samedi 8 juillet 2006





53° Des pères-la-pudeur populistes au PS ?


Voir cet article de Libération :


http://www.liberation.fr/actualite/politiques/191649.FR.php

Alerte ! Jusqu'à maintenant, jouer sur les mots pour s'attaquer aux droits de l'homme fondamentaux était un jeu de politicards de droite. Mais voilà le PS contaminé….

Quelques députés socialistes conduits par Christophe Caresche (Paris) et Danielle Bousquet (Côtes d'Armor) viennent de présenter un projet de loi tendant à poursuivre le client de la prostitution, adoptant ainsi la position moraliste de la Suède juste au moment où, dans ce pays, on dresse le constat d'échec de cette mesure cinq ans après sa mise en place.

Il faudrait d'abord reconsidérer le problème à la base, c'est-à-dire avant les jeux de mots et diverses manipulations que les esprits jésuites lui ont infligées depuis des décennies.

Il existe un droit fondamental reconnu par la constitution de tous les pays libres qui est celui de disposer de son corps. Disposer de son corps, c'est essentiellement le donner à qui on veut quand on veut dans les conditions que l'on choisit, pourvu qu'on y ait consenti de façon libre et éclairée.

Ce droit inaliénable étant posé, le rôle de la société consiste à en permettre l'exercice en protégeant le citoyen, -- la citoyenne --, des atteintes auxquelles il, -- elle -- pourrait être exposé dans la jouissance de ce droit.

C'est donc aux proxénètes et aux mafias qu'il faut s'attaquer. Ce sont eux, proxénètes et mafias, qui constituent une menace à l'exercice du droit fondamental de disposer de son corps, et il ne faut pas se tromper d'ennemi. Le droit fondamental ne doit pas faire les frais des dérives auxquelles il donne lieu.

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Mettre la charrue avant les boeufs et changer d'ennemi, c'est pervertir la légalité au nom d'une morale particulière que la laïcité et la liberté de conscience excluent formellement de la constitution de tout pays libre digne de ce nom.

Mais cette mesure révèle à mes yeux un danger plus grave : il marque l'entrée d'un discours populiste de bas niveau dans la pensée du Parti Socialiste. Et moi, qui ai accordé tous les bulletins de vote à ce parti depuis 40 ans que j'ai reçu ma carte d'électeur, je le vis comme un drame et une déchéance.

Cela consiste ni plus ni moins à accepter l'augure qu'il existe dans la population française en général et dans le peuple socialiste en particulier plus de frustrés que d'épicuriens.

Cela consiste à obtenir un consensus basé sur la médiocrité au lieu de travailler à épanouir chaque citoyen, et à le délivrer des superstitions qui le rendent infirme.

Cela consiste à susciter le suffrage des médiocres en entérinant leurs frustrations et leurs jalousies et en flattant leurs bas instincts pour bâtir une société qui renonce implicitement aux valeurs de liberté auxquelles elle aspire.

Plus grave encore : une telle mesure a des conséquences sociales que ses auteurs ne semblent même pas avoir envisagées…

Cela consiste à priver de travail toute une tranche de la population qui gagnait honnêtement sa vie jusqu'ici. Voilà des centaines de milliers de travailleurs -- travailleuses du sexe privés d'emplois sans recours à l'ANPE, qui se retrouvent à devoir choisir entre la délinquance et la rue….

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Que les marquises de Passy qui leur répondent « qu’ils –elles—n’ont qu’à travailler » aient le courage d'en embaucher un ou deux pour concevoir l'abîme qui existe entre leur mode de vie de grands bourgeois est celui d'une population qui vit au jour le jour.

On ne change pas « l'essence et la personnalité » de quelqu'un en signant un décret. Que ceux qui détiennent le pouvoir parce qu'ils ont l'argent et qui voudraient que leur mode de vie devienne celui de l'ensemble des citoyens ne fassent pas les choses à moitié : qu'ils imposent leur argent en même temps que leur bourgeoisie. Ce sont deux choses indissociables.

On ne raye pas d'un décret ou d'une loi toute une tranche de population avec son mode de vie, sa culture, sa liberté et sa morale -- qui en vaut bien une autre --.

Et enfin, on ne s'attaque jamais impunément à la nature. Chaque fois que l'homme a essayé de la façonner, la nature s'est vengée. On ne peut pas d'un côté s'étonner de l'augmentation des violences sexuelles et de l'autre côté condamner toute une population à la castration...

Le parti socialiste doit cesser de se rendre complice de cette politique de l'autruche, regarder les choses en face, et se souvenir qu’un parti politique responsable ne résout pas les problèmes en leur interdisant d’exister.

On n'a jamais résolu aucun problème en s'attaquant à ses manifestations. C'est à ses causes qu'il faut remédier.

De même qu'on ne résoudra pas la pauvreté en s'attaquant aux pauvres ni la crise du logement en repoussant les SDF des trottoirs des beaux arrondissements, on ne résoudra pas la frustration sexuelle inhérente à notre société en menaçant la libido de contraventions et de prison.

Face au populisme hypocrite et effréné de M. Sarkozy, la gauche, si elle veut gagner les élections, doit se démarquer par un réalisme pragmatique, une lucidité sans faille et un discours sans ambiguïté.

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