vendredi 21 juillet 2006


55° Le jeu du plus con.

Notre époque est un championnat permanent du jeu du plus con. Lorsqu’on voit les records sportifs s’écrouler les uns après les autres, on se dit bien qu’un jour, on courra si vite et on sautera si haut que seul Superman pourra prétendre au podium. D’ailleurs, il a encore fait un film, mais il lui faut 2 heures 35 pour sauver la planète. C’est trop. Je trouve qu’il doit pouvoir encore s’améliorer.

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On notera que les « invitations » à la projection d’avant première de ce nouveau travail d’Hercule comportaient à l’encontre des journalistes des mises en garde –limite menaçantes- à propos du piratage et des éventuels enregistrements de la projection. Un journaliste a des gènes de pirate, c’est bien connu. Aussi, nos amis du Canard Enchaîné ne se sont-ils pas portés candidats à l’épreuve. Ils ont eu raison.

Mais en matière de connerie, c’est l’infini. Altior, fortior. Un jour que le général de Gaulle avait promis aux Français de les guider vers des horizons nouveaux, un gaulois malin –il y en avait déjà-, avait trouvé dans le petit Larousse que l’horizon «était « une ligne fictive qui recule au fur et à mesure que l’on avance ». Un truc idéal pour servir de carotte à des militaires, en quelque sorte.

Prenons le Moyen Orient. Je sais qu’on sature un peu sur le sujet en ce moment, -et on n’a pas fini-, mais comment résister à une si brillante illustration du jeu du plus con…. Le modèle du catalogue, quasiment.

Un ami me faisait observer récemment que nos trois grandes religions monothéistes étaient toutes issues de cette région. Une sorte de creuset producteur de calamités. Les plus grands pourvoyeurs de sang de l’histoire de l’humanité ont tous leurs racines sur ces terres pourtant ingrates, et chacun de ses protagonistes s’accroche à ces cailloux brûlants avec le dernier désespoir.

Ceux qui croient en un dieu ne peuvent-ils réaliser que cette boucherie continue qui s’appelle notre histoire a été perpétrée au nom de doctrines qui prêchent toutes la fraternité, l’amour du prochain, la bonté et la charité ? D’accord, ça commence à dérailler un peu avec l’égalité, puisque certains dans le tas s’estiment plus élus et choisis que d’autres, mais tout de même…


Ceux qui croient en un dieu ne peuvent-ils réaliser que le fanatisme des séides d’en face n’a d’égal que le leur, et que l’histoire reconnaîtra comme le plus intelligent celui qui tendra la main au lieu de brandir son fusil ?

Ceux qui croient en un dieu ne peuvent-ils donc réaliser que l’essence même d’une foi religieuse est l’édification d’un temple intérieur dans le cœur de chacun, et qu’en tant que conceptions purement métaphysiques, elles doivent rester comme autant de repères personnels et ne peuvent donc servir de guide à la conduite d’un état ni à l’élaboration d’une société dans laquelle chacun doit pouvoir s’épanouir librement ?

Et surtout, surtout, ceux qui croient en un dieu ne peuvent-ils donc réaliser que chacun ayant le choix de ses repères philosophiques, on puisse trouve son équilibre et son épanouissement hors de la superstition, dans une philosophie laïque et humaniste qui respecte chacun pour le bien de tous ?

En vertu de quoi les fois et superstitions possèderaient-elles le monopole des vertus humanistes, des valeurs collectives fondatrices qui font la force des civilisations ?

Est-ce la peur de la concurrence qui pousse les zélateurs de systèmes que la science fait paraître de plus en plus infantiles à imposer un dogme exclusif au mépris de la libre appréciation de chacun des citoyens ? Quand on pense que le bastion le plus solide des créationnistes se trouve aux Etats-Unis, on reste un peu perplexe.

Regardez très près de nous la Pologne qui veut « rétablir les valeurs chrétiennes en Europe », ce sont ses dirigeants qui l’affirment…. Si on écoute les plus convaincus et qu’on les laisse un peu faire, c’est le retour des bûchers assuré …. L’Iran pend ses homosexuels, mais n’oublions pas que la très catholique Europe a brûlé les siens pendant 1500 ans… (sans coup de grâce… les sorcières et adultères avaient droit –moyennant pourboire au bourreau- au « coup de grâce » qui les assommait avant l’allumage des feux. Les sodomites et Jeanne d’Arc n’y avaient pas droit, ils étaient brûlés « vifs » stricto sensu).

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Si on écoute les zélateurs romains, « -Tout cela c’est du passé…., on a évolué… » C’est très exactement ce que disent les assassins en demandant pardon au tribunal, et aussi les néo-nazis quand on dissout leurs associations et leurs sites.

Dans un monde où la scolarité s’allonge, les connaissances s’élargissent, la science progresse à pas de géant, qu’espèrent les terroristes du pouvoir médiatique de leurs exactions ? Convaincre les décérébrés ? On a tendance à voir le reste du monde à son image, mais comment les persuader que le reste du monde a un cerveau ?

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Notre société lutte contre les sectes. Elle a raison, même si les sectes tuent moins que les religions officielles. Les spécialistes savent qu’une religion n’est qu’une secte qui a réussi, et qu’il faut étouffer dans l’œuf les monstres de demain. Mais le travail ne sera achevé que lorsqu’on aura aboli la différence entre secte et religion reconnue. Le problème commence à se poser très clairement, puisque certains mouvements sont considérés comme sectes dans certains pays et reconnus comme religions dans d’autres. C’est là qu’il faut être vigilant. Cette limite doit tendre sans cesse vers le zéro, et ne jamais trouver de ligne de crédibilité au-delà de laquelle toute vigilance s’abolit.

Bref, nos journaux télévisés n’ont pas fini de nous montrer des pauvres gens terrorisés par d’autres au nom de principes auxquels eux-mêmes ne renonceraient pourtant pas pour un empire. Et tant qu’ils croiront que l’autre est toujours un étranger, et qu’ils ont, eux, les meilleures raisons d’échapper à ce qu’ils imposent aux autres, on n’en sortira pas.


Et notre Zidane, dans tout ça ?

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Cette affaire est pleine de leçons désastreuses. Malgré ses excuses perçues comme une formalité plutôt que comme des regrets par son public inconditionnel, il a fait triompher dans nos banlieues la théorie suivant laquelle « traiter » -comme ils disent-, la mère et la sœur de son ennemi était passible d’un coup de boule galactique sans autre forme de procès.

N’importe quel quidam qui jetterait son insulteur au sol d’un coup de tête à la suite d’une injure avérée ou non serait traîné devant un tribunal. Mais pas un champion international. Pas de justice pour eux. D’ailleurs, Guy Drut, qui n’avait pas pu éviter la moulinette judiciaire a été dûment amnistié.

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Il manquait à cette débauche la touche de sublime, la FIFA s’en est chargé, qui a estimé que l’injure n’étant pas raciste, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. On peut injurier son prochain, mais sans toucher à sa race. L’injure devient un art subtil.





Et l’homophobie quotidienne….

En Pologne, le nouveau premier ministre Jaroslaw Kaczynski, frère du président, dans son discours d’investiture devant le parlement le 19 juillet, a réitéré les attaques contre les homosexuels dont son prédécesseur Kazimierz Marcinkiewicz avait fait son cheval de bataille.

L’homophobie institutionnelle est devenue dans ce pays une sorte de drapeau de ralliement des conservateurs. Un conservateur polonais bon teint est ouvertement homophobe. C’est très bien porté dans les salons à la mode. Des institutions européennes, on attend qu’elles signent de gros chèques, mais pas qu’elles se permettent de donner leur avis sur l’organisation de la fourmilière…

La fragilité institutionnelle des pays qui ont besoin de boucs émissaires pour assurer leur cohésion me fait toujours frémir. Souvenons nous de l’histoire de la Pologne… En 1939, il y eut un certain ghetto à Varsovie… Les Juifs devaient assumer tous les malheurs du pays. La roue de la malchance a tourné, mais le système ne semble pas avoir beaucoup évolué.

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