mercredi 7 novembre 2007

129° La nouvelle histoire de Zorro.

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"J'irai chercher ceux qui restent, quoi qu'ils aient fait (...) le rôle du président est de prendre en charge tous les Français"

Président de la république est un métier si original que nombre de ceux qui l’exercent ont tendance à le mettre à des sauces pour lesquelles il n’est peut-être pas fait.

Il y a un modèle, heureusement abandonné en Europe, qui consiste à enfiler l’écharpe de président sur un uniforme de colonel ou de général. Il y en a d’autres plus insidieux comme en Russie où le winner rappelle à qui veut l’entendre qu’il fut un militaire « sans uniforme » de l’espèce la plus dangereuse.

Et puis il y a le genre Far West qui consiste à associer le « faut tout faire soi-même » à « achetez l’élixir du Dr. Nicolas qui soigne tout » dont nous avons depuis six mois un des exemplaires les plus caractéristiques.

N’empêche que ça a conduit notre petit Zorro à recevoir une très belle leçon de droit constitutionnel.

Une première fois par le ministre tchadien de la Justice, Albert Pahimi Padacket, et une seconde par le Zorro de là-bas, Idriss Deby. Tous deux ont laissé entendre qu’ils n’ignoraient pas qu’ils puisse exister des républiques bananières où le président décide de tout et notamment des affaires de justice, mais qu’au Tchad, c’était les juges et personne d’autre qui décidaient de qui ira en prison, comment et pourquoi.

« Après tout, nous ne réclamons pas que les Tchadiens arrêtés en France soient extradés chez nous pour y être jugés » a ajouté le premier pour faire bonne mesure.

Voilà qui nous rappelle au moment où on ne l’attendait plus le douloureux débat sur « les effets positifs de la colonisation »…

Déclaration pour le moins maladroite d’un Sarkozy si prompt à traiter ses collaborateurs d’imbéciles pour un rendez-vous pris à la bousculade et à envoyer sur les roses d’autres journalistes qui font leur boulot dès lors qu’ils ne posent pas les questions convenables.

Déclaration d’autant plus maladroite que notre président a enfilé, je le rappelle, son écharpe de président sur une robe d’avocat ! Comme quoi l’habit ne fait pas le moine.

On sait déjà que la « côte » de la France au Tchad n’est pas au plus haut, était-ce bien la peine de jeter un tel pavé dans la mare, et de compromettre ainsi les chances raisonnables d’extradition des six zozos de Zoé, qui étaient jusqu’ici relativement négociables dans le cadre d’un accord franco-tchadien de 1976 ?

Quand j’ai entendu ça à la radio, je me suis demandé si notre timonier, qui ne boit jamais, n’avait pas fait exception à la règle…Voyons, où était-il ? Ah oui…Les pêcheurs bretons. L’hydromiel breton serait-il venu à bout de la tempérance quasi-intégriste de notre héros ? Ou un petit coup de Sancerre avec un plateau d’huîtres ?

Puis, dans un deuxième temps, m’est revenu à l’esprit l’éclat du Zorro Vladimir qui, lui « voulait aller chercher les Tchétchènes jusqu’au fond des chiottes ». « Y zont pas de chiottes au Tchad de toute façon » me dit mon voisin de comptoir qui arrose, lui, sa carte du FN avec un vrai verre de Sancerre pendant que je bois mon café.

Néanmoins, je me prends un instant pour l’arche de Zoé: Si j’allais, moi, rechercher Zorro à l’Elysée pour le ramener à Neuilly ? On peut rêver, non ? Les égarés de N’Djaména ont déliré bien davantage.

Dans le cadre de l’opération « Je me fâche avec tout le monde », après s’être mis à dos le monde judiciaire français, notre fine équipe a réussi à se fâcher avec les juges et les avocats tchadiens. Dommage qu’ils ne votent pas chez nous.

Voilà maintenant que notre élu retourne aux Etats-Unis voir s’il n’y a pas moyen de se fâcher avec quelqu’un là-bas aussi. Or c’est ici, en France, qu’il va se fâcher avec plein de monde, si ce n’est déjà fait, en allant tenir là-bas les discours qu’on entend. Il veut « reconquérir le cœur de l’Amérique ».

Sans doute faudrait-il rappeler au président-de-tous-les-français, comme il aime à s’intituler, que jamais à aucun moment la majorité des Français n’a été favorable à la participation de la France à la guerre d’Irak. Cette majorité anti-guerre a même toujours été supérieure à celle qui l’a porté au pouvoir.

Si l’une des parties devait « reconquérir le cœur de l’autre », c’est certainement celle qui a assujetti le maintien de son amitié à notre compromission dans une affaire à laquelle nous sommes étrangers, où nous n’avions aucune raison d’objective d’intervenir, et dans laquelle nous avons bien fait de ne pas mettre les pieds, attentats de Londres et de Madrid à l’appui.

On peut avoir d’excellents amis et ne pas leur dire oui à tout sans réfléchir. Les Français ne se sont jamais fâchés avec les Américains, ce sont les Américains qui se sont fâchés avec nous comme des gamins qui boudent parce qu'on n'a pas voulu jouer à la guerre avec eux, à travers une campagne médiatique sordide mélangeant la seconde guerre mondiale avec les croisades, débaptisant les « french fries » dont ils sont pourtant si friands, multipliant les embûches à nos exportations et à nos voyages, et publiant, avec l’aide compétent des tabloïds anglais, des journaux entiers d’injures et de brocards orduriers à notre encontre.

Alors, c’est en France qu’il y a des citoyens blessés comme moi, par un « président-de-tous-les-français » qui demande pardon pour des fautes que nous n’avons pas commises, au prétexte que lui les aurait commises à notre place.

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