.
Le défilé du 14 juillet, jadis chanté par Boris Vian, inspire toujours des commentaires de toutes sortes. Chatouillant le petit zeste de sentiment national plus ou moins bien caché en chacun de nous, il constitue aussi une mise en scène qui en dit long sur le gouvernement qui l'organise. De même, la retransmission qu'en font les deux grandes chaînes est riche d'enseignements sur les messages plus ou moins objectifs et subliminaux qu'elles espèrent faire passer.
Ce matin, pour des images à peu près identiques, le commentaire de TF1 saisissant au vol tous les rapprochements possibles pour vanter et faire l'éloge des merveilleuses réformes de notre génial gouvernement, alors que la 2, plus journalistique, dissertait avec plus d'objectivité sur les images de l'évènement, non sans quelques lapsus hilarants d'un commentateur qui confondait camouflage et cafouillage.
Pourtant, ce matin, devant ma télévision, pendant que le maire de Paris regardait avec horreur et désolation les chars Leclerc arracher impitoyablement les pavés de la Place de la Concorde, le jeu des petits soldats me laissait songeur.
Alors que Kad Merad (mais que faisait-il dans cette galère?) lisait le préambule de la déclaration universelle des droits de l'homme, -noble tâche au demeurant, mais devant quel décor?-, je songeais.
En l'entendant parler « de l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire », je pensais au logiciel Edvige, concocté sous les auspices de madame Alliot Marie, cet espèce de concentré de KGB et de STASI qui allait espionner nos conversations, scanner nos communications, enregistrer nos idées, se souvenir de nos appartenances associatives et syndicales, noter nos maladies et nos signes particuliers, faire des listes de nos amis, étiqueter nos préférences sexuelles et nos marottes, lire nos blogs et nos SMS...
Au moment où Kad prononçait: « qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression », je pensais à Robert Ménard, dont la radio, à cet instant précis, nous apprenait l'interpellation au motif qu'il entendait exprimer ses idées justement sur le sujet... Je n'approuve pas tout ce qu'il est, tout ce qu'il dit et tout ce qu'il fait, mais je suis prêt à défendre sa liberté d'être, de dire et de faire.
Et en entendant Kad aborder le paragraphe où « les peuples des nations [...]se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande », j'avais une pensée pour les attaques contre le droit de grève et l'inadmissible, innommable, ignominieuse et scélérate déclaration du schtroumpf suivant laquelle « on ne s'apercevait même plus qu'il y avait une grève », je pensais aux réductions drastiques de la solidarité nationale à l'égard des chômeurs, à la tentative avortée du justesse, mais pour combien de temps, de déremboursement des médicaments d'accompagnement des traitements des grandes maladies, sottement appelés « médicament de confort ».
Et lorsque le chti d'adoption en arriva à « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constituant le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde », surgit dans mon esprit « la directive de la honte » pondue par le Conseil de l'Europe à propos de l'immigration. (cf mon billet n° 176):
http://brethmas.blogspot.com/2008/06/176-dmocratie-jefface-ton-nom.html
Bref... Qu'est ce que c'était beau, ces sept parachutistes qui se sont posés en rang d'oignon devant la tribune présidentielle....éblouissant tous ces bons citoyens venus voir et complimenter l'armée française.
Allez, bonne vacances. Moi, je reste, ma retraite ayant étrangement diminué en dépit de ce qu'on en dit à la télévision. Dormez bien, bonnes gens. On ne s'aperçoit plus des grèves (peut-être s'apercevra-t-on quand même de la grève générale qui pointe inéluctablement à l'horizon?). Ce qui reste du code du travail va voler en éclats en août pendant que vous serez à la plage, le logiciel Edvige s'installe sur les gros disques durs de big brother, le soleil caresse de ses rayons indifférents les machines de guerre et les petits fours de la garden party, et Ingrid Betancourt va recevoir la légion d'honneur, sinon pour ce qu'elle a subi à son corps défendant, du moins pour tout ce qu'elle a dit depuis qu'elle est revenue.
A propos de légion d'honneur, notons que Robert Ménard a été promu chevalier par Nicolas Sarkozy le 23 mars 2008. Comme quoi pour les gens qui en ont, la carotte ne remplace pas le bâton.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire