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Pendant que l'on s'inquiète des effets néfastes qu'Hadopi-2 et Loppsi vont avoir sur nos libertés individuelles, les Big Brothers nous concoctent une mouture bien plus inquiétante de l'internet de demain: le « Cloud Computing ».
Il s'agit ni plus ni moins d'abandonner l'ordinateur « autonome » que nous connaissons pour revenir à un réseau comparable au minitel.
Dans ce projet, nos ordinateurs ne sont plus des machines contenant les programmes de notre choix et nos données, mais des terminaux raccordés à un « central planétaire » impalpable, qui contiendra à la fois les programmes dont nous aurons besoin et le stockage de nos données.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Informatique_dans_les_nuages
A partir de là, quelques doux rêveurs imaginent que chaque internaute avec sa petite machine va pouvoir prendre place dans ce système diffus et quasiment immatériel. Je doute que les dinosaures les laissent faire, et leur tendance ne débouchera au mieux que sur le « new-hacking »...:
http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2009/06/du-cloud-computing-au-home-computing.html
Ainsi par exemple, pour écrire un texte comme je le fais en ce moment, vous n'utiliserez même plus "Open Office Writer" (équivalent gratuit d'un «Microsoft Office Word» dont il faut acheter à grand frais l'installation initiale et chaque nouvelle version.)
Vous écrirez en ligne, sur un logiciel hébergé on ne sait où, mais qui ne manquera pas de vous facturer l'utilisation que vous en aurez faite, au temps passé ou au kilo-octet...
L'ordinateur sera redevenu ce machin qui coûte de l'argent dès qu'on y touche comme l'était le minitel, comme l'est aujourd'hui votre téléphone portable. Le système vous aura repris ce que d'imprudents informaticiens vous avaient offert.
Une pompe à fric de plus dans la maison.
Cela suppose évidemment quelques progrès techniques, notamment sur le volume des données transmises et la sécurité des connections, mais soyez tranquilles, ils vont les faire.
Comme il n'y aura plus de stockage dans votre ordinateur et que tous vos mouvements de données passeront par « The » système, nos maîtres auront l'assurance que vous ne détenez pas, à défaut des plans d'une bombe ou du sous-sol du Pentagone, une photo cochonne, un film ou morceau de musique dont les droits n'auraient pas été vraiment légitimés... Pour être sûr que personne ne cache quelque chose dans ses poches, on met tout le monde à poil.
Ce nivellement par le bas est un retour au système du minitel, que les auteurs d'Hadopi regrettent amèrement. Plus aucune donnée stockée chez ce voleur potentiel qu'est chaque internaute, plus de peer-to-peer, plus d'accès à des serveurs exotiques ou privés. Plus de bidouillage, d'auteurs de logiciels utiles ou non, d'applications téléchargeables, de sites « contestables ». Le club des « serveurs agréés » sera constitué de grands organismes officiels, regroupés autour d'accords et de chartes qui réduiront la puissance de votre ordinateur à celle d'un téléphone amélioré.
Chaque fois que vous transmettrez un document à quelqu'un, la transaction s'effectuera non plus d'ordinateur à ordinateur, mais dans les rayons de votre stockage Big Brother, qui pourra toujours se souvenir si ça le chante du contenu et du destinataire de la communication. Nous serons avec nos données dans la position du client d'une banque avec son argent: obligé d'aller le chercher au comptoir pour en disposer.
Si l'idée globale arrange bien les empereurs du copyright et autres droits d'auteur, elle n'est pourtant pas née de leurs élucubrations. Ils sont juste prêts à monter dans un train qui passe fort à propos.
A l'origine, la complexité des tâches informatiques a conduit à constituer des réseaux d'entreprise, avec un « ordinateur central » auquel on accède par des terminaux étroitement paramétrés. Le débit et la fluidité des transferts de données a naturellement amené au niveau supérieur, qui a consisté à sous-traiter l'activité informatique à des entreprises extérieures qui louent les services de puissants systèmes. Plus de salle et de matériel informatique, ni de maintenance, les chefs d'entreprise aiment se simplifier la vie.
A partir de là, il y a convergence entre les propriétaires de systèmes payants qui voient d'un mauvais oeil la moitié de la planète utiliser leurs systèmes sans le payer ou d'autres systèmes gratuits (Linux, Open Office...) et quelques autorités politiques morales et psychorigides qui pensent qu'une centralisation à tout va permettra à la fois un meilleur "contrôle" d'internet et un enrichissement plus substantiel de leurs potes.
D'ailleurs Google ne vient-il pas d'annoncer cette semaine la sortie de son "Chrome OS", un nouvel OS qui ne concerne pour l'instant que les petits portables, mais qui est la rampe de lancement du concurrent de Windows qu'il prétend devenir rapidement. Certes, le code source sera connu, mais le système est conçu pour que toutes les transactions puissent, le jour venu, se faire via "la maison-mère". Tout comme déjà aujourd'hui, les "apps" de l'iphone et d'Androïd... Hasard, vous croyez?
Le problème pour les majors du système payant est que les très gros systèmes tournent majoritairement sous Linux, dont la base est gratuite, le code source connu et la sécurisation plus simple. Les coûts se limitent à la conception et à la maintenance du système...
Malgré cela, le système ne prospèrera que s'il permet de réaliser des économies, ce qui ne semble pas évident à tout le monde:
http://www.zdnet.fr/actualites/it-management/0,3800005311,39392470,00.htm
et l'avenir semble encore dévolu pour quelque temps au « datacenter » de papa:
Un des logos de Firefox auxquels nous avons échappé:
A gauche le concept d'origine, à droite la version politiquement correcte que vous avez sur votre ordinateur...
Vous n'utilisez pas Firefox à la place d'Internet Explorer?
Vite:
La seule conclusion certaine est que tout est fait pour que nous maîtrisions de moins en moins les programmes et les contenus de notre ordinateur, que nous soyons de moins en moins libres de dire, d'écrire et d'exprimer ce que nous voulons, d'accéder aux informations et aux œuvres culturelles dont nous avons besoin, et pour que la violation systématique de nos espaces privés et de notre intimité fasse dorénavant partie de notre quotidien.
D'où l'intérêt de nous passer autant que possible des systèmes payants et d'utiliser exclusivement des systèmes gratuits en open source.
Essayez Ubuntu sans rien changer à votre ordinateur:
http://www.gnu.org/home.fr.html
http://doc.ubuntu-fr.org/live_cd
Gravez vous-même votre CD ou DVD utilisable avec ou sans installation:
Chapitre "Installation".
Maintenir l'autonomie et l'indépendance de nos ordinateurs et de nos systèmes est un garant de nos libertés.
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