Dans mon billet numéro 114,
http://brethmas.blogspot.com/2007/07/114-lhutre-et-les-plaideurs.html
Je m'étonnais déjà de l'étrange mansuétude de notre président « moi je » à l'égard d'un certain preneur d'otages libyen auprès duquel il avait dépêché son épouse d'alors pour cueillir à point nommé le fruit d'années de négociations patiemment conduites par la communauté européenne et récupérer les infirmières bulgares.
Il y a du Zorro dans notre « moi je ». Il est fasciné par les otages. Déjà, lorsqu'il était maire de Neuilly, on se souvient que, alors que personne ne lui demandait rien et que les forces de l'ordre auraient préféré qu'il ne s'en mêlât pas, il était intervenu dans une prise d'otages survenue dans une école de son village pour récupérer un enfant dans ses bras devant les caméras de télévision. Après quoi il était rentré chez lui en laissant tranquillement les arquebusiers abattre à bout portant le preneur d'otages qui détenait encore l'institutrice et deux ou trois enfants.
Puis il s'est occupé des infirmières bulgares, et le voilà maintenant à renifler autour du problème de la détention d'Ingrid Bétancourt par les FARC.
Bon. Mais maintenant qu'on connaît ses marottes, pourquoi ne traite-t-il pas tous les preneurs d'otages de la même manière?
Comment les Français vont-ils comprendre un monsieur "Alors moi, qu'est ce que je dois faire?" qui nous explique qu'au nom des lois sécuritaires dont il est l'auteur, il faudrait garder en prison certains délinquants une fois leurs peines purgées au prétexte qu'ils resteraient potentiellement dangereux, lorsqu'on le voit recevoir sur un tapis rouge un délinquant qui en a bien davantage sur la conscience que le moindre des malfrats dont il veut faire exemple pour illustrer ses baratins sécuritaires et populistes?
Un individu qui a déclaré pas plus tard qu'avant-hier à Lisbonne que « le terrorisme pouvait avoir des justifications » n'est-il pas un délinquant potentiellement dangereux?
Permettre à un personnage qui a déjà reconnu deux explosions d'avions en vol - sans préjudice de ce qu'il n'a pas reconnu - de recouvrer son honorabilité en échange d'un chèque, fût-il de 5 milliards d'euros, n'est-ce pas de la corruption?
D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que Mouammar K. signe un chèque pour se faire appeler Monsieur. La première fois qu'il l'a fait, il en a d'ailleurs profité pour prendre les Français pour des imbéciles : il a dédommagé les Américains du Boeing de Lockerbie à raison de 84 millions de dollars la victime, et les Français du DC-10 du Ténéré à raison d'un seul million par tête.... Un article dans Libération de vendredi rappelle fort opportunément ces chiffres que je donnais dans mon billet numéro 114.
Faut-il encore parler de la totale inutilité d'un réacteur nucléaire pour dessaler l'eau de mer? Inutilité reconnue et assumée par des pays comme Israël et les émirats du golfe qui ont les moyens de se l'offrir mais lui ont préféré des systèmes de filtrage actionnés par l'énergie solaire....
J'ai la désagréable impression que chaque fois que l'actualité nous sert sur un plateau un coq arrogant qui se dresse sur ses ergots, notre président « moi je » s'empresse d'aller lui présenter ses civilités. Il est allé faire des ronds de jambes à Bush au moment où, d'ailleurs, celui-ci commence à perdre de sa crédibilité, il est allé « reconquérir le cœur de l'Amérique » alors que c'est elle qui nous avait fait la tête et traité de tous les noms lorsque nous n'avions pas voulu jouer à la guerre avec elle, il s'est empressé de féliciter Poutine au téléphone à la suite de l'élection que l'on sait... ( Peut-être fantasme-t-il sur semblable élection? ).
Une petite visite amicale en Chine où la secrétaire d'État aux droits de l'homme était douloureusement absente, maintenant, Khadafi...
Il faut arrêter de nous bourrer le mou avec les contrats mirobolants et les paquets de milliards qu'il ramène, soi-disant, à chaque fois. Il faut des mois, voire des années, pour négocier la vente d'une centrale nucléaire ou d'une escadre d'avions, fussent-ils de transport ou militaires. Comme dans le cas des infirmières bulgares, M. Sarkozy s'arrange seulement pour se trouver le bon jour au bon endroit au moment où le fruit tombe de l'arbre. Combien de temps les Français vont-ils encore s'extasier devant ces mauvais tours de prestidigitation?
Et ceci d'autant plus que l'Espagne et l'Allemagne nous démontrent quotidiennement qu'il n'y a pas besoin de s'acoquiner avec tous les truands de la planète pour avoir une balance des exportations meilleure que la nôtre, malgré la parité euro -- dollar qui est la même pour eux que pour nous, mais dont on ne les entend pas se plaindre à tout moment.
Madame Rama Yade, la seule ministre de notre gouvernement qui n'a pas encore dit de connerie depuis le début de la législature, ne s'y est d'ailleurs pas trompée. Faisant fi de la « solidarité gouvernementale » qui, appliquée au cas présent, ressemble tellement à de la complicité qu'on comprend fort bien qu'elle ne veuille pas y avoir sa part, Madame Rama Yade clame bien haut sa réprobation.
Cela embarrasse beaucoup son ministre de tutelle, un certain Bernard Kouchner qui, dans une vie antérieure, n'était pourtant pas le dernier à pourfendre le dictateur et le preneur d'otages. Dans le cas présent, il se contente d'estimer avec un humour qu'il ne peut empêcher de grincer « qu'elle est parfaitement dans son rôle » !
C'est le moins qu'on puisse dire ! Dommage qu'elle n'ait pas commencé la semaine dernière à interpréter ce fameux rôle lorsque son patron la laissait sur le tarmac en partant pour la Chine. Et espérons qu'elle ne manquera plus dorénavant une seule occasion de le jouer.
Cela se terminera-t-il par une démission? Sortira-t-elle du conseil des ministres en claquant la porte comme une honnête femme sort de l'arrière salle d'un claque en affirmant qu'elle ne mange pas de ce pain-là? On disait jadis de Simone Veil qu’elle était le seul homme du gouvernement auquel elle appartenait. (Celui de Jacques Chirac sous Giscard en 1974). Je vois venir le temps où on pourra en dire autant de Madame Rama Yade. Sans doute notre président voulait-il démontrer quelque chose en la faisant entrer au gouvernement. La démonstration n'est pas à proprement parler ce qu'il espérait, mais elle vaut la peine d'être vécue!
Le mot de la fin sera pour Guy Bedos qui, visitant les sans-logis de la rue de la Banque, a demandé que l'on monte place de la Bourse la tente chauffée et climatisée qui a été dressée sur la pelouse d'un palais de la République à l'attention du bédouin de passage.
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