mardi 11 décembre 2007

135° Le jeu du Kikadikoi. (Kadhafi 2)



Pour rassurer les empêcheurs de présider tranquille qui s’obstinaient à parler de droits de l’homme et d’honorabilité à propos du visiteur lybien de l’Elysée, notre Zorro avait fait accoucher ses services de com d’une phrase fort bien léchée :

« Le président n’a pas manqué d’inviter son hôte à progresser sur le chemin des droits de l’homme ».

Ah que c’est bien dit. Trop bien peut-être. Notre bédouin de passage qui, vu la température, est quand même allé passer la nuit dans l’hôtel de Marigny malgré la tente tout-confort dressée sur la pelouse, a accordé à Antenne 2 une interview dont le 13 heures a donné un morceau choisi.

Et pas choisi par hasard. Même chez les journalistes, on sent la rébellion. Ils ne peuvent pas dire ce qu’ils veulent, mais c’est avec la table de mixage qu’ils expriment leur ras le bol. D’abord, on voit un plan du colonel traversant la pelouse sur le tapis rouge qui recouvre les quatre mètres de désert entre le perron et la tente avec l’allure arrogante de quelqu’un qui s’est assis sur un objet pointu. Pour les caméramans, le meilleur profil de leur sujet, c’est son menton mal rasé. Il est vrai que l’intéressé ne fait guère d’effort pour leur montrer autre chose.

Puis la question de Pujadas : « Le président vous a-t-il entretenu des droits de l’homme ? »

Et la réponse sur un ton d’une hauteur à côté de laquelle Poutine a l’air d’un petit garçon :

« Le président et moi sommes de bons amis et nous avons d’autres sujets de conversation que ces choses là, par exemple la collaboration [….], les contrats [….] etc… »

Quelque part, du haut de son arrogance, le colonel Khadafi a l’honnêteté d’avouer qu’il a autre chose à faire que de parler de ces broutilles tout juste bonnes à jeter en pâture à la presse. Chez lui, on n’a pas de ces délicatesses avec les journalistes et l’opinion publique.

Propos immédiatement démentis par Claude Guéant, porte-parole de l’Elysée, qui persiste et signe, et sans traiter Khadafi de menteur, assure néanmoins clairement qu’il n’a pas dit la vérité. La diplomatie, c’est l’art de ne pas dire ce qu’on déclare tout en laissant entendre ce qu’on n’a pas dit. Il y a là-dedans un histoire de mouche maltraitée et de vaseline savamment disposée qu’apprécieront les connaisseurs..



Alors, qui a menti ?

Notre Zorro pris en flagrant délit de populisme et de démagogie ?

Le colonel qui n’aime pas qu’on lui fasse la leçon de civilisation ?

Qui va craquer ?

Notre Zorro va-t-il confier l’incorrigible Muhammar à Hortefeux pour qu’il renvoie à la maison ce potentiellement dangereux squatter des palais de la république ? ?

Le bédouin colonel va-t-il remettre ses cinq cents sujets dans ses cent limousines et quitter le menton encore plus hautain que d’habitude ce pays de mal élevés où les journalistes et les gens ne croient pas ce qu’il leur dit ?

Il y avait « ma cité va craquer ». Là, « l’Elysée va craquer ». On se tient coi dans l’attente haletante des déclarations du bédouin sous la tente.

Il n’y a pas que Rama Yade qui doit bien se marrer. Nous aussi.

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