lundi 27 mai 2019

582° Et maintenant ?….





Il va falloir faire avec, mais il y a beaucoup à dire de ces résultats un brin inattendus.
D’abord, on savait que les sondages étaient trompeurs, voire mensongers, mais on commence à comprendre qu’ils pourraient devenir des outils de manipulation.

A qui faire confiance ? Actuellement, ils sont aux mains du privé, avec des « garanties » qui valent ce que valent les garanties sanitaires des produits du supermarché.
Comment les améliorer ?

Ceci dit, les résultats, eux, sont officiels. Il va falloir faire avec.
Que voyons nous ?



Droite des bistrots et droite des cols blancs...

La droite des bistrots a très largement pris le pas sur la droite des cabinets financiers. C’était prévisible : à trop mépriser les pauvres, tondre les petits contribuables, ignorer les « non-diplômés » et oublier les vieux au bord de la route, il ne fallait pas s’attendre à autre chose.

Même au-delà des propagandes et des manipulations, une élection reste le cri du plus grand nombre, et dans la France de Macron, le plus grand nombre, ce sont les laissés-pour-compte. Ce qu’au USA, on appelle les 99 %.

Les dictateurs chevronnés en font des « forces populaires » et des « partis uniques », en dehors de ce schéma, ça donne des opposants qu’on peut toujours désorganiser, Macron le fait plutôt habilement-, mais ça ne les supprime pas. La preuve.

Ceci dit, son pouvoir commence à harceler les journalistes, et cela m’inquiète beaucoup.

Se réjouir de la déconfiture du parti républicain, c’est se mettre des œillères. Bien sûr, quelle joie de voir un parti de vieille bourgeoisie confite de bigoterie, accroché à ses miasmes religieux et ses valeurs moyenâgeuses prendre une déculottée, ça fait toujours plaisir. 



Mais toute médaille a son revers. Une partie – la mieux nantie - de cette droite jusqu’ici républicaine a rejoint LREM où elle retrouve ses valeurs financières et ses opportunités pécuniaires, les plus éclairés ont voté écolo,  mais la plus grosse partie a filé au café du commerce, où elle a engraissé le machin national…

Macron se réjouissait d’avoir fait exploser la gauche, qui avait d’ailleurs, par ses dérives et ses individualismes, tout fait pour prêter le flanc à ce genre de scud. Mais il en a perdu l’héritage. C’est la droite qui est venue engraisser ses effectifs.

Si la gauche s’est déstructurée, elle n’en continue pas moins à exister, et l’esprit de gauche des Lumières, de la raison et de l’humanisme n’a pas disparu. On le retrouve donc largement chez les écologistes, et de manière surprenante dans le score de Glucksmann qui, s’il reste modeste, est néanmoins le double de ce que les sondages lui prêtaient.

Il va falloir à ces deux là apprendre à s’apprivoiser et à travailler ensemble, parce que « tel est leur destin ».

D’ailleurs, ils ont tous les deux dit ce matin que c’était envisageable, alors qu’Alexis Corbière, le hibou sur l’épaule de Mélenchon, a confirmé qu’il n’en était pas question. Dont acte : on fera sans eux.

Car leur premier lien, c’est leur ennemi commun : le pouvoir de la finance, le rouleau compresseur des multi-nationales, les mailles d’acier de la prison néo-capitaliste.

Leur second lien est la « qualité intellectuelle » de leur électorat. On retrouve, tant chez les écolos que chez Glucksmann, une proportion de « gens instruits », de diplômés, d’intellectuels et autres penseurs supérieure aux autres partis.

Au machin national, les cadres ont un profil adjudantesque, voire pilier de bistrot, chez les républicains, plutôt jésuite, et à la France insoumise, un brin levée de fourches et cocktail molotov.

De plus en plus, le niveau intellectuel remplace le niveau social dans l’identification politique des Français. Les grincheux trouveront toujours des exceptions, les laissés-pour-compte de la pensée hurleront à l’élitisme, mais on ne peut nier que c’est une tendance forte.


Les jeunes se mettent enfin à voter...

L’irruption de la jeunesse, jusqu’ici relativement désintéressée de la politique, mais qui se sent soudain concernée par l’urgence écologique qui assombrit leurs lendemains, est l’autre signe de cette transformation. Les jeunes se mettent à voter en plus grand nombre, et ils ne voteront ni pour des banquiers ni pour des moralistes à l’ancienne.

Il y a déjà longtemps que le vocable « d’intellectuel de droite » était devenu une locution paradoxale, une sorte de plaisanterie, genre « cuisine anglaise » ou « midinette parachutiste », l’enflure du machin national vient confirmer cette lame de fond.

Et ce dans tous les domaines : mon grand père était un paysan traditionnel à peine nanti d’un certificat d’études, l’agriculteur d’aujourd’hui est un chef d’entreprise avec des compétences technologiques, ingénieriques et et informatiques affirmées. Ce qui explique sans doute que chaque jour, un plus grand nombre d’entre eux abandonne le traditionnel pour une agriculture raisonnée et écologique.

Et il en est ainsi dans beaucoup de professions… Les seules résistances sont le fait d’aveuglements soit traditionnels, soient de finance à court terme.

Ainsi par exemple, la transition vers la voiture électrique n’est ralentie que par ce que j’appelle des « vroum-vroumistes », ces mal-baisés qui ne se réalisent que dans des voitures inutilement grosses et puissantes.
La transition de la route vers le rail n’est ralentie que par des financiers qui voient dans le camionnage une source de bénéfices immédiats, comparés aux investissements dans le rail qui ne produisent qu’à long terme.
La transition agricole n’est ralentie que par un système de distribution archaïque et malhonnête qui ne permet pas aux producteurs de vivre de leur travail.


Bref, d’une manière générale cette « décantation »  de l’électorat nous donne une nouvelle mouture où ne surnageront que ceux qui pensent et qui réfléchissent à long terme, savent abandonner les traditions et les idées reçues pour une véritable innovation.
Ouf de soulagement. La France est assez délivrée des religions et des pensées obtuses et dogmatiques pour oser réfléchir de manière autonome. On a coupé des têtes pour ça, et on en cueille encore les fruits aujourd’hui.

Évidemment, tout le monde va se mettre à parler d’innovation, de « nouveau monde », etc.
(C’est déjà fait ? Tiens donc!)… Reste à l’électeur à ne pas se laisser bercer par les mots et les slogans...

Tout cela pour dire que les écologistes sincères et la gauche humaniste n’ont pas d’autre choix que de travailler ensemble. Leurs objectifs convergent, leurs moyens sont de même nature, et surtout, leur ennemi est le même….




LREM s’est droitisé. Encore davantage…

Le bilan global est que LREM s’est droitisée.
LREM avait dû son succès aux gens de gauche désespérés par l’émiettement de leurs partis, aux retraités inquiets. Tout ces gens sont partis, écœurés. S’ils se sont maintenus à niveau constant, c’est qu’ils ont compensé cette hémorragie par une foule de droite, qui n’a pas assumé le sauvage dérapage droitier de Wauquiez et les homélies du croisé Bellamy.
Certes c’est une droite relativement modérée, mais c’est de droite quand même.
Ce n’est plus « ni gauche ni droite ».

Le bastion LFI fait maintenant figure d’un gauchisme ras les pâquerettes qui ne se résout pas à se fondre dans le moule fasciste bien qu’il en partage certaines aspirations, - dont le culte du chef – , la contestation par principe doctrinaire et une fâcheuse tendance à « l’impérialisme idéologique», et le PC est le grand perdant de l’affaire : malgré une gestion pourtant parfois exemplaire de mandats régionaux et municipaux, il donne l’impression globale d’un idéologisme qui parle plus qu’il n’agit. Même si ce n’est pas forcément exact, ça leur colle à la peau, et c’est à eux de modifier leur image.

En Italie, Mateo Salvini fait ses discours avec un chapelet à la main, peut-être craint-il le caractère phallique du goupillon…
Encore que le chapelet, si les grains sont assez gros, a ses adeptes au rayon érotique…

En Hongrie, Orban séduit les Hongrois en leur apprenant à détester l’étranger, on est bien loin la Raison et l’Humanisme…
Les Hongrois avaient édulcoré l’écrasement des nazis parce que leur langue, impénétrable et incompréhensible, leur avait permis d’atténuer l’ingérence de l’occupant. Elle continue à entretenir leur marginalité.

Partout où les religions sont proches du pouvoir, elles enseignent la détestation du prochain, de l’étranger, du « différent », en totale contradiction avec le fond de leur message spirituel.
Exemple en Pologne.

En définitive, l’inévitable clivage du partage des richesse s’est compliqué d’un autre division : celle de l’instruction et de la raison face à l’aveuglement et à l’obscurantisme.

C’est un long travail de pédagogie et d’explication qui s’annonce. 








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