Dans mon billet n° 174, je dénonçais le pendable concept de « l'incident irlandais », et de l'atteinte à l'idée même de la démocratie que pareil vocable laissait entendre.
Quand un peuple vote comme ça arrange nos princes, il s'exprime démocratiquement, quand il n'est pas d'accord, c'est un incident. Je pensais naïvement qu'il était difficile de dérailler plus franchement et que quelques conseillers avisés oseraient affronter les célèbres colères du petit gremlin pour lui dire qu'il avait légèrement gaffé sur le sujet.
C'était être, comme vous et moi, respectueux de la démocratie jusqu'au bout des ongles. Force est de constater que monsieur Sarkozy et nous ne vivons pas sur la même planète, et que quoi qu'en disent ses aveugles thuriféraires, il a sur ces choses une vision non seulement différente de la nôtre, mais il faut bien le dire, inquiétante et dangereuse.
Là où nous pensions qu'il allait, sinon adoucir ses propos, du moins se faire oublier un peu, le voilà qui en remet une couche !
L'agité de l'Elysée est décidé à partir en Irlande obtenir des indigènes qu'ils retournent aux urnes jusqu'à ce que le vote soit positif. Le méchant maître d'école fait refaire son devoir à l'indécrottable cancre jusqu'à ce que le problème soit juste!
La sarkocratie est en marche.
Fort heureusement, les Irlandais, qui ont déjà tenu tête aux Anglais pendant 150 ans, en ont vu d'autres et l'attendent de pied ferme. Ils ont déjà mis leur oeufs à pourrir et leurs tomates à moisir pour célébrer joyeusement le débarquement de l'importun sur leurs verts pâturages.
Leurs médias parlent d'insupportable ingérence, d'atteinte aux droits nationaux et de divorce définitif avec une Europe trop possessive.
La seule chose qu'on peut regretter, c'est que les Français comprennent moins vite que les Irlandais à qui ils ont affaire. Nous, on l'a eu cinq ans comme ministre, six mois comme candidat, un an comme président, et on lui compte toujours des partisans.
Vous me direz, l'histoire est riche de chefs d'états à la dérive qui ont compté des partisans jusqu'au dernier instant du naufrage, et même encore après. Mais on se serait bien passé de voir une telle chose arriver chez nous.
D'autant plus que l'anecdote n'est pas unique en son genre, bien sûr. Chaque journée du calife apporte son nouveau lot d'injustice et de mépris. Ainsi, le 14 juillet, celui qu'il faut bien appeler le chef de l'état a eu à se prononcer sur les manifestations des maires des communes sinistrées par ses réformes, venus crier leur misère jusqu'au pied du château.
Enfin, jusqu'au bout de la rue, puisque c'est là que les forces de l'ordre ont tenu à distance comme de vulgaire manants ces élus du peuple venus rencontrer l'élu suprême. Le président n'a daigné en faire recevoir qu'une maigre délégation par un obscur conseiller, pour s'entendre d'ailleurs confirmer le caractère inéluctable du dépouillement des villes de province touchées par les démantèlements des services publics.
Et là, du haut du trône, est tombée la sentence:
« Ces protestations, ce n'est que de la mousse autour de mes réformes. »
Voilà des élus qui voient leur cité partir en lambeaux, perdre leur hôpital, tout ou partie de leur école, leur palais de justice, une garnison qui est le moteur économique de leur ville, qui viennent pleurer le désespoir d'administrés qui vont du jour au lendemain se retrouver en plein désert, et cet appel du citoyen qui se noie... « c'est de la mousse ».
On dirait des vilains mots si on voulait commenter davantage pareil abîme entre la volonté du château et le sort du peuple aux abois.
Si on ne se retenait pas, on penserait à un chef d'état d'une contrée des Carpathes qui faisait raser au bulldozer les églises et les cimetières des villages qu'il voulait supprimer pour être sûr que les villageois n'y trouvent plus d'attaches qui les appellent à s'y réinstaller. Chef d'état finalement mitraillé contre un mur par ses propres soldats.
Si nous étions vraiment des mécréants, on établirait un rapprochement entre le système Edvige qui va nous transformer en autant de portraits robots et les systèmes de fichage de certaines polices intrusives que ses prédécesseurs ont pourtant dénoncé à juste titre pendant des années.
On ne sait plus quoi faire devant un chef d'état qu'on ne peut plus suivre, qu'on ne comprend plus, qu'on regrette, dont on espère que les Irlandais ne croiront pas qu'il est à l'image de tous les Français.
Pour terminer, deux petits évènements:
D'abord, un petit zeste de fraîcheur. Un nouveau chroniqueur cause dans le poste. C'est sur France Info, sa chronique s'intitule « Il était une mauvaise foi », il s'appelle Jean Pierre Gauffre, il passe à l'antenne tous les jours ouvrables à 7h.57, 9h.57 et 11h.27, et on le retrouve sur le site de la station, rubrique « chroniques - société ». Passe très bien avec le café du petit déjeuner.
Ensuite, dans le cadre de la pétition contre Edvige dont je vante les mérites dans le billet précédent, 26 associations LGBT ont apporté leur pierre à l'édifice.
http://v2.e-llico.com/article.htm?rubrique=actu&articleID=18030
Cherchez. J'ai cherché aussi. Pas trace de Gaylib au nombre de ces légitimes protestataires.
Pourtant, les homosexuels sont directement fichés en tant que tels par la machine. concernés au premier degré., Répertoriés, examinés, listés, tenus au chaud.
Alors de deux choses l'une: ou ils croient naïvement que leur carte d'umpd les protègera de l'inéluctable finalité de pareil fichage, ou ils se sont fait mal quand ils ont fait le grand écart à propos de Vanneste et ils ont peur de recommencer.
Toujours est-il que quand on leur pose la question sur leur email, ils ne répondent pas. Si une réponse arrivait enfin (on comprend qu'elle puisse être délicate à rédiger), je ne manquerai pas de vous en faire part.
Dernière minute: de la réunion de débriefing de l'InterLGBT suite à la Marche des Fiertés, il ressortirait que GayLib aurait payé son emplacement dans le défilé au même titre qu'un char commercial au lieu d'y participer à titre associatif. On a des biscuits et on attend les avis divers.
Lundi 21:
Un communiqué de e-llico nous informe que Gay Lib "demande la suspension" du fichier Edvige en non pas son abandon.
http://v2.e-llico.com/article.htm?rubrique=actu&articleID=18041
D'après des conversations que j'ai pu avoir, ils semblerait que Gay Lib s'oppose au fichage de la préférence sexuelle et de l'état de santé des individus, mais pas aux autres éléments visés par le système, à commencer par les motifs du fichage...
Par ailleurs, il est confirmé que Gay Lib n'appartient pas à l'InterLGBT e a bien aprticipé a la marche des fiertés à titre commercial, en payant sa place dans le défilé.
Dont acte.
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