Jadis appelée Gay Pride, la Marche des Fiertés LGBT revêt tous les ans un caractère exceptionnel.
Exceptionnel de toute manière parce que même si un jour nous obtenions toute l’égalité et tous les droits qui nous appartiennent comme à tous les autres citoyens, nous n’aurions pas pour autant désarmé nos ennemis. Je dirais presque au contraire.
A l’inverse de la célèbre pile, la liberté s’use si on ne s’en sert pas. C’est une fleur fragile qu’il faut cultiver et entretenir, qu’il faut protéger des climats réactionnaires, des orages politiques et des dévastations religieuses. Il faudra toujours, sans fin, occuper et marquer par notre présence et notre dynamisme un espace vital que les gros cons et autres empêchés nous disputeront sans cesse.
Cette année, la Marche LGBT suit de près une double double élection qui a conduit au pouvoir des gens qui n’ont pas pour nous, -c’est un euphémisme-, de sympathie particulière.
Un président qui dit ouvertement qu’il est contre l’extension aux gays des droits au mariage et à l’adoption universellement accordés aux autres citoyens. Un président qui reçoit comme des VIP le gratin de mouvements sectaires tels que la scientologie.
Un président qui ne tient pas sa promesse d’exclure du parti dont il était le chef et dont il reste l’inspirateur le député Vanneste, condamné en premier ressort et en appel pour injures homophobes, qui ne présente personne contre lui et engrange sa candidature sans état d’âme.
Un président qui s’appuie sur une majorité qui comporte 157 députés ouvertement homophobes, puisqu’ils ont signé la pétition de J.M. Nesmes par laquelle ils s’engagent à bloquer toute extension de l’égalité républicaine par le mariage et l’adoption en direction des gays.
Un premier ministre qui va soutenir ledit Vanneste dans son fief pour sa campagne électorale, se fait photographier avec lui, puis, sur son site internet, l'efface de la photo où ils figuraient côte à côte pour faire taire les protestations.
Tour de passe-passe qui suscite les vitupérations de Vanneste, qui a accusé Gay Lib (les UMPédés) d’en être la cause, exigé des sanctions et revendiqué que ledit Gay Lib cesse de se réclamer de l’UMP !
Si on m’avait dit un jour que j’en serais à défendre Gay Lib ( gentiment nommé club des masos par les bonnes langues du Marais), j’aurais crié à la mise en boîte. Eh bien non : plutôt Gay Lib que Vanneste !
Bref la législature qui commence n’est pas très rose.
Mais le peuple gay de France n’a pas l’intention d’attendre cinq ans en courbant l’échine.
Il ne désespère pas de voir enfin le pouvoir touché par la grâce républicaine, et considérer enfin les gays comme des citoyens de plein droit.
Et à la limite, et la Marche des Fiertés, c’est aussi cela, de réclamer par la rue ce qu’on ne lui donnera pas par la raison.
Les thèmes de l’année sont au nombre de six :
1° la lutte contre l’homophobie passe par l’éducation. Par une éducation sexuelle bien faite et réellement dispensée, par une éducation civique sans fausse pudeur, et par l’intervention d’associations qui, bien qu’agréées, se heurtent encore trop souvent à l’hostilité des rectorats.
2° L’adoption et le mariage. Peu de couples gays voudront convoler en justes noces et adopter. C’est là essentiellement un problème d’égalité républicaine : tous les citoyens doivent avoir les mêmes droits.
3° Les Droits Humains. 90 pays pénalisent encore l’homosexualité, dont 23 par la peine de mort. La France doit jouer son rôle de phare culturel, démocratique et républicain pour exiger devant toutes les instances possibles et dans tous les dialogues possibles la fin de ce massacre. Les résidents des pays pénalisant lourdement l’homosexualité doivent être considérés comme des réfugiés politiques. Le statut des couples bi-nationaux doit également être amélioré.
4° La liberté des transsexuels de disposer de leur corps et de se faire reconnaître pour ce qu’ils veulent être. Là, tout est à faire depuis la perception de la transsexualité par les milieux psychiatriques jusqu’à la réalisation des opérations et soins nécessaires et leur prise en charge.
J’avoue que personnellement, j’ai du mal à « percevoir clairement » la transsexualité. Mais je me dis qu’un hétérosexuel bon teint doit avoir le même problème pour « percevoir clairement » ma simple homosexualité. Alors, ne soyons pas égoïstes.
5° La cellule familiale. Création d’un statut de beau-parent. La plupart des familles homoparentales sont une recomposition autour d’un des conjoints qui a des enfants d’un couple hétérosexuel antérieur. Il faut définir les problèmes de partage d’autorité, prévoir en cas de décès d’un conjoint, de confier la tutelle de l’enfant au survivant afin de lui éviter à la fois un arrachement affectif et les affres de l’orphelinat. Etc… Vaste chantier dont les plans sont à peine tracés.
6° SIDA Formation, éducation, campagnes… Travailler à soigner la maladie, c’est bien, mais si on pouvait ne pas l’attraper bêtement, ce serait mieux. Egalement contribuer à enrayer son explosion dans le tiers monde par une campagne d’information laïque – voire athée-courageuse et incisive…
Marchez, marchez, et parlez en autour de vous…
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