samedi 1 avril 2006






33° Il a osé !


On savait que notre cher président était un peu dur d'oreille, mais personne ne l'imaginait sourd à ce point ! Ça fait tout de même deux mois qu’on hurle dans les rues. Il est vrai que depuis qu'un certain Villepin, alors conseiller à l'Élysée lui a suggéré de dissoudre l'assemblée nationale le 21 avril 1997, il ne jure plus que par le puissant cerveau de ce visionnaire éclairé…Encore gagné ! Gaston Lagaffe a trouvé son maître.

Parfois, je me dis que si on mettait le Chirac des Guignols de Canal+ à l'Élysée et celui de l'Élysée à la télévision, les affaires ne s'en porteraient pas plus mal…

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Faut-il être à ce point éloigné des réalités pour nous pondre un discours qui a la double caractéristique d'être d’une part incohérent et illogique en lui-même, et d’autre part exactement ce qu'il fallait dire pour mettre le feu aux poudres ?

Ça commence par un vilain mensonge, une poignée de poudre aux yeux : les archives de la république sont pleines de lois qui ont été votées et jamais promulguées, alors venir raconter que parce qu'elle a été votée, (ce qui n’est d’ailleurs littéralement pas le cas) elle doit inexorablement être promulguée, ce n'est qu'un grossier coup de bluff. D'ailleurs, un certain Chirac premier ministre, alors qu'il cohabitait avec le président Mitterrand, a eu bien des soucis avec des ordonnances de l'article 49-3, que, précisément, ce dernier ne voulait pas signer !

Ensuite, ça ne tient pas debout. Peut-être arrive-t-il à suivre ses raisonnements, mais moi, je n'arrive pas à le suivre, lui ! Et si j'en juge par ce que j'entends à la radio, je suis loin d'être le seul : d'après lui, il est urgent de promulguer une loi qu'il n'est pas question d'appliquer !

Or, dès le lendemain de sa promulgation, les patrons vont pouvoir embaucher avec des CPE qui, avec la garantie du chef de l'État, devront tenir compte du résultat de négociations qui n'auront pas encore commencé…. Abracadabrantesque, non ?

Mon petit doigt m’avait dit qu'il s'apprêtait à commettre l'irréparable : à 19 h 10, je descendais les Champs-Élysées en scooter pour rentrer chez moi écouter le discours, et en passant devant l'Élysée, j'ai croisé le fameux camion-lance à eau tout blanc préposé à doucher les manifestants suspects d'avoir quelque peu bâclé leur toilette. Si on amenait ce camion-là aux alentours de l'Élysée une heure avant le discours, c’est qu'on savait déjà qu’on allait en avoir besoin !!!

Eh bien ça y est, on en a besoin ! Et j'ai peur que les équipages des arroseuses de chomeurs de la préfecture de police soient contraints de faire les trois-huit dans le plus total irrespect des 35 heures pour faire face à la demande… Elles vont être rincées, les rues de Paris, dans les prochains jours…

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En écrivant cet article à 1 h 30 du matin, j'entends sur France Info que des cortèges se forment et se déplacent nuitamment à travers Paris, que la place de la Bastille est noire de monde, bref qu'il règne dans notre capitale une ambiance de fin de règne tout à fait festive. J'ai encore « mon pavé » de mai 68 sur une étagère, mais je préfère le garder en souvenir. Place aux jeunes !

Nous vivons une époque formidable…

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