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Les films qui veulent promouvoir de belles idées humanistes ont une vie difficile. Ainsi, à quinze jours d'intervalle Rose et Noir de Jugnot, qui dénonce l'homophobie, fait un bide retentissant et Mic Mac à Tire-Larigot, un fervent plaidoyer contre les armes à sous munitions, démarre très moyennement.
Le taux de spectateurs par salle du « premier jour Paris », appelé « spectateur/copie », qui est un baromètre très fiable de l'exploitation cinématographique française avait donné, pour Rose et Noir 34 spectateurs/copie, pour Mic Mac à Tire-Larigot 59, alors qu'à titre indicatif, Mickael Jackson en déplaçait 262, Lucky Luke 85 et Le Ruban Blanc 103... Même si les spécialistes s'accordent à ne pas accorder à This is It une longue carrière, tous les fans s'apprêtant à se précipiter aux premières séances.
Pourtant, en allant voir Mic Mac à Tire-Larigot, j'ai retrouvé Jean Pierre Jeunet avec un plaisir sans cesse renouvelé, même si j'avais moins apprécié Le long Dimanche de Fiançailles.
J'avais découvert « le monsieur qui ne faisait pas les films comme tout le monde » avec Le Bunker de la dernière rafale … en 1981. Pourtant, le film était en noir et blanc, et le tandem Jeunet-Caro ne pouvait pas utiliser ses artifices favoris de couleurs saturées et de colorimétrie biaisée... Mais les cadres, les rythmes et les personnages caricaturaux étaient déjà là...
C'est avec Delicatessen, dix ans plus tard, et pour lequel ils obtiennent deux Césars, que l'univers de Jeunet-Caro se précise. C'est sans doute le début d'un quasi-genre cinématographique. Qui a vu cette année Bienvenue à Cadavre les Bains (Der Knochenman) comprend que son réalisateur autrichien, Murnberger, connait son Jeunet par cœur.
C'est avec La Cité des Enfants Perdus (1995) que le talent des duettistes Jeunet-Caro éclate au box office. Succès aux effets divers, puisque le tandem explose, et que Jeunet sans Caro donne en 1997 un Alien, le retour qui n'est qu'un égarement hollywoodien sans suite. Caro ne fera plus de long-métrage. Il deviendra scénariste et réalisateur de clips.
Jeunet, définitivement tout seul, revient en 2001 avec Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, qui consacre la « touche Jeunet ».
Mic Mac à Tire-larigot nous rend notre Jeunet intact, tel que nous l'avions aimé dans Delicatessen, Amélie Poulain et La Cité des Enfants Perdus.
Mais revenons à notre rapprochement entre Rose et Noir et Micmac...
Les deux films sont militants: le premier dénonce l'homophobie, le second le commerce des armes.
Est-ce que ça gène le public? Quand jeunet donne Délicatessen et Amélie Poulain, il déplace des foules, quand il défend une grande cause, les gens restent chez eux?
Certes, le récent bide du Syndrome du Titanic, de Nicolas Hulot, pourrait donner à réfléchir sur les films militants, mais Hulot n'est pas un cinéaste, son pensum est redondant, et le bon peuple gavé et saturé du sujet.
En tout cas, militant ou pas, si vous aimez les univers décalés, le cinéma qui vous emporte, les spectacles bien ficelés, les personnages surprenants, les décors surréalistes, vous aimerez Mic Mac à Tire-Larigot...
Dans le même esprit de voyage cinématographique hors du temps, mais dans un tout autre genre, Le Ruban Blanc, sorti la même semaine, est aussi un film très émouvant que vous pouvez aller voir...Rappelons que c'est la Palme d'Or de Cannes...
Enfin, je rappelle aux amateurs de Comédies Musicales et d'univers d'artistes décalés que le nouveau spectacle des Caramels Fous, Madame Mouchabeurre, sera donné à nouveau dans trois semaines au Trianon à Paris. A ne pas manquer.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Caramels_fous
http://www.le-theatre-de-michel-heim.fr/
http://www.le-theatre-de-michel-heim.fr/les-caramels-fous-presentation
http://www.youtube.com/results?search_query=caramels+fous&search_type=&aq=f
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