vendredi 12 mars 2010

316° Un peu d'Italie et un peu de Grèce...



Voilà les Grecs dans la rue. Et ça agace beaucoup dans les milieux financiers anglo-saxons, où il n'est pas d'usage de défiler dans la rue. Chez ces gens-là, monsieur, on s'incline devant ses maîtres en leur montrant ses fesses. C'est tout ignorer de la mentalité méditerranéenne où on fait face et où on coupe les têtes qu'il faut quand il faut.... Mais le problème des pays qui, comme l'Amérique, n'ont pas d'histoire est d'oublier que les autres en ont une, souvent glorieuse.

Certes, les Grecs ne sont pas des Latins, merci La Pallice, mais ils sont de cette culture du nord de la Méditerranée où on ne s'en laisse pas raconter. Pour les Américains, ce doit être un tas d'iles avec de jolies plages quelque part là-bas très loin, une terre d'ânes et d'oliviers avec des pédés, des soldats en jupette et des monuments qui ressemblent au Capitole.

Ce qu'ils ont oublié, ces vautours qui espèrent diriger le monde derrière leurs ordinateurs, c'est que la Grèce est le berceau de la notion d'état, l'athanor de la démocratie, et que la fameuse constitution américaine derrière laquelle ils se croient invincibles, eh bien sans les Grecs, elle ne serait pas grand-chose.

Tout cela pour dire que les spéculateurs, au nombre desquels la banque Goldmann-Sachs est montrée du doigt avec de plus en plus d'insistance, s'occupent du cas grec depuis de nombreux mois. Il y a vingt ans que la Grèce avec ses travers orientaux, laisse filer son budget avec laxisme et recourt aux services de prêteurs privés et d'accoucheurs de budget qui lui ont permis de traverser des contrôles, et même d'entrer dans l'euro sans trop de difficultés.

Il y a des mois que les spéculateurs travaillent à achever la Grèce pour se partager sa dépouille et que tout le monde le sait. Au bout du compte, ces vautours espéraient, après s'être rassasiés, que le peuple grec paierait la casse sans protester. Pas de pot! Figurez-vous que ces indigènes ont internet et la télévision, qu'ils savent lire et écrire, s'intéressent à l'information et découvrent à quelle sauce on a voulu les manger.

Comme le sang coule maintenant sous la porte jusque dans les escaliers, les complices d'hier tentent d'être les justiciers d'aujourd'hui.

http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE62A1EY20100311

http://www.latribune.fr/entreprises/banques-finance/industrie-financiere/20100311trib000486250/cds-les-europeens-contre-attaquent-face-aux-fonds-speculatifs.html

Quand on se fait pincer sur les lieux du crime, la seule solution est de jouer les enquèteurs.


Pouvons nous croire que les vrais coupables vont payer? Je crains plutôt que si les Grecs ne le peuvent pas et ne le veulent pas, c'est toute l'Europe qu'on rackette à leur place. La preuve: Sarko et Merkel ont commencé à s'en défendre. Se défend-on de quelque chose dont on ne se sent pas accusé?

Parce qu'entre nous, faire rendre gorge aux vrais coupables, vous y croyez, vous? Il faudrait que toute l'Europe descende dans la rue.

Personnellement, je suis pour: plus nombreux sont ceux qui n'ont plus rien à perdre, et plus cela a des chances de se produire.




Nine


Comédie musicale de Rob Marshal, avec Daniel Day Lewis, Marion Cotillard, Penelope Cruz et Sophia Loren.

Nine n'arrive pas par hasard sur les écrans, c'est, comme bien souvent, un « musical » qui a fait ses preuves à Broadway. D'ailleurs, on y retrouve aux manettes Rob Marshall, qui nous a déjà donné « Chicago » .. et « Victor Victoria », entouré des scénaristes Michael Tolkin (Deep Impact) et Anthony Minghella ( Le talentueux Mr Ripley et Le patient anglais)....

Que du beau monde...Lien

Souvenez-vous que votre serviteur est un collectionneur éclairé de comédies musicales. Je ne pouvais donc pas manquer celle-là, et à mon plus grand désespoir, pour avoir attendu la deuxième semaine de son exploitation, je l'ai trouvée reléguée dans la plus petite salle de mon complexe habituel. Autant dire que c'est le film « qui ne fait rien ». Et que ces bougres l'avaient prévu, puisque la copie était de qualité médiocre avec des sous-titres au rabais. Sur un film avec autant de blancs (très nombreuses séquences en noir et blanc surexposé), on fait des sous-titres laser ou jaunes-télé. Là, non. Des séquences entières sont illisibles...

J'ai pris un double plaisir à cette projection. Le premier est cette franche rigolade qui s'empare du spectateur de chez nous lorsqu'il voit Hollywood décrire la vieille Europe avec ce regard d'ethnologue observant une tribu d'aborigènes. On se souvient des visions de Paris dans « Les hommes préfèrent les blondes » et dans « Un Américain à Paris », entre autres... Oh la la !!! Vive le Frwance!

Là, Hollywood s'attaque à l'Italie, cosi-cosa, et nous sert un hamburger à la mozzarella avec du ketchup au basilic! Imaginez la scène de la Dolce Vita à la Fontaine de Trevi avec un big band super-américain qui claironne un swing percutant, riche en cuivres et en éclats de batterie! Chacun son Italie...


Pourtant, dès les premières scènes de ruines en carton-pâte, on comprend que c'est Fellini, le maestro, que Marshal voudrait incarner avec son héros Contini. Il y a même un assistant qui répond au nom de Pier-Paolo! Il y parvient ou il n'y parvient pas, qu'importe. Notre Contini, réalisateur adulé, rêve des plus belles scènes possibles de comédie musicale, -qui constituent la matière du film-, tout en vivant des désastres sentimentaux qui l'empêchent justement de les concevoir -ce qui en constitue le scénario-. Le rêve fonctionne, la réalité cale. Si on ajoute à cela un troisième niveau de scènes en noir et blanc, les flash-back de son enfance, on regrette que le cinéma n'ait pas offert une boussole en prime avec chaque billet pour permettre au spectateur de se retrouver dans le film.

Et pourtant, petit à petit, le magma devient cohérent, le film se construit, je vous le laisse découvrir, jusqu'à un virage brusque à un quart d'heure de la fin qui met fin à l'incongruité de la musique. Là, ils ont du se faire engueuler par le balayeur italien du studio et se rendre compte qu'il faudrait -aussi- vendre le film en Europe. Du coup, ils ont embauché un musicien italien, et soudain surgissent des scènes que Nino Rota n'aurait pas mieux accompagnées. Commencé on ne sait où, le film finit vraiment en Italie, par une scène magnifique qui libère le spectateur de ses doutes...

En résumé, Nine est plutôt réussi. Si vous aimez les comédies musicales américaines, oubliez seulement qu'il est supposé se dérouler en Italie, et vous y retrouverez ce que vous avez aimé dans « Chicago » et "Moulin Rouge"....

Si vous aimez le cinéma italien, ne partez pas avant la fin, mais si vous aimez Fellini, mieux vaut vous repasser votre DVD d'Amarcord....




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