Comment parler sans
vilains mots du dégoût qui me saisit lorsque j'assiste à
l'acharnement de l'Europe de la finance à étripatouiller
définitivement la Grèce, qui a osé montrer au monde, par deux
votes en quelques mois, que l'Europe pourrait être autre chose que
le pré carré du néo-libéralisme.
Cela rappelle
douloureusement les procès de sorcellerie, hauts faits d'une époque
que l'on croyait révolue, mais que toutes les forces unies des
nostalgiques de l'exploitation du grand nombre par le petit nombre
veulent à tout prix remettre au goût du jour.
Depuis le début,
mes espoirs dans l'Europe ont toujours été tempérés par le
sentiment qu'elle se construisait surtout autour de la liberté
d'action des multinationales et au détriment du bien-être des
peuples qu'elle était pourtant censée incarner si on se souvient
qu'elle fut créée dans l'esprit de la réconciliation
franco-allemande.
Dès le début, les
dés semblaient pipés puisque sa première manifestation s'intitula
« CECA » (Communauté charbon-acier ). Cela aurait
pu être un désir d'unifier des droits de l'homme et des
travailleurs élargis et consolidés, une internationale syndicale;
non… Ce fut un lobby industriel.
Cela a continué pas
bien, le plus clair de l'activité de la commission européenne
consistant à multiplier normes et obligations qui freinent bien
davantage le développement industriel et économique que le poids des charges
sociales pourtant accusé de tous les maux, sans apporter au
consommateur les garanties qu'il est en droit d'en attendre.
La Grèce, qui a
sans aucun doute vidé sa tirelire pendant quelques années sous la
houlette de gouvernements parfaitement reconnus et encouragés par
ceux-là mêmes qui veulent l'assassiner maintenant, fait figure
aujourd'hui de « fusillé pour l'exemple » supposé
décourager les velléités trop sociales de partis trop ouvriers
comme « Podemos » en Espagne…
Souvenons-nous de la
contrariété qu'infligea le NON français à la constitution
européenne en 2005 après que les citoyens aient pu constater que ce
projet donnait toute latence aux puissances financières d'exercer
leur activité sans limite et n’apportant aucune garantie sociale
aux peuples concernés. Refus transformé en oui par Sarkozy deux
ans plus tard à la suite d'une pirouette constitutionnelle qui
constitue encore un modèle de déni de la démocratie. On ne va tout
de même pas laisser le bon peuple enquiquiner nos copains du
Fouquet's…
On a infligé aux
Grecs ce qu'aucun gouvernement de leurs tortionnaires n'aurait pu
imposer à son propre peuple sans voir ses rues et ses places
s'enflammer d'un soulèvement social radical. On leur a bouffé leurs
salaires, leurs retraites, leur assurance sociale, on a transformé
les rues grecques en rangées de stores baissés, on les a réduit à
l'état de mendiants jusqu'à ce qu'ils acceptent des conditions
innommables, et maintenant qu'ils les ont acceptées, on continue à
ergoter sur la fiabilité de leurs promesses, on papote de l'air du
temps à Bruxelles et on fait durer le supplice en rêvant sans doute
que le pays va enfin s'engloutir dans la Méditerrannée.
Il y a des détails
qui ne trompent pas : L'Europe du pognon ne leur demande pas de
toucher aux armateurs ni à l'église. On assassine les pauvres, pas
ses copains. Les magnats européens sont bien contents de transporter
leurs marchandises à peu de frais dans des bateaux battant pavillon
grec. On ne tue pas la poule aux œufs d'or.
Et l’Allemagne, à la tête des envahisseurs, n'a jamais réclamé qu'on touche à l'église, parce qu'en Allemagne, l'état perçoit un impôt
important spécialement affecté à l'entretien du clergé et des
églises. On ne touche pas à ses gri-gris.
On notera aussi le
zèle des nouveaux convertis, cette foi du charbonnier qui excite les
derniers arrivants. La Slovaquie, acceptée en 2009 dans ce club très
fermé, semble la plus intransigeante opposante au maintien de la
Grèce dans l'euro alors qu'elle ne figure pas au nombre des pays
« donateurs ».Cette Slovaquie qui joue au riche
aujourd'hui, -je me souviens d'un voyage que j'ai fait dans ce pays
il y a juste dix ans….. Sans commentaire.
L'Europe était une
belle idée si elle avait été préservée dans l'esprit humaniste
de ses fondateurs. Aujourd'hui, elle n'est plus que le jouet des
puissances financières pour tondre jusqu'à l'écorchure les peuples
qui la constituent.
Et -drame dans le
drame-, les ennemis jurés de cette Europe ne sont pas motivés par
des inspirations humanistes, mais par des micro-égoïsmes et des
volontés de repli sur soi-même qui tournent carrément le dos aux
idéaux de liberté et de démocratie.
Dans quel caniveau
tout cela finira-t-il ?
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