97° El Cielo Dividido.
Un grand documentaire sur l’anesthésie.
C’est l’histoire d’un mec qui ne sait pas ce qu’il veut. Alors, forcément, c’est un peu chiant, je le sais, j’en ai un comme ça.
Au cinéma, c’est donc encore plus chiant, d’autant que le réalisateur veut faire œuvre théâtrale avec des effets de pédanterie parfaitement compassés.
Ça a d’ailleurs une influence directe sur le nombre des spectateurs, qui est, lui aussi, mucho dividido entre le début et la fin du film. Pendant les deux heures vingt que dure ce pensum, on entend les sièges se relever et la porte du fond claquer. Les gens se barrent les uns après les autres. Nous étions une trentaine au début de la séance, et plus que deux lorsque la salle s’est rallumée.
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Et pour cause. Dès le générique de début, et rien qu’à la manière dont il se présente, on comprend qu’il va falloir lutter contre le sommeil.
Monsieur Hernandez, qui a écrit et réalisé cet océan sans vague, s’est piqué de faire un film sans dialogue. Les personnages ne disent rien. Ils évoluent, lentement, comme au théâtre antique, posent, s’observent, cillent parfois dans les scènes d’action. Le spectateur, supposé intelligent, doit comprendre le film en s’abîmant dans cette muette contemplation.
Oh, ce n’est pas bien difficile. On couperait plus d’une heure sur les deux heures vingt de projection que sa compréhension ne s’en trouverait nullement altérée. Mais c’est compter sans l’application de fonctionnaire zélé de monsieur Hernandez, qui tous les quart d’heures, rompt brutalement son fleuve tranquille par l’irruption d’une grosse voix off tonitruante qui nous explique par le menu ce qu’on aurait dû comprendre, au cas où quelque déficient n’aurait pas saisi toute la subtilité de la péripétie.
Le grave commentaire de ce guide intempestif s’accompagne aussi d’une brutale interruption de l’image par un fond blanc, sur lequel il faut décrypter les sous-titres non moins blancs de ce complément d’information en espagnol gracieusement servi par la production, sans aucun supplément, - il convient de le préciser-, sur le prix du billet.
A moins que ce tout cela n’ait d’autre but que de réveiller les spectateurs indélicats qui se seraient malencontreusement endormis devant la répétition des gestes symboliques qui constituent l’essentiel de ce qu’il y a à voir ? Car comment se répéter sans dire un mot ? Demandez à monsieur Hernandez, il vous l’expliquera. Il sait très bien le faire.
Pour corser l’affaire, je ne sais quel intellectuel de service, sans doute un indispensable copain des copains, quelque Assurancetourix mexicain, a composé une musique presque abstraite, un peu grinçante dans ses moments les plus mélodieux, du genre « accessible aux seuls initiés » dont la pédanterie réussit à coup sûr à mettre en pétard les rares baba cool qui auraient pu garder leur calme.
Il n’y a que le sujet qui est actuel, tout le reste, cadrage symétriques, montage horloger, date terriblement. J’ai cru voir aux murs quelques trucs qui ressemblaient à du Warhol, une façon sans doute de vouloir faire moderne en affichant une déco année 60, même signée d’un visionnaire. Que nenni ! Dans le lent générique de fin, la déco murale est signée de parfaits inconnus, tous ces faux Warhol sont de vraies impostures !
Question pédé, il n’y a pas non plus d’innovation. Les personnages vivent en slip, se caressent en slip, baisent en slip avec les couvertures remontées jusqu’au nombril. On a beau être chez les latinos, cette pudibonderie quasi sicilienne ne contribue pas à la crédibilité de l’ensemble. Quinze secondes de zizi au repos dans une glace ne font pas un film gay, ni même simplement moderne quand on a vu Shortbus.
Il y a même une tentative de je ne sais quoi, de kitch peut-être ? A un moment, l’un des personnages se fourvoie dans une back room. Bon. Comment faire ? Monsieur Hernandez n’hésite pas. Eclairage à giorno. Pleins feux de la rampe. Bande sonore : un vieil enregistrement de la Tosca, sans doute par Monserrat Caballe. Un type tout habillé se prélasse en fumant dans un sling, façon Antoine dans son hamac de Tahiti.. Les mecs se sourient en se croisant. Non, monsieur Hernandez, il faut s’appeler Fellini ou Bunuel pour faire ça. La mayonnaise ne prend pas. Les spectateurs qui n’étaient pas encore sortis ont éclaté de rire.
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Puisque nous parlons de Monsieur Marin Karmitz, le MK de MK2, rendons lui un petit service qu’il mérite. Car nous devons à ce monsieur la diffusion d’un certain nombre de films que les grands opérateurs de diffusion se seraient bien gardés de nous montrer parce que le cinéma ne les intéresse qu’à partir d’un million d’entrées par film.
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MK2 exploite depuis des années le cinéma de Beaugrenelle, là-bas derrière la Tour Eiffel, dans le centre commercial du même nom. Cinéma prospère et original, bien intégré dans son quartier, avec des évènements culturels, une clientèle fidélisée, et qui projette aussi le moins pire d’Hollywood dans des conditions techniques acceptables. Bref tout le monde y trouve son compte.
.Tout le monde ? Non ! Un irréductible exploitant, Europalaces, le fruit de la fusion des deux plus anciennes sociétés de cinéma du monde, Gaumont et Pathé, avec l’objectif « d’industrialiser l’exploitation cinématographique pour la faire entrer en bourse » a décidé de faire main basse sur tout ce qui passe à sa portée.
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Une pétition attend vos signatures dans les cinémas MK2 ( Grande Bibliothèque, Bastille, Beaubourg, Beaugrenelle, Gambetta, Hautefeuille, Nation, Odéon, Parnasse, Quais de Loire et de Seine.) Ne lui plaignez pas votre contribution. Les plus grands talents ont tous commencé dans de « petits films » En élaguant le « sous-bois » du cinéma, on en fait mourir à terme les plus beaux arbres.
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