée Poincaré à Nancy... Comme quoi il n'y a pas de fatalité...
Ceci dit, le monde politique, du moins ses ténors, fait tout pour qu'on lui marave sa race.
La dernière mode, maintenant, c'est la démocratie aménagée. Quand le résultat d'une élection ne convient pas, on la refait jusqu'à ce que ça convienne. Les électeurs contraints de recommencer leur boulot comme de vulgaires cancres...
Les Irlandais, qui avaient voté contre le traité de Lisbonne, ont du revoter l'an dernier jusqu'à ce que ça soit oui. Les Hollandais qui avaient voté contre en 2005 se sont fait doubler par leurs représentants qui ont revoté à leur place quelques mois plus tard. Pareil pour les pauvres Français, même les pas musulmans, qui avaient eux aussi, voté contre, et largement, en 2005, et que si sont fait trahir par leur congrès en 2008...
Le 24 octobre, voulant voter « pour deux » pour une taxe de 10% sur les bénéfices des banques, Jean François Lamour a la surprise de constater que, le score étant très partagé, son vote « à rebrousse-UMP » aboutit à adopter une mesure dont le gouvernement ne voulait pas. Qu'à cela ne tienne, il dira qu'il s'est trompé et on revotera « bien ».
Hier, le Sénat qui devait se prononcer sur le redécoupage électoral rejette l'ensemble du dispositif.
Encore une « erreur », et on vote à nouveau pour que ça soit « bien ».
Puisqu'il est admis qu'on peut se tromper en votant, et que cela justifie qu'on recommence l'élection, je demande, moi, qu'on refasse l'élection présidentielle de 2007. Si j'en juge par le nombre de déçus du sarkozisme, et le nombre de braves naïfs qui y ont cru et admettent aujourd'hui s'être trompé, on pourrait avec ce processus rectificatif, s'épargner les deux ans de chaos qu'il nous reste à subir jusqu'en 2012...
Enfin, dans le cadre du grand festival de gaffes politiques permanent qui caractérise notre régime, voici une invitation reçue cette semaine par un de mes amis:
L'Union des Patrons et Professionnels Juifs de France, à la suite d'un colloque sur l'antisémitisme qui s'est déroulé dimanche dernier à l'Espace Cardin, a remis
Le grand prix de l'année 2009 pour la lutte contre le racisme et l'antisémitisme à...
Monsieur Brice Hortefeux.
Toutes mes félicitations.
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