dimanche 28 octobre 2007

128° Europe, bisbilles et laïcité.

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Je ne sais pas ce que notre gouvernement a bien pu faire pour enrayer la fuite des cerveaux, mais il y a enfin des résultats : Johnny Hallyday n’ira pas en Belgique. Ah que il reste en France.

Peut-être qu’en regardant la Belgique de plus près, il a eu peur d’attraper la migraine : voilà des gens qui n’ont pas de problème d’ethnie, pas de problème de race, pas de problème de religion, mais ils se débrouillent quand même pour se diviser en deux factions irréconciliables. Comme quoi quand on veut, on peut.

Parce qu’à côté, les Canadiens : minables ! Malgré les exhortations québécoises de de Gaulle !. J’écoute souvent la nuit les infos québécoises sur France-Info : ils sont tous bilingues sans problème, ces gens là !

Quant aux Suisses qui vivent avec quatre langues, lamentables ! Nuls ! Tu imagines la zizanie qu’ils pourraient s’offrir avec quatre langues ! Eh ben au lieu de ça, ils se sont mis d’accord pour élire une émule de Le Pen…. Ça fait gâchis tout de même, non ?

Après les histoires belges, les histoires saoudiennes, qui ont le mérite d’être authentiques : un saoudien a demandé le divorce parce que sa femme a regardé toute seule une émission de télévision présentée par un homme. Après hésitation, le tribunal a rejeté la demande, mais le râleur a fait appel au motif que le présentateur était vêtu en costume cravate à l’occidentale et non pas en djellaba traditionnelle, ce qui laissait entrevoir le galbe de ses cuisses. Du coup, un débat de haut niveau s’est instauré au tribunal, et le résultat a été mis en long délibéré. On attend avec le souffle court un jugement définitif sur l’impudeur du costume cravate...

Les saoudiens rachètent un peu tout, et notamment des hôtels. L’un de leurs premiers soucis en prenant possession d’un palace est de supprimer les idéogrammes homme/femme apposés sur la porte des toilettes lorsque ceux-ci représentent des silhouettes humaines. Le diable est partout, ma pôv dame…

En attendant, le Vatican est un état prévoyant. Il n’a pas mis toutes ses billes en Pologne, et le retour de ce pays à une civilisation à visage humain à la suite des dernières élections n’est pour lui qu’une bataille perdue, mais certainement pas la guerre. Les mitrés ont semé leur zizanie dans d’autres pays, et si les gays Polonais vont pouvoir souffler un peu, ce sont les gays Slovaques et Lithuaniens qui pourraient bien devoir raser les murs dans les prochains mois, voire préférer quitter leur patrie pour des contrées plus tolérantes.

En Slovaquie, (5 400 000 habitants.) il n’y a pratiquement plus moyen de pratiquer un avortement médical. Le dernier hôpital qui les assure, à Bratislava, est l’objet de menaces quotidiennes, et c’est la république Tchèque toute proche qui garantit pour le moment les opérations qui échappent encore aux tricoteuses. L’enseignement religieux, qui représente 60% de la totalité est subventionné par l’état, impose un catéchisme obligatoire et, comme dans les états les plus réactionnaires des USA, l’enseignement du créationnisme au détriment du darwinisme et de la création scientifique du monde. (voir mes articles n° 107 et 110).

Quand les choses démarrent sur ce ton dans un pays, la vie des gays y devient rapidement un enfer. Je connais peu la Slovaquie, mais très bien la république Tchèque, et je peux confirmer qu’une part anormalement importante des gays de Prague est d’origine slovaque. L’exode est plus discret qu’en Pologne, mais il existe bel et bien. Il est vrai que les Slovaques ont la chance de trouver en Tchéquie un pays voisin ouvert et gay-friendly qui parle la même langue à quelques virgules près, et où leur intégration est facile. Ce n’était pas le cas des Polonais, qui devaient pour s’expatrier, changer de langue et de culture et s’intégrer dans des pays où ils ne se fondaient pas facilement, même avec des talents de plombier avérés.

L’autre pays menacé de coups de goupillon est la Lithuanie. (3 700 000 habitants.). On y observe les mêmes prémisses qu’en Slovaquie.

Tout cela me rend songeur. On fait un Grenelle de l’écologie pour rendre décente l’existence des générations futures. Fort bien. Mais il me semble urgent de faire aussi, dans le même but, un Grenelle de la laïcité si on ne veut pas que nos petits enfants gays soient pendus sur la place publique ou lynchés dans un square par des skinheads mal baisés ou mal bénits.

Et à cet égard, on a manqué une sacrée occasion avec le traité simplifié européen négocié à Lisbonne. Une occasion d’y bâtir une Europe laïque, d’où soient exclus d’avance de toute candidature aux élections un parti inspiré d’une religion, quelle qu’elle soit.

Rappelons quelques principes : la liberté religieuse n’est pas seulement le droit de pratiquer sa religion ; c’est aussi et surtout le droit de choisir librement sa religion ou de n’en choisir aucune.

L’expérience démontre qu’aucune religion n’est bonne gardienne de la liberté religieuse ainsi définie. Seul un gouvernement neutre et laïc est à même de garantir cette liberté.

Pour parvenir à cette neutralité, ce n’est pas seulement l’exercice du pouvoir qu’il faut laïciser, mais l’ensemble de l’appereil politique. Lorsqu’un parti d’inspiration religieuse arrive au pouvoir, il est déjà trop tard. Désolé pour les démocrates chrétiens…

Et là, avec le traité de Lisbonne, si on avait eu les c…… de faire attendre sur les parvis de l’Europe les pays à urticaire religieux comme la Pologne, la Slovaquie ou la Lituanie jusqu’à ce qu’ils fassent bien la différence entre la préfecture et l’évêché, on aurait bâti un vrai grand bout d’Europe durable et humaniste.

On aurait fait que cet article ne soit pas arraché dans quelques décennies des livres d’histoire par un gourou qui le trouvera décadent.

On aurait travaillé à s’accepter différents pour se reconnaître semblables.

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