dimanche 28 janvier 2007

81° Bonté, humanisme, charité,

religions et autres broutilles.


Le dimanche midi de canal plus est décidément un excellent moment de télévision. S’y succèdent le remarquable magazine d’information « l’Effet Papillon » et la Semaine des Guignols.

Il y a quelques semaines un remarquable documentaire sur « L’Ambassade de Dieu », la secte qui fait fureur en Ukraine, faisait froid dans le dos.

http://www.godembassy.org/en/embassy.php

Son pasteur, Sunday Adelaja, habile aventurier parvenu à la tête d’une quasi-multinationale, fait un triomphe dans les ex pays de l’est, où 70 ans de communisme auxquels ont succédé des temps qui ne sont guère meilleurs ont créé un terreau fertile aux croyances en un monde meilleur.

Un homme politique promet des choses qui seraient sans doute possibles s’il se donnait la peine de les réaliser après son élection. Comme quasiment aucun ne le fait, l’opinion publique le balaie et place inlassablement (ou presque) ses espoirs dans le suivant.

Pour les prédicateurs, c’est plus confortable : ils promettent l’impossible, l’invérifiable ; le bonheur après la mort. Ils sont donc plus difficiles à prendre en défaut. C’est sans doute ce qui explique que tous les systèmes superstitieux, s’ils prennent leurs racines dans les pays nantis (de systèmes bancaires…), trouvent leur public dans les pays un peu « à la traîne », voire « en voie de développement » suivant l’élégant euphémisme employé pour désigner des contrées dont la dette ne cesse d’augmenter et qui sont donc en réalité plutôt« en voie de régression ».

L’émission laissait entendre que l’ambassade de dieu ne dédaignait pas quelques arrangements avec les pouvoirs politiques ou les mafias locales. Les russes que j’ai pu interroger à Paris l’affirment carrément. En attendant, le nombre des fidèles augmente, et une opinion publique se constitue, dont le courant ne se dirige pas particulièrement vers le progrès et le respect des libertés individuelles. On n’en a pas fini avec les sectes.

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D’autant plus qu’un reportage passé cette semaine dans cette émission fait état de la propension de l’islam indonésien à adopter une dérive sectaire apocalyptique à la suite du raz de marée de 2005. A Banda Aceh, la province la plus touchée par le tsunami le « ministère des affaires religieuses » a mis sur pied une brigade chargée de faire régner la morale à coups de bâtons, -pour le moment, le gouvernement central n’ayant pas encore donné son feu vert pour les amputations et les lapidations-. Le reportage montre cette brigade de la pudeur débarquant sur un bord de mer exposé à tous les regards, et où quelques couples sont assis très chastement sur des bancs face à la mer, certains en train de pique niquer. Tous les couples sont contrôlés, et les couples non mariés sont impitoyablement séparés et chacun renvoyé dans ses foyers. Les récalcitrants sont punis de coups de canne de bambou sur la place publique.

On voit un officier de la brigade religieuse armé d’un porte-voix clamer sur la jetée que « le pays a suffisamment souffert des calamités envoyées par dieu en punition des péchés » et que les « fornicateurs » mettent tout le peuple en danger en rappelant sur la ville le retour de la colère divine. Le même officier passe dans les rues pour appeler, toujours avec son porte-voix, les foules à venir assister à la fessée. Boire un coup d’alcool, même chez soi si l’on est dénoncé peut également conduire à ce châtiment.

Le reportage explique aussi que cette nouvelle justice fait 81% de mécontents. Elle risque aussi de porter un coup fatal au tourisme qui fait vivre la contrée.

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Reparlons un peu de l’abbé Pierre dont un long interview a été diffusé dans le « Jour du Seigneur », émission pas toujours mal faite dont j’ai aussi regardé quelques images. Le brave homme parlait de Ratzinger avant sa dernière promotion, à l’époque où il était le grand patron de la congrégation pour la doctrine de la foi (qui est le dernier avatar de l’Inquisition, après moult réformes) et de son ouvrage de 1985, « Entretiens sur la foi ». A l’avant dernière page, le futur pape y explique qu’aussi longtemps qu’un homme fait le bien « dans l’harmonie de sa conscience », même s’il ne croit pas en dieu, il sera reconnu par son seigneur comme un bon et appelé à être sauvé. Tant de bonté éblouit le bon abbé Pierre pour qui « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil ». Le brave homme ne voit que de bonnes intentions dans l’exercice de la charité.

Mais gare à la récupération ! Si je comprends le raisonnement de Ratzinger, quelle que soit la raison pour laquelle un homme est généreux et bon, elle est perçue et récupérée par dieu pour faire de lui un bon catholique et l’inviter dans son paradis ! C’est à vous dégoûter d’être charitable ! Si j’avais su que je serais récupéré de la sorte, j’aurais botté plus de culs et distribué moins de pièces ! Comment voulez-vous qu’un système aussi invasif puisse susciter autre chose que la guerre ?

Quand les religions admettront-elles qu’elles n’ont pas le monopole des valeurs et des vertus, et que plus elles tentent de les récupérer, plus elles s’en éloignent ? Encore une foi, la vraie spiritualité est laïque, parce qu’on ne la pratique pas en échange d’une promesse, aussi aléatoire et fantaisiste qu’elle soit. L’abbé Pierre n’a pas fait son œuvre pour gagner sa place au paradis, mais parce qu’il sentait les choses comme ça. Et il a osé le dire. Il ne fera pas un bon « saint ». Je crois que les « bons saints », ce ne sont pas ceux que fait l’église, ce sont ceux qui se font tous seuls.

Dans la même optique, les Guignols nous donnent une scène absolument surréaliste de l’abbé Pierre qui débarque au paradis et fait la connaissance de dieu. Vient la fameuse question dont les religieux se sortent en promettant la félicité après la mort : « dieu, si tu es si bon, pourquoi tant de misères sur terre ? s’inquiète le bon abbé. Moi, j’ai travaillé toute ma vie pour améliorer le sort de quelques malheureux, et toi qui as tous les pouvoirs, tu nous laisses dans la panade… »

Et dieu se fend d’un discours néolibéral quelque part entre Laurence Parisot et Sarkozy : « je ne vais tout de même pas faire des assistés ! Aide-toi et le ciel t’aidera ! ».

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Et enfin, dans le cadre des tentatives de réconciliation de Sarko et de la banlieue qu’il a traité de racaille et menacé de karcher pendant des années, « L’Effet Papillon » nous donne un petit échantillon. On nous emmène à Argenteuil, où la marmite a bouilli au dessus du bord en 2005, où l’on rencontre Tarek, « Tarko » pour les intimes, qui sans doute intéressé par un strapontin politique, essaie de concilier le loup et les brebis. Quelques interviews « d’indigènes » aux avis variés donnent au reportage et à l’opération un caractère plutôt bon-enfant. Même si on n’est pas du même avis, on fait juste un peu d’humour.

Mais plus d’humour du tout lorsque Tarko, invité sur la scène de la Porte de Versailles par Sarko pour assister à la grand messe du sacre de la semaine dernière, sort du métro pour aller à son rendez-vous avec le destin.. Malgré l’invitation qu’il brandit, l’effet de « sale gueule » retarde la progression du jeune militant vers le saint des saints. Il mettra plus d’une heure, invitation en main, pourtant suivi par les caméras de « l’effet papillon », à convaincre les multiples points de contrôle qu’il est bel et bien invité sur le plateau par le patron. Il y parviendra alors que la cérémonie bat déjà son plein. Avant de se réconcilier avec les banlieues, il va falloir se réconcilier au sein du parti, et ça, ça ne semble pas gagné non plus…

Et enfin… Vanneste définitivement condamné en appel, va se tourner vers les institutions européennes au nom de « la liberté d’expression ». Il y trouvera le nouveau parti d’extrême extrême droite auquel l’arrivée récente de la Roumanie a apporté les effectifs qu’il lui manquait encore pour constituer un groupe parlementaire, présidé par Bruno Gollnisch, qui le jour même de cette distinction, a été condamné à Lyon pour une déclaration de plus à contresens de l’histoire.

Lorsqu’on demandait à un UMP pourquoi son parti ne virait pas Vanneste, il répondait que le PS avait bien Georges Frêche. Depuis hier, il ne pourra plus. Georges Frêche a été viré.

Il ne reste donc plus à l’UMP qu’à éradiquer les 300 députés qui ont signé, à l’initiative de Jean Marc Nesmes, député de Saône et Loire, sous prétexte de « protection de la famille » une déclaration commune contre les couples gays aux relents parfaitement homophobes.

http://www.categorynet.com/v2/index.php/content/view/8334/398/

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