Je ne me faisais pas
trop d'illusions en votant Hollande il y a trois ans, trop heureux de
pouvoir éviter à ce prix une rechute de sarkozite.
Mais je n'imaginais
pas me surprendre, trois ans plus tard, à faire un bras d'honneur de
satisfaction à ma télévision en y voyant « mon élu »
renoncer enfin à ses scélératesses sur la déchéance de
nationalité.
Avec ce genre de mesure, la gauche, ou ceux qui prétendent l'incarner, marchait dans les pas de son maître en nationalisme qui prône « la défense de l' identité française ». Du dévoiement pur et dur de ce qui est, justement, l'identité française, car il faut être aussi nul qu'on l'est ordinairement dans le monde politique pour croire que « l'identité française » est un monolithe inchangé depuis le temps des menhirs.
A peine cette mesure
inique rangée au département des scories du fascisme, à peine ce
dérapage conjuré, voilà le char de l'état qui amorce une nouvelle
embardée droitiste avec cette loi sur le travail.
Certains slogans
qu'on peut lire dans les manifs expriment clairement le décalage des
législateurs avec leur peuple :
« ce que la droite n'a
pas osé faire, la gauche le fait »…
Abolir l'esclavage
n'aura pas servi à grand-chose s'il suffit aux grands ordonnateurs
d'en changer le nom, d'en réécrire la définition et d'en modifier
l'éclairage pour le présenter comme une nouvelle valeur sociétale.
Pendant l'occupation
sarkoziste, je me désolais, au fil des pages de ce blog, de voir le
petit imposteur détricoter ligne par ligne le code du travail, le
vider de son sens par des mesures qui, regardées séparément,
paraissaient anodines, mais dont l'ensemble, parfaitement cohérent
derrière le voile d'une agitation politicienne habilement
entretenue, constituait un programme méthodique de destruction des
acquis sociaux.
L'arbre ayant été
élagué, il restait le tronc. C'est à cet abattage définitif que
s'est attaqué le trio Hollande-Valls-Gattaz. Cinq générations se
sont battues pour nous construire un monde moins hostile, quelques
traits de plume de ces traîtres sociaux prétendent maintenant nous
ramener au XIX° siècle.
Il est à ce jour quelques prémisses réconfortantes pour le vieux soixante-huitard dont vous lisez la prose: les manifestants sont restés toute la nuit place de la République.
Une page Facebook et
différents comptes twitter assurent la pérennité de cet élan.
Et de plus, hier, il
pleuvait, alors qu'en 1968, il faisait beau. Cela semble peu, la nuit, la pluie. C'est pourtant beaucoup. C'est le germe.
L'insurrection qui vient...
D'ailleurs, le gouvernement a bien senti le danger, qui a envoyé ses gladiateurs évacuer la place de la République ce matin à l'heure du laitier. Mais maintenant, il va devoir l'occuper en permanence…
Depuis les
attentats, la place de la République est devenue le symbole de nos
libertés. De quoi aura l'air un pouvoir qui l'occupera les armes à
la main pour empêcher d'y fleurir le Temps des Cerises ?
Pour ne pas voir Paris transformé en réseau de barricades, nos édiles devront en faire une zone militaire. Avec l'alibi du terrorisme, peut-être ?
Autant de petits
détails qui devraient inciter les Dalton du gouvernement à prendre
un salutaire virage à gauche avant qu'on retourne leur carrosse.
Je n'ai plus l'âge d'aller jeter mon pavé, mais je leur apporterai
volontiers du vin et des sandwiches sur les barricades.
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