La droite en général
et Sarkozy en particulier nous avaient habitué à déformer, voire à
retourner le sens des mots, à induire et créer la confusion dans la
perception des situations et des vraies intentions des acteurs
sociaux et politiques.
Mais même ça, ils
ne l'ont pas inventé, puisque Jaurès, déjà, dénonçait cette
pratique :
Depuis quelque temps
en effet, Sarkozy et Fillion s'attachent à démolir le sens du mot « conservateur » en l'utilisant pour qualifier les
jeunes qui s'opposent à la loi El
Khomri sur le travail. J'ai failli écrire sur le rétablissement de
l'esclavage, simple lapsus.
"Il n'y a plus moyen de réformer ce pays" disent-ils en chœur...
Si. Il y a plus de deux cents ans qu'on le réforme. Ce dont on veut les empêcher, c'est justement d'abolir ces réformes.
Cette manière de
réécrire l'histoire est une forme de négationnisme. Elle est
honteuse, scandaleuse.
Notre Histoire, la grande, en fait la démonstration à chaque décennie.
Notre Histoire, la grande, en fait la démonstration à chaque décennie.
Ce ne sont pas des
conservateurs qui ont aboli les privilèges de la noblesse et les
droits féodaux le 4 août 1789.
Ce ne sont pas les
conservateurs qui ont interdit le travail des enfants, d'abord la nuit puis totalement, ni
limité la durée du travail, ni créé le droit d'association et la
liberté syndicale.
Ce ne sont pas non
plus les conservateurs qui ont créé la sécurité sociale et les
mutuelles, créé les congés payés, les comités d'hygiène et de
sécurité, les conseils de prud'hommes, bref qui ont écrit le
droit du travail que nous connaissons et qui sont le fruit de longues
luttes contre l'oppression des exploiteurs.
Les travailleurs insultés.
Alors, venir traiter
de « conservateurs » des gens qui se battent pour
conserver cet héritage social, c'est insulter des générations de
Français qui ont fait de notre pays un des plus avancés en matière
de droit social et de liberté d'expression.
Et la doctrine fait
des petits. Ainsi Bruno Retailleau, président du groupe des Républicains au Sénat marche dans les pas de ses maîtres en
dénigrant la jeunesse et en l'accusant également de conservatisme.
Et il ne sera sûrement pas le dernier à vouloir, faute d'arguments
crédibles, changer le sens des mots.
La méthode est vieille comme le monde.
Goebbels disait :
Goebbels disait :
"Nous nous voulons pas convaincre les gens de nos idées, c'est inutile. Il nous suffira de réduire leur vocabulaire de façon à ce qu'ils ne puissent plus exprimer que nos idées ".
Le régime fort
frontal n'étant plus guère de mise, il faut ruser. La concentration
des médias entre les mains des grands groupes financiers est la
nouvelle arme de ce pouvoir occulte mais omniprésent.
Ce sont eux qui détiennent les nouvelles clés du langage, et la foire d'empoigne à laquelle on assiste pour s'en emparer n'a pas d'autre cause.
Ceci dit, à gauche,
on ne fait guère mieux. Jean Marie le Guen, lui, se contente de propagandastaffel à l'ancienne : il réécrit l'information,
décrète ce qu'il faut voir et ce qu'on ne doit pas voir.
Ou alors, son
téléviseur est très très flou : les rues des grandes villes
pleines de manifestants, il ne les a pas vues. Pour lui, « cette
mobilisation est un échec ». Donnons acte de son opportuniste myopie à ce nouveau
Monsieur Jourdain, qui pratique l'échec tous les jours sans le
savoir.
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