Chaque société a
ses marottes, ses petites mascottes médiatiques qui servent en
général à cacher les vrais problèmes.
Par exemple,
actuellement, aux États Unis, on se passionne pour savoir dans
quelles toilettes doivent aller les transsexuels. Le problème est si
aigu qu’on vote des lois dans certains états, que certaines
universités prennent des décrets qui seraient cocasses s’ils
n’étaient pas lamentables, et que les chaînes de télé se
fendent de débats sur ce sujet passionnant, avec spécialistes et
experts à l’appui.
Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? « Je suis expert en chiottes ».
Et le problème s’est compliqué, le mois dernier, quand un spécialiste de latrinologie de haut niveau a posé la question de savoir si on devait traiter les travestis et les transexuels de la même manière.
Une université a même prétendu envoyer les transexuels dans les toilettes pour invalides, mais ce sont les invalides qui ont protesté et obtenu gain de cause!
Ça chie dans le
débat public aux USA. Il est vrai que ce n’est pas Trump qui va
redonner de l’élégance et de la tenue aux émissions sociétales.
En France, on a
d’autres problèmes, au moins aussi importants. Dans quelle tenue
les dames doivent-elles aller se baigner ? Burkini ou maillot de
bain ?
Évidemment, ce sont
les gens pour qui le problème ne se pose pas qui font le plus de
clapotis dans la piscine. Parce que des dames en burkini, sur nos
plages, il n’y en a pas plus de deux au kilomètre.
C’est bien de
s’occuper des minorités, mais une minorité aussi inoffensive que
celle-là mérite-t-elle des débats télévisés avec des
spécialistes de toutes les disciplines sauf des maîtres nageurs,
mérite-t-elle que le monde politique et sociétal se passionne,
justifie-t-elle que des journalistes s’ameutent autour de notre
premier ministre pour qu’il donne son avis slipologique sur le
maillot de bain ?
Alors, bien sûr, il
y a toujours les gens qui savent, qui défendent, qui brandissent des
principes, et qui, en agitant justement leurs bannières sans
réfléchir, sont souvent instrumentalisés par le loup qui est resté
dans le bois.
« Laissez-les
se baigner comme elles veulent, c’est leur liberté et leur
culture ».
Ok. Mais alors, si
les gens ont le droit de se baigner comme ils le veulent, pourquoi
interdit-on les naturistes sur les plages habituelles et les
confine-t-on dans des endroits séparés ? Eux aussi voudraient
se baigner comme ils aiment, et ils sont des millions en France et en
Europe, bien plus nombreux en tout cas que les dames en burkini.
Si nous devons
respecter la culture burkinienne, pourquoi ceux qui s’en prétendent
les gardiens ne respectent-ils pas la nôtre ? , Pourquoi le
Koweit et d'autres pays ensoleillés qui rêvent d’accueillir des touristes
votent-ils des lois punissant de prison toute dame qui viendrait à
la plage avec un maillot de bain occidental ?
Pourquoi dans les
piscines du Maroc, dont le souverain est, rappelons le, commandeur
des croyants, le burkini est-il interdit ? Photo à l’appui
du panneau à l’entrée de la grande piscine de Marrakech.
Quelle est
l’obstination la plus dangereuse ? Celle des partisans du
« tous en maillot » ou celle de ceux qui croient que le
port du burkini, surgi d’on ne sait où comme un soudain phénomène
de mode, serait l’expression d’une « liberté
vestimentaire » ?
Pourquoi ces ardents
défenseurs de la « liberté vestimentaire » ne
défendent-ils pas également le nudisme comme l’expression de la
liberté vestimentaire la plus élémentaire, liberté qui a le
mérite d’être partagée par un bien plus grand nombre ?
Pourquoi devrait-on
respecter et tolérer des croyances qui imposent une soi-disante
pudeur si eux ne sont pas capables de tolérer notre non-croyance ?
Pourquoi la
tartufferie du « cachez ce sein » prévaut-elle sur
l’alliance du confort et de la nature ?
Je suis pour qu’on
se tolère les uns les autres, mais pas dans le sens de l’interdit
et de la censure.
Qu’on me laisse me
baigner dans la tenue que je veux, je ne m’occuperai pas de
l’accoutrement des autres.
Pourquoi
privilégie-ton toujours, « au nom de la liberté », la
censure et la pudibonderie aux valeurs de la nature ?
Autorisons le
burkini ET le naturisme. Ensemble, sur les mêmes plages.
On verra alors qui
sont les vrais défenseurs de la liberté.
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