mardi 9 mars 2010

315° Les morts utiles et les morts inutiles.




Les sponsors se sont bousculé pour faire passer sur toutes les télés, à l'occasion de la journée de la femme, une vidéo expliquant qu'en France, une femme succombe tous les trois jours aux violences de son homme.

C'est bien sûr louable, nécessaire, humainement indispensable, politiquement correct. Cette initiative, même si elle tombe étrangement cette année d'élection et non pas un autre 8 mars d'une année sans élection, fait partie des mesures dont le déploiement ne devrait pas se limiter à un jour par an.

Ces120 morts par an ne doivent pas nous faire oublier qu'on meurt dans ce pays pour diverses raisons aussi inacceptables que surréalistes au regard de ce que nous appelons notre « niveau de civilisation ».

Ainsi par exemple le suicide, dont on estime le nombre de tentatives à 150 000 par an, dont 12 000 réussissent, ce qui nous donne 330 par jour, soit un toute les 4,3 secondes.

Le suicide tue plus que la route, pour laquelle on dépense pourtant des milliards en campagnes de communication, et en systèmes et effectifs de répression. Mais pour le suicide, personne ne dépense rien, sauf quelques associations beaucoup d'énergie malgré les subventions qu'on leur supprime...


Il n'existe pas de statistique permettant de « classer » les suicides précisément par causalité. Ce serait d'autant plus difficile que les causes du suicide sont souvent multiples et intriquées, associant souvent des problèmes familiaux à des difficultés professionnelles. Il existe évidemment un lien entre ces deux catégories de problèmes, une crise dans le domaine familial entraînant bien souvent des difficultés professionnelles, ou l'inverse.


Dans les rapports avec le travail, on constate que les données mises en avant par les médias sont bien davantage celles qui les arrangent plutôt que celles qui reflètent la réalité, dont ils semblent se foutre comme de leur première chemise.

Ainsi par exemple, on fait passer France-Télécom pour une entreprise devenue invivable, alors que l'historique des suicides dans cette entreprise démontre qu'ils étaient bien plus nombreux dans le passé! .

On découvre aussi que France Télécom n'est pas, et de loin, l'entreprise où on se suicide le plus.... Le vrai tortionnaire, c'est le management « à la française » en général, pourtant porté aux nues par ses instigateurs lorsqu'ils le comparent au système anglo-saxon ou asiatique, en oubliant de mentionner que le « travail français », s'il est un des plus chers du monde, est aussi l'un des plus performants. Mais ça, on ne nous le dit jamais.

On préfère nous saturer de: « Travaillez plus »!.....


Ainsi par exemple, on se suicide deux fois plus dans la police qu'à France Télécom, et encore plus dans l'enseignement.

(France-Télécom = 17/100 000, Police nationale 36/100 000, Enseignement = 39/100 000).


Et enfin, l'une des causes les plus présentes, -et dont on parle le moins- en matière de suicide est l'homophobie, d'abord des adolescents, ensuite dans l'entreprise....


Les constats sont flagrants, les associations multiplient leurs efforts...., et tout ce que les cathos et autres associations familiales ont fait pour tenter de remédier à ce quasi-massacre est d'essayer de les empêcher « de nuire »...

Vive la charité chrétienne. Heureusement, cette tentative a échoué, mais ils récidivent périodiquement, encore récemment en obtenant la censure d'un film d'éducation sexuelle.

Et celà jusqu'à l'ultime hypocrisie...

Ce sont les mêmes qui prêchent l'amour et la charité et qui flanquent leur rejeton à la porte au moment où il a le plus grand besoin du soutien de sa famille et de ses proches, celui où il réalise et déclare son homosexualité.


Il y a trente trois ans, dans un livre introuvable aujourd'hui (collector épuisé) « Traité de chasse au minet », et dans de nombreux articles qu'il rédigea dans les journaux et revues de l'époque, un certain Jacques de Brethmas passait pour un dingue en dénonçant avant les autres la réalité de ces suicides et la totale inertie des pouvoirs publics et du monde de l'éducation qui s'abstenait hypocritement d'y faire face. Sans le dire ouvertement, les « officiels » exprimaient dans leur impuissance le fond de leur pensée: « Qu'ils se suicident, ça fera le tri ». Trente ans plus tard, on n'a guère progressé....

Et je n'ai pas traité du suicide dans les prisons, pour lequel la France détient un record dont elle se passerait bien.


Alors, messieurs les communicants, les éditeurs, les médias et autres faiseurs de société, faites des spot sur les meurtres et les suicides qu'on pourrait éviter, comme vous avez fait celui sur le tragique destin des femmes battues. Mais n'oubliez personne. Au nombre des causes de suicide, n'oubliez pas l'oubli.


Enfin, toujours dans la communication, les bien-pensants qui pensent si mal ont trouvé inadmissible la campagne contre le tabac qui mettait en scène des garçons et des filles en position de faire une gâterie, (les opposants parlaient d'une position de « soumission », quelle terrible incompétence...), mais aucun n'a jamais protesté contre le vitrail ci-contre, où un jeune pécheur de sexe résolument masculin vient demander la protection de l'église...


Le prêtre vaut-il vraiment mieux que l'instituteur?


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