Les attentats qui souillent le calendrier du pays de leurs taches rouges posent déjà,
sur le fond, un problème de cohésion nationale.
C’est bien le but
poursuivi par Daesh. Tenter de remplacer la force des armes par la
force de la bêtise. On peut toujours essayer, l’histoire montre
que la plupart des dictateurs ont été un jour plébiscités par
leur peuple, et le sont encore maintenant, si on jette un regard vers
la Turquie.
Rien de tel que de
faire croire aux gens qu’on veut leur bien, -et leur grandeur, un
peu de flatterie ne nuit pas-, pour en faire des serviteurs plus que
zélés, complètement aveugles et amoralisés.
Non pas démoralisés, -ils ont même un moral d’acier-, mais amoralisés. C’est à dire que le chef les a écervelés, les a débarrassés de toute initiative personnelle, de toute capacité de jugement, de tout humanisme, du « je pense donc je suis » qui les rendait humains. Ce ne sont plus eux qui pensent, c’est le chef. Le chef pense bien, le chef a toujours raison. Si le chef dit de tuer, c’est que tuer c’est bien.
C’était
d’ailleurs la ligne de défense de tous les tortionnaires nazis
subalternes qui ont été jugés après la guerre : « Ce
n’était pas à nous de juger, ce sont les chefs qui pensent pour
nous et qui donnent les ordres ».
Tout fascisme est
basé sur ce type de dilution des responsabilités, ceux du bas
disant qu’ils n’étaient que des mains et qu’on a pensé pour
eux, et ceux du haut qu’ils n’étaient que des cerveaux et que
leurs mains n’ont pas tué. Dans le cas de Daesh, le subterfuge est
même encore amélioré : ceux du haut ont reçu l’ordre
d’encore plus haut que leur hauteur : c’est la parole de
leur dieu qui fait d’eux de modestes servants et d’irresponsables
instigateurs.
Force est de
reconnaître que si ce dieu là existe, il est méchamment pervers :
sous le couvert de l’amour du prochain qui reste gravé dans ses
écritures, il conçoit une politique de déstructuration sociétale, de déconstruction de l’unité nationale, il
organise à qui mieux-mieux la haine communautariste, la division
fratricide et la désorganisation des structures du « vivre
ensemble ».
Et là, Daesh trouve
des alliés, aussi objectifs qu’inconscients. Rappelons ce que sont
des alliés objectifs. Ce sont des gens qui n’ont pas d’intérêts
dans le but de l’alliance qu’ils scellent, mais qui la scellent
néanmoins parce que cette alliance, en tant que telle, sert
indirectement leurs intérêts.
Le but des
terroristes étant clairement défini dans la dislocation des
institutions nationales et l’instigation de troubles internes et de
guerres civiles dont ils croient devenir un jour les messies
pacificateurs, pas besoin d’être grand prophète pour comprendre
que la sauvegarde de cette cohésion républicaine est le terrain
nécessaire et privilégié de la lutte contre leurs méfaits.
N’oublions pas
que figure en toutes lettres dans leur doctrine le principe que la loi de
dieu est la seule valable en lieu et place des lois des hommes, au
point que les plus obtus d’entre eux, prenant cette maxime à la
lettre, préconisent que les « bons Musulmans », pour
bien mettre en pratique ce mépris des institutions humaines, ne
doivent pas voter. Voter est, d’après eux, un acte blasphématoire,
une sorte d’allégeance à un pouvoir qu’ils ne reconnaissent
pas.
Pareil incivisme
n’empêche pas certains imprécateurs frustrés de la politique
française, -nous parlons de la France bien qu’il en soit de même
dans d’autre pays-, de jeter de l’huile sur le feu de la discorde
naissante pour espérer tirer quelque avantage du chaos qui en
résultera. La place de messie est décidément très convoitée.
Pourtant,
reconnaissons que nos édiles actuels sont plutôt bons dans leur
façon de lutter contre le terrorisme. Autant je fustige leur
politique sociale, leurs attaques inadmissibles contre la nationalité
et le droit du travail, autant je les trouve sincères, efficaces et
justes dans leur réactions aux attentats.
Il n’en est pas de
même, hélas de certains de leurs opposants.
Ce n’est un secret
pour personne que l’extrême-droite et la droite-extrême, (on
risque procès en en rangeant certains sous le vocable d’extrême
droite »…) prospèrent sur le chaos, et n’hésitent pas à
contribuer à la déstructuration de valeurs nationales dont ils font
pourtant leurs étendards pour tenter d’accéder au pouvoir.
Ces gens ne cessent
de tenter de diviser la communauté nationale, la seule communauté
valable, en groupuscules fermés dont les membres seraient tournés
vers l’intérieur de leur chapelle au lieu de regarder vers l’union
qui fait la force. Toutes leurs déclarations tendent, par des
amalgames déplacés, à tourner les Français les une contre les
autres. Des racines chrétiennes du pays à la loi du sol, de la
croyance à la sexualité, de la couleur à l’ethnie, tout n’est
chez eux qu’étiquetage vouant à la ségrégation. Qu’ils
s’entre tuent, et les survivants viendront à nous…
Vive la république,
mais pas celle-là…
Ce ne sont pas leurs différences qui divisent les hommes, mais leur bêtise.
Parmi ces conjurés,
dont la liste non exhaustive comprend les établissements Le Pen,
Estrosi, Ménard, Wauquiez, Ciotti et quelques autres, on trouve les
Sarkozy et autre consorts. Le petit monsieur, qui est, je le
rappelle, membre du Conseil Constitutionnel, donc gardien du temple
de la République **, vient de déclarer que l’état de droit n’est
qu’une « argutie juridique, un prétexte » qu’il faut
balayer pour lutter utilement contre les terroristes.
** Il est vrai qu'à Rome, le Capitole était gardé par des oies...
Au tableau de
déshonneur des petits soldats galvanisés par leurs chefs qui
foncent aveuglément au casse-pipe, citons pour mention le cas de
cette policière niçoise sans vergogne qui a cru bien faire en
ameutant la presse sur des pressions dont elle déclare avoir fait
l’objet. Peut-être rêvait-elle, dans ses fantasmes carriéristes,
d’être un jour appelée par le cabinet du ministre…
Voire AU cabinet du
ministre, puisque, d’après le Canard Enchaîné et d’autres,
Estrosi se voit déjà place Beauveau après l’immanquable victoire
de Sarkozy.
Remarquez qu’il y
a eu de désolants précédents. En décembre, Valls déclarait, à propos de la déchéance de nationalité et des frondeurs, « qu’une partie de la gauche s’égarait au nom de soi-disant grandes valeurs ».
Mais au moins, lui, n’y est pas revenu. Il a lu
les critiques, sans doute compris son erreur, et on ne l’y a plus
repris. Sa nature profonde avait brièvement émergé, mais il a au
moins quelques limites que les autres n’ont pas.
Sarkozy, Ciotti et
quelques autres persistent et signent dans leurs tentatives de
dislocation des valeurs de la république, prétendant tantôt
interner certains au nom de simples suspicions, expulser d’autres
au nom de leur… de leur quoi ?, au fait…
Il y a du Donald
Trump dans leurs exhortations, et il y a fort à craindre que le
verdict des urnes américaines viennent à point nommé le renforcer
dans ses égarements.
Nous avons assez
dénoncé la capacité de nuisance de l’individu aux épaules
tressautantes qui a gravement détricoté le tissu social du pays
pendant qu’il était au pouvoir.
Prenons garde qu’à coup
d’assimilations mensongères, d’exagérations insultantes,
d’amalgames grossiers et dévalorisants, il ne vienne à nouveau
déchirer le lien social et le vivre ensemble qui sont et doivent
rester nos valeurs fondamentales.
Ceci dit, Sarkozy et
consorts ne sont pas les seuls vautours à instrumentaliser les
attentats pour faire avancer leurs marottes.
Le cardinal
Vingt-trois, lui aussi, a pris son goupillon pour une matraque lors
de la messe qu’il a célébrée à Notre Dame en mémoire du prêtre
assassiné. Profitant de la présence de l’état-major du
gouvernement, il a fustigé « la légalisation des déviances »
dans une allusion aussi déplacée que moyenâgeuse au mariage pour
tous.
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