Notre leader minimo ratisse large, et même au-delà du raisonnable, mais il bénéficie d’un état de grâce si surprenant que personne ne songe à s’en offusquer.
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Ne vient-il pas d’annoncer, du sommet du G8 d’Heiligendamm, qu’au cours de la conversation qu’il va avoir avec Vladimir Poutine, il va lui parler « du droit des homosexuels en Russie » ?
Il va se faire gronder, le pauvre Vladimir. Ce gag ressemble pourtant plus à un feu d’artifice en étoile qu’à une démarche humaniste.
Certes, il va sans doute le faire, et objectivement, nous voilà « obligés » de lui dire merci. Voilà notre calife qui se préoccupe du droit des gay en Russie alors que dans son propre pays, il n’y a plus qu’un coup de pouce à donner pour parfaire l’égalité républicaine de ses homos à lui, et que non seulement il s’arc-boute pour ne pas le donner, mais qu’en plus, il s’entoure de tous les collaborateurs susceptibles de le soutenir dans ce refus, depuis Boutin au gouvernement jusqu’aux 157 députés homophobes dûment investis par le parti qui le soutient. (cf article n° 100)
Ce « faites ce que je dis et pas ce que je fais » arrivera peut-être à faire rire un peu Poutine, qui a les meilleures raisons de continuer à enfoncer les gays russes dans la panade. D’abord, dans la mesure où il est élu et où il faudra peut-être un jour qu’il demande à être réélu, il sait que l’essentiel de son électorat est la Russie profonde, où l’église orthodoxe, et même l’islam par endroits jouent un grand rôle, il sait aussi que la chute du communisme a transcendé le nationalisme russe en une mouvance d’extrême droite puissante, et enfin il a cultivé son image de chef charismatique en entretenant une image de virilité machiste. (Athlétisme, sports de combat, etc...) à côté duquel les joggings de notre Nicolas font figure de fitness pour dames. Alors, les pédés, ils lui sont plus utiles comme épouvantails que comme récipiendaires d’une philanthropie dont il ne connaît d’ailleurs l’usage que par démagogie.
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Remercions donc notre petit grand bienfaiteur pour sa sollicitude à l’égard des pédés russes. GayLib va enfin avoir quelque chose à dire !
Dans le genre « je prends des mesures qui ont l’air d’aller dans le bon sens, mais qui, en réalité, vont dans le mauvais », il faut dire que notre nouveau calife est un spécialiste.
Ainsi par exemple l’abolition des droits de succession…. D’après les derniers chiffres de l’INSEE sur la question, le patrimoine français est très concentré : les 10 % des ménages les plus riches en termes de patrimoine possédaient, en 2000, 44 % du patrimoine total, alors que les 50 % de ménages les moins riches n’en possèderaient que 9 %. Chiffres qui n’ont pas dû changer dans le bon sens depuis 2000 vu l’évolution de la fracture sociale.
Cette suppression des droits de succession est donc un joli cadeau à… un français sur 10. Justement d’ailleurs celui qui n’a besoin de rien.
Il y a aussi cette histoire de déductibilité des impôts des intérêts des prêts immobiliers. Rappelons d’abord que ce gadget inventé en 1975 par Giscard a été aboli en 1992 par Juppé, qui participe aujourd’hui au gouvernement qui le rétablit.
Et le détail qui tue : pour n’oublier personne, et surtout pas les 51% de français qui gagnent assez peu pour être exemptés de l’impôt sur le revenu, les dispositions prévoient que ces malheureux, qui ne peuvent pas, et pour cause, percevoir leur crédit d’impôt sous forme de déduction fiscale, recevront un chèque du trésor public.
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Merci grand calife ! Vous en connaissez beaucoup, vous, des ménages français qui gagnent si peu qu’ils sont exemptés de l’impôt sur le revenu mais qui ont trouvé le moyen de se lancer dans un crédit immobilier ? C’est surréaliste, mais personne n’en parle. Pas un journaliste n’a relevé l’incongruité. Le trésor public n’effeuillera pas ses carnets de chèque !
Dans le genre, il y a aussi les heures supplémentaires défiscalisées. Tout le monde se plaint du déficit des caisses de l’Unedic et de la retraire, mais ce qu’on trouve de mieux pour les renflouer, c’est de soustraire une partie des heures de travail à leur contribution ? Dans le genre « je me tire dans le pied », Dalton n’aurait pas fait mieux.
D’autant plus que la horde de prolétaires qui s’est crue assez riche pour voter ultralibéral le mois dernier et qui va se jeter gloutonnement sur ce pourboire n’imagine pas encore ce qu’on va lui répondre lorsqu’à 60 ans (ou 75 ?), elle se présentera au guichet de la retraite pour percevoir son dû : « Vous avez travaillé 75 000 heures dans votre vie, bravo ! Malheureusement, il y en a 6000 qui ne comptent pas ! ». Leur retraite transformée en citrouille. Ah, ils s’en souviendront, de Sarkozy, surtout lorsqu’il ne sera plus là.
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D’autant plus que, si on en croit les prévisions, notre trésor public va reprendre de son long bras droit ce qu’elle a parcimonieusement distribué du gauche : l’augmentation de TVA qui nous guette va engloutir sans avoir l’air de rien ces petits suppléments d’argent de poche distribués à nos chers salariés. De ce « cadeau fait au bon peuple », il ne lui restera rien : les grands gagnants de ce tour de passe-passe seront les entreprises et l’état.
TVA dont la France est championne d’Europe (ce qui n’est pas le cas du prix du travail le plus élevé comme le patronat le clame si volontiers : nous sommes que 5° à ce classement !).
Or chacun sait que si la TVA est un impôt « indolore », -pas de chèque à faire, pas de prélèvement, c’est aussi le plus injuste puisqu’il frappe de la même manière le riche et le pauvre. Donc proportionnellement plus durement le pauvre. Un peu comme le loto…
Allons nous voter ce dimanche pour donner carte blanche à un prestidigitateur qui prend des mesures dont l’effet réel à long terme est exactement l’inverse de ce qu’il nous promet ?
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